Les archives et l Etat au XVIIIe siècle
504 pages
Français

Les archives et l'Etat au XVIIIe siècle , livre ebook

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504 pages
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Description

La grande enquête archivistique entreprise à partir de 1765 jusqu'à la Révolution dans les archives du royaume a donné naissance à une abondante correspondance entre le cabinet des chartes à Paris et
les différents chargés de mission sur place. Elle offre un panorama totalement inédit sur la situation des archives publiques, conventuelles ou seigneuriales à la veille de la Révolution. Ce volume concerne les archives des dépôts publics et conventuels du Nord de la France où travaillèrent le dernier des Godefroy, garde des archives de la Chambre des comptes de Lille, le célèbre dom Grenier en Picardie et dom Queinsert, pour les archives du Hainaut.

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Date de parution 14 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140135224
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

François Fossier
LES ARCHIVES ET L’ÉTAT e AU XVIII SIÈCLE
Tome 3
Les archivistes de Flandre, de Picardie et d’Artois Les copies de Bruxelles
LES ARCHIVES ET L’ÉTAT E AU XVIII SIÈCLE
TOME 3 LES ARCHIVISTES DE FLANDRE, DE PICARDIE ET D’ARTOIS LES COPIES DE BRUXELLES
François Fossier LES ARCHIVES ETL’ÉTAT E AU XVIIISIÈCLE TOME3LES ARCHIVISTESDE FLANDRE,DE PICARDIEETD’ARTOIS LES COPIES DEBRUXELLES
Du même auteur chez le même éditeur
Jean Boivin et l’histoire de la bibliothèque du Roi, 2019. L’abbé Claude Nicaise, « facteur du parnasse », 2019. e Les archives et l’État au XVIII siècle(6 tomes), 2019. Mémoires de l’abbé de Foncemagne, 2019. e Directeurs de la villa Médicis au XIX siècle(9 volumes), 2018 et 2019. Le séjour des Grands Prix de Rome à la villa Médicis. Une récompense douce-amère, 2018. L’abbé Bignon. Un génie de l'administration, des lettres et des sciences sous l'Ancien Régime, 2018. L’Académie des inscriptions et Belles-Lettres sous l’Ancien Régime(3 tomes), 2018. © L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18522-4 EAN : 9782343185224
À mon frère Philippe.
Introduction sur les collaborateurs du cabinet des chartes en Flandre, Artois, Hainaut et Picardie La situation des archives dans le Nord de la France était exceptionnelle, au même titre dailleurs que celles des provinces orientales (Champagne, Lorraine, Alsace et Franche-Comté), dans la mesure où, si la Picardie était restée française, lArtois ne revint à la France quaprès le traité des Pyrénées en 1659, Aire, Saint-Omer et Boulogne exceptés ; la Flandre et le Hainaut dit « français », ne firent retour à la Couronne quavec le traité de Nimègue en 1678 et la citadelle même de Lille en 1713, par le traité dUtrecht qui repoussait la frontière entre les Pays-Bas autrichiens et la France à une barrière de places fortes allant dYpres à Namur, en passant par Charleroi et Mons. Par ailleurs, la maison des comtes dArtois avait fini dans celle des comtes de Flandre, elle-même absorbée dans celle des ducs de Bourgogne, puis dans la maison de Habsbourg. Lorsque ces deux provinces passèrent sous la domination espagnole, puis autrichienne, leurs archives ne furent pas totalement transportées dabord à Dijon, puis à Bruxelles. On laissa à Arras les archives des anciens comtes dArtois qui nétaient daucune utilité pour ladministration de cette nouvelle entité territoriale ; de la même manière, on laissa sur place les archives monastiques, parce quelles navaient trait quà un temporel purement local et que dailleurs, les évêchés de ces provinces ne dépendaient pas de lagence générale du Clergé de France et restaient à la nomination, en théorie du moins, soit du pape, soit de lAutriche. La création de deux nouveaux sièges métropolitains séculiers (Cambrai et Tournai) réduisit dautant la province ecclésiastique de Reims dont les abbayes du Nord demeurèrent néanmoins suffragantes. Pour complexifier encore la situation, on créa en 1697 une nouvelle intendance, installée à Valenciennes, qui avait des subdélégations à Valenciennes, à Arras-Calais, à Cambrai, mais qui gouvernait selon les châtellenies et les prévôtés, tandis quune chambre des Comptes était créée à Lille dont le ressort comprenait les cinq provinces de lArtois, du Cambrésis, du Hainaut, de la Flandre wallonne et de la Flandre maritime dont les trois premières tenaient des États annuels. Dans ce maquis juridictionnel, on comprend aisément que la tâche des archivistes nétait pas
Les archives de la Picardie
