De chaînes et de sang

Jean-Luc Espinasse

Description

Février 2008. Au plus fort de la crise structurelle qui menace la presse quotidienne, une série de meurtres traumatise la régie publicitaire du média Sud-Est Éclair, dirigée par un patron tyrannique et haï de son personnel. Le tueur frappe de l’intérieur.

Au même moment, un cargo de la Compagnie Maritime de Marseille disparaît brusquement après avoir été attaqué par des pirates en Mer Baltique.

Apparemment, aucun point commun entre ces deux faits divers.

Pourtant, le tueur en série agit avec la complicité d’un mafieux russe qui est aussi impliqué dans le plan de terrorisme international dont la phase 1 est l’abordage du "Nordic Sea".

Cyriel Di Borgiera, de la brigade criminelle de Marseille, et Orlando Caprio, grand reporter à Sud-Est Éclair, devront remonter les deux pistes jusqu’à leur point de convergence, croisant tout une galerie de personnages aussi cupides que dangereux.

"De chaînes et de sang" est un roman addictif, où le suspense et les coups de théâtre ne manquent pas. L'auteur réussit à faire l'amalgame entre un simple fait divers et le terrorisme international dans une leçon d'imagination et de rigueur.

Sujets

• Fiction

Informations

• Publié par: IS Edition
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782368452783
• Langue: Français

Extrait

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ISBN(Livre):978-2-36845-27-6

ISBN(Eboks):978-2-36845-278-3

ResponsableduComitédelecture:PascaleAverty Directriced'ouvrageetcorections:iDPniaMaruail Couverture/ilustration(s):OliviaProDesign/Depositphotos-SheilaTostes

Colection«Sueursglaciales»

Directeur:HaraldBénoliel

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J EAN -L UC E SPINASE

DÉDICACE

ÀChantaletDelphine.

12avril208

CHAPITRE1

Ils'afaisasurledosdelafileenpousantuncrirauque.Ilétaiten nageetsentaitsoncœurcognercommeunpilondanssapoitrine.Cete traînéel'avaitpresquetuéd'épuisement.Ilrepritpeuàpeusesespritset redresalebuste,puiss'asitsursestalons,encorehypnotiséparle spectaclequeluiprésentaitlafilecambrée,levisagetoujoursenfouidans lescousins.Ilregardasonmembre,àprésentflasque,quipendaitentre sescuisesetlebrûlaitunpeutantlacopulationavaitétéviolente.Épuisé, ilatenditquelerythmedesarespirationsecalmeetroulasurlecôté avantdes'aseoirsurleborddulit.Ilconservacetepositionensilence quelquesinstantspuissereleva,lesjambescotonneuses. IltournalatêteverslaBeuretequimaintenaittoujourslamême positionimpudique.Iltenditlamainverslacroupeoferte,puischangea d'avis. «Jevaismedoucher.Atends-moi,jevaistepayer,etaprèsjemecase.» Lafilebasculasurlecôtéetluijetaunregardabsent,puissemitsurle dos,laisantsesseinslourdsretomberdepartetd'autredesonbuste mince.Eleluiavaitditqu'eleavaitvingt-deuxans.Sic'étaitvrai,eleen paraisaitdixdeplus.Lavienel'avaitpasgâtée.

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Ilsoupira,écartalerideaudetisuplastifiéséparantladouchedela petitechambre,etenjambalereborddubac.Ilouvritlejetàfond. Quandlafileentenditlespremiersbruitsd'eau,eleselevaet s'approchadelatableteoùeleavaitposésescigaretes.Toujoursnue,ele extirpaladernièreGauloisedupaquetetl'aluma,puistiraunelongue boufée,s'emplisantlespoumons.Lavestedel'hommeétaitsuspendue audosierdelachaise,eteleeutlatentationdejeteruncoupd'œildans sonportefeuile,peut-êtrepourypiquerunoudeuxbilets…se'nMiasli apercevraitsûrement.Àquoibonalerau-devantdesemmerdes?Surla table,ilavaitlaisésontéléphoneportable,uniPhonederniermodèle.Ele avaitvulespubsàlatélé–«Ilyauneapplicationpourtout»–,maisele n'enavaitjamaistenudanslamain.L'objetétaitbeau.Elelesaisit délicatement,enfonçaleboutond'alumage.Lapaged'acueils'éclaira, avecenfondunesortedecielbleu.D'unlégerglisédupouce,eledéplaça laflèche«déverouiler».Lesvingtimagetesapparurent,bienalignées, commeuneinvitationàlavisite. Danssondos,eleentendaittoujourslejetdeladoucheetlesbruitsde toiletedesonclientquis'ébrouait.Lacuriositéguidasamainetele efleuradudoigtl'icône«photo»symboliséeparunefleurdetournesol. Laphotothèques'ouvritsurunequinzainedepetitesvignetes.L'une d'elesatiraimmédiatementsonatention. Àcemoment,lejetbruyantdeladouches'arêtanet.Illuirestait quelquessecondesavantquel'hommeaitterminédesesécheretsortede lacabine. Eletouchalavigneteetlaphotos'afichasurlatotalitédel'écran.Ele avaitbienvu:c'étaitlaphotod'unefemmenue,alongéebrasécartéssur unlitdéfait,etdontlespoignetsétaientliésauxmontantspardessortes defoulards.Eleavaituncorpsmagnifique,trèsblanc.Soncouportaitdes marquessombres,etdesabouchegrandeouverte,lalanguenoireet gonfléesailaitcommeunelimacemonstrueuse.Sonregardétaitfigépour l'éternitédansunmasquedéfiguréparlapeurouladouleur. Lechocfutsiviolentqu'eles'immobilisa,lecerveauparalysé,l'iPhone toujoursdanslamain.

