Ce que l Inde doit à la Grèce - Des influences classiques dans la civilisation de l Inde
108 pages
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Ce que l'Inde doit à la Grèce - Des influences classiques dans la civilisation de l'Inde , livre ebook

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Description

Quand on compare les créations modernes du génie indien avec ses productions d’autrefois, il semble que son histoire se résume en une longue décadence.Dans le domaine de la religion, de la philosophie, de la poésie lyrique, de l’épopée, du drame, de la comédie, de la grammaire, ses productions les plus antiques sont aussi les plus parfaites, celles qui se distinguent par les conceptions les plus profondes, les sentiments les plus élevés, l’intérêt le plus soutenu, le goût le plus pur, et ces qualités se perdent à mesure qu’on descend la pente des siècles, pour aboutir aux mièvreries littéraires, aux subtilités scolastiques, aux pratiques superstitieuses de l’Inde moderne.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782346119929
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Eugène Goblet d'Alviella
Ce que l'Inde doit à la Grèce
Des influences classiques dans la civilisation de l'Inde
PRÉFACE

*
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En réunissant ces lectures faites à l’Académie royale de Belgique, je n’ai pas la prétention de fournir un aperçu complet ni surtout définitif de ce que l’Inde a emprunté à la Grèce ou plutôt à l’antiquité classique. Pour suivre pas à pas la trace de l’hellénisme dans chaque branche de la civilisation indienne, il faudrait plus de temps et de compétence que je n’ai pu consacrer aux différentes parties du sujet. Je ne me dissimule pas non plus que les résultats auxquels est arrivée, en cette matière, la critique contemporaine, présentent un caractère quelque peu provisoire.
L’ère des découvertes est loin d’être close dans l’Inde, qu’il s’agisse des monuments, des inscriptions ou même des manuscrits. Il y a quelques mois à peine, ne retrouvait-on pas, au pied de l’Himalaya, l’emplacement du parc légendaire où, trois siècles avant notre ère, la tradition plaçait le berceau du Bouddha, peut-être même les ruines de sa cité patrimoniale, cette Kapilavastou que des historiens de notre temps ont essayé de reléguer dans les nuages du mythe ? Des trouvailles analogues peuvent, du jour au lendemain, modifier nos conclusions sur l’âge des monuments, la priorité des styles, la filiation des types, les origines de la monnaie et de l’écriture indiennes.
De même, la mise au jour de manuscrits sanscrits, voire de leurs traductions chinoises, thibétaines ou birmanes, peut éventuellement- fortifier ou renverser certaines des hypothèses que nous avons dû établir, à l’aide de matériaux forcément incomplets, concernant les rapports littéraires, artistiques, intellectuels et même religieux de l’Inde avec le monde gréco-romain.
Cependant, l’heure semble venue de formuler sur ces rapports une vue d’ensemble qui, dans ses lignes générales, n’ait pas trop à craindre les démentis de l’avenir. J’ai donc cru utile de résumer ici les renseignements parallèlement obtenus dans les divers domaines où s’est produit un contact entre le génie de l’Inde et celui de la Grèce.
La question n’intéresse pas seulement les indianistes et les hellénistes, mais encore tous ceux qui s’occupent d’histoire générale, tous ceux surtout qui aiment à suivre jusqu’en leurs plus lointaines expansions les antécédents de notre propre culture.

