Annam et Indo-Chine française
116 pages
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Annam et Indo-Chine française , livre ebook

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Description

L’Annam, royaume vassal de l’empire chinois (d’environ 2800 avant J.-C. à 114 avant J.-C.). Pour faire connaissance avec le peuple annamite il nous a semblé utile de remonter jusqu’aux origines, un peu fabuleuses, de son histoire et de donner un aperçu de son développement, jusqu’à l’époque actuelle. Nous le verrons ainsi successivement lié avec la Chine par des liens de vassalité, ensuite, pendant les dix premiers siècles de notre ère, soumis à la domination des gouverneurs de cet empire, puis, reprenant sa liberté à la faveur de révolutions sanglantes, et enfin, une fois débarrassé de l’oppression chinoise, partant à la conquête de nouveaux pays et descendant le long de la côte d’Annam pour absorber le Ciampa et le Cambodge et en faire des provinces annamites, allant ainsi, grâce à sa prodigieuse vitalité, faire la tache d’huile jusqu’aux, grands lacs du Mékong.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346118533
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Édouard Diguet
Annam et Indo-Chine française
INTRODUCTION
Dans un livre publié au mois de septembre de l’année dernière, j’ai essayé de dépeindre le peuple annamite qui constitue plus des trois quarts de la population de l’Indo-Chine. J’ai décrit son organisation sociale telle qu’elle existait avant l’intervention de la France dans ce pays, ses coutumes, sa manière de vivre, j’ai guidé le lecteur au milieu de l’imbroglio de ses idées religieuses, je me suis introduit avec lui dans ses pagodes et j’ai évoqué quelques-unes de ses vieilles légendes. C’était un livre de vulgarisation destiné, non pas à faire faire un progrès quelconque à l’ethnographie, mais tout simplement à répandre parmi ceux qui s’intéressent à l’Extrême-Orient les connaissances que j’ai acquises, tant par mes lectures que par mon observation personnelle, sur une des races les plus intéressantes du monde entier.
L’accueil favorable qui a été fait aux « Annamites » dans la presse et dans le monde savant m’a encouragé à publier « Annam et Indo-Chine Française », qui peut en quelque sorte lui servir de complément. Sa première partie est une esquisse de l’histoire annamite, très rapidement exposée au début jusqu’à l’intervention de la France, puis décrite avec plus de détails en traitant de la conquête de la Cochinchine et de celle du Tonkin. Au sujet de cette dernière, il m’a paru intéressant de mettre en lumière la méthode sûre et rationnelle avec laquelle peu à peu, au cours des six phases de cette occupation, nous avons su assouplir nos moyens de pénétration pour arriver en 1896 à la pacification complète de toutes les régions troublées jusqu’alors.
Dans la seconde partie j’ai essayé de donner une idée exacte du rôle de la France en Indo-Chine. J’ai décrit la situation politique qui résulte pour elle des traités conclus avec la Chine, l’Annam, le Siam. etc., l’organisation du gouvernement général de l’Indo-Chine et des gouvernements locaux des cinq pays qui la composent, le fonctionnement de ses services généraux. J’ai montré ce qui a été fait pour l’extension de l’influence française par l’instruction publique, par les œuvres de bienfaisance créées en Indo-Chine et par leur propagation dans les pays avoisinants. J’ai donné un aperçu du développement économique que nous avons imprimé au pays et de l’organisation budgétaire que nous y avons instituée. Enfin, pour conclure, je me suis demandé quels sont, les moyens à employer pour conserver cette magnifique colonie qui nous a coûté tant d’efforts et qui fait l’admiration de tous ceux qui la visitent. Les convoitises qu’elle excite sont grandes et nous ne devons négliger aucun sacrifice pour défendre un bien aussi précieux. L’accord franco-japonais, signé le 10 juin 1907, est venu, il est vrai, ajourner les menaces dont elle était l’objet, puisque « les deux gouvernements ayant un intérêt à voir l’ordre et un état de choses pacifiques garantis, notamment dans les régions de l’Empire Chinois voisines des territoires où ils ont des droits de souveraineté, de protection ou d’occupation, s’engagent à s’appuyer mutuellement pour assurer la paix et la sécurité dans ces régions ». Mais si ce traité écarte momentanément toute crainte d’agression de la part du Japon, nous ne devons pas oublier, ainsi que nous le montrerons plus loin, que la Chine est en voie de réorganisation et que dans une dizaine d’années elle sera une puissance militaire redoutable. J’ai dit quelques mots des mesures à prendre pour la défense de l’Indo-Chine sur terre et sur mer contre ses ennemis extérieurs, mais j’ai insisté tout particulièrement sur l’attitude toute nouvelle que doit prendre la France vis-à-vis des Annamites, si elle veut reconquérir leur affection qu’elle a laissée lui échapper. Le dilemme est inéluctable : ou bien nous perdrons l’Indo-Chine, ou bien nous rendrons aux Annamites, dont il nous faut l’amitié à tout prix, le rang social qui leur revient comme individus, l’exercice réel de l’administration et de la justice de leurs concitoyens, et la tranquillité que leur a enlevée notre système fiscal.
Et telle est ma conclusion.
E. DIGUET.
PREMIÈRE PARTIE
ESQUISSE DE L’HISTOIRE ANNAMITE
CHAPITRE I er
AVANT L’INTERVENTION DE LA FRANCE
§ 1
L’Annam, royaume vassal de l’empire chinois
( d’environ 2800 avant J.-C. à 114 avant J.-C.).
 
