La vieille du cinquième
40 pages
Français

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Description


LA VIEILLE DAME DU CINQUIÈME


Trois millions de francs ont été dérobés dans un cercle de jeu. Le caissier accuse Pierre Florestan, un ancien habitué du club, qu’il a croisé dans les couloirs, juste avant le forfait.


Si l’enquête semble simple à résoudre, deux problèmes viennent la compliquer. Pierre Florestan se trouvait en Espagne au moment du larcin, comme le démontre une carte postale envoyée à sa vieille tante. Le caissier, lui, a un passif judiciaire conséquent.


Pour autant, alors que ses hommes s’orientent vers la culpabilité du trésorier, le commissaire ODILON QUENTIN s’obstine sur la piste du voyageur.


Le policier aura fort à faire pour solutionner ce vol presque parfait masquant un crime tout à fait horrible...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373471175
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couve

Odilon QUENTIN

 

* 10 *

LA VIEILLE DAME DU CINQUIÈME

Roman policier

 

par Charles RICHEBOURG

CHAPITRE PREMIER

 

On parla longtemps, à la Police Judiciaire, de l'affaire Florestan. Cependant, la presse se montra avare de détails en ce qui la concerne, probablement parce qu'elle coïncidait avec une crise ministérielle. Les pronostics politiques occupaient une bonne partie des colonnes qui, en temps ordinaire, eussent été consacrées aux Faits Divers et autres bouche-trous journalistiques, tels les soucoupes volantes, le serpent de mer et le monstre du Loch Ness.

Ce cas exceptionnel méritait mieux pourtant ; et certains spécialistes du Quai des Orfèvres se plurent même à affirmer qu'il pouvait servir d'illustration à la théorie du « crime parfait ».

« Parfait », il l'eût été probablement, si le commissaire Odilon Quentin ne s'en était pas occupé personnellement.

Les faits étaient tellement simples qu'ils étaient consignés dans un procès-verbal de dix lignes : le sieur Prout, caissier au cercle de jeu strictement privé « Mars et Vénus », avait commis l'imprudence fatale de s'absenter pendant dix minutes de son bureau, en laissant la porte de son coffre-fort entrouverte. Il désirait s'assurer si tout se passait correctement dans la salle de baccara, où officiait un nouveau croupier.

À son retour, il avait constaté, purement et simplement, que trois millions en coupures de dix mille francs avaient disparu. À ce moment, il était exactement onze heures et cinq minutes du soir.

Tel était le point de départ, dépouillé de toute fioriture inutile.

La clef de cette énigme devait du reste être donnée par le sieur Prout en personne :

« Au moment où je traversais l'antichambre », affirmait le caissier dans sa déposition, « j'ai rencontré un des anciens habitués du club, le nommé Pierre Florestan, également connu sous le sobriquet de « mon ami Pierrot ». Je m'en suis étonné d'autant plus que je le croyais parti à l'étranger. Florestan paraissait extrêmement nerveux, et il a bredouillé quelques mots sans suite en me serrant la main. Son attitude, en tout cas, ne m'a pas semblé naturelle.

« C'est en rentrant dans mon cabinet que je me suis aperçu que les trois millions avaient été subtilisés. J'ai immédiatement signalé le vol au commissariat de police du quartier, soulignant que la présence de « mon ami Pierrot » dans les locaux du cercle m'avait paru suspecte. J'ai l'impression très nette que c'est lui qui a fait le coup, mais je ne possède aucune preuve qui me permette de l'accuser. »

C'était si simple que le gros Quentin, surchargé de travail, avait passé le dossier à son adjoint, l'inspecteur Chenu ; il avait entière confiance en ce jeune policier plein d'avenir, patient, tenace et dévoré d'ambition.

Le bouillant Chenu avait à son tour alerté le brigadier Dubosc, et les deux hommes s'étaient mis en campagne sans perdre un instant ; cela durait depuis trois jours, et il faut bien le reconnaître, sans donner le moindre résultat !

Pour couronner cette infortune, les deux malchanceux faisaient en ce moment leur rapport dans le cabinet du patron.

Ce fut l'une des plus belles engueulades enregistrées dans les annales du Quai des Orfèvres ; c'est tout juste si des étincelles ne mirent pas le feu aux paperasses entassées dans le coin réservé au classement.

— Mais, nom de Dieu ! hurlait Quentin, vous n'allez pas me dire qu'à deux, et en trois jours, vous n'avez pas été capables de tirer au clair cette histoire enfantine !

— Inutile de vous fâcher, chef, riposta doucement Chenu, faisant courageusement face à l'orage. Je suis persuadé que si vous voulez bien nous laisser parler, vous finirez par considérer, vous aussi, que cette affaire est beaucoup plus compliquée qu'elle ne le paraît à première vue.

— Où est Pierrot Florestan ? se contenta de grogner l'irascible Quentin, déjà plus calme cependant.

— En Espagne... annonça triomphalement Dubosc.

— Comment le sais-tu ?

— Il a envoyé à sa tante une carte de Madrid ; elle porte le cachet du bureau de poste de la Puerta del Sol, et elle est datée du jour du vol, à vingt-trois heures du soir. Le zèbre Pierrot ne pouvait donc se trouver à la fois à Madrid et dans l'antichambre du sieur Prout, au nom idyllique !

Cette avalanche de détails provoqua l'explosion :

— Mais, bougre d'imbécile... tonna le commissaire au paroxysme de la colère ; faut-il être arrivé à ton âge et avoir vingt ans de service dans la boîte pour ignorer ce que c'est qu'un alibi par correspondance !... Dis que tu ne sais pas ce que c'est qu'un alibi par correspondance. Dis-le, nom de Dieu !

Le gros homme frisait l'attaque d'apoplexie ; il était énorme et massif ; et son chapeau, rejeté dans la nuque, du geste qui lui était familier, rendait son visage plus cramoisi encore. Craignant le pire, sans fausse honte, le brigadier préféra confesser son ignorance.

— Eh bien, je vais te l'expliquer, grommela le commissaire. Le Pierrot en question, possède un copain en Espagne. Il lui adresse, sous enveloppe, une carte postale représentant l'Escurial ou n'importe quel autre monument madrilène. Cette carte, il la remplit lui-même, de sa main, envoyant de doux baisers à toute la famille. Puis, dans une babillarde de trois lignes qu'il colle dans la même enveloppe, il demande à son correspondant d'affranchir la carte, et de la poster tel jour, à telle heure.

« L'Espagnol marche dans la combine, et tu connais le résultat : cette grosse andouille de Dubosc croit Pierrot à Madrid à l'instant que signale le cachet de la poste, alors qu'à ce moment précis, l'intéressé fauche sans coup férir l'oseille de « Mars et Vénus », confié à la vigilance du bon Prout ! »

Dubosc, repentant et confus, baissait la tête en affectant l'attitude d'une parfaite contrition ; quant à Chenu, ce raisonnement irréfutable ne paraissait pas l'avoir convaincu :

— C'est évidemment une explication, admit-il. Mais comment se fait-il que nous n'ayons pas retrouvé Pierrot ? Non seulement il n'a pas laissé la moindre trace de son...

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