Les combats indépendantistes des caucasiens entre URSS et puissances occidentales
449 pages
Français

Les combats indépendantistes des caucasiens entre URSS et puissances occidentales , livre ebook

-

449 pages
Français

Description

L'auteur retrace l'histoire des émigrés caucasiens entre 1921 et 1945 et les péripéties de la lutte qu'ils menèrent pour la liberté de leur patrie et la subversion du régime bolchevik. Dans ce monde d'intrigues et d'aventures, nous rencontrons des personnages hauts en couleurs dont la destinée mouvementée reflète l'histoire tragique du Caucase au XXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 142
EAN13 9782296233034
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je dédie ce livre à ma femmeFrançoise
sans laquelle il n’aurait pas vu le jourNos remerciements vont à ceux qui ont bien voulu nous aider dans nos
recherches.
Nous voulons aussi remercier les descendants des émigrés caucasiens et les
chercheurs occidentaux qui ont eu la gentillesse de nous accorder la possibilité
de consulter leurs archives privées, notamment Nino Badoual-Keresselidzé
(Aix-en-Provence), Marianne Bammate (Paris), François Guillaumat (Paris),
Mikheïl Kavtaradzé (Paris), Theona Kedia (Paris), Nano et Thamara
Kvinitadzé (Chatou, Colomars), Dietlinde Hoffmann (Ebringen) et Patrik von
zurMühlen (Bonn).
Nous sommes également reconnaissant au professeur Hiroaki Kuromiya, au
professeur Jeffrey Burds, à Camille Floriot et à Beatrice Penati, pour la
communication de précieux documents d’archives autrement inaccessibles pour
nous.Prologue.La période de la guerre et des indépendances (1918-1921) :
des expériences divergentes
Pour mieux comprendre les priorités et les motivations des émigrés
caucasiens à partir de 1921, il est nécessaire de revenir brièvement sur l’histoire
duCaucase en 1918-21, car la majorité des dirigeants de l’émigration étaient au
pouvoir ou jouaient un rôle important pendant cette période de l’existence
indépendante des républiques caucasiennes. Cette rapide rétrospective nous
permettrad’expliquer la genèsedesdifférentes visions géopolitiquesdesacteurs
caucasiens en faisant apparaître les spécificités des expériences historiques
vécues parchaque peupleduCaucase.
eA la fin du XIX siècle, sous l’influence du mouvement révolutionnaire qui
se développait rapidement dans l’Empire russe, des partis politiques
commencèrent à se former dans le Caucase. Ils exprimaient les aspirations
sociales et nationales des Caucasiens. Le Caucase devint très vite l’un des
centresdu mouvement révolutionnairede laRussie impériale.
Vers 1894, un groupe d’intellectuels géorgiens membres du parti
socialdémocrate russe réussitàcréer uneassez puissantefilialedece partienGéorgie.
Bien que les sociaux-démocrates géorgiens eussent été membres du parti
socialdémocrate russe, ils avaient toute liberté d’action dans leur pays et en fait dans
tout le Caucase car le Comité social-démocrate de la région caucasienne était
dans leurs mains. Les sociaux-démocrates géorgiens se donnaient comme
priorité de faire tomber l’autocratie en Russie, de créer une république russe
démocratique et de mettre en œuvre une réformeagraire. Dès le début Noé
Jordania, Isidoré Ramichvili, Evgueni Gueguetchkori, Akaki Tchenkeli, Irakli
Tseretheli et Nikoloz Tchkheidzé, les chefs des sociaux-démocrates géorgiens,
avaient joué un rôle considérable dans le mouvement social-démocrate russe.
Les sociaux-démocrates géorgiens ne furent pas seulement députés, mais ils
1dirigèrent lesfractions sociale-démocratesdans les quatreDoumas .
On peut mesurer l’influence politique des sociaux-démocrates géorgiens par
le fait qu’en 1905, effrayé par les massacres entre les Azerbaïdjanais (alors
appelés les Tatars du Caucase) et les Arméniens à Bakou (provoqués comme
nous le savons par les agents tsaristes), Vorontsov-Dachkov, vice-roi du
Caucase, connu pour ses sentiments arménophiles,dut inviter I. Ramichvili,
1Voici leurs noms: à la première DoumaN. Jordania et I. Ramichvili, à la deuxième DoumaI.
Tsérétheli et A. Djaparidzé, à la troisième Douma N. Tchkheidzé et E. Gueguetchkori, à la
quatrième Douma N. Tchkheidzé et A. Tchenkeli. Voir: A. Tchenkeli, Mémorandum sur le
problème géorgien,février 1934, pp. 15-21.Archives personnellesde l’auteur.
.
