L abbé Claude Nicaise
726 pages
Français
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Description

L'abbé Nicaise occupa une place éminente dans la République des lettres de la fin du XVIIe siècle, moins par ses travaux que par le vaste réseau qu'il avait tissé dans toute l'Europe avec des historiens, des philologues, des numismates, des hommes politiques et même un bon nombre de cardinaux érudits. Homme de foi, il se rapprocha beaucoup de l'abbé de Rancé et des religieuses de Port-Royal, mais en évitant d'adhérer au jansénisme et en conservant des liens avec Bossuet et le père La Chaise. Les lettres qu'il reçut et qui sont publiées ici offrent un panorama très complet de l'activité intellectuelle et confessionnelle de son temps.

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Date de parution 13 novembre 2019
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EAN13 9782140135101
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

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Extrait

Françoîs Fossîer
L’ABBÉ CLAUDE NICAISE
« Facteur du Parnasse »
L’ABBÉ CLAUDE NICAISE « FACTEUR DU PARNASSE »
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L’ABBÉ CLAUDE NICAISE« FACTEURDU PARNASSE»
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Jean Boivin et l’histoire de la bibliothèque du Roi 
e Les archives et l’État au XVIII siècle  WRPHV  
Mémoires de l’abbé de Foncemagne 
e Directeurs de la villa Médicis au XIX siècle  YROXPHV   HW 
Le séjour des Grands Prix de Rome à la villa Médicis. Une récompense douce-amère 
L’abbé Bignon. Un génie de l'administration, des lettres et des sciences sous l'Ancien Régime 
L’Académie des inscriptions et Belles-Lettres sous l’Ancien Régime  WRPHV  
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Pour mon fidèle ami M. J. L. Ferrary,membre de l’Institut.
IntroductionClaude Nicaise (1623-1ι01) qui ne s’est pourtant signalé par aucun écrit important occupa une place centrale dans la République des lettres par l’abondance de la correspondance qu’il entretint avec différents savants 1 surtout dans les trente dernières années de sa vie , ce qui lui valut de son ami, le poète Bernard de La Monnoie le sobriquet de «facteur du Parnasse.»L’attention portée à cette correspondance se révéla très tôt puisque les lettres que Leibnitz lui écrivit furent publiées une première fois en 1ι1κ dans l’Otium Hanoverianum, puis par F. Z. Colombet en 1κ62; celles que lui adressa Gisbert Cuper parurent sous forme de recueil en 1ι53; sa correspondance avec l’abbé de Rancé dont Chateaubriand avait fait usage dans la biographie qu’il consacra à cette grande figure fut publiée en 1κ46 par B. Gonod avant d’être reprise en 2010 par B. J. Krailheimer dans une édition plus savante. Les lettres de Nicaise au cardinal Noris furent dévoilées en 1λ06 par L. G. Pellissier qui avait déjà publié les lettres de Daniel Huet et de divers savants en 1κκλ. L’édition des lettres de Galland fit l’objet d’une thèse de doctorat soutenue à Lyon en 1λκ4 par M. A. Hamid. Enfin, Yves Moreau donna en 2013 une édition critique des lettres de Jacob Spon. On pourrait donc considérer la question comme close s’il n’avait paru nécessaire de combler les lacunes, de reprendre l’édition souvent fautive d’un certain nombre de lettres et de relier l’ensemble pour mieux faire apparaître, au fil des mois et des années, les questions débattues au sein de la République des lettres. Ce projet avait d’ailleurs attiré l’attention de mon confrère Bruno Neveu, grand connaisseur de l’histoire des querelles religieuses qui traversèrent le Grand Siècle; M. Fumaroli le reprit à son tour, mais sans succès; espérons que cette édition remplisse leurs vœux.On dispose d’un millier de lettres de cet abbé, sans compter celles qui furent perdues dans la période troublée par les guerres menées par Louis XIV. Comme Nicaise se montrait de la plus grande ponctualité dans ses réponses, on peut avancer qu’il recevait et répondait à près de dix lettres par semaine, du moins dans les quinze dernières années de sa vie. En dehors de la correspondance de Leibniz, on ne possède aucune correspondance aussi abondante et aussi suivie pour cette période.
1 . Voir Émile Du Boys,Les Correspondants de l’abbé Nicaise, Paris, Picard, 1889.
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L’abbé Claude Nicaise,« facteur du Parnasse »
La biographie de l’abbé Nicaise2 Il publia également un certain nombre de petits essais , plusieurs ouvrages religieux et dressa aussi le catalogue de la bibliothèque du 3 parlementaire dijonnais Fleutelot . Ce qu’on sait de lui apparaît dans une autobiographie qu’il envoya à l’abbé Carrel et qui parut après sa mort dans lesNouvelles de la République des lettresd’octobre 1ι03.La famille Nicaise était apparentée en Bourgogne aux Rémond et aux Coquelin dont un membre devint général de l’Oratoire pour cette province; elle avait aussi des liens à Genève avec les Chouet, libraires réputés, en particulier Jean-Antoine qui facilita beaucoup les achats de l’abbé de livres parus en Hollande ou en Allemagne. On ignore quelle profession exerçait son père, mais on sait qu’une