Quand le lys terrassait la rose
168 pages
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Quand le lys terrassait la rose , livre ebook

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Description

Jamais, dans l'histoire du monde, deux démocraties ne se sont fait la guerre. Mais avant qu'elles ne le deviennent, que de massacres ! Ainsi l'Angleterre et la France se sont-elles affrontées, souvent avec une incroyable violence, durant sept cent quarante-neuf ans. Chacune a essayé d'envahir l'autre, ou de la dominer, ou de l'empêcher d'en dominer d'autres. Toutes deux ont justifié l'appellation mutuelle d'"ennemi héréditaire". Pour bâtir ensuite une paix, puis une alliance, qui dure maintenant depuis deux cents ans. Et pour construire ensemble une Union européenne, que l'une des deux s'apprête à quitter. On attribue à saint Augustin l'aphorisme "nul ne peut prédire ce que sera le passé". C'est sans doute pourquoi l'impression dominante de la longue histoire du couple franco-britannique donne l'Angleterre toujours victorieuse et la France toujours vaincue. Ce qui est faux, du moins sur le plan militaire. Durant leur millénaire face-à-face, les deux pays ont participé à une trentaine de guerres, seuls ou dans le cadre de coalitions, et se sont combattus au cours de deux cents batailles majeures. On sait rarement que la France a en remporté les deux tiers. Ce livre, fruit d'une minutieuse recherche, en retrace le cheminement.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782372541664
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Daniel de Montplaisir
QUAND LE LYS TERRASSAIT LA ROSE
Sept cents ans de victoires françaises sur l’Angleterre
Mareuil
Éditions

« Et merde au roi d’Angleterre,
qui nous a déclaré la guerre. »
Anonyme, 1800
 
 
 
« La guerre des guerres, le combat des combats,
c’est celui de l’Angleterre et de la France,
le reste n’est qu’épisode. »
Jules Michelet
Histoire de France , 1840
 
 
 
« La guerre est un massacre de gens
qui ne se connaissent pas,
au profit de gens qui, eux, se connaissent
mais ne se massacrent pas. »
Paul Valéry, 1916
 


SOMMAIRE
Prélude : Dans la fumée de Waterloo
 
Première partie : Conquêtes et conquérants
 
1. Hastings, 14 octobre 1066, Et l’Angleterre devint normande
2. Château-Gaillard, 6 mars 1204, Et la Normandie devint française
3. La Roche-aux-Moines, 2 juillet 1214, Et le roi d’Angleterre prit la fuite
4. Bouvines, 27 juillet 1214, Le grand dimanche de la France
5. Winchester, 24 juin 1216, Un dauphin de France roi d’Angleterre
6. La Rochelle, 3 août 1224, Le grand port enfin arraché aux Anglais
7. Taillebourg et Saintes, 21-23 juillet 1242, Le coup de semonce de Louis IX
 
Deuxième partie : Reconquêtes
 
1. La Réole, 22 septembre 1324, Répétition générale pour une guerre impossible à perdre
2. Arnemuiden, 23 septembre 1338, La première navale mais bien peu glorieuse
3. Cocherel, 16 mai 1364, Celle qu’on n’espérait plus
4. De Najac, 5 janvier 1369 à Pontvallain, 4 décembre 1370,  Charles et Bertrand, le duo gagnant
5. Chizé, 21 mars 1373, et après... Petite bataille, grands résultats
6. De Baugé, 22 mars 1421, à Patay, 18 juin 1429, Le gentil dauphin et sa demoiselle des batailles
7. Paris, 13 avril 1436, Tout simplement
8. Formigny, 15 avril 1450, Et la Normandie re-redevint française
9. Castillon, 17 juillet 1453, L’Anglais enfin bouté hors de France
10. Calais, 7 janvier 1558, Française for ever
 
Troisième partie : En quête du monde
 
1. De La Rochelle à Québec, 1627-1632, Victoire militaire et victoire diplomatique
2. Saintes, 15 août 1666, et Nevis, 20 mai 1667, Échec anglais aux Antilles
3. De Bantry, 11 mai 1689, à Hudson, 5 septembre 1697, Une guerre entre deux baies
4. Ravageuse succession d’Espagne, 1701-1713, France-Angleterre dans la première guerre mondiale
5. Fontenoy, 11 mai 1745, La gloire de Louis XV
6. Raucoux, 11 octobre 1746, et Lawfeld, 2 juillet 1747, Invincible maréchal de Saxe
7. De Fort Duquesne à Sainte-Foy, 1754-1760, Inutiles victoires sur trois continents
8. Des Antilles à Yorktown, 1775-1781, Rochambeau, de Grasse et les autres, les voici !
9. De Tourcoing, 18 mai 1794, aux Quatre-Bras, 16 juin 1815, Petites gloires en pointillés.
 
