Annie de Pène,
115 pages
Français

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Annie de Pène, , livre ebook

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Description

Annie de Pène, journaliste, éditrice, directrice de revues et romancière, s'impliqua comme beaucoup de ses concitoyennes dans la Grande Guerre. Depuis les tranchées, elle a livré ses reportages pour Le Matin et L'Oeuvre. Elle a notamment décrit la vie des femmes à l'arrière en s'interrogeant sur leur évolution à travers ses reportages et ses chroniques. Cet ouvrage présente quatre années de sa vie professionnelle, marquées par la fin prématurée de celle que Colette appelait « mon Annie d'enfance ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782336812724
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright








Photographie de couverture :
Annie de Pène , Collection particulière de Mme Rampini.








© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-81272-4
Titre

Dominique Bréchemier







ANNIE DE PÈNE, UNE JOURNALISTE AU CŒUR DE LA GRANDE GUERRE
De la même auteure
De la même auteure,
Articles
‒ Rouen-lecture , spécial 10 ans, « Destinée normande, Annie de Pène », 1 ère partie, septembre-octobre 2002 et 2 ème partie, novembre 2002.
‒ Cahiers Colette, n°30, « Rencontres », Société des Amis de Colette, 2008
‒ Actes du colloque Femmes des lumières et de l’ombre, Rencontres de Mix-Cité n°3, La Belle Époque des femmes ?, « Annie de Pène, une résiliente avant l’heure », L’Harmattan, 2013
‒ Cahiers Colette, n°35, « Annie de Pène : une femme dans la tranchée », Société des Amis de Colette, 2014
‒ Actes du colloque Femmes des lumières et de l’ombre, Rencontres de Mix-Cité n°5, Les Femmes de l’Entre-deux-guerres , « Séverine, 1918-1929, une éternelle frondeuse », L’Harmattan, 2015
Ouvrages collectifs
‒ Avec Nicole Laval-Turpin, édition des actes des colloques orléanais « Femmes des lumières et de l’ombre », 2014, 2015, 2016, 2017, l’Harmattan
‒ Contribution pour plusieurs notices au Dictionnaire Colette , sous la direction de Guy Ducrey et Jacques Dupont, Paris, Classiques Garnier , sous presse et à paraître en 2018
À paraître,
‒ Annie de Pène, Romans et récits, anthologie, 2018 -Essai : Séverine, une éternelle frondeuse , 2019
Dédicace

À Laëtitia,
Cette histoire de vie, de luttes, d’engagements, de femmes et d’hommes, notre histoire !

