La lecture à portée de main
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Description
Informations
Publié par | Jourdan |
Date de parution | 17 décembre 2018 |
Nombre de lectures | 10 |
EAN13 | 9782390093329 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
© Éditions Jourdan
Paris
http://www.editionsjourdan.fr
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ISBN : 978-2-39009-332-9 – EAN : 9782390093329
Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.
Alain Leclercq
1939-1945
espionnage
et
guerre secrète
La Seconde Guerre mondiale a été le théâtre de nombreuses batailles, de nombreux sièges, de désastres et de drames, et ce, aux quatre coins du globe. À côté de ces grands faits d’armes, ou de ces grandes défaites, s’est menée une autre guerre, dans l’ombre des militaires.
Des milliers d’hommes et de femmes se sont ainsi battus, tant dans les services secrets officiels que dans les organismes clandestins nés de la guerre. Comme sur les champs de bataille, les risques qu’ils couraient étaient énormes et le courage en proportion. Ce livre, à travers les épisodes les plus caractéristiques de cette forme de guerre, raconte l’histoire de quelques uns de ces combattants de l’ombre.
Hans Petersen, le « plus dangereux cambrioleur » du Danemark
Le Danemark d’avant-guerre comptait beaucoup de voleurs de petite envergure, mais peu de vrais criminels : cela fait donc sensation quand on se met à parler de Hans Petersen comme du plus dangereux cambrioleur du pays. Bien que, sur les quarante années de sa vie, il en eût passé une vingtaine en prison, il n’était pas aussi effrayant que sa réputation le laissait entendre et l’honneur de sa profession lui interdisait de s’abaisser à commettre de vulgaires larcins ou à faire du mal à qui que ce soit.
Petersen s’était spécialisé dans les antiquités. Chaque fois qu’il dévalisait une maison, il avait coutume, dès le lendemain, d’envoyer un compte-rendu circonstancié à la presse et à la police, leur précisant très exactement quels objets il avait dérobés et quelle en était la valeur. S’il s’était introduit chez une personne de mauvais goût, il en faisait également état, et souvent il dénonçait comme faux certaines œuvres d’art très cotées.
Son exploit qui défraya le plus la chronique fut de passer un week-end au domicile du chef de la police pendant que ce dernier était à la campagne avec sa famille. Il raconte que c’était une fort jolie maison, mais que les sommiers s’affaissaient et que la vaisselle était ébréchée. Les Danois pardonnent presque tout, pourvu que cela les fasse rire et le pays tout entier se divertissait fort des aventures de ce cambrioleur que personne ne souhaitait voir derrière les barreaux. C’est pourtant ce qui finit par arriver.
Assurant lui-même sa propre défense, il dit aux juges que, lors d’un précédent séjour en prison, on lui avait promis de l’aider s’il rentrait dans le droit chemin, mais qu’à sa sortie du pénitencier, il n’avait reçu qu’un vieux pantalon. Sans aucun doute, l’homme était sincère et son amère déception l’avait fait se rebeller violemment contre la société. Il avoua qu’il avait emporté son butin à Londres, où il avait ouvert un magasin d’antiquités. Il en avait laissé la gérance à quelqu’un de confiance, sans l’informer de la manière dont le fonds avait été constitué.
L’écrivain et journaliste danoise Karin Michaelis prit la décision de lui offrir le soutien moral qui, de toute évidence, lui faisait si cruellement défaut, et lui promit qu’elle l’aiderait à repartir dans le droit chemin et à améliorer sa vie, de manière légale, quand il serait relâché. D’après ses lettres, il était manifeste qu’il rêvait de se ranger. Karin Michaelis alla trouver le roi pour solliciter sa grâce, ce à quoi il lui demanda si elle se rendait compte des dangers d’une telle mesure.
Elle lui répondit qu’elle n’avait aucune crainte et qu’elle hébergerait cet homme sous son propre toit jusqu’à ce qu’il ait montré au peuple danois qu’il comptait bien se conduire. Le monarque ne promit rien, mais, lorsque vint le jour de l’anniversaire royal, le cambrioleur fut gracié. Petersen écrivit qu’il ne serait pas chez Karin, dans l’île de Tura, avant une semaine : il avait quelques affaires à régler dans la ville voisine de Svendborg. Quand il arriva et que la mère de la journaliste le vit sortir de la voiture, bien mis, svelte, légèrement voûté, elle ne put croire que l’homme était un bandit, le prenant pour un universitaire.