Index des noms cités
Bibliographie sélective


PRÉLUDE
Dans la fumée de Waterloo
Il est presque d’usage qu’après une défaite de l’équipe de France de rugby contre celle d’Angleterre, des supporters de cette dernière brandissent sous le nez des Français une banderole sur laquelle on peut lire ces huit lettres : WATERLOO ! Car pendant longtemps la fumée des fusillades et des canonnades de la « morne plaine » a noyé dans son panache obscurcissant des pans entiers de la réalité historique.
La bataille qui se déroula le 18 juin 1815 près de cette petite ville wallonne au sud de Bruxelles apporte en effet la touche finale au tableau multiséculaire des affrontements militaires franco-britanniques. Elle symbolise la totale et irrémédiable défaite de la France : la Révolution est enterrée, Napoléon définitivement vaincu, plus jamais Anglais et Français ne se retrouveront face à face sur un champ de bataille, terrestre ou maritime : « derniers soldats de la dernière guerre » a, visionnaire, écrit Victor Hugo. Pour couronner le tout, l’histoire, comme l’on sait toujours écrite par les vainqueurs, a conservé la consonance anglaise du lieu, quartier général du duc de Wellington, de préférence à celles, pourtant plus logiques au vu du théâtre des opérations, de Mont Saint-Jean ou de Belle-Alliance.
C’est pourquoi, aujourd’hui encore, domine l’impression que les nombreuses guerres ayant opposé la grande nation continentale à son implacable rivale insulaire se sont presque toujours soldées de la même manière : Waterloo renvoie l’écho de Trafalgar, d’Aboukir, des plaines d’Abraham, de Blenheim... Chateaubriand, appuyé non loin de là au tronc d’un peuplier, « auditeur silencieux et solitaire » du « roulement sourd » des canons qui annonce le début des combats, se demande si ce qu’il entend présage « un nouveau Crécy, un nouveau Poitiers, un nouvel Azincourt. » Écrivant cela trente ans après l’événement, il contribue lui aussi à couronner Waterloo comme la somme de toutes les victoires de l’Angleterre sur la France. Qui fait de Bonaparte le compagnon de Dupleix, de Montcalm, de Jeanne d’Arc, héros glorieux mais toujours abattus par le même adversaire, souvent perfide, toujours impitoyable quel que soit le siècle.
C’est donc une formule en langue anglaise, le french bashing , qui qualifie à la fois le dénigrement dont les Français font l’objet de la part des peuples anglo-saxons, y compris de celui qui leur doit sa liberté, et le complexe d’infériorité qu’en retour ils expriment régulièrement à leur propre égard. La fierté britannique s’est d’autant mieux nourrie de ses victoires sur la France qu’elles furent longtemps ses seuls faits d’armes : si le Royaume des lys puis la Révolution et l’Empire ont combattu de nombreux ennemis, l’Angleterre n’a longtemps connu dans son histoire qu’un seul adversaire récurrent. De surcroît, si l’homme à qui fut attribuée – à tort ou à raison – la réputation d’un génie militaire exceptionnel collectionna les victoires sur tous les pays et les souverains d’Europe, les bataillons anglais défirent presque toujours les siens, érigeant le bouquet final de Waterloo en point d’orgue de leurs triomphes.
Pourtant, cette ultime bataille ne fut véritablement par elle-même ni une victoire anglaise ni une défaite française.
Au matin du 18 juin, dépourvu du moindre allié – l’armée des vingt nations n’est plus qu’un souvenir –, Napoléon aligne néanmoins sur place des forces supérieures (soixante-douze mille hommes) à celles de la coalition adverse (soixante-huit mille hommes) dans laquelle les Anglais ne comptent que pour un peu plus du tiers, la majorité provenant de contingents néerlandais, hanovriens, brunswickois, nassauviens... Il dispose surtout d’une artillerie beaucoup plus puissante, comptant deux cent soixante canons contre seulement cent cinquante-cinq braqués contre lui. Certes, Wellington a, jusqu’ici, souvent vaincu les armées impériales, notamment au Portugal et en Espagne, mais contre des chefs militaires de second ordre. Cette fois, il se confronte à Napoléon en personne et celui-ci estime qu’« il ne faut pas faire tant de cas des Anglais », qu’il a quatre-vingt-dix chances sur cent de les battre et qu’il couchera ce soir à Bruxelles.
Mais l’affaire s’engage mal. Le terrain détrempé par les pluies de la nuit ne permet pas de déployer rapidement l’artillerie contre les positions défensives soigneusement choisies et organisées par le général anglais. En outre, les boulets s’enfoncent dans la terre au lieu de rebondir et de faucher les lignes adverses. Trop sûr de lui, ou bien souffrant, Napoléon tergiverse, hésite, donne des ordres incohérents et mal exécutés. Les charges d’infanterie et de cavalerie, insuffisamment coordonnées, se succèdent en s’écrasant devant l’endurance inattendue de l’ennemi. Le temps perdu et la déficience du renseignement dans le camp français permettent aux premières troupes prussiennes de rejoindre le champ de bataille à l’heure où l’empereur escomptait que celle-ci s’achèverait. Toutefois, malgré leur apport, vers dix-huit heures, Wellington croit la partie perdue : « Nu-tête, adossé à un arbre, il voyait sans bouger son armée battue. Elle fuyait autour de lui. Son désespoir était au comble. J’ai vu des larmes sortir de ses yeux » a rapporté l’un de ses officiers d’état-major. Mais, une heure plus tard, le gros de l’armée prussienne, avec à sa tête le vieux maréchal Blücher, le soldat le plus déterminé d’Europe à combattre Napoléon, vole enfin au secours des Anglais. Dès lors, la tendance s’inverse : soulagé sur

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