 
Pour faire connaissance avec le peuple annamite il nous a semblé utile de remonter jusqu’aux origines, un peu fabuleuses, de son histoire et de donner un aperçu de son développement, jusqu’à l’époque actuelle. Nous le verrons ainsi successivement lié avec la Chine par des liens de vassalité, ensuite, pendant les dix premiers siècles de notre ère, soumis à la domination des gouverneurs de cet empire, puis, reprenant sa liberté à la faveur de révolutions sanglantes, et enfin, une fois débarrassé de l’oppression chinoise, partant à la conquête de nouveaux pays et descendant le long de la côte d’Annam pour absorber le Ciampa et le Cambodge et en faire des provinces annamites, allant ainsi, grâce à sa prodigieuse vitalité, faire la tache d’huile jusqu’aux, grands lacs du Mékong.
En voyant ce peuple, après dix siècles d’asservissement, songer encore à son émancipation et la poursuivre avec courage et témérité, nous nous ferons une idée de la vigueur et de la persistance de son amour de la liberté. En le suivant dans ses conquêtes hardies nous lui reconnaîtrons une humeur belliqueuse que son apparence pacifique et soumise ne fait pas soupçonner ; mais par la même occasion nous ne manquerons pas de nous expliquer certains de ses défauts tels que la duplicité et la ruse qui naissent dans l’oppression d’un long asservissement.
Il est difficile de préciser les limites de l’Empire Chinois au XXIX e siècle avant notre ère, c’est-à-dire à l’époque quasi-fabuleuse ou le peuple annamite commence à avoir une existence vaguement reconnue par les historiens. On sait simplement que l’Empire chinois occupait les deux grands bassins du fleuve Jaune et du fleuve Bleu, et qu’il existait sur ses confins des régions excentriques, habitées par des peuples presque entièrement ignorés des Chinois et auxquels ils avaient donné la dénomination commune de Qui (diables). Nous voyons par là que l’orgueil chinois, qui qualifie de nos jours de diables tous les peuples étrangers, remonte à la plus haute antiquité.
Parmi les quatre tribus vivant sur les confins de l’Empire et dont l’emplacement était vaguement indiqué sur les cartes chinoises par le caractère Qui, se trouvait la race des Giao Chi (croisés-doigts de pied) qui n’est autre que la race annamite. Ce nom très caractéristique lui venait d’une particularité physiologique qu’elle est seule à posséder avec quelques Chinois du Sud, les Malais et les Manillais, et consistant en un écartement exagéré du gros orteil du doigt de pied voisin auquel il est pour ainsi dire opposable comme le pouce à l’index. Il n’est pas rare en effet de voir un Annamite utiliser cette conformation spéciale, soit pour ramasser par terre un objet très petit avec son pied nu, soit pour tenir adroitement avec ses doigts de pied un objet à façonner.
Les Giao Chi habitaient le pays constitué à peu près par les vallées du Si Kiang et du fleuve Bouge, c’est-à-dire les contrées actuellement désignées sous le nom de Yunnan, Quang Si, Quang Tong et Tonkin.
C’est, disent les Annules, au XXIX e siècle avant notre ère qu’un prince chinois du nom de Dê Minh, envoya son second fils, Lôc Tue, régner sur c

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