« […] Résistez… Notre profession est belle, nécessaire, mais seulement dans la mesure où nous la faisons telle. Résistez aux puissances d’argent qui nous oppriment ; résistez aux engouements publics ; résistez aux directeurs de journaux. Résistez à vous-mêmes, aux inévitables déformations qui sont le fait du métier, au succès, à de certaines griseries […] »
Séverine 26/07/1927 Discours à la maison des journalistes
INTRODUCTION
Annie de Pène est décédée le 14 octobre 1918 de l’épidémie de grippe espagnole qui ravagea la France à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle avait 47 ans. Elle tenait une place importante dans le monde des lettres et du journalisme de la Belle Époque.
Au moment où paraît cet ouvrage, près de cent ans se sont écoulés. Ainsi se construit le temps du souvenir, celui de l’hommage, selon des chemins aléatoires. Pour retracer le parcours de cette femme étonnante et évanescente, dans le cadre de mon doctorat de littérature, j’ai minutieusement recherché, menant une enquête policière, les moindres indices généalogiques et professionnels en parcourant la France. En 2002, beaucoup de colettiens 1 connaissaient ce nom, Annie de Pène ; et le phalanstère décrit par Colette 2 , pure construction littéraire, faisait les délices de nos imaginations fertiles. Mais nul ne savait vraiment d’où venait cette « Annie » ni comment elle était devenue une amie de Colette. La biographie d’Annie de Pène s’est peu à peu esquissée et j’en suis devenue, comme me l’ont dit, sur le ton de la boutade, les membres de mon jury de thèse 3 , « LA spécialiste mondiale ». Spécialiste mondiale d’une inconnue encore aujourd’hui : ce défi aux modes me plaît !
Annie de Pène fut tour à tour libraire, éditrice de la revue Le Lys rue du Bac puis boulevard Saint-Germain à Paris, directrice de la brochure mensuelle L’Œuvre créée par Gustave Téry, romancière, journaliste et… Amie de Colette. Bien que son nom ait aujourd’hui perdu la notoriété qui fut pourtant la sienne, elle tint une place originale dans la vie littéraire de son temps. Il suffit pour cela de se reporter aux nombreux articles nécrologiques élogieux de l’automne 1918. On y rapporte notamment qu’elle avait établi un solide réseau de relations et d’amitiés littéraires et personnelles tout à fait éclectique. Séverine, Marguerite Durand, Rachilde, Lucie Delarue-Mardrus, Myriam Harry, Colette, Henry et Robert de Jouvenel, Gustave Téry, Henri Barbusse, pour ne citer que quelques personnalités, se pressaient dans le salon qu’elle anima rue de la Pompe puis rue Pétrarque à Paris.
« Mon Annie d’enfance », « Mon Annie personnelle et chérie » lui écrivait Colette en décembre 1914 dans l’une des nombreuses lettres qu’elles échangèrent 4 pendant le premier conflit mondial. À diverses reprises, Colette décrète, par le biais de ces en-têtes et informations symboliques, que leurs affinités viennent de loin, de bien plus loin que leur rencontre professionnelle en 1909 pour la revue Akademos . En cette période de chaos que la guerre provoque, on saisit bien à quel point cette référence à l’enfance et cette affection furent précieuses et les délivra partiellement de l’angoisse de la séparation en fixant des repères essentiels. Mais si l’environnement provincial, la solitude de la petite fille ou l’observation grinçante du comportement des adultes font l’objet de ressemblances dans les œuvres des deux femmes, l’enfance d’Annie de Pène se différencie de celle de Colette en raison du poids des questions familiales et identitaires. D’ailleurs, les personnages féminins de ses nouvelles et de ses romans reflètent ces préoccupations et les expriment, objets de multiples variations, fils directeurs des histoires qu’elle a tissées.
Désirée Joséphine Poutrel (future Annie de Pène) est née le 2 mai 1871 à Blosseville-Bonsecours, petite ville de la proche banlieue de Rouen. Sur son acte de naissance, elle est déclarée « enfant naturel non reconnu » jusqu’au 9 août 1879 (son père, Joseph Pène, est décédé depuis une semaine), date à laquelle chez un notaire du Mesnil-Esnard, sa mère, Désirée Poutrel, la reconnaît pour sa fille naturelle. Ce fait n’est pourtant mentionné sur son acte de naissance que le 19 août 1889, à Bonsecours, la veille de son mariage. Le 20 août, à dix-huit ans, elle épouse Charles-Auguste Battendier dont elle aura deux enfants : le 31 octobre 1890, naît Germaine, qui signera Beaumont, et le 3 mai 1892, Pierre, qui signera Varenne.
Autre date : le 28 novembre 1898. Sur les registres de l’état civil de Bonsecours est transcrit le jugement de divorce prononcé à Rouen entre Charles-Auguste Battendier et Désirée Joséphine Poutrel en date du 28 juillet 1898. Ce jugement est signifié le 26 août 1898 à « la dame dite Battendier », 27 boulevard Pereire, à Paris. Il est prononcé au profit du mari qui se voit confier ses deux enfants et condamne la « dame Battendier à tous les dépens. »
Quand Annie de Pène arrive à Paris, dix ans à peine après son mariage, elle est, au moins partiellement, « désargentée », qualificatif qu’elle utilisera toute sa vie dans les nombreuses lettres qu’elle adresse à ses enfants. Elle partage avec Colette et tant d’autres femmes seules le souci du travail et de sa juste rémunération. Plusieurs de ses héroïnes récemment divorcées confient d’ailleurs, en quittant Rouen ou une ville de province pour Paris que, pendant quelques années, le couple avait vécu sur leur fortune puis qu’elles étaient parties en abandonnant leur dot.
En se mariant, Annie de Pène se libère du giron maternel. En divorçant, elle brise d’autres chaînes, fait des choix et fuit l’emprise masculine. Elle se place en dehors de la norme et des usages de son temps. Elle doit assumer une identité morcelée que les différents actes d’état civil et la correspondance inédite avec ses enfants mettent en évidence. Les changements de nom ou de prénom sont nombreux. Elle a commencé par porter les mêmes prénom et nom que sa mère puis, par son mariage, fut reconnue comme l’épouse mais elle a porté le nom du mari sans avoir porté celui du père. Au moment où elle arrive à Paris, elle n’a pas choisi d’être écrivain mais elle choisit un « pseudo-pseudonyme » qui est son véritable patronyme. Sa cr

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