Correspondance des terroristes de 93 - Précédée de quelques mots sur la situation actuelle
61 pages
Français

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Correspondance des terroristes de 93 - Précédée de quelques mots sur la situation actuelle , livre ebook

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Description

Commençons par une série de pièces qui donneront une idée des mœurs du temps. SECTION DES PIQUES. Assemblée des jeunes républicains.Le 29e jour de Pluviôse, l’an deuxième.Les jeunes citoyens Cerf et Marche sont députés pour aller s’informer de la santé du citoyen Robespierre, accompagnés du citoyen Petit et du citoyen Perrier, qui a demandé la parole pour cet objet, brûlant de la plus grande amitié et fraternité pour un de nos plus dignes montagnards et républicains. Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346052325
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Lucien de La Hodde
Correspondance des terroristes de 93
Précédée de quelques mots sur la situation actuelle
AVANT-PROPOS
Au moment où la Révolution va tenter son grand assaut contre la société, et où nos déchirements donnent aux hommes de désordre une confiance qui n’est peut-être que trop justifiée, je crois devoir mettre sous les yeux du public un travail instructif sur les inventeurs de la belle devise : Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort ! Sur cette pléiade livide qui luit si terriblement dans l’histoire contemporaine, et qui a donné le jour aux auteurs de la doctrine démocratique et sociale. J’avertis les journaux rouges qui ouvrent déjà la bouche pour crier à la diffamation, à la calomnie et à l’œuvre de police, qu’ils vont perdre leurs peines. Mon travail n’est que la réimpression de pièces écrites de la propre main des terroristes, pièces qui éclairent l’âme de ces grands-citoyens d’une clarté inexorable. Je vais réimprimer simplement les correspondances saisies au 9 thermidor chez Robespierre et ses complices. Selon moi, jamais acte d’accusation plus accablant ne sera fait contre les démons de 93. En entendant parfois glorifier l’époque de sang, même en pleine chambre, je me demande toujours si le rapport de Courtois n’existe plus dans aucune mémoire, ni dans aucune bibliothèque, que personne ne l’ouvre et n’en fait éclater quelque foudroyante réponse. Là, en effet, se trouve toute la vérité sur la terreur. Il ne faut pas cinq minutes de cette lecture pour voir tomber, et tenir à jamais pour un monument d’effronterie sans pareille le panégyrique d’hommes qui ont pris soin de se peindre eux-mêmes sous des couleurs que n’auraient pas trouvées leurs plus mortels ennemis.
On va voir que rien n’est vrai dans le beau côté qu’on attribue à ces hommes, dans leur prétendu rôle de sauveurs sombres, de stoïques instruments de la Providence. Ils n’ont rien sauvé, ils n’ont que détruit ; s’ils ont saigné la France aux quatre veines, n’ayez pas la sottise de croire que c’était pour la régénérer : c’était pour se bâtir ou se conserver un pouvoir exécrable. Il n’y a pas eu, dans une époque où la crainte de la mort n’existait plus, de lâches comme ces tueurs qui affectaient l’impassibilité ; il n’y a jamais eu rien de si vil que le cœur de cette tourbe qui prétendait dicter de nouvelles lois à l’honneur français ; il n’y a pas eu de coquins immondes et de voleurs éhontés comme ces Caton qui allaient déclamant à tout propos « que la vertu et la probité étaient à l’ordre du jour. » On trouvera, dans telle des pièces que je réimprime, des choses qui font porter la main au front pour s’assurer qu’on n’est pas sous la griffe d’un cauchemar. Toutes témoignent d’une bêtise infâme, d’une férocité sauvage ou d’une sorte d’ambition fétide inconnue jusqu’alors. Au milieu d’un verbiage qui fait pitié, le hideux surgit à chaque instant et donne le frisson. On cherche à retrouver dans ce fratras quelque chose de l’ancien caractère national, quelques traits de grandeur et de générosité, rien ! Le sang et la boue apparaissent partout ! Par-ci, par-là, la conscience arrache un cri timide, étouffé aussitôt par un hurlement du monstre révolutionnaire. Le renversement absolu des règles divines et des lois morales s’est opéré ; les choses vont jusqu’à ce point qu’il faut dénoncer son meilleur ami pour paraître bon citoyen, étouffer toute pitié pour avoir le droit de parler d’humanité, et dire du bien de la guillotine sous peine d’être guillotiné.
En lisant ces documents, tenus jusqu’ici dans l’oubli ou ignorés ; plus d’une voix honnête demandera, je le crois, qu’au lieu de mettre simplement en livre, on développe en larges affiches et placards, sur chaque pan de mur, ces jugements sans appel portés contre eux-mêmes par les plus grands criminels de l’histoire.