Après le déjeuner, Karin emmena son hôte dans l’un des pavillons de son grand jardin, un lieu exigu, mais ensoleillé et plaisant. Il regarda autour de lui et sourit, content de l’accueil qui lui était si gentiment réservé. Il entreprit de défaire quelques élégantes valises tout en expliquant que ses malles arriveraient plus tard. En effet, il arriva plusieurs de ces malles cerclées de fer qui regorgeaient de précieux tapis d’Orient, de vases et de livres.
Un jour, Karin se rappela qu’il ne devait pas rester beaucoup de pétrole dans les lampes de son invité et en apporta une réserve. Quand elle frappa, il lui répondit, mais la fit attendre et, pendant tout ce temps, elle entendait un grand tintamarre de meubles qu’on déplace. Il finit tout de même par ouvrir. La pièce était métamorphosée par la présence d’objets d’art disposés avec beaucoup de goût.
Alors qu’elle l’interrogeait sur le temps d’attente et le bruit, il lui répondit d’une voix neutre qu’il avait barricadé la porte parce que ses anciens codétenus pouvaient, à tout moment, s’introduire chez lui et lui dérober ses œuvres d’art. Il avait, pour éviter ce souci, été à Svendborg pour souscrire une assurance contre le vol et ne serait tranquille qu’une fois celle-ci effective.
Hans Petersen savait plaire, et bientôt on l’invita partout dans l’île, même au presbytère, pour le café du dimanche après-midi. Il était parrain au baptême des enfants de la région et, lors des réceptions, il faisait le récit passionnant de ses cambriolages les plus audacieux. Il montrait comment crocheter les serrures avec une épingle à cheveux et comment se faufiler par une ouverture tout juste assez grande pour y passer la tête.
Durant la semaine, il restait généralement chez lui et travaillait à ses mémoires. Malheureusement, son style était si pompeux et son vocabulaire si pauvre que le manuscrit était d’une lecture fastidieuse. Au bout de quelques mois, il réalisa l’ambition qu’il nourrissait depuis longtemps : il ouvrit à Copenhague une sympathique librairie, spécialisée dans les éditions anciennes et rares. L’argent qu’il avait gagné en prison ne constituait pas un capital suffisant, mais des avocats, des membres de la police, des juges, et d’autres gens que son cas intéressait, firent une collecte.
Un jour, il rencontra une jeune et jolie femme qui travaillait dans un des plus gros cabinets juridiques de Copenhague et il en tomba amoureux. Son passé douteux ne lui nuisit apparemment en rien dans ses avances et leur mariage fut un événement important. Il fut célébré dans la demeure du président de la Cour suprême, qui invita ses collègues en grand nombre. Leur union fut une réussite et chaque année, pour l’anniversaire de sa grâce, Hans envoyait à Karin un petit cadeau accompagné d’un mot. Parfois, l’été, avec sa femme, il venait sur l’île passer un mois dans le pavillon. Il n’était pas seulement devenu un commerçant plein de zèle, mais aussi un mari attentionné et un homme tranquille et modeste. L’ex-voleur avait vraiment bien changé.
Puis les Allemands arrivèrent au Danemark. Ils savaient tout sur Hans, qui était sur la liste des gens qui pouvaient, à l’occasion, leur être utiles. Bientôt, on le vit partout en compagnie d’officiers allemands, allant même jusqu’à dîner et trinquer avec eux. Il portait un uniforme allemand magnifiquement coupé et affichait ses airs arrogants de jadis. Tous ses anciens amis étaient écœurés. Ils avaient rejoint la Résistance et gardaient en permanence le contact avec l’Angleterre, d’où ils recevaient directives et matériel pour les opérations de sabotage.
Sur l’île de Refshalö, les Allemands s’étaient emparés d’une grosse usine de pièces détachées d’avion, qu’ils faisaient tourner pour leur compte. La Résistance décida de la détruire. Des centaines de personnes travaillèrent sur le projet et beaucoup se firent embaucher à la fabrique ; d’autres organisèrent des accidents de voiture, des émeutes et de fausses alertes à l’incendie dans Copenhague, pour détourner l’attention de la police allemande au moment de l’opération. On décida qu’elle aurait lieu par une nuit sans lune. Des résistants devaient s’occuper des sentin