Hors Paris
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Description

LA DÉFENSE NATIONALE PAR LA DÉFENSE LOCALETours, 18 septembre 1870.Lorsque la France est envahie, tous les Français ne doivent avoir qu’une seule pensée et tous la même : combattre l’envahisseur, le vaincre, le chasser ou l’exterminer. Paris doit voler au secours des départements menacés ; les départements doivent voler au secours de Paris cerné, assiégé, affamé, bombardé.Quelque grand que soit le péril, le plus grand ne serait pas de se défendre vaillamment contre l’envahisseur mais de se défendre mollement ou de ne pas se défendre, car la mollesse et la lâcheté ne le disposeraient pas à la modération ; on n’aurait à subir aucune exigence, aucune rigueur de moins et l’on aurait son mépris de plus.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346094752
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Émile de Girardin
Hors Paris
INTRODUCTION
Le 8 septembre, les journaux avaient annoncé que dans la prévision de l’envahissement imminent de Paris, le Gouvernement de la défense nationale avait pris la résolution de déléguer plusieurs de ses membres qui iraient résider à Tours, afin de pourvoir aux impérieuses nécessités de la défense et de l’administration des départements non encore envahis.
La Révolution du 4 septembre ayant trouvé aux mains du général Trochu le gouvernement de Paris et le commandement en chef de l’armée de Paris, les lui ayant maintenus, et de plus lui ayant décerné la présidence du « Gouvernement de la défense nationale » ce que prescrivait le bon sens, ce que prescrivait la logique, — ce Gouvernement ayant reconnu la nécessité de se dédoubler afin de conserver sa liberté et sa puissance d’action, — c’était que le Ministre des affaires étrangères, M. Jules Favre, accompagnât les membres du corps diplomatique afin de rester libre de communiquer journellement avec eux ; c’était que le Ministre de l’intérieur, M. Léon Gambetta, suivît son collègue afin de rester également libre de correspondre journellement avec tous les préfets de France ; c’était que le Ministre des finances, M. Ernest Picard, partît afin de pouvoir prendre toutes les mesures fiscales et financières que nécessiterait l’armement de la nation appelée à dégager à tout prix et sans aucun retard Strasbourg et Metz investis, et Paris à la veille de l’être ; c’était enfin que le Ministre de la guerre, M. le général Leflô ne s’emprisonnât pas à Paris, où il n’avait absolument rien à faire, tandis que hors de Paris il avait absolument tout à faire, tout à réformer, tout à organiser.
Aussi, qu’elles ne furent pas la stupeur et l’anxiété de tous les gens sensés, le jour où ils virent que M. Jules Favre laissait passer le corps diplomatique sans partir avec lui ; le jour où ils virent que M. Léon Gambetta, au lieu de se rendre à Tours restait à Paris, où il serait sans action possible sur les départements, sur Lyon, sur Marseille, etc. ; le jour surtout où ils virent que le Ministre de la guerre, que le Ministre de la défense nationale, que le Ministre de la délivrance de Strasbourg, de Metz, de Paris, que le Ministre de l’expulsion de l’envahisseur, que le Ministre de la défaite et de la capitulation de Sedan à venger et à réparer, que le Ministre de la victoire à organiser et de la revanche à prendre sur le général de Moltke, sur le général ministre de Roon, sur le prince Frédéric-Charles, sur le prince héritier Frédéric, et enfin sur le roi de Prusse, Guillaume I er , était délégué à M. Crémieux, garde des sceaux, chargé conjointement avec M. Glais-Bizoin, d’aller constituer hors de Paris la défense nationale !
Ce jour là, il ne fut pas nécessaire d’être doué d’une bien grande perspicacité pour craindre que s’étant ainsi dérisoirement délégué en la personne de deux septuagénaires, l’un ayant plaidé toute sa vie, l’autre n’ayant jamais fait qu’interrompre les Ministres à la tribune, le gouvernement de la défense nationale ne fût le gouvernement de la défaite nationale.
