Les petits enfants dans la Grande guerre
154 pages
Français

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Les petits enfants dans la Grande guerre , livre ebook

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154 pages
Français

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Description

Richement illustré de documents inédits et de photos d'époque, cet ouvrage s'intéresse au regard que les enfants, français, anglais, allemands, autrichiens, belges ou alsaciens-lorrains, portaient sur cette guerre. A travers leurs textes et leurs dessins, leurs devoirs d'école, les courriers échangés avec le père mobilisé, leurs jeux et leurs jouets, on découvre la réalité de leur condition. Un album révélateur et qui nous interpelle à une époque où, cent ans après, les enfants sont toujours témoins, héros ou victimes des conflits qui ensanglantent la planète.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 octobre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336882673
Langue Français
Poids de l'ouvrage 27 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
JEAN-PAUL GOURÉVITCH






Les petits enfants
dans la
GRANDE GUERRE












SPM
Copyright

Illustration de couverture :
Numéro spécial « nos gosses » du journal La Baïonnette , 1915,
couverture de Poulbot





© SPM, 2019
EAN Epub : 978-2-336-88267-3
Première édition Pascal Galodé, 2014

Éditions SPM 16, rue des Écoles 75005 Paris
Tél. : 06 86 95 37 06
courriel : Lettrage@free.fr - site : www.editions-spm.fr

DIFFUSION – DISTRIBUTION : L’Harmattan
5-7 rue de l’École-Polytechnique 75005 Paris
Tél. : 01 40 46 79 20 – télécopie : 01 43 25 82 03
– site : www.editions-harmattan.fr
Les petits enfants
dans la
GRANDE GUERRE

Avant-propos
Dans la profusion de témoignages et d’images graphiques, photographiques ou filmiques, sur la condition des enfants témoins, héros ou victimes des conflits qui ensanglantent aujourd’hui la planète, on imagine mal le choc qu’a représenté la guerre de 1914-18 pour cette classe d’âge. Même si la célébration du centenaire de son déclenchement en ravive le souvenir.
Raconter les enfants de 14-18 : un défi
L ’HISTOIRE DES ENFANTS des guerres n’a jamais vraiment été écrite. Le corps des enfants de troupe (fifres, tambours…) a disparu au cours du XIX e siècle. La vie des enfants célèbres de Caboche-Demerville n’est qu’une compilation de biographies vertueuses. Avant 1914, quand l’enfant lui-même s’exprime sur la guerre, c’est par le truchement d’un adulte comme Les petits Robinsons des caves ou le siège de Paris raconté par une petite fille de 8 ans , d’Alphonse Daudet, publié en 1871. En revanche les jeunes imaginations de la fin du XIX e siècle s’enfièvrent d’une histoire militaire qu’ils découvrent dans les illustrations d’ouvrages ou les images d’Épinal qui leur proposent des séquences glorieuses ou des destins exemplaires.
La guerre de 1914-18 est une première mondiale. Elle implique dans son déroulement 72 nations, et 60 millions de combattants, se déroule sur terre, sur mer et dans les airs, supprime la séparation entre le front et l’arrière. Outre les 9 à 10 millions d’hommes tués au combat, on dénombre 8 à 9 millions de victimes civiles, 20 millions de blessés et 8 millions de prisonniers. La France à elle seule compte entre 1,4 et 1,6 millions de morts et de disparus et plus de 4 millions de blessés auxquels il faut ajouter tous ceux, comme les en fants, qui seront des victimes indirectes parce qu’ affaiblis e incapables de résis ter aux maladies e aux épidémies. Les exodes, les déportations, les torpillages, frappent la population civile sans distinction d’âge ni de sexe. Les bombardements insufflent la terreur par leur caractère aveugle comme le montrent les réactions des enfants devant la grosse Bertha.



Pour comprendre comment les enfants ont vécu la guerre, il faut interroger leurs dessins, leurs cahiers d’écoliers avec les énoncés proposés, leurs réponses et les corrections des enseignants, les lettres aux parents, les magazines qui reproduisent leurs textes ou les carnets de ceux qui tenaient leur journal comme Anaïs Nin ou Yves Congar. Encore faudrait-il s’assurer que ces enfants se sont exprimés en toute liberté, dans leur propos, leur style d’écriture ou leurs dessins.
L’instrumentalisation de l’enfance
C ET ALBUM ne se cloisonne pas dans l’espace-temps qui sépare le 3 août 1914, date de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, et le 11 novembre 1918, date de prise d’effet de l’armistice entre les Alliés et l’Allemagne. Cette guerre a été préparée par une campagne de sensibilisation et un climat patriotique et germanophobe. Les enfants y sont plus exposés que les adultes du fait des jouets et jeux guerriers qu’ils affectionnent et d’une littérature d’action et de fiction où les récits d’aventures développent un imaginaire du combat et de la victoire.
Elle aura également des conséquences sur la vie des enfants et de leurs parents bien au-delà du traité de Versailles de 1919. Ce sont en grande partie les enfants de 14-18 qui seront les soldats de 39-45 en France et dans les pays belligérants voisins comme l’Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni.
Les parti-pris de l’ouvrage
N OUS AVONS DONC choisi de reformuler les propos, les impressions et la vie quotidienne de ces enfants plongés au cœur de la guerre plutôt que relater les souvenirs des écrivains ou des combattants qui succombent souvent à la tentation de rejouer leur vie dans l’écriture. Ce ne sont pas des textes authentifiés par l’histoire, même si nombre de notations correspondent à des propos ou des écrits d’enfants de l’époque. Mais une série de coups de projecteurs sur la guerre vécue au quotidien par les enfants pour reconstituer le film de ces quatre années de souffrances et d’espoirs. Tout en continuant à jouer, à lire, à travailler à l’école, ils sont aussi confrontés






aux privations, au travail forcé, à la séparation ou à la mort.
Parmi eux, nous n’avons pas établi une segmentation par âges entre bébés, gamins, adolescents, et jeunes d’autant plus que les récits concernant les enfants dans la guerre les ont souvent rajeunis pour les charger de plus d’émotion. Nous avons considéré l’ensemble de la population enfantine jusqu a 15 ans, âge à partir duquel, à cette époque, on se prépare à devenir un adulte. Et nous avons fait une place aux enfants de l’Alsace-Lorraine, de la Belgique, de l’Allemagne ou du Royaume-Uni également précipités au cœur de cette tourmente.
Dans l’approche de la culture de guerre, nous avons accordé prépondérance à la représentation sur l’information. Aussi les divers supports d’images - affiches, gravures, dessins humoristiques et caricatures, cartes postales, illustrations de journaux et de livres pour la jeunesse, photographies - sont-ils largement présents, pour rendre compte de ce combat médiatique qui prend appui sur des valeurs de civilisation souvent réduites à des slogans comme la civilisation contre la barbarie, ou l’homme cultivé contre le primitif.
Notre souci permanent a été de nous différencier de tous les ouvrages parus pour la commémoration de la Première Guerre mondiale en déplaçant la focale. La guerre vécue par les enfants et non la guerre racontée aux adultes ou par les adultes. Les images produites par et pour les enfants sur la guerre et non les images de la guerre. Donner à voir plus qu’expliquer. Un album commenté et non un essai illustré.
À nos lectrices et lecteurs de dire si nous avons réussi.
1 C’est la guerre
Papa s’en va
L A REALITE EST LA, désolante, même si Maman, ma grande sœur Colette et moi nous nous efforçons de ne rien en laisser paraître. L’ordre de mobilisation a été affiché le i er août. Nous avions appris qu’à la suite de l’attentat de Sarajevo, l’Autriche-Hongrie avait déclaré la guerre à la Serbie qu’elle avait envahie, que le Tsar de Russie Nicolas II avait battu le rappel de ses troupes et qu’en représailles l’Allemagne avait envoyé un ultimatum à la Russie et à la France. Mais nous ne voulions pas y croire.
Dans le journal il y avait un dessin de Poulbot où un gamin déclare à son copain : « Tu ne voudrais tout de même pas que pour un tout petit pays de rien du tout, toute l’Europe se fiche sur la gueule. » La veille encore, Maman nous répétait qu’on n’allait pas se battre pour la Serbie, que les travailleurs de tous les pays s’opposeraient à la guerre comme Jean Jaurès en France. Le 31 juillet, Jean Jaurès a été assassiné par un fou qui lui a tiré dessus dans un café.
Papa a été affecté dans un régiment stationné dans les Vosges à Épinal. Selon lui, c’est une bonne situation puisque nos troupes sont proches des cols et dès la première attaque vont pénétrer dans l’Alsace et la Lorraine. Peut-être même que les Allemands demanderont la paix quand nous aurons reconquis nos provinces et que la guerre sera terminée, mais rien n’est moins sûr. « Une guerre on sait comment cela

commence, on ne sait jamais quand ça finit » a soupiré Maman.
Nous avons pris le train pour Paris, tous les trois pour accompagner Papa jusqu

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