Une illusion généreuse
182 pages
Français

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Une illusion généreuse , livre ebook

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182 pages
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Description

Ce roman, inspiré par le souvenir du père de l'auteur, entremêle faits réels et romancés et raconte le désir, l'attachement , mais aussi les angoisses d'un père désireux de voir ses enfants réussir une scolarité leur permettant d'avoir un avenir meilleur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 31
EAN13 9782296478848
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une illusion généreuse
Écrire l’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen
Dernières parutions Kapashika DIKUYI,Le Camouflet, 2011. André-Hubert ONANA MFEGE,Le cimetière des immigrants subsahariens, 2011. José MAMBWINI KIVUILA KIAKU,Le Combat d’un Congolais en exil, 2011.Aboubacar Eros SISSOKO,Mais qui a tué Sambala ?, 2011.Gilbert GBESSAYA,La danse du changer-changer au pays des pieds déformés, 2011. Blommaert KEMPS,Confidences d’un mari désabusé, 2011. Nacrita LEP-BIBOM,Tourbillons d’émotions, 2011.Eric DIBAS-FRANCK,Destins maudits, 2011. Zounga BONGOLO,L’arbre aux mille feuilles, 2011. Otitié KIRI,Comme il était au commencement, 2011. Mamadou SY TOUNKARA,Trouble à l'ordre public,2011.Liss KIHINDOU,L’expression du métissage dans la littérature africaine. Cheikh Hamidou Kane, Henri Lopes et Ahmadou Kourouma, 2011. Jacques ATANGANA ATANGANA,Les fourberies d'Essomba, 2011. Frédéric TRAORE,La guerre des pauvres et le destin de Hassan Guibrilou. La dent de l’aïeule, tome III, 2011. Frédéric TRAORE,Les affres de l’enfer. La dent de l’aïeule, tome II, 2011. Frédéric TRAORE,Chassé-croisé sur Fadougou. La dent de l’aïeule, tome I, 2011. Lulla Alain ILUNGA,La gestion du pouvoir, 2011. Esther GAUBERT,Brukina, rose du désert, 2011. er Marcel KING JO 1 ,Tina ou le drame de l’espèce humaine, 2011. Aboubacar Eros SISSOKO,La Tourmente. Les aventures d’un circoncis, 2011. Robert DUSSEY,Une comédie sous les tropiques, 2011. Alexis KALUNGA,Vivre l’asile, 2011.
Alice Toulaye Sow Une illusion généreuse
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-55633-1 EAN : 9782296556331
PROLOGUEQuand on a dépassé la cinquantaine, on serait bien heureux d’être raisonnable, conscient et débrouillard. C’est pourquoi, après avoir « fagoté » le bilan de mon indigente existence, instruite par l’expérience de la vie, j’ai eu l’impression que l’inquiétude de la vieillesse était une disposition métaphysique. Simultanément, face à la solitude liée à mon handicap visuel, j’ai éprouvé le besoin de m’attacher à quelque chose de précis, mais aussi de laisser une trace : concevoir une œuvre, par exemple, ou toute autre chose de perpétuel, d’impérissable. De ce point de vue, c’est l’écriture que j’envisageai paisiblement, mais laborieusement, pour une pérennité jusqu’à son terme, lequel reste incertain comme celui de la vie. Mais avant de vous parler de l’ouvrage, permettez-moi de vous présenter brièvement son auteur. Handicapée visuelle, je perdais patience en restant sans rien entreprendre et je ne pouvais plus supporter cet immobilisme, cette situation « d’invalidité». J’ai pensé que les livres étaient le dernier lien qui pouvait encore me rattacher à la vie. Pendant des années, je ne me suis pas autorisée à lire, enfin je n’osais pas. Je regardais seulement les livres avec une sorte d’emballement passionné.