9l’un des chefs des sociaux-démocrates géorgiens, et lui remettre des armes pour
2empêcher que ces événements ne se reproduisent à Tiflis (Tbilissi, après la
déclarationde l’indépendancede laGéorgie).
En 1917, N. Tchkheïdzé et I. Tseretheli furent élus chefs du Soviet de
Petrograd. Jusqu'en 1918, ces sociaux-démocrates géorgiens parfaitement
intégrés au parti social-démocrate russe n’envisagèrent pas de revendiquer
l’indépendance, bien que selon le témoignage de A. Tchenkeli « …les
interventions répétées en faveur des peuples de Finlande, de Pologne, de
l’Ukraine, duCaucase et duTurkestan, devinrent comme une tradition pour les
3Géorgiens élus à la Douma ». Les dirigeants sociaux-démocrates géorgiens
estimaient que le long chemin vers l’indépendance passait par la
démocratisation progressivede laRussie.
Cette domination des idées socialistes en Géorgie, pays purement agricole,
s’explique en partie par la décadence de la noblesse géorgienne et surtout
l’absence presque totale d’une bourgeoisie nationale. A Tiflis, centre
administratif du Caucase et siège du vice-roi russe, les commerçants et les
usuriers étaient surtout des Arméniens. Considérés comme le peuple le plus
fiable à l’égard de l’empire par rapport aux autres Caucasiens, ils étaient,
comme d’habitude, privilégiés par l’administration impériale ce qui suscitait
4l’animosité des Géorgiens et rendait les slogans socialistes plus attractifs . Par
ailleurs l’abolition du servage n’avait pas été menée à terme en Géorgie, et de
nombreux paysans restaient sous la dépendance des grands propriétaires ;
d’autres, devenus travailleurs saisonniers, allaient dans les villes et dans les
ports de Batoumi, Poti et Soukhoumi, d’où ils rentraient au village avec de
5nouvelles idées révolutionnaires .
Cependant à la veille et pendant la révolution russe de 1905, d’autres partis
politiques apparurent en Géorgie, dont les revendications n’étaient pas
seulement sociales mais aussi nationales. Vers 1904 le parti
socialistefédéraliste révolutionnaire fut créé par un certain nombre d’intellectuels
géorgiens. Ce parti se fixait pour but de transformer l’Empire russe en
fédération où la Géorgie devait posséder un statut d’autonomie. En 1903
l’idéologue de ce parti Artchil Djordjadzé créa à Paris un journal La Géorgie
paraissant jusqu’en 1905en géorgienetenfrançais.Ce journalétait secrètement
2Ibidem, p. 17.
3I p. 20.
4R. G. Suny,The Making of the Georgian Nation, Bloomington and Indianapolis, Indiana
UniversityPress, 1994, pp. 113-121.
5Ibidem, p. 16.
106acheminé en Géorgie . En 1904-05, pendant la guerre russo-japonaise, à
l’initiativedeGeorges (Guiorgui)Dekanozichvili, l’undeschefsdes
socialistesfédéralistes, les Géorgiens nouèrent des liens avec le service secret japonais.
Les Japonais acceptèrent de financer l’activité des insurgés: des armes achetées
enEurope avec l’aide financière japonaise furent introduites clandestinement en
Géorgie, où, selon le témoignage de l’un des activistes du parti, « elles jouèrent
un rôle notable dans les révoltes de 1905 », lors de la première révolution
7russe .
Le programme du parti national-démocrate était encore plus radical. Il fut
élaboré en 1906 par le prince Ilya Tchavtchavadzé, l’un des leaders les plus
connus du mouvement géorgien de libération nationale, à la suite du manifeste
d’octobre 1905 par lequel le tsar promettait à ses sujets les libertés
fondamentales. A la différence des sociaux-fédéralistes qui tentaient de
réconcilier les questions sociales et nationales, Tchavtchavdzé donnait la
priorité au problème national. Cependant, à cause des persécutions policières
(Tchavtchavadzé lui-même fut assassiné en 1907 par les marxistes locaux qui
redoutaient l’influence de ses idées sur le peuple géorgien), le parti
nationaldémocrate ne put s’organiser qu’en juin 1917, en unissant tous les groupements
existants des nationalistes géorgiens sous la présidence de Spiridon Kedia. Le
noyau du parti fut formé autour du groupe qui de 1912 à 1914 éditait à Tiflis la
revue Le Rocher (kldé). Tout en condamnant l’activité révolutionnaire des
sociaux-démocrates, les futurs nationaux-démocrates, où dominaient les
représentants de la noblesse géorgienne et de l’intelligentsia issue de cette

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