Le chien sait compter jusqu à cinq
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Français

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Le chien sait compter jusqu'à cinq , livre ebook

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Description

Le Raincy est en émoi. Depuis huit ans, c’est la première fois qu’un grand cirque plante ses tentes dans la ville.


La foule afflue pour voir les clowns, les jongleurs et les voltigeurs.


L’ultime numéro – la cavalerie menée par le patron du barnum – est attendu avec impatience.


Mais dans les coulisses, c’est la stupeur, l’affolement... le propriétaire a été retrouvé poignardé dans sa roulotte.


Rouque, policier parisien qui était dans le public, commence à mener son enquête et trouve très rapidement le seul témoin du meurtre : un caniche appartenant au pitre...


Ce dernier prévient son supérieur, le commissaire Bellavent, qui ne tarde pas à débarquer en compagnie de Monseigneur et son clebs...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782373474145
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Monseigneur et son « clebs » - 8 -
L ECHIENSAITCOM PTERJ US Q U'ÀCINQ
De Marcel PRIOLLET
— Ce qu'on peut se barber, ici !
I
L'inspecteur Rouque, après cet aveu qu'il venait de se faire à lui-même, écrasa son mégot, sur le coin du marbre, bâilla, ré gla sa consommation et quitta le mastroquet.
Au-dehors, dans un ciel très pur, le crépuscule vir ait à l'indigo. La nuit de juin s'annonçait clémente.
Pas mal de monde, dans les rues du Raincy. Les gens , à quelques exceptions près, prenaient tous la même direction.
Pourquoi ce flot à sens unique ? Sur ce point, le p olicier était déjà fixé.
Il savait, tout le monde savait qu'après une éclips e de près de huit années, le cirque Monastier était revenu. On avait vu arriv er les tracteurs, les chariots, les roulottes, toute une pittoresque caravane qui a vait pris possession de l'emplacement d'autrefois, aux confins de la commun e.
En moins de quarante-huit heures, les voitures avai ent été parquées, les écuries installées, l'immense tente dressée.
Et, c'était, ce soir, la première représentation, a nnoncée à grand fracas par des sonneurs de trompe qu'une sorte demail-coach avait promenés en tous sens. C'était aussi, sous le règne du cinéma, une s urvivance du passé, aux couleurs d'image d'Épinal.
La parade touchait à sa fin, quand Rouque arriva de vant les tréteaux. Deux pitres s'égosillaient. Une danseuse, en maillot ros e et tutu, multipliait les sourires et les ronds de bras, pour encourager les hésitants à pénétrer à l'intérieur. Les cuivres lançaient un dernier accord, avant d'aller prendre place pour le spectacle.
— Qu'est-ce que je fous là ?
L'inspecteur le savait parfaitement, ce qu'il f... aisait au Raincy. Mais il était si bien convaincu de l'inutilité de ses efforts qu' il ne décolérait pas et se sentait une furieuse envie de rentrer tout de suite à Paris , au lieu d'attendre le dernier train.
Ce cirque, pourtant, constituait sa dernière chance . Il était possible, après tout, qu'il y découvrît le gaillard aux trousses de qui quatre de ses hommes et lui-même étaient lancés depuis une semaine.
La présence de Karl Heringer, en effet, avait été s ignalée dans la banlieue
est. On avait repéré le drôle à Pantin, à Gagny, à Villemonble, sur d'autres points encore du même secteur. Mais il ne s'était l aissé prendre à aucun des pièges qu'on lui avait tendus.
Karl Heringer ? Qui était-ce au juste ? À cette que stion aussi, Rouque aurait pu répondre mieux que personne.
C'était lui, Rouque, qui au lendemain de la Libérat ion avait cueilli le bandit, alors que celui-ci, avec une rare inconscience, se promenait en plein Paris. Contumace, professionnel du vol, du chantage et du crime, Karl Heringer, qui disposait de plusieurs états civils, avait donc pu croire, ce jour-là, que sa carrière venait de prendre fin.
Comment, à la veille d'expier, avait-il réussi à s'évader de prison ? L'enquête ne l'avait pas explicitement établi. Le fait certai n, c'est que le condamné avait disparu de la circulation. Et cela jusqu'à ces dern iers jours. Sa réapparition, dénoncée par des indicateurs, avait fait grand brui t dans les bureaux de la Police Judiciaire. C'est alors que le commissaire B ellavent, chargé de l'affaire, avait confié à l'inspecteur Rouque le soin de retro uver le fugitif.« Puisque c'est un client à vous... », avait-il dit.
Mais Rouque et ses collègues, malgré leurs efforts, enregistraient un cuisant échec. Bien que s'étant partagé la besogne, ils all aient rentrer bredouilles.
Tel est le mot que l'inspecteur avait employé, ce s oir, quand il avait rendu compte de sa mission, par téléphone, au commissaire Bellavent.
— Arrêtez les frais ! avait ordonné ce dernier. Un jour viendra où Karl Heringer se fera pincer de lui-même.
Rouque avait transmis l'ordre à ses collaborateurs, postés un peu partout. Lui seul était resté sur la brèche, pour quelques h eures encore. Oh ! sans grande conviction. Mais s'il s'infligeait, cette ra llonge, c'est parce qu'il s'était souvenu que Karl Heringer avait exercé, autrefois, la profession de dompteur et qu'à ce titre il avait appartenu à la troupe de plu sieurs cirques ambulants.
N'allait-il pas être tenté de revoir des camarades. .. ou, tout au moins, de venir respirer l'atmosphère du « chapiteau », comme on dit ? Ce n'était là qu'une bien mince probabilité. Mais elle méritait qu'on lu i accordât quelque crédit.
Si le misérable commettait pareille imprudence, Rou que ne s'y tromperait pas. Il identifierait vite son gibier, quelque soin que ce dernier eût pris de modifier son aspect extérieur. Mais si cette soirée devait être perdue, comme avaient été perdus les jours précédents, eh bien ! tant pis !
— On ne gagne pas à tous les coups !
Sur cette parole désabusée, le policier escalada le s marches.
— Une « première » ! réclama-t-il à la gitane au visage de safran qui aidait la
caissière.
Sous la tente, le spectacle commençait par l'entrée burlesque de plusieurs clowns. Rouque ne s'y intéressa guère.
Ses voisins, cependant, auraient très bien pu croir e que cet homme bedonnant, large d'épaules, au visage mafflu et rou geaud, prenait un plaisir extrême aux cascades et aux calembours des clowns. Il riait quand il fallait rire, battait des mains quand il fallait battre des mains . Mais, en réalité, il était au travail. Son regard aigu, qui émanait de petits yeu x gris sous des sourcils en broussailles, opérait avec méthode. Aucun visage ne lui échappait. Les plus lointaines travées, celles qui s'adossaient à la te nte, étaient l'objet de son patient examen.
Lorsqu'il en eut terminé, il constata que le progra mme de la première partie était déjà avancé. Encore deux numéros et