aisée et quil leur fallait circonvenir, une à une, des circonscriptions en général rétives aux injonctions de lintendant. La Flandre et le Hainaut étaient riches, lArtois et le Cambrésis un peu moins parce quessentiellement agricoles, mais tous regrettaient au fond deux la douce et lointaine tyrannie de lAutriche qui laissaient à beaucoup de villes le soin de prélever limpôt, moyennant une contribution globale, assez basse et assez myope. Du jour où ces territoires relevèrent du Domaine royal, des agents venus de Paris cherchèrent à réorganiser cette imposition, en laugmentant considérablement et en traquant les usurpations innombrables des villes et des particuliers. Lorsquarriva lordre de Bertin de livrer leurs chartes dans un but législatif et historique, une véritable panique sempara des villes, des châtelains, des abbayes qui ne crurent pas au but de cette mission et y virent immédiatement une ruse, ou du moins un adjuvant pour les agents du Domaine, partis à la recherche et à la vérification de droits perçus. On imagine sans peine avec quelle méfiance furent accueillis les collaborateurs de Moreau. Dom Queinsert Le premier à être envoyé fut le bénédictin de Saint-Maur, dom Jean-1 Baptiste Queinsert dont on ne sait pratiquement rien . Cétait un religieux de Nogent-sous-Coucy (Aisne) qui semble dêtre présentémotu proprio au général de lordre de lépoque, dom Pierre-François Boudier, au moment où Bertin avait tenté de créer ce quon appelle aujourdhui un « bassin de recrutement » au sein dune congrégation qui avait précédemment brillé par ses travaux, en espérant manifestement que cette aide ne lui coûterait rien. Il semble que le père général ait consenti à cette sorte de détachement dun des frères pour une mission dordre laïque, en le dispensant dun certain nombre de ses devoirs religieux et en lui désignant comme nouveau lieu de résidence une abbaye plus proche de son futur lieu de travail, celle de Mont-Saint-Quentin dont le célèbre abbé Bignon avait été commendataire et qui possédait une riche bibliothèque. Bien que située dans le diocèse de Noyon, cétait le 2 seul monastère mauriste le plus voisin des opérations qu. Cetteil allait mener carence dabbayes mauristes dans le nord de la France, quon remarque 3 dlui compliqua beaucoup laailleurs aussi en Franche-Comté et en Lorraine tâche, car il fut contraint, du moins au début de sa mission, à loger chez
1 . Il parle à plusieurs reprises de son âge, ce qui permet de savoir qu’il était né en 1712ou 1713. 2 . Il en existait deux autres où dom Queinsert ne semble d’ailleurs pas s’être rendu, celui de Saint-Josse de Dommartin et celui de Saint-Wulmer à Samer, tous deux du diocèse de Saint-Omer. 3 . On y trouvait en revanche des maisons de l’ordre desbénédictins réformés de Saint-Vanne.
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Les archives et l’État, t. III
lhabitant et à ses frais. Dom Queinsert, plein denthousiasme, quoique sans plan précis, commença sa mission par Bapaume et ses environs, notamment par un dépouillement du chartrier de labbaye dArrouaise ; il se rendit ensuite à celles dEaucourt et de Saint-Venant, puis sinstalla à Arras. Il semble quil ait eu primitivement le projet de copier les titres des anciens comtes dArtois quil nidentifie pourtant pas comme tels, puis quil se soit décidé à nexplorer 4 que les fonds monastiques et canoniaux, ce que ne fit pas Godefroy plus tard . Dans cette perspective un peu plus précise, il porta son dévolu sur les richissimes archives de Saint-Vaast, mais il sy heurta à la mauvaise volonté constante du prieur et de son prévôt qui prétendirent dabord que Queinsert nappartenant pas à leur ordre (celui des bénédictins réguliers), il navait vocation ni à loger au couvent ni voir les archives de labbaye. Ensuite, ces deux personnages qui dailleurs se montrèrent tout aussi réticents envers Godefroy, quand celui-ci vint frapper à leur porte, arguèrent que louverture de leur dépôt ne pouvait se faire quen leur présence et quils étaient retenus à Paris pour un procès qui sembla durer au moins jusquen 1771, puisque dom Queinsert reçut chaque fois la même réponse, malgré lintervention du duc de Lévis-Mirepoix, alors gouverneur de lArtois et celle de lévêque. Dégoûté, dom Queinsert sattaqua aux fonds des abbayes voisines, Fesmy, Mareuil, Mont-Saint-Éloy et Avesnes-lez-Arras. Il soccupa aussi en 1769 de quelques chartriers féodaux, celui très ancien dOisy, de Nédonchel et celui dHavrincourt qui lui causa bien des soucis parce que cette famille arborait des armoiries que lui contestait le nouvel évêque dArras, Mgr de Conzié, personnage puissant, lettré, mais terriblement jaloux de son pouvoir, avec qui Godefroy eut aussi maille à partir. Queinsert se dirigea alors à lautre bout de la région, en sinstallant à Béthune dont il dépouilla les archives de la collégiale ainsi que celles de la collégiale de Lens. Peut-être parce quon sétait aperçu de linnocuité de ses opérations, ou parce que le tempérament des Flamands a toujours été plus chaleureux que celui des Picards et des Artésiens, il fut reçu à bras ouverts aux abbayes de Flines, dAnchin, de Marchiennes, du Verger, dHasnon, de Vicogne et de Maroilles dont les moines lui offrirent plusieurs fromages quil expédia à Moreau, en lui précisant quil nétait pas sûr que ce genre de marchandises puisse franchir les barrières de loctroi à Paris, mais sans souffler mot de leur odeur puissante. Ces occupations le retinrent dans la région jusquen 1773, multipliant ses envois de copies par paquets de cinquante auxquels était jointe une sempiternelle demande de paiement. Cest à cette époque quil prit lhabitude de se rendre à Paris, sans en donner le motif, mais probablement pour aller récupérer son argent à la source, quil disait lui être nécessaire pour lentretien dun neveu qui avait reçu la tonsure et pour qui il sollicita loctroi dun
4 . Godefroy ne souffle pas mot de dom Queinsert qui travaillait encore lorsqu’il commença ses travaux et il est peu croyable qu’il ne l’ait jamais rencontré.
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