 J’ai écrit cet ouvrage sans bagage intellectuel, car j’ai terminé mes études par un échec scolaire.Je n’ai compris cette erreur que bien des années plus tard, en réalisant mon inconduite envers mon père, en ayant transgressé sa volonté de nous voir, ma frangine et moi, s’affranchir plus tôt. Mon père avait de l’affection et de l’ambition pour nous. Il voulait que nous accomplissions à l’école ce qu’il n’avait pas eu la chance de réaliser lui-même. Tous ses efforts tendaient vers ce but, dans lequel il avait placé sa raison d’être, son idéal, trahis à cause de moi. En apprenant madémission de l’école, le visage de mon père était extrêmement bouleversé. Ses paroles bourdonnaient dans ma tête comme un essaim d’abeilles. Son portrait était celui d’un père dont la dignité avait été bafouée. À cet âge-là, je n’étais pas en état de comprendre l’importance de l’instruction qu’il envisageait pour ses enfants. Plus tard, lorsque j’envisageais de suivre les cours du soir, afin d’améliorer mon
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niveau scolaire, j’étais gênée par ma mauvaise vision, mon inaptitude à réaliser mes ambitions souhaitées. Mais j’ai eu soudain l’impression que ce préjudice m’avait fait grandir. Je suis partie d’abord en quête de spiritualité, l’estimant nécessaire à la construction de ma personne. Car je ne me comprenais plus. Jusqu’alors je me fiais à mes émotions pour trouver un sens à ma vie. Je me suis rappelé que la religion nous aide à supporter notre destin et que j’avais déjà reçu une éducation religieuse par mon père.
La lecture m’attirait afin de dominer mon être. J’éprouvais à la fois de la crainte et de l’attirance pour les ouvrages et cela m’envoûtait. Progressivement, je me suis sentie prête à affronter la lecture de toutes sortes de livres, avec l’idée dominante que «TOUT LIVRE EST LOCCASION DAPPRENDRE». Le choix de mes livres était parfaitement conforme à mon niveau d’instruction. J’essayais aussi de comprendre la vie à partir de lectures pénétrantes et poétiques, bien que certains textes me demandassent une lecture mesurée, du fait de leur contenu « condensé et dru » ; dans ce cas, je ne me sentais pas transportée par l’histoire ou par les événements, ceux-ci se résumant seulement à un beau texte où chaque mot pèse son poids d’écriture. Alors l’angoisse me montait à la tête et me paniquait. Je n’ai pas eu l’occasion de lire beaucoup d’œuvres classiques ou contemporaines mais, comme je suis une «personne à la coule», je voulais toujours les lire si le temps me le permettait. J’avoue qu’en cette période je n’ai pas eu d’occupation plus agréable que la lecture, qui est devenue un exutoire à ma solitude, en espérant qu’un jour l’écriture me permettrait d’exprimer mes sentiments secrets. Alors, je dévorais les livres comme si la littérature était un «besoin naturel. », et je suis parvenue à dompter ma peur, afin que mon désir ardent s’accomplisse.
