Considérations sur la question d Orient - Essai historique
28 pages
Français

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Considérations sur la question d'Orient - Essai historique , livre ebook

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Description

Assise sur trois mers, Adriatique, Archipel et mer Noire, la Turquie occupe en Europe la position la plus belle et la plus importante. Maîtresse de l’Asie par Constantinople, elle défend l’Europe contre toute agression, contre toute invasion venue des contrées d’Orient.... En possession de Candie et de Chypre, elle relie par mer ses possessions d’Égypte et de Syrie, et peut ainsi couper toute navigation et bloquer tout le commerce de l’Asie par la mer Rouge.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346103843
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Louis de Claves
Considérations sur la question d'Orient
Essai historique
Qu’ai-je entrepris, moi, pauvre inconnu, jeune encore, et sans autre expérience, sans autre connaissance des hommes et des choses, que ce que j’en ai puisé dans les livres (et des livres même d’un nombre bien restreint !) à vingt ans à peine, je n’ai pas craint de m’aventurer ainsi, seul, sans titre, sans appui, sans connaissance, dans ce vaste et si riche domaine des lettres ; bien plus encore, j’ai osé aborder la politique..... Certes, je l’avoue, c’est tout un élan de jeunesse, c’est tout l’effet d’une passion de cet âge, mais, je l’avoue aussi, d’une très-forte passion.....
Ces quelques lignes où j’ai tracé les impressions que j’ai ressenties, contemporain d’un événement qui agite l’Europe et la tient en suspens depuis bientôt un an ; ces quelques pages, qui forment ce qu’on appelle un livre, ne sont qu’une bien faible esquisse d’un plus grand sujet. Assurément, c’est moins que je ne voudrais faire ; et si même je n’eusse écouté que ma raison et ma conscience, je les aurais vingt fois détruites, comme trop imparfaites. Mais il est quelque autre chose en moi que je ne puis définir, que je sens, quelque chose qui m’excite, ou plutôt, qui m’entraîne et me force à les produire au jour, à les offrir au public, assez généreux, assez indulgent, je l’espère, pour ne pas les mépriser s’il les rejette. C’est mon espoir, c’est plus qu’il n’en faudrait pour me consoler....

15 Novembre 1853.
PREMIÈRE PARTIE
Assise sur trois mers, Adriatique, Archipel et mer Noire, la Turquie occupe en Europe la position la plus belle et la plus importante. Maîtresse de l’Asie par Constantinople, elle défend l’Europe contre toute agression, contre toute invasion venue des contrées d’Orient.... En possession de Candie et de Chypre, elle relie par mer ses possessions d’Égypte et de Syrie, et peut ainsi couper toute navigation et bloquer tout le commerce de l’Asie par la mer Rouge.
Aussi, c’est surtout à cause de cette superbe position et de l’influence qu’elle peut ainsi exercer sur les intérêts politiques et commerciaux de toutes les puissances de l’Europe, qu’elle n’a cessé d’attirer leurs regards ou d’exciter l’ambition des princes voisins et limitrophes de son empire, lorsqu’elle a commencé, à déchoir, à descendre au rang de puissance secondaire, et qu’elle a dès lors subi l’influence de diverses cours étrangères.
L’histoire de la Turquie pourrait donc parfaitement se diviser en deux parties, en deux périodes bien distinctes : la première, dans laquelle la Turquie, grande, forte et glorieuse, étonne l’Europe par ses victoires et l’enthousiasme de ses peuples vainqueurs, et force toutes les puissances à traiter, à capituler avec elle, ou à rechercher au moins son alliance. Cette période ne s’étend pas au delà du dix-septième siècle ; le traité de Carlowitz (1699) en marque la limite. — La seconde, dans laquelle la Turquie voit fondre sur elle toute sorte de revers et de calamités, et se voit forcée à souscrire à toute exigence, à supporter toute humiliation, grâce à l’élévation, à la consolidation des autres puissances de l’Europe, depuis peu constituées et raffermies entre elles, sur les bases du traité de Westphalie (1648), et alors en pleine voie de progrès ; cette période est la plus longue : elle a commencé vers la fin du dix-septième siècle, pour ne finir qu’avec l’empire lui-même.
Si ces deux périodes sont aussi distinctes entre elles que peuvent être dans l’histoire d’un empire les périodes de grandeur et de force, de décadence et de ruine, l’influence politique de ce peuple, dans les luttes ou les guerres qu’il a eu à soutenir avec d’autres États, n’a pourtant pas changé de nature, pendant toute leur durée ; elle n’a fait que changer de caractère. Quand elle était grande et forte, la Porte agissait comme pondératrice dans la balance politique, elle agissait alors de son propre mouvement, et ne se réglait que sur ses propres inspirations..... Quand elle a commencé à déchoir, au contraire, quand elle est devenue faible, son influence a bien toujours été regardée comme un contre-poids utile et nécessaire même, dans l’équilibre européen, mais le divan, placé dès lors sous les coups des influences rivales des puissances intéressées à la ruine ou au maintien de l’empire ottoman, les laissait forcément agir suivant leurs intérêts communs, et chacune alors s’y ménageait une part plus ou moins grande.
Une vue rapide de l’histoire de cet empire et de sa formation est donc nécessaire pour bien suivre la marche de cette politique, pour se rendre compte des pertes ou des conquêtes, des succès ou des revers qu’elle a éprouvés à diverses époques ; et surtout, pour comprendre l’état où il se trouve aujourd’hui, et sa situation actuelle vis-à-vis des puissances de l’Europe moderne. Je n’irai pas plus haut qu’au milieu du quinzième siècle, c’est-à-dire que lors de la fondation de l’empire des Turcs en Europe.
....... Tout autre conquérant, moins hardi, moins entreprenant même que Mahomet II, mais dans l’état où se trouvait ce dernier, à la tête d’un peuple aussi enthousiaste de la guerre, et d’une milice aussi brave, aussi courageuse, eût certainement tenté de renverser ce fantôme d’empire d’Orient, depuis si longtemps chancelant sur des bases qu’il voyait s’affaiblir tous les jours. Il n’eût pas manqué de s’emparer d’une si brillante position, qui pouvait devenir si prépondérante et si forte, aux mains d’un peuple conquérant et guerrier, à l’égard surtout d’autres peuples bouleversés, agités en tout sens, et qui se ressentaient encore du contre-coup et de l’ébranlement des luttes et des guerres dont ils sortaient à peine ; de peuples tels, en un mot, qu’étaient alors ceux de l’Europe chrétienne.
Le fondateur de l’empire ottoman en Europe (1453) le comprit bien ; aussi,

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