charge de syndic était dans sa famille, probablement exercée par son frère aîné, Simon, procureur général de la chambre des Comptes de Bourgogne qui se maria en 1660 et mourut en 16ι4. Sa belle-sœur, Marie Rémond, issue de l’illustre et nombreuse famille des Rémond fit de fréquents séjours à Port-Royal des Champs, avant même son veuvage et sa nièce y prononça ses vœux. Il semble qu’il ait été le cadet de deux autres frères; l’un mourut en 16κ4 et un autre vivait encore en 16λκ, dont les affaires étaient très embarrassées, ce qui poussa l’abbé à assumer, bien qu’à contrecœur, une charge civile qui n’est pas mentionnée dont le revenu devait servir au soutien de sa famille. L’abbé Nicaise eut également une sœur dont on apprend l’existence par un procès qu’elle eut en 16ι1, et plusieurs nièces et neveux, dont Louis-Éléonore Nicaise (donc fils d’un de ses frères) qui sembla montrer des dispositions pour l’érudition et qui entra à la douane de la Ferme générale; il y commit une imprudence en faisant saisir indument en 16λ3 du cuivre et du laiton chez Santeuil, neveu du poète; l’abbé Nicaise intervint auprès de Thierry Bignon, alors président du Grand Conseil qui arrangea l’affaire et ce fut le début d’une correspondance entre eux. Ce neveu reçut de son oncle, contre une pension, la résignation de son canonicat. Il devint conseiller au parlement occupa une place distinguée dans la société de Besançon, se fit apprécier de l’intendant d’Haluys et du marquis de Saint-Amour, si l’on en croit la correspondance qu’il échangea 4 avec eux .
2 . Voir G. Wildenstein, «L’abbé Nicaise et quelques-uns de ses amis romains, Gazette des beaux-arts(1962). 3 . L’exemplaire est à Nancy (Bibl. mun., ms. 262 305).4 . Cette correspondance conservée dans le ms. fr.λ361 n’a pas été transcrite, parce que sans rapport avec l’érudition.
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L’abbé Claude Nicaise,« facteur du Parnasse »
Après des études chez les oratoriens de Dijon, l’abbé Nicaise obtint son diplôme de maître ès arts, poursuivit ses études de théologie au collège de Navarre et prononça ses vœux mineurs en 1655. Un de ses amis, ancien secrétaire du duc Henri d’Orléans-Longueville lors des négociations qui aboutirent eu traité de Westphalie décida de se rendre à Rome et lui proposa de l’accompagner. Là le jeune Claude, neveu d’un général de l’ordre des oratoriens prononça ses vœux majeurs à la Chiesa Nuova entre les mains du cardinal Ginetti. Il assista à l’entrée de la reine Christine de Suède à Rome et grâce à son bibliothécaire, Benedetto Mellini, il eut l’honneur de fréquenter le palais Riario affecté par le pape à cette reine en exil, y fit la connaissance d’Henri-Thomas Chifflet, le premier d’une longue lignée de savants de Besançon, assista à la canonisation de François de Sales et put constater les ravages de la peste venue de Naples qui gagna Rome au début de 165ι et y fit plus de cent mille victimes. Il parle aussi d’un voyage à Palestrina chez le cardinal Antonio Barberini, à Frascati et à Tivoli et d’un autre à Naples, mais il est probable que cette visite se fit lors de son second voyage. Il revint en France en passant par Venise en compagnie de M. de Vieux, commandeur de l’ordre de Malte.Le second voyage que l’abbé Nicaise fit à Rome et que ses biographes placent à la fin de 1665 et en 1666, date de son retour en compagnie de l’abbé de Rancé doit être anticipé de presque un an puisqu’il reçut en février 1665 une lettre d’Ouvrard témoignant de son étonnement de le savoir à Rome et qu’une autre envoyée par le cardinal Barbarigo lui parvint à Dijon en décembre de la même année et qui regrettait de l’avoir manqué à Padoue. Il dut effectivement rencontrer le futur abbé de la Trappe qui l’accompagna peut-être à Florence, mais qui ne revint pas en sa compagnie. Lors de ce second séjour et probablement par l’entremise du cardinal Bona qu’il avait rencontré quelques années plus tôt et qui témoignait d’une grande passion pour la musique, il se lia avec d’autres membres de la Curie, le cardinal Barbarigo, saint évêque de Padoue de qui il obtint une chaire de médecine pour Charles Patin, le cardinal Albani, futur Clément XI, grand amateur d’art qui lui fit connaître Poussin, Maratta, Pietro Sante-Bartoli, Domenico Pelegrini qui lui donna des leçons de théorbe, le maître de chapelle de Saint-Apollinaire, Carissimi et celui de Sainte-Marie-Majeure Abbatini, Mgr de Sluse qui fut fait cardinal à la fin de sa vie, Ézéchiel Spanheim qui séjournait alors à Rome, Jean-Marie Suarez, évêque de Vaison, Lucas Holstenius, Isaac La Peyrère et beaucoup d’autres avec qui il entretint désormais une correspondance régulière qui s’étendit à leurs amis et relations savantes. Ces deux séjours à Rome lui donnèrent le goût de la peinture; il acheta quelques tableaux qui étaient probablement des copies, dont une de l’Albane, qu’il chercha ensuite à vendre du P. La Chaise et fit exécuter pour son propre compte une copie du Parnasse et deL’École d’Athènes des appartements Borgia, les. Jean-Baptisteégalement de Raphaël et des copies du martyre de
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