Un hennin pour deux rois
284 pages
Français

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Un hennin pour deux rois , livre ebook

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Description

"La gloire elle-même ne saurait être pour une femme que le deuil éclatant du bonheur", a écrit Germaine de Staël en toute connaissance de cause. Excessivement jolie et intrigante, supérieurement intelligente, Antoinette de Maignelais est la parfaite illustration d'une femme ambitieuse qui, grâce aux deux souverains dont elle fut l'égérie, parvint au faîte de la gloire, et sa chute n'en fut que plus lamentable. Elle maintient sa domination en fournissant jeunes et jolies filles à Charles VII, qui lui offre châteaux et terres. Elle meurt seule et abandonnée de tous. Un hennin pour deux rois est le deuxième roman historique de Paul-Jacques Lévèque-Mingam.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 65
EAN13 9782296709898
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un hennin pour deux rois
Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions

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Alain COUTURIER, Le manuscrit de Humboldt , 2010.
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Tristan CHALON, Sous le regard d’Amon-Rê , 2009.
Yves CREHALET, L’Inconnu de Tian’Anmen , 2009.
Jean-Eudes HASDENTEUFEL, Chercheur d’or en Patagonie , 2009.
Jacques JAUBERT, Moi, Caroline, « marraine » de Musset , 2009.
Alexandre PAILLARD, La Diomédée , 2009.
Bernard JOUVE, La Dame du Mont-Liban , 2009.
Paul-Jacques Lévèque-Mingam