La logique ne transige pas. Ce n’est jamais impunément qu’on la sacrifie aux considérations, ce tombeau de toutes les grandes et suprêmes résolutions.
La considération qui retînt à Paris MM. Jules Favre, Léon Gambetta et Ernest Picard, fut la crainte qu’en leur absence un second 15 mai, un second 25 juin 1848 éclatât à Paris ; l’irréparable faute qu’ils commirent en ne partant pas n’a point empêché d’avoir lieu le 31 octobre, cette journée qui était fatale ; elle a été retardée, elle n’a pas été évitée, elle ne pouvait pas l’être. Si dès le soir du 4 septembre ou au plus tard dès le lendemain elle eût été résolument affrontée par la remise en vigueur de la Constitution du 4 novembre 1848, ainsi que je l’avais conseillée, l’élection, au premier dimanche suivant, du président de la République et la nomination, au second dimanche suivant, de l’Assemblée législative appelée à succéder à celle qui avait été inconstitutionnellement dissoute le 2 décembre 1851, Strasbourg et Metz eussent été secourus à temps ! La douleur d’une capitulation leur eût été épargnée ! Peut-être même l’envahisseur eût-il déjà cessé d’occuper le sol français, soit qu’une victoire décisive l’eût rejeté au delà de nos frontières, soit qu’un traité de paix dont le prix eût été porté au débit du compte de l’Empire, fut intervenu dans des termes qui eussent permis de le signer !
Pendant les trois douloureuses journées des 5, 6 et 7 septembre, ma plume étant la seule arme dont je susse me servir, je m’étais anxieusement posé cette question : — Que pourrais-je faire pour aider à la défense de Paris qui va être investi ? Ne doutant pas, ne pouvant pas douter que la défense nationale hors Paris allait s’organiser avec la plus grande vigueur, que les mesures réparatrices et vengeresses les plus efficaces allaient être prises sans aucune perte de temps, l’inspiration me vint de concourir en toute indépendance à cette œuvre de salut public en allant faire paraître hors Paris un journal qui serait intitulé la Défense nationale.
Aussitôt que cette inspiration me fût venue je m’empressai d’aller la communiquer le jeudi matin 8 septembre, au président du Gouvernement, M. le général Trochu qui la trouva juste, et le lendemain vendredi 9 septembre au Ministre de l’intérieur, M. Léon Gambetta qui trouva également que ma plume mise au service de la défense de Paris lui serait plus utile hors de ses murs que dans ses murs.
Il avait été arrêté que la délégation du Gouvernement de la défense nationale se rendrait à Tours ; il me parût que je serais en apparence moins indépendant, conséquemment moins utile à Tours qu’à Limoges, ville limitrophe du département de la Creuse que j’avais représenté de 1834 à 1848 ; ce fut la raison qui me fit opter pour Limoges, où je m’acheminai le samedi matin 10 septembre, avec mes instruments de travail, c’est-à-dire avec une grande malle au fond de laquelle étaient vingt-cinq volumes et mes notes. Malheureuse malle ! car, arrivé à la gare d’Orléans, il me fut impossible d’obtenir qu’elle partît avec moi ; je ne pus même pas obtenir qu’elle fut enregistrée aux bagages. Déjà l’on n’enregistrait plus. Ce ne fût que quatre jours après, le mercredi soir, 14 septembre, qu’elle me rejoignit enfin à Limoges, où je l’attendais impatiemment pour revenir à Paris.
Pourquoi étant venu de Paris à Limoges, je voulus revenir de Limoges à Paris, c’est ce qu’expliqueront les lettres dont la réimpression textuelle va suivre :

I.

Le samedi 10 septembre 1870.
A M. Détroyat, rédacteur en chef de la LIBERTÉ
 
« Mon cher successeur et ami,
A mon âge et avec ma vue basse, je serais à Paris assiégé, j’ai dû le reconnaître, une bouche et un fusil inutiles.
Hors Paris mais en France, où je vais tenter de fonder un journal intitulé la Défense nationale, qui cessera de paraître le jour où Paris cessera d’être cerné par l’invasion prussienne, peut-être mon expérience et ma plume pourront-elles servir à stimuler les départements, à les coaliser et à leur indiquer ce qu’il y aura de plus efficace à entreprendre pour d&#

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