*
* *
Le conventionnel Courtois, chargé du dépouillement des pièces en question, a rédigé à ce sujet un rapport que je ne crois pas devoir reproduire ; pour la forme, c’est un échantillon beaucoup trop réussi de cette rhétorique fatigante que la fureur de l’antique avait mise à la mode ; pour le fond, c’est plutôt une diatribe jalouse contre le comité du salut public qu’un rappel bien sérieux aux principes d’humanité et de raison. Excellent peut-être pour l’époque où il parut, ce rapport est loin d’être suffisant aujourd’hui ; il ne répond pas à beaucoup près aux impressions qu’inspirent les pièces analysées, lesquelles, au reste, parlent assez haut d’elles-mêmes pour pouvoir se passer de commentaires.
Ne voulant pas recommencer le travail de Courtois, je vais faire précéder les lettres d’un simple aperçu de la situation actuelle ; cette esquisse aidera, je l’espère, à l’enseignement que doit porter l’ouvrage ; elle montrera que l’époque maudite, déjà réflétée dans quelques faits contemporains, reste, à n’en pas douter, l’idéal des républicains qui pensent le mieux représenter leur parti.
Quand je vois les chefs officiels de la démagogie prendre des airs d’indignation et se signer au mot d’échafaud, je ne puis m’empêcher de hausser les épaules ; non pas, mon Dieu, que je suspecte tout-à-fait leur bonne foi ; la plupart ne sont rien moins que des sauvages, et comprennent certainement qu’il y a mieux à faire pour convaincre les gens que de les guillotiner ; mais sait-on bien ce que deviendront ces grands hommes au milieu de la genèse rouge ? Est-il quelqu’un pour s’imaginer aujourd’hui que les Lamartine, essayant d’abattre le drapeau rouge après une révolution socialiste, ne seront pas lapidés sur l’heure ? Est-il un bonhomme assez naïf pour croire que, le lendemain d’un nouveau 24 février, il n’y aura pas des guirlandes de cadavres aux lanternes ? Oui, les beaux parleurs, je le présume du moins, essaieront d’arrêter le tigre démuselé ; car ils comprendront qu’il va perdre leur cause dès le premier jour, mais on verra comment ils seront écoutés. Les chefs de bandes qui auront dirigé le combat et remporté la victoire, demanderont du sang, du pillage, et ils en auront, car leur pouvoir sera absolu.
Je vois, à ces mots, l’état-major socialiste se hérisser. Oh ! calmez-vous, illustres patriotes, vous n’en serez pas de ces chefs. Citoyen Lagrange, la badauderie en blouse peut s’amuser encore à vous faire des ovations burlesques, à l’anniversaire du 24 février, mais les purs du faubourg ont porté leur jugement sur vous : vous n’êtes décidément qu’un triste sire, bon pour pleurnicher et rabacher des sottises sentimentales ; n’allez pas vous aviser, un jour de révolution, de prêcher les héros à bras nus, car ils pourraient bien casser votre grand geste d’un coup de crosse de fusil. Vous ne serez pas non plus de ces capitaines de rues dépavées, maître Michel, l’avocat ; vos quarante mille livres de rentes, et votre vieille habileté de palais ne vous permettront pas de vous fourrer, comme le ferait un gueux ou un sot, au milieu d’affaires malsaines qui peuvent, à la rigueur, vous envoyer faire de l’éloquence à Nouka-Hiva. Ni vous, citoyens Baune et Joly, qui aurez trop bien déjeuné le matin et qui irez vous coucher pendant qu’on se battra, comme vous l’avez déjà fait plusieurs fois. Ni vous, monsieur Crémieux, croque-mort de la Monarchie et véritable géniteur de la République, si l’on s’en rapporte à la ressemblance ; vous laisserez les dogues des faubourgs éventrer la société sans avoir assez de cœur pour les suivre ou les retenir. Ni vous, fier colonel Charras, généralissime du National, parce que le bataillon de bourgeois sans cervelles sur lequel vous comptez, sera noyé à l’instant dans des flots de canailles qui lui donneront l’épouvante ou le dégoût. Ni vous, pauvre M. de Girardin, qui vous donnez tant de peine pour monter votre commandite républicaine. Si votre araignée vous poussait jamais à aborder la tribune avec votre pistolet de poche révolutionnaire, comme vous nous en avez menacés, il se trouverai

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