 Je pensais que l’univers prodigieux et étrange des livres, normalement réservé aux intellectuels, aux élites de la connaissance et de la culture, m’était inaccessible. Malgré cela, je rêvais aux aventures conçues et créées par les écrivains audacieux que je voulais défier, tout simplement. Mais, compte tenu de l’absence d’éducation de mes parents, qui ne sont pas
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allés à l’école et, particulièrement, à cause de la condition financière familiale, j’étais dans l’incapacité d’acquérir des livres. Comme j’étais presque enfant à cette époque, je ne pouvais espérer que l’aide pécuniaire d’une parente ou d’un proche. J’abordais les bibliothèques locales qui étaient les centres d’animation intellectuelle de mon pays. En comparaison des grandes bibliothèques françaises, leurs ressources étaient plutôt limitées. Mais comme le savoir n’a pas de limites, alors le bonheur de lire des ouvrages se poursuivra, je l’espère, même si la forme devait changer. Quant à moi, je cherchais seulement comment me frayer un passage dans ces broussailles de connaissances. Je me sentais tourmentée et déroutée de voir tous ces livres qui décrivaient des inventions ou des théories, et argumentaient les interprétations de leurs auteurs. Je me sentais bien petite devant eux. Et mon cœur incertain s’interrogeait : alors, et moi ? Comment faire et de quelle manière ? J’imaginais l’attention des premiers créateurs de livres. Ils ont dû se pencher sur la profondeur, l’arrière-plan de l’horizon lointain, des images de leur entourage, en scrutant la représentation du monde. Créatifs et fertiles en connaissances, paisiblement et astucieusement, ils sont arrivés à concevoir et inventer le livre. Puis, ils se sont dits : ça, ce serait profitable pour l’humanité. À mon sens, c’est ainsi que le livre a dû être calligraphié et engendré, patrimoine dédié à la connaissance universelle. Nous devons leur en être reconnaissants, car un monde sans livres, ça serait comme un gouffre, une existence ennuyeuse. Quel sacrilège ! Quand j’ai lu quelque part cette révélation impressionnante, à propos du livre : «Au confluent du Rhin et du Main, Mainz, en allemand, est la ville-mère de l’imprimerie, la mère patrie du livre. Un vaste musée est consacré à son enfant le plus célèbre. Constamment on enseigne aussi, l’invention de l’imprimerie par les Chinois au milieu du XIe siècle avant son apparition en Occident ».Bien qu’aujourd’hui l’avenir du livre «figé, c’est-à-dire le livre format papier »semble illusoire, à l’heure où les éditeurs contemporains assidus de ce savoir-faire sont en train d’inventer des livres électroniques. En attendant, moi, je continue à lire des livres format papier. C’est ainsi que, subtilement, à force de me passionner pour la littérature, même
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si le début a été laborieux pour mes yeux, là, maintenant je peux lire en gros caractères. J’écoute aussi des livres sonores. Maintenant que les machines suppléent à la défaillance des yeux, la lecture est devenue mon seul refuge. Je trouve ça merveilleux. Mon esprit s’est graduellement formé et je commence à avoir des idées. Ma conscience littéraire semble s’éveiller de plus en plus, malgré mes lacunes en français et mes yeux qui perdent de plus en plus la perception, symbolisant la fin de mon autonomie. Cependant, je n’ai pas un sentiment de défaite. Je cherche à amplifier mon désir de connaissances. En plus de mes lectures, j’écoute Ivan Amar sur RFI, «la Danse des Mots» ou «Actions d’Europe ». Surtout, je suis inspirée par l’émission «» animée parQuestions pour un Champion Julien Lepers sur France 3,etc. Par exemple, c’est à partir de ce genre d’émissions que j’ai appris le sens de certains mots, commeun pamphlet, inhiber, appariteur,ou quand on dit un docte personnage,le mot cucurbitacée,tant de mots qui et m’étaient inconnus dans mon aventure littéraire.
En outre, j’admire les gens qui parlent la langue de Molière avec aisance et facilité, car j’ai moult difficultés avec la parole. Tandis que le moindre mot qu’ils prononcent est enregistré par la pointe sensible de ma mémoire. Je ne serais pas outrée si on me relatait qu’il y a des tonalités qui, de toute évidence, traduisent un agacement ou un barrage dans mon «langage», avec des propositions elliptiques. En prétendant prouver ma faculté d’adaptation, je sentais que chez moi, à cause des muscles labiaux, les consonnes se labialisaient nettement. Alors, par nécessité, j’ai tendance à réorganiser les prononciations de certains vocables qui ont des lettres ou des syllabes du type «s z che» par rapport au phonème et au morphème, parce que j’éprouve un certain désagrément à les prononcer. Parfois on me fait répéter «mes mots» ou mes propos, par souci d’avoir bien compris particulièrement à cause de l’accent, mais aussi de la prononciation. Je sais que j’ai beaucoup de progrès à faire pour ne pas heurter l’oreille des gens. J’ai eu parfois secrètement honte de ce désavantage. Quand je dialogue avec une personne qui parle un beau français mélodieux, avec une diction parfaite, je suis très impressionnée.
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