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Eleposal'appareilaumomentprécisoùl'hommesortaitdubacà douche.Iln'enmontrarien,maiselecompritimmédiatementqu'ilavait vuetinterprétésongeste.

Çafaitdubien,dit-il.Tunetedouchespasàtontour? Si,si,toutàl'heure,bafouila-t-ele,ausipâlequelafemmedela photo. Toujoursnu,l'hommes'approchatranquilementethcrehcaosn portefeuiledanslapochedesaveste.Ilensortitlesquatrebiletsdevingt eurosqu'illuiavaitpromisetlesluitenditenlaregardantdroitdansles yeux.Ill'auraittuéedetoutefaçon,çafaisaitpartiedesesplans.Çane faisaitqu'uneraisondeplus. Eleesquisaunsourirecrispéetrefermanerveusementlamainsurla liase. Luitournantledos,l'hommemitdel'ordredanssesvêtementsposéssur lachaise,commes'ils'apprêtaitàserhabiler.Lagorgesèche,elesentit pourtantsatensiondiminuerd'uncran.Mais,depuisquelquesinstants,sa nuditélagênait…teriblement.Eleeutbrutalementl'impresiond'être exposéeàundangerirationnelquel'absencedevêtementsrendaitencore plusaigu. Elesetournaetfitdeuxpasverslepeignoirqu'eleenfilaitaprèsses pases. L'ataquefutbrutale,etpourtant,eles'yatendaitpresque. Legareurdoulluiencerclaleotiluuscataneunuoccevarof,ec abominable.Lesyeuxrévulsés,eles'eforçadegliserlesdoigtssousla cravatequis'enfonçaitdanslachairtendredesoncou,toutendistribuant desruadesinutiles.Levisagecongestionné,elesentitqu'elealaitperdre connaisanceets'afaisadoucement.Àprésent,l'hommeétaitdenouveau surele,cetefoispouruneétreintemortele,ungenoudanssondos.Mais ilavaitlégèrementrelâchésaprise.Couchéeàplatventresurleplancher, elesentitlegarotsedesererencoreunpeu,etl'espacedequelques secondes,elecrutàunjeupervers.Elealaitpeut-êtres'entirer.Pousant sursesbras,eledécolalebustedusol,leventreetlebasinplaquésau parquetparlepoidsdel'hommequiluimeurtrisaitlesvertèbres.

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Lecorpsarquéenarière,elesentitcroîtredenouveaulamorsuredela cordeletedetisu.Àprésent,seulelaforcedesesbrasempêchaitlehaut desoncorpsderetomberenavant,etelelutaitdetoutessesforcespour échapperàl'asphyxie. Elesentitencorelelacets'enfoncerplusprofondémentdanssachair, puisàboutdetereuretdeforces,eles'abandonna,vaincue. Couvertdesueur,larespirationhaletante,l'hommerelâchasapriseet laisalecorpsretombersurlesol,inerte.Ilseredresalentementetbaisa lesyeuxverssonérection.Putain,çaluifaisaitundecesefets, maintenant! Iltenditl'oreilepourcapterd'éventuelssignauxprovenantdupalierou del'escalier:sacourtelutes'étaitdérouléedansunsilencerelatif,mais pouvaitavoirétéentendue.Pourtant,riennesemblaitbougerdans l'immeuble,niàcetétageniplusbas. Ilregardalafileétendueàsespieds.Sessphincterss'étaientrelâchésau momentdelamortetelebaignaitdanssonurine. Ilenjambalecorpsetcommençaàserhabiler.Sonpoulsavaitretrouvé unrythmenormal,etils'étonnadelafacultéaveclaquelesoncerveau pouvaitàprésentgérercessituationsparoxysmiques. Ilpensaàsonpremiermeurtre,àl'étatdechocquil'avaitplongédans unesituationmentaletroubleetconfuse…Àcemoment,ilneparvenait plusàfairelapartdeschosesentreleremords,lapeurd'êtrearêté,etla satisfactiondel'acteaceuqivatusmilpactetopli…cetérteuntaoimpoap solutiondéfinitiveàsesennuis,unefoispourtoutes. Toutenenfilantsachemise,ausitranquilementques'ils'apprêtaità sortirfairedescourses,l'hommepasaenrevuelalonguelistedeceux qu'ilavaittuésdepuis.Sesmotivationsavaientconsidérablementévoluéau coursdesadescenteiranslemstibledduemrueaslrtmölI.erttiaté'nisé pasvraimentenmesured'enfaireuneanalyseclaire,maisilétaitbien conscientquelamontéed'adrénaline,danslepasageàl'action,était devenuepeuàpeuunplaisirpervers,sexuel.Etpuis,c'étaittelement simplederésoudreainsisesproblèmes.Touslesproblèmesdelavie.