Court-Saint-Étienne, 15 novembre 1897.
INTRODUCTION
Les Grecs dans l’Inde

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L’Inde antérieure aux invasions musulmanes nous a longtemps étonnés par le contraste entre l’éclat de sa culture et l’obscurité de son histoire. A n’en juger que par les indications éparses dans l’énorme masse des documents indigènes, on ne se douterait guère que le grec est resté, pendant plusieurs siècles, la langue officielle dans tout le nord-ouest de la péninsule, et que des souverains helléniques s’y sont transmis, pendant de nombreuses générations, un empire dont Strabon a pu dire à un moment donné : « Il finit par posséder plus de sujets et de tributaires que n’en a compté Alexandre 1 . »
C’est que les Indiens ont toujours voulu envisager les faits historiques comme des incidents secondaires de leur vie sociale et religieuse, tout au plus propres à fournir des exemples grammaticaux, des titres généalogiques ou des thèmes édifiants. Ajoutez que, pour cette race éprise de son isolement et convaincue de sa supériorité, les Grecs, les Yavanas, n’ont jamais été que des étrangers, des barbares, des infidèles, des agités, — des sans-caste, ce qui, dans la société hindoue, est le dernier terme de la dégradation.
D’autre part, les Grecs de l’Inde furent bientôt coupés du monde hellénique par toute l’épaisseur de l’empire parthe, et, pendant longtemps, leurs destinées ne nous ont été connues que grâce à quelques allusions brèves et isolées des auteurs classiques, comme Justin, Plutarque et Strabon.
Cependant, l’Inde n’a pu se dérober aux entreprises les sciences historiques, qui ont renouvelé de nos jours la connaissance de l’Orient. Une investigation plus complète et une interprétation plus rigoureuse des documents indigènes ont conduit à d’ingénieux rapprochements avec les informations contenues non seulement dans les historiens et les géographes classiques, mais encore dans les voyageurs et les annalistes chinois. L’archéologie, l’épigraphie, la numismatique, mettant à profit les matériaux amassés par des explorations de plus en plus fécondes, ont apporté à leur tour des renseignements qui ont contrôlé et, sur bien des points, complété les découvertes de la critique littéraire. On ne s’est plus contenté d’approfondir l’histoire de la domination hellénique au sud de l’Hindou-Koush ; on a cherché à déterminer la part des influences classiques dans le développement artistique, littéraire, voire social et religieux, de cette civilisation indienne, qui a passé, jusqu’à nos jours, pour ne rien devoir à personne et où même, à plus d’une reprise, des esprits enthousiastes ont cherché les origines premières de notre propre culture.
Parmi les indianistes qui ont le plus contribué à l’élucidation de ces problèmes, nous devons mentionner en premier lieu Lassen, qui, dans son Indische Alterthumskunde, publié il y a un demi-siècle, avait rassemblé et commenté, avec autant de sagacité que d’érudition, tous les textes de la littérature classique relatifs à l’Inde. De son côté, M. Albrecht Weber s’est attaché, dans de nombreux et brillants travaux qui couvrent un espace de près de cinquante ans, à rechercher, dans les productions littéraires de l’Inde, tous les indices qui dénotent une inspiration hellénique 2 . S’adressant aux mêmes sources que l’éminent indianiste allemand, un jeune savant français, actuellement professeur au Collège de France, M. Sylvain Lévi, a réuni en 1890, dans une thèse latine : Quid de Grœcis veterum Indorum monumenta tradiderint, les passages relatifs aux Grecs, qui se rencontrent dans les traités et les monuments de l’Inde antique. En même temps, un membre de l’Institut, M. Émile Sénart, tirait de la savante critique à laquelle il a soumis les plus anciennes inscriptions sanscrites, des jalons précieux pour l’histoire et la chronologie de la période qui nous occupe 3 .
En Angleterre, les deux principaux représentants de l’archéologie anglo-indienne, James Fergusson et le général Cunningham, ont consacré une partie de leur longue et fructueuse carrière à démêler la part qui revient aux influences classiques dans les plus anciens monuments de l’Inde. Ces recherches, qui ont reçu, en 1870, une impulsion décisive grâce aux belles découvertes archéologiques réalisées par le D r Leitner parmi les ruines bouddhiques du Gandhâra, ont été poursuivies par toute une pléiade d’archéologues et d’explorateurs qui ont publié leurs travaux dans l’Indian Antiquary, l ’Archœological Survey of India, les journaux des Sociétés asiatiques de Londres et de Calcutta, etc. Parmi ces travaux, je me bornerai à recommander, comme une des meilleures vues d’ensemble, le mémoire de M. Vincent A. Smith, Grœco-Roman Influence on the Civilization of India 4 . Nous ne devons pas non plus oublier l’ouvrage de M. Percy A. Gardner, qui, sous le modeste titre de Catalogue of Indian Coins in the British Museum, Greek and Scythic Kings 5 , est devenu le manuel indispensable de tous ceux qui désirent approfondir l’histoire de la domination grecque dans l’Inde du nord-ouest. Enfin, je mentionnerai un autre catalogue encore, le petit volume qui

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