Un hennin pour deux rois


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13154-5
EAN : 9782296131545

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Aux Dames d’Uzage qui ne sont plus et à Celle qui reste
LE II° JOUR DE DÉCEMBRE DE L’AN DE GRÂCE MCCCCXLVIII
Montant insidieusement du cours torrentueux de l’Indre, une brume glaciale recouvre les terres marécageuses qui séparent la ville de Loches du bourg de Beaulieu, estompant comme un voile funéraire les maisons à colombage qui en bordent la rue principale. Seuls de ce linceul de brouillard, émergent le formidable donjon du Faucon Noir, et les toits hérissés de lucarnes, d’échauguettes et de cheminées du Château Royal. Chacun, bourgeois, manant, seigneur, paysan, s’est barricadé qui dans son hôtel, qui dans sa chaumière ou dans son logis. Seules les colonnes de fumée qui jaillissent droit des cheminées, répandant dans les airs une délicieuse odeur de chêne brûlé ou de soupe au lard, donnent à ce paysage glacé, un semblant de vie nocturne. Un groupe de cavaliers, suivi d’un fourgon attelé de quatre chevaux, descend de la route boueuse qui mène à Bourges. A sa tête, un tout jeune homme au visage imberbe encapuchonné de fourrure, s’engage suivi de ses compagnons dans la ruelle du Puy-Mourier, et fait halte devant un logis aux allures de manoir dont l’entrée en forme d’arc brisé est trop basse pour laisser passer un homme à cheval. Le plus âgé d’entre eux, l’aide avec déférence à mettre pied à terre, tandis que la petite troupe et le fourgon s’engagent sous la voûte d’un bâtiment de servitude, Au-dessus de l’entrée, une fenêtre à meneau cruciforme surplombe un panneau de pierre rectangulaire timbré d’armoiries que l’obscurité rend à peine lisibles. S’agit-il de fleurs de lis ou d’une sorte d’arbuste ? Il semble, tant la pierre en est tendre et blanche, qu’elles viennent d’être ajoutées là, afin de conférer au logis une allure de maison forte et signaler au passant que ces lieux appartiennent à un noble personnage.
Restez assise, ma Mère. Vous paraissez encore épuisée après un aussi long voyage. Quand êtes-vous arrivées ici, et toi, Antoinette ma cousine, comme tu as changé ! Ne m’en veuillez pas de ne pas vous avoir accueillies, dans ce modeste logis, mais le Roi m’a envoyée à Bourges la semaine dernière, et comme je ne connaissais pas le jour exact de votre arrivée, j’ai pensé revenir à Beaulieu la première. Tant pis, cela vous aura donné le temps de vous installer et de découvrir mes trois filles. Depuis la naissance de Jeanne, j’ai l’impression de devenir chèvre, car mon service auprès de la Reine, et les missions dont me charge le Roi, accaparent tout mon temps. Et encore, j’ai la chance de ne pas être logée à leur côté, dans ce château que vous avez dû apercevoir de loin en arrivant ici. Maintenant, il faut que je vous quitte pour troquer ces habits d’homme contre une pelisse chaude et confortable. Je sais, j’ai vu de la réprobation dans votre regard, ma Mère, lorsque je suis entrée dans cette pièce. D’ailleurs, je ne vous ai même pas embrassée, mais il faut que vous sachiez que je n’aime guère ces effusions familiales. Bien que je sois devenue l’un des plus importants personnages du royaume, j’ai appris à dissimuler mes sentiments. Cet accoutrement qui vous a choquée, est beaucoup plus pratique et confortable lorsque je voyage de par les routes peu sûres du royaume, même escortée de gens d’armes. De plus, chaque fois que je me rends en Berry, Charles me demande de lui ramener les fonds dont il a besoin, afin de renflouer les finances royales, et pour me témoigner sa gratitude, mon grand ami Jacques Cœur remplit mes malles d’étoffes, de bijoux et de fourrures. Je vous montrerai cela demain. Demandez que le dîner nous soit servi céans devant la cheminée. Vous répondrez à mes questions lorsque je reviendrai.
Et Agnès Sorel disparaît dans l’escalier en vis de pierre qui permet d’accéder au premier étage du manoir. Antoinette et sa tante Catherine de Maignelais, la propre mère d’Agnès, étaient arrivées la veille de Picardie, après quinze jours d’un voyage épuisant. Elles avaient été escortées par François de Montbron, seigneur de Mortagne et favori de Charles VII, qu’Agnès leur avait dépêché un mois plus tôt, leur enjoignant de la part du Roi, de se rendre à Beaulieu, où elles habiteraient dans la jolie maison qu’il lui avait fait aménager. Elle s’était bien gardée de leur écrire qu’elle comptait sur sa mère et sa cousine pour élever ses trois filles. Les deux femmes, trop heureuses de quitter cette Picardie ravagée par un demi-siècle de guerre, avaient accepté d’emblée. Plus rien ne les y retenait : Jean II dit Tristan de Maignelais, le père d’Antoinette était mort à présent ainsi que Marie de Jouy, son épouse, la laissant orpheline sous la protection de sa tante paternelle Catherine de Maignelais, la mère d’Agnès. Quant à Jean Soreau, sieur de Coudun, son père, lui aussi avait disparu. Elles croyaient toutes les deux dans leur naïveté, qu’Agnès les avait mandées pour profiter avec elle des fastes de la vie de cour, loin d’imaginer qu’elles seraient ravalées au rang de nourrice sèche et de gouvernante des bâtardes royales.
Je regrette, ma chère fille, que vous ne puissiez nous accorder davantage de votre temps, mais j’imagine votre fatigue après ce long trajet et vous laisse vous changer. Antoinette et moi allons faire de même de notre côté, et nous nous retrouverons tout à l’heure pour le souper.
Une heure après, les trois femmes se retrouvent dans la grande salle du manoir, où une servante a dressé des tréteaux et des planches qu’elle a recouverts d’une nappe, en guise de table, sachant que sa maîtresse refuse de prendre ses repas dans la cuisine en présence de ses serviteurs. Quelques meubles de chêne sculpté sont alignés le long des murs. Le plus imposant est une cathèdre dont le haut dossier est orné d’un écusson semé de fleurs de lis, accosté de cerfs ailés. On devine sur-le-champ que le Roi lui-même a fait transporter ici ces pièces du mobilier royal, afin d’agrémenter l’ordinaire de sa maîtresse. De même, sur le grand mur aveugle perpendiculaire à la cheminée, est accrochée une somptueuse tapisserie qui en réchauffe la pierre apparente : sur une pelouse semée de lis, les armes royales sont entourées d’une palissade sur laquelle grimpent deux rosiers ; sur les deux phylactères, on peut déchiffrer l’inscription « Ci sont les armes de hault prix et de grande excellence du très haut Roy de France Charles septième de ce nom ». Le tout se dé

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