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Ilterminades'habiler.Avantdesortir,ilavaitencoreunedernière choseàfaireavecleportabledelafilredelIee…apilubme'slrusauqs l'étagesupérieurquinedonnaitquesurunepiècederangementoù personnen'alavalI…siamajtiééreprenbitaiapeulisleiltEx.sason coupdefil. Vingtminutesplustard,ildescenditl'escalierensouplese,maissansse précipiter.Ilétaitdeuxheuresdumatin,etquandilparvintaubasdes marches,ilentenditlebruitdesvoituresquifilaient,bientropvite,surle Jaret.Cequartierétaitbruyantvingt-quatreheuressurvingt-quatre.Le basdel'escalierdébouchaitpresquedirectementsurlaportedonnantsur letrotoir,làoùilavaitlevécetepetitepute.Aumomentdetirerle batant,ilinterompitsongesteetrestaquelquessecondeslesyeux fermés,àhumerlesodeursdecrasecaractéristiquesdecesvieux immeublespouileux,commes'ilvoulaitstockercesouvenirolfactifdans samémoireafindepouvoirleretrouverplustard,ets'endélecterà volonté. Puisilouvritrésolumentlalourdeportedechênequidonnaitsurlarue. LagueulenoireetrondeduSiegSauerlebraquaitenpleinvisage.Il n'eutpasvraimentletempsdereculeretamorçaseulementungeste dérisoiredeprotectionentendantlapaumeversl'armemenaçante, commes'ilavaitpuarêterlabale.Maislecoupnepartitpas. Auboutdubrasquitenaitavecasurancel'automatiqueauxreflets bleutés,ilyavaitunvisagequ'onnepouvaitpasoublier.Froid,volontaire. Desyeuxnoirs,trèsbeaux.Unebouchepleineetsensueledontleslèvres étaientpincéesparladétermination.Unefemme. Eleavaitvingt-huitans,étaitCorse,etvenaitd'acéderrécemmentau gradedecapitainedelapolicecrimineledeMarseile. CyrielDiBorgieravenaitdemetrefinàlatraquedutueurensérie qu'elepoursuivaitmaintenantdepuisplusieurssemaines.

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CHAPITRE2

Huitjoursplustard.PrisondesBaumetes.

Jesuisl'undesdeuxpensionnairesdelacelule196,àlaprisondes Baumetes. LesBaumetsonneunpeucommees… Pourles«estrangers»,cenom celuid'unefleurdemontagne,oupouraitencoreévoquerlecharme tranquiled'unepetiteaubergedecampagne,decelesquisententlecafé légèrementbrûléetlestartinesgriléesàlaconfituredegroseilesmaison. MaispourceuxquiconnaisentMarseile,ilestchargéd'uneconnotation franchementplusglauque.Descentainesd'asasins,desmiliersde malfratsyontvéculespiresannéesdeleurvie,etpourcertainsleurs dernièresheures,croupisantdansdeslocauxsordidesetexigusauxquels personnen'atouchédepuisl'édificationducentrepénitentiaire,en1934. Unprojetderéhabilitationexiste,paraît-il,depuisunedécennie.Mais malgrél'avisduConseildel'Europequalifiantlaprisond'endroit répugnant,aucunstravauxn'ontjamaisétéentreprispouraméliorer l'ordinairedesdétenus.C'estdumoinscequiseraconteici.Ilseditausi quelapremièretranchederénovationconcerneralesportesd'entrée,les miradors,lesparloirs,laconstructiond'unnouveaumes…teLrousde bâtimentsd'hébergementneviendraqueplustard.Bonjourlerespectdes droitsfondamentaux.Etmercipourl'hygiène!

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