Saintes en Normandie
76 pages
Français

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Saintes en Normandie , livre ebook

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Description

Formation de la Compagnie saintaise. — Son organisation ; son équipement. — Départ de Saintes ; arrivée à Tours où elle complète son armement. — Départ pour le Mans. — Elle se met en route pour Conches (Eure), lieu de sa destination.Après la chute de l’Empire et la révolution du 4 Septembre, Saintes, comme toutes les villes où dominait le sentiment du patriotisme, brûlait du désir de payer sa dette à la défense nationale. Elle venait d’accompagner ses bataillons de mobiles qui, appelés à faire partie de l’armée du général de la Motte-Rouge, devaient laisser sur les rives de la Loire de glorieux souvenirs.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346125104
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Charles Auger
Saintes en Normandie
PRÉFACE
Voilà bientôt six années que les événements qui forment l’objet de ce récit se sont accomplis. Si l’auteur a attendu aussi longtemps, c’est uniquement pour raconter avec une plus grande impartialité ce dont il a été le témoin. Les récriminations et les haines que la malheureuse guerre de 1870-1871 a soulevées ont eu le temps de s’apaiser sinon complètement — ce qui serait trop demander — du moins en partie ; la satisfaction même que procure la conscience du devoir accompli est plus raisonnée, et par conséquent n’expose pas autant le narrateur à exagérer l’importance des faits qui se sont déroulés sous ses yeux.
Les corps francs ont eu leurs défenseurs, ils ont eu aussi leurs détracteurs. Nous sommes loin de partager les vues des premiers ; nous ne sommes pas moins éloigné des seconds, lorsque de parti-pris ils contestent les services et le concours que ces troupes auxiliaires ont rendus et apportés à la défense pendant la dernière guerre. Sans doute, ils n’ont pas toujours répondu à ce que l’on était en droit d’attendre d’eux ; il y avait, pour cela, deux raisons : la France n’offre pas, comme l’Espagne ou la Suisse, un terrain propice à ce genre de guerre ; accidentée dans quelques parties de son territoire, les Vosges ou l’Auvergne, elle présente partout ailleurs trop de plaines unies pour que les embuscades aient leur raison d’être. Il aurait fallu d’un autre côté, que toute l’armée eut été organisée sur le modèle des corps francs, pour pouvoir amener de bons résultats ; vingt-cinq ou trente mille hommes seulement ne pouvaient pas sauver la France de l’invasion allemande.
Aussi fait-on acte de partialité, quand on vient leur jeter la pierre outre mesure. Les corps de Lipoowski, de Cathelineau, de Keller, de Mocquart, de Garibaldi ont su résister à l’ennemi, toutes les fois que la lutte devait servir à la défense générale. Ceux-ci ont arrêté la marche triomphale de l’invasion dans les plaines de la Champagne ou dans les forêts de la Normandie ; ceux-là n’ont pas hésité à se dévouer à Châteaudun ou à Dijon, pendant que d’autres enlevaient à l’ennemi les seuls trophées qui nous soient tombés entre les mains.
Il y a encore une autre raison qui plaide en faveur des corps francs. L’armée prussienne était précédée — ce que personne n’ignore — d’un corps assez nombreux de cavalerie qu’on peut évaluer à 30,000 hommes, et qui avait pour mission spéciale de pousser des reconnaissances à quelques lieues des avant-gardes, de couper les lignes télégraphiques et les voies ferrées, de prendre possession des villes ouvertes où la défense n’était pas organisée, d’y faire des réquisitions, etc. Dès le mois de novembre 1870, on n’entendait plus parler des uhlans ; tous étaient tombés sous les balles des francs-tireurs, qui, cachés dans les broussailles, les décimaient sans pitié. Les représailles cruelles que l’ennemi exerçait à leur égard prouvent assez la terreur que lui inspiraient les corps francs, et devraient suffire pour leur attirer la plus grande indulgence. On sait le sort qui attendait un franc-tireur, lorsqu’il était fait prisonnier. Nous avons eu des exemples trop répétés de cette rigueur, pour que nous insistions davantage sur ce sujet.
Quant au rôle que les corps francs ont joué en Normandie pendant la dernière guerre, il est en rapport avec leur force numérique et l’importance qu’on attachait à la défense de cette partie de notre territoire. La lutte en Normandie était pour ainsi dire localisée. Les troupes qui occupaient cette contrée étaient composées en grande partie de mobiles et de francs-tireurs ; les troupes régulières étaient en petit nombre ; on y voyait quelques bataillons de marins et de rares escadrons de cavalerie légère. Le camp de Cherbourg, formé exclusivement de régiments de marche (classe 1870) se trouvait trop éloigné pour pouvoir être de quelque secours ; il était d’ailleurs, au mois de novembre, en formation, et ne devait concourir à la défense que dans la seconde quinzaine de janvier. Vers cette époque seulement aussi les légions de mobilisés comcèrent à être utilisées.
Des troupes auxiliaires formaient donc presque seules le petit corps d’armée qui reliait l’armée de Faidherbe à l’armée de la Loire. Il n’a jamais eu de dénomination bien distincte ; il a figuré sous les divers noms de : Forces de la Normandie, Armée de l’Ouest, Extrême gauche de l’armée de la Loire, Armée du Nord. Son concours, pour être resté obscur au milieu des relations qui ont été faites des événements qui se sont accomplis sur les bords de la Loire ou dans le Nord, n’en a pas moins été efficace, puisqu’il a servi à préserver tout l’Ouest de la France et la Bretagne en particulier, des ravages causés par l’invasion. En effet, l’Eure-et-Loir, l’Eure et la Seine-Inférieure ont été tour-à-tour envahis par l’ennemi et évacués par lui, sans jamais qu’il soit parvenu à entamer les départements limitrophes de l’Ouest, car ce n’est que quelques jours avant la reddition de Paris et l’armistice que le Calvados a eu son territoire occupé par des troupes allemandes ; ce n’est aussi qu’après la défaite de l’armée de Chanzy au Mans que l’Orne s’est vu envahir par l’invasion.
La compagnie des Francs-Tireurs saintais a concouru à la défense de la Normandie, cette belle et riche contrée de notre pays. Si modeste qu’ait été sa part dans cette lutte, elle n’en formera pas moins le sujet de ce livre.

Saintes, Juin 1876.
NOTA. — Ce récit serait, il est tout probable, resté longtemps — pour ne pas dire toujours — à l’état de manuscrit, si je n’avais cédé au désir de mes amis qui, exagérant sans doute sa valeur, m’ont conseillé de le livrer à la publicité. On aura ainsi la raison de mes hésitations et l’explication du retard que j’ai mis à lui faire voir le jour. Ai-je besoin d’ajouter que ce récit a été publié surtout pour ces amis bienveillants, et qu’alors il est écrit sans aucune prétention d’auteur.
I

Formation de la Compagnie saintaise. — Son organisation ; son équipement. — Départ de Saintes ; arrivée à Tours où elle complète son armement. — Départ pour le Mans. — Elle se met en route pour Conches (Eure), lieu de sa destination.
Après la chute de l’Empire et la révolution du 4 Septembre, Saintes, comme toutes les villes où dominait le sentiment du patriotisme, brûlait du désir de payer sa dette à la défense nationale. Elle venait d’accompagner ses bataillons de mobiles qui, appelés à faire partie de l’armée du général de la Motte-Rouge, devaient laisser sur les rives de la Loire de glorieux souvenirs.
On parlait alors beaucoup des francs-tireurs. Les services que ces volontaires rendaient à nos armées de l’Est, et la haine toute particulière dont les honoraient les troupes allemandes avaient mis fort en goût quelques notables citoyens de notre ville qui, sans plus tarder, prirent leurs dispositions pour former un corps franc saintais. L’idée était à peine émise qu’elle recevait son exécution.
Les adhésions arrivèrent nombreuses dans l’espace de quarante-huit heures. Les réunions avaient lieu matin et soir dans la salle du Conseil à l’Hôtel-de-Ville Elles se tenaient avec beaucoup d’exactitude, et on y déployait beaucoup d’activité. Les discussions se prolongeaient fort tard, tant elles étaient animée

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