Voyage au bout du monde
207 pages
Français

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Voyage au bout du monde , livre ebook

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Description

Jeong-won, aînée de six filles, souffre depuis sa naissance de l'amertume d'un père général qui perçoit ces naissances répétées comme une malédiction. Durant son mariage avec un homme qui se révèle ultra-conformiste, elle subit les insultes de son beau-père, qui ne supporte pas d'avoir une intellectuelle comme belle-fille. Elle décide de reprendre ses études et obtient une bourse qui l'amène en France. Loin de son enfant, sa vie chancelle, mais une rencontre l'aidera à se séparer définitivement de son mari; ainsi elle quitte fils, situation et pays... Ce voyage au bout du monde est celui d'une femme qui se libère de l'emprise d'une société patriarcale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2006
Nombre de lectures 68
EAN13 9782336277653
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettres Coréennes
Déjà parus
JO Jong-nae, Arirang. Nos terres sont notre vie (vol. 1, 2, 3), 2005.
JO Jong-nae, La chaîne des monts Taebaek (Tome 3 Un chef incorruptible), 2005.
JO Jong-nae, La chaîne des monts Taebaek (Tome 2 Beom-ou le pacifique), 2005.
JO Jong-nae, La chaîne des monts Taebaek (Tome 1), 2004. YI In-Seong, Saisons d’exil, 2004.
YOUN Dae-nyong, Les Amants du Coca-Cola Club, traduit par Byon Jeong-won, Lee André et revu par G. Ziegelmeyer, 2003.
YOUN Dae-nyong, Voleur d’oeufs, traduit par Lee Ka-rim et G. Ziegelmeyer, 2003.
JO Jong-nae, ARIRANG (vol. 10-12), Où le jour se lève sur la plaine, traduit par Georges Ziegelmeyer, 2003.
ARIRANG (vol. 7-9) Un peuple sans patrie, traduit par Georges Ziegelmeyer, 2003.
ARIRANG (vol. 4-6) Tout citoyen incarne la patrie, traduit par J. Byon et G. Ziegelmeyer, 2003.
ARIRANG (vol. 1-3) Nos terres sont notre vie, traduit par J. Byon et G. Ziegelmeyer, 2000.
JEONG Ji-yong, Nostalgie, recueil de poèmes, traduit par Lee Ka-rim et G. Ziegelmeyer, 1999.
JO Jeong-nae, Terre d’exil et autres romans, traduit par Lim Yeong-hee et Marc Tardieu, 1999.
KIM Cho-hyé, Cent pétales d’amour, recueil de poèmes, traduit par J. Byon et G. Ziegelmeyer, 1998.
JO Jeong-nae, Jouer avec le feu, roman, traduit par J. Byon et G. Ziegelmeyer, 1998.
Park Jung-ki, Paroles d’un sage coréen à ses petits-enfants, traduit par J. Byon et G. Ziegelmeyer, préfacé par Mgr O. de Berranger, évêque de Saint-Denis, 1998.
Collectif, Théâtres coréens, sept pièces contemporaines, 1998. LEE Ka-rim, Le front contre la fenêtre, recueil de poèmes, 1997.
KIM Cho-hyé, Mère, recueil de poèmes, traduction J. Byon et G. Ziegelmeyer, 1995.
Voyage au bout du monde

Seon Chang
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782747596916
EAN : 9782747596916
Avant que le sol désert de la lune raboteuse et parsemée de cratères ne fût découvert, un petit lapin blanc et un grand cannelier vivaient sur l’astre de la nuit, doré comme du miel.
En ces temps, des enfants montaient sur la plus haute colline du village pour cueillir la lune dans leurs filets. Rarement, de grandes personnes se mêlaient à eux.
Nul ne croyait cette histoire. Les adultes et les enfants raisonnables se moquaient du rêve naïf de vouloir cueillir la lune.
Ils ignoraient que cela pouvait se réaliser mystérieusement. Ils n’imaginaient pas que la lune ainsi cueillie pouvait s’emporter secrètement dans leurs petites poitrines.
Sommaire
Lettres Coréennes Page de titre Page de Copyright 1. Chute 2. Première errance 3. Écorce creuse 4. Sortie du rêve 5. Cordons coupés 6. Bout du monde Littérature à l’Harmattan
1. Chute
L’ombre de la ville inondée de mélancolie pend sur la Seine. La bruine devient averse comme en Orient à la saison des pluies. Jeong-won entend ses pieds clapoter au fond de ses chaussures de toile. Son jean a bu tout son soûl et lui colle à la peau. Elle soulève péniblement ses jambes alourdies. Ce n’est pas elle qui marche sur le trottoir mouillé dans le soir tombant, mais ses pieds qui portent une âme gorgée de pluie.

Elle s’abrite parmi les autres sous l’auvent d’un magasin fermé. Une naine juchée sur des talons démesurés lance autour d’elle des regards nerveux qui se figent, hostiles ou seulement inquiets, sur Jeong-won.
Au bout de ses oreilles se balancent des boucles aussi grosses que son visage rond, sillonné de rides, creusées sans doute par l’épreuve de la différence. Où a-t-elle laissé sa hauteur ? Où l’a-t-elle perdue ?

La pluie s’affine, Jeong-won retourne sous le ciel. Une robe blanche à fleurs bleues claque au vent. La jolie passante se regarde dans la vitre du café et voit le reflet de Jeong-won, sanglée dans son trench-coat détrempé. Elle reconnaît les yeux sombres qui lui sourient tristement.
Elle a cherché tout hier et tout aujourd’hui. Elle n’a rien trouvé pour envoyer à Jin. Dans dix jours il aura quatorze ans. Elle se précipite dans un grand magasin de sport. Elle choisit une veste lisse, bleu marine, brodée d’une paire de baskets miniatures sur la poitrine.
« Un jour, n’en pouvant plus de ma tristesse, j’ai couru de toutes mes forces dans la cour de mon école. Après, je me suis senti un peu moins triste. Depuis, j’aime courir, j’aime les sports qui font courir. Je veux devenir basketteur ! » Elle embrasse le rêve de son fils.
Je suis ce vent glacé du nord qui gèle ton cour, qui te chasse jusqu’à te faire courir. Je mets cette veste sur tes épaules. Pourra-t-elle t’emmitoufler un peu ? Pourra-t-elle briser ce vent ?

Jeong-won a passé toute la matinée à préparer le cadeau et la carte d’anniversaire. Elle hésite à offrir à Jin une photo d’elle. Ses grands parents ne l’aimeront pas. Encore une fois ils m’insulteront, et toi, tu sangloteras tout seul le cour serré...
Elle déchire la photo en petits morceaux. C’est le geste de Jin, de sa colère ; c’est celui de la haine de son père, de ses grands-parents ; de sa famille à elle, de ses amis, de ses voisins, de tous ceux qui la connaissent.
Elle en choisit une autre : le soleil naissant se fraie un chemin parmi les herbes au pied des arbres. Le petit soleil deviendra grand, un arbre immense, touchant le ciel de sa ramure. Les étoiles aux yeux pétillants de lumière danseront sur ses branches. Elle retourne la carte et écrit.

Aujourd’hui encore il pleut. Il pleut à verse sur le chemin menant à la poste. Tombées de leurs nids, les feuilles jaunies tremblent dans l’eau. « Tu seras triste pour toujours, maman. Si je pleure une journée, toi, tu pleureras dix jours. » La voix de Jin tombe avec la pluie.

La nuit s’avance. La pleine lune de hangawi 1 , cachée derrière les nuages, verse des larmes sans fin. Peut-être à cause de mon songe de cette nuit ? se demande Jeong-won.

Elles étaient deux. L’une avait dérobé la couleur de l’autre. Et l’autre, devenue pâle, cachée derrière un rideau noir, avait les larmes aux yeux.
Pour apaiser la lune qui pleurait, je suis sortie avec elle. Dehors ceux qui l’avaient attendue se sont assis devant elle. Tout près, une grande foule s’était amassée devant l’autre lune qui se pavanait dans son habit neuf.
A celle qui avait perdu sa lumière, il me fallait jouer de la flûte. Ma musique semblait l’épuiser, ce qui lui restait de lumière s’estompait de plus en plus et la foule assise devant la voleuse riait de mes tentatives maladroites.
J’ai apporté alors un papier blanc, une boîte de couleur et dessinais le visage de la lune, la peignant d’or.
Mais dès que je retirais le pinceau de la toile, la couleur s’envolait, devenant un nuage de mousse. Je continuais à peindre, mais toujours la couleur s’enfuyait dans l’air...
La pluie emporte les cheveux de Jeong-won. Elle emporte son visage, sa poitrine. Allant à la rivière, elle y verse ses larmes. Pour que la rivière les emporte à la mer. Que la mer les emmène au fin fond de la terre, là où le soleil se lève, et qu’elle endorme le chagrin de Jin. Pour que son rire carillonne et s’étende sur la mer, quand le soleil renaît et le chatouille.

Mon fils, la Terre se couche, la Lune nous regarde : courbés, fleuris comme le magnolia, tristes ou heureux, pâles ou dorés, dans un coin du ciel ou dans son plein milieu, tantôt cachés derrière les nuages, tantôt splendides répandant la lumière sur tout l’univers.
La Lune nous regarde chaque nuit, depuis notre sommeil et jusqu’à notre réveil. Bonne nuit, Jin ! Même s’il nous semble que nous vivons chacun à l’autre bout du monde, la Terre est ronde et ses extrémités sont introuvables.
Chacun se pense un cercle parfait, déroulant individuellement son existence, mais c’est imbriqué les uns dans les autres que la perfection du cercle peut être atteinte. Comme le participe passé rend le verbe auxiliaire, l’homme tisse son existence par le verbe partagé. Que ferait le verbe auxiliaire sans le participe passé ? Que ferions-nous, Jin, l’un sans l’autre ?

Sur une étoile habitait un ange depuis mille ans, depuis dix mille ans, depuis que les étoiles naquirent du feu tournoyant. Pas de ces grands anges immenses recouvrant le monde de leurs ailes monstrueuses, mais un petit ange. Il était là, entre le vent qui souffle du haut vers le bas et la vapeur qui monte de la terre.
Parfois assis sur un amoncellement de cumulus, il fabriquait des cristaux blancs qu’il éparp

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