Voyage au pays de l horreur
221 pages
Français

Voyage au pays de l'horreur , livre ebook

-

221 pages
Français

Description

Voyage au pays de l'horreur est l'histoire tragique d'un enfant pris au piège des événements sanglants ayant marqué l'accession du Cameroun à l'indépendance. Mais c'est d'avantage une Afrique coloniale contée dans un style particulièrement alerte, naturel et beau.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 318
EAN13 9782296707313
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait








Voyage au pays de l’horreur




















Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen

Dernières parutions

Eric-Christian MOTA, Une Afrique entre parenthèses. L'impasse Saint-Bernard
(théâtre), 2010.
Mamady KOULIBALY, Mystère Sankolo, 2010.
Maxime YANTEKWA, Survivre avec des bourreaux, 2010.
Aboubacar Eros SISSOKO, Moriba-Yassa. Une incroyable histoire d'amour,
2010.
Naïma BOUDA et Eric ROZET, Impressions et paroles d'Afriques. Le regard
des Africains sur leur diaspora, 2010.
Félix GNAYORO GRAH, Une main divine sur mon épaule, 2010.
Philippe HEMERY, Cinquante ans d'amour de l'Afrique (1955-2005), 2010.
Narcisse Tiburce ATSAIN, Le triomphe des sans voix, 2010.
Hygin Didace AMBOULOU, Nostalgite. Roman, 2010.
Mame Pierre KAMARA, Le festival des humeurs
Alex ONDO ELLA, Hawa... ou l'Afrique au quotidien, 2010.
Arthur SCAMARI, Chroniques d’un pays improbable
Gilbert GBESSAYA, Voyage dans la société de Bougeotte, 2010.
Gaston LOTITO, Ciels brûlants. Sahel – 1985, 2010.
Marouf Moudachirou, Une si éprouvante marche. Récit, 2010.
Appolinaire ONANA AMBASSA, Les exilés de Miang-Bitola, 2010.
Juliana DIALLO, Entrée dans la tribu, 2010.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Corée du Nord, 2010.
Gabriel NGANGA NSEKA, Douna LOUP, Mopaya. Récit d'une traversée du
Congo à la Suisse, 2010.
Ilunga MVIDIA, Chants de libération. Poèmes, 2010.
Anne PIETTE, La septième vague, 2010.
Mamadou SOW, Mineur, étranger, isolé. Destin d’un petit Sierra-Léonais,
2010.
Yvon NKOUKA DIENITA, Africain : honteux et heureux de l’être, 2010.
Anne-Carole SALCES Y NEDEO, Ces années assassines, 2010.
Armand HAMOUA BAKA, La girouette, ou l’impossible mariage, 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala, 2010.
Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure, 2010.
Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain, 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire, 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste, 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous !
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines,
2009.
Thomas Tchatchoua








Voyage au pays de l’horreur

Roman



































Du même auteur

Les Bangangté de l’Ouest-Cameroun. Histoire et ethnologie d’un royaume
africain, L’Harmattan, 2009
































© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12853-8
EAN : 9782296128538












A ma sœur Djamen
Qui n’a pas eu la chance
De survivre à ses quatre ans


Avertissement
Sur la face de la terre, l’homme est une maladie. Qui passe, heureusement.
Mais, laissant des traces, des séquelles, dans un monde, lui aussi, en perpétuelle
transition. Toutes mutations qui constituent l’Histoire dont il faut conserver la
mémoire comme autant de repères, d’étoiles, dans la nuit du passé.
Ce petit livre se veut une manière d’y contribuer. Mais, ce n’est qu’un roman,
c’est-à-dire, par définition, une fiction. Son originalité, qui en fait une belle
fantaisie, j’ose le prétendre, c’est d’être brodé sur l’histoire vraie d’un pays : le
Cameroun. La réalité et l’imagination en constituent la trame, tout comme la prose
et la poésie se relaient dans la langue. Toutefois, à bien des égards, ce pays
d’Afrique centrale aurait pu être n’importe quel autre pays du monde. Il ne
représente dans le récit qu’un support à l’expression tragique d’un drame qui fut le
sien, certes, mais qu’il partage avec beaucoup d’autres Etats de la planète.
La personne du récit peut également égarer. Elle constituerait une fausse piste
de lecture pour qui s’en tiendrait à la lettre. « Je est un autre », disait un écrivain. Ni
l’auteur, ni son temps, ne sont véritablement le point de mire bien qu’ils soient
présents en permanence. Ils ne servent qu’à provoquer ce vent glacial qui souffle
sans désemparer de la première page à la dernière de ce livre atroce, et qui saigne,
et qui pleure, comme le Cameroun des années soixante, comme le Rwanda, le
Tchad, le Congo, la Géorgie, la Palestine ou l’Afghanistan d’aujourd’hui. Noumèn,
le héros, qui aurait pu lui prêter son nom, n’est-il pas ce petit enfant, où qu’il se
trouve dans le monde, dont le destin a été irrémédiablement compromis par la
cruelle barbarie des hommes ? Son histoire accuse, en appelle à la prise de
conscience pour une fraternité universelle qui, seule, fera un monde meilleur.
1« Quelle sombre histoire ! » s’écriait ma fille en en parcourant le manuscrit. Avec
raison sans doute. Mais, les réalités du temps dont le livre s’inspire ne l’étaient
guère moins, au contraire. Pour émouvant qu’il soit, ce témoignage reste bien en
deçà des atrocités ayant marqué l’accession du Cameroun à l’indépendance. Cette
histoire ne constitue aucunement, ni un parti pris de noir, ni un hymne au
désespoir. Car, derrière ce voile de tristesse qui l’enveloppe presque sans
désemparer d’un bout à l’autre, une petite lampe vacille, une lueur, imperceptible,
mais tout de même vivace. Si ce n’est pas sous cet angle que vous voulez le lire,
peut-être vaut-il mieux refermer ce livre tout de suite.
Sur la face de la terre, l’homme est le plus grossier de tous les animaux. Un
prédateur pour son semblable. Ou une terrible maladie. C’est le triste visage qu’il
présente de lui sous toutes les latitudes. Cependant, le monde s’affine. En dents de
scie ou insensiblement, il avance. Un jour, je le crois fermement, apaisé par la
connaissance, l’homme sera délivré de sa barbarie et de sa folie meurtrière. Alors,
le soleil brillera durablement dans le monde. L’éternel été de ses aspirations
prendra corps sur la terre. Oui, le paradis mythique de ses rêves millénaires aura
enfin sa chance, qui n’est pas dans les cieux, mais sur la terre. Le temps qui a passé

1 Rita Stella.
9
depuis les indépendances des pays africains m’en donne l’assurance. Le continent,
certes, n’avance pas au rythme qu’il mérite mais, il se déplace quand même. Vous
n’y croyez pas ? Le Cameroun de nos jours est loin de ressembler à celui des
années soixante, malgré ce qu’on peut en dire, par ailleurs.
Je rappelle pour terminer que le lecteur ne doit surtout pas se laisser tromper
par la personne du récit qui n’est pas une autobiographie. Le narrateur qui semble
se glisser sous la peau de l’auteur est loin de se confondre à lui. Certes, sur leur
passage, il arrive parfois que les personnages croisent leur créateur. En certaines
occasions, Noumèn en porte les traits, c’est indéniable. Mais, ce ne sont que de
brèves rencontres fortuites passé lesquelles chacun suit son chemin.

10
1
Je n’avais pas cinq ans lorsque mon père mourait. Cinq ans ! Mais j’étais aussi
mûr qu’un grand garçon de quinze. C’est, du moins, ce qui se chuchotait autour de
moi. On disait que j’appartenais à la race d’enfants précoces, que j’étais proprement
un mûr-dedans selon le nom que les garnements du village m’avaient trouvé. J’avais
fini par m’accommoder de ce sobriquet qu’au départ, je trouvais particulièrement
méchant.
Un matin donc, aux abords de mon cinquième anniversaire, mon père
mourrait ; non pas de sa bonne mort mais,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents