Mémoires de mon temps
85 pages
Français

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Mémoires de mon temps , livre ebook

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Description

Gottorp 23. de Décembre 1816.Je naquis à Casse ! en 1744 le 19. Décembre, de Frédéric Prince de Hesse, ensuite Landgrave Frédéric II., et de Marie, fille de George II., Roi de la Grande-Bretagne.Mon père, le prince héréditaire, changea de religion ; mon grand-père, Guillaume VIII., Landgrave-régnant, se crut obligé de soustraire ses enfants à la crainte de devenir catholiques. Cela décida le cours de notre vie. Nous fûmes mis sous la tutelle de notre mère, l’ornement et, j’ose me permettre de dire, la perfection de son sexe.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

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EAN13 9782346026470
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Charles
Mémoires de mon temps
Avertissement

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E n publiant les mémoires suivants, les éditeurs, après avoir corrigé les fautes d’écriture et autres inadvertances du manuscrit confié à leur soin, ont suivi la règle de changer les solécismes et particularités de style trop propres à créer des malentendus, mais de conserver d’ailleurs pleinement l’individualité provenant du goût et du caractère personnels de l’auguste auteur. Seulement, dans quelques endroits, ils ont cru devoir ajouter dans le texte un point d’interrogation, pour se mettre à l’abri du reproche de ne s’être pas consciencieusement acquittés de leur tâche.
Gottorp 23. de Décembre 1816.
Mémoires de mon temps
J e naquis à Casse ! en 1744 le 19. Décembre, de Frédéric Prince de Hesse, ensuite Landgrave Frédéric II., et de Marie, fille de George II., Roi de la Grande-Bretagne.
Mon père, le prince héréditaire, changea de religion ; mon grand-père, Guillaume VIII., Landgrave-régnant, se crut obligé de soustraire ses enfants à la crainte de devenir catholiques. Cela décida le cours de notre vie. Nous fûmes mis sous la tutelle de notre mère, l’ornement et, j’ose me permettre de dire, la perfection de son sexe. Un accord se fit avec mon père. Il céda pour l’entretien de la famille le comté de Hanau, dont mon grand-père avait été le premier acquéreur. Nous fûmes mis sous la protection des rois protestants de la Grande-Bretagne, du Danemark et de la Prusse. On nous envoya tous trois frères 1754 hors de la maison paternelle à Gottingue, sous la protection de notre grand-père maternel. En 1755 nous lui fûmes présentés par sa fille, notre mère, à Herrenhausen. La guerre de sept ans éclata peu après. Le théâtre de la guerre s’approchant du pays de Hanovre, nous fûmes envoyés pour plus de sûreté en 1756 à Copenhague, sous la protection du Roi Frédéric V., qui avait épousé en première union la soeur de ma mère, et qui promit sa seconde fille en mariage à mon frère aîné. Nous fumes élevés dès notre enfance un peu différémment de la manière alors usitée. Ma mère y prit autant de part qu’il lui fut possible, et ce fut à l’anglaise. On nous donna, au moment où nous sortions des mains des femmes, un gouverneur et un informateur, tous deux Suisses et très-éloignés, dans leurs sentiments, des principes d’alors. Le pédantisme, la raideur de la flatterie, les principes d’orgueil, très-communs dans ces temps aux cours et à la noblesse allemandè, ne parvinrent point à nos oreilles ni à nos coeurs. Notre gouverneur Sévery, assez jeune homme, qui avait des propos très-libres, nous disait souvent quand il entendait des idées vaniteuses : „ne vous imaginez rien de ce que vous êtes des princes, sachez que vous êtes faits de la même boue que tous les autres, et que ce n’est que le mérite qui fait les hommes !“ — Personne n’a été plus convaincu de cette vérité que moi. Le „Deutsche Michel“, les étiquettes, les vanités du rang de la naissance ont été toujours un objet de ridicule pour moi. Dès mon enfance je mettais ma confiance en Dieu. Je regardais tous les hommes comme égaux à Ses yeux, hormis par leur attachement à Lui et à leur devoir. — C’est le principe sur lequel mon caractère s’est basé sans le savoir ; aussi pris-je pour ma devise à l’âge de vingt-un ans, quand je reçus l’ordre de l’Eléphant : „ Omnia cum Deo “. C’est Lui qui m’a guidé, soutenu et mené dans ma longue carrière et, grâce à Lui, malgré toutes mes imperfections, Il n’a jamais permis que ma foi et ma confiance en Lui se ralentissent un moment.
Je puis me rappeler avec quelque clarté les événements, ou leur précis, du dernier demi-siècle passé et de celui-ci. J’ai été élevé à Copenhague, dans un pays alors neutre, tranquille et, selon les principes d’alors, assez heureux. J’y vis assez impartialement les objets sur le grand théâtre du monde et de la guerre de loin, et de près une cour respectée, très-décente, sans luxe superflu, objet de la vénération des sujets et de l’estime des cours étrangères. Cette cour était sans intrigues, dirigée par le Comte Moltke, favori déclaré du RoiFrédéric V. Il s’était élevé du page au grand-maréchal, maisc’était un homme qui avait de très-bonnes qualités du coeur et de l’esprit. Il aimait son Roi et son ami et le connaissait parfaitement. Monsieur de Bernstorff était ministre des affaires étrangères. C’était un homme du plus grand esprit et connaissances de ce temps-là. Il menait les affaires étrangères avec les acclamations de l’Europe entière. Souvent les cours étrangères le consultaient. Jamais ministre n’a fait parler son maître plus dignement que lui. C’est une justice que chacun lui rendait. La politique de Danemark était dans ce temps-là décidée par des circonstances impérieuses. La cour de Versailles était la seule qui influait à celle de l’Impératrice de Russie Elisabeth. La cour de Russie était l’objet, le point fondamental de toute autre politique. Le Duc de Holstein, neveu de l’Impératrice Elisabeth, avait été choisi par elle pour son successeur. Ce prince, guidé par l’amour de la patrie, nourrissait la plus grande haine contre le Danemark, qui s’était emparé d’une partie de ses états dans la dernière guerre, où ses prédécesseurs s’étaient rangés du parti suédois. A la mort de Charles XII., la Suède perdit une partie de ses provinces, et la partie du duché de Schleswig, fief de la couronne de Danemark, fut surprise par Frédéric IV. et réunie au Danemark. Celui-ci avait donc bien des raisons de craindre son élévation au trône de Russie. Tout l’espoir du Danemark se fondait sur les espérances que l’Impératrice Elisabeth et la cour de France lui donnaient, de porter le Grand-duc à céder au Danemark la partie du Holstein qui lui restait, contre le pays d’Oldenbourg, et de donner celui-ci aux princes de sa maison. La France travaillait sans cesse à arranger cette affaire, mais le Grand-duc Pierre, porté plus d’une foi à ratifier cette proposition, jetait avec horreur la plume au moment où il allait signer. (24. de Décembre.)
La Suède était aussi un objet de réunion entre la France, la Russie et le Danemark, pour y soutenir la constitution d’alors, où le Roi avait ses mains liées et où le sénat gouvernait seul l’état entre les diètes. La cour de Suède, dirigée par une princesse prussienne, la Reine Ulrique, agitait sans cesse les partis sous main, ce qui n’eut d’autres suites que de coûter la vie aux chefs des partis et à resserrer encore plus les liens de la royauté. Chaque diète coûtait des sommes considérables aux puissances qui soutenaient, ou voulaient renverser la constitution. Telle était pour lors la situation politique du Danemark. La marine danoise avait été mise sur un pied respectable sous Chrétien VI. par l’amiral Comte Danneskjold. Elle faisait la gloire et l’honneur du Danemark. Elle fut conservée sur ce pied sous Frédéric V. L’armée, que ce prince aimait avec passion, mais dont il ne savait s’occuper, était dans un état assez peu formidable, quoique contenant 70,000 hommes sur le papier. Quatorze régiments d’infanterie levés, composés de recrues ou déserteurs allemands, enrollés dans les villes libres et impériales, sept régiments de milice non-payés ni exercés que les dimanches, en troupes près des églises, formaient l’infanterie danoise. L’artillerie était peu de chose. La cavalerie danoise était de douze régiments, dont onze de cuirassiers et un de dragons. Les gens étaient enrollés dans le pays, beaux hommes, beaux chevaux, bien équipés, mais faisant leurs évolutions au petit trot et croyant encore ne pouvoir assez ménager les chevaux, dont la rondeur faisait l’admiration des inspecteurs et des connaisseurs d’alors. Ce fut sous Frédéric V. et par la volonté décidée de ce prince, qu’on commença alors à donner une tenue aux troupes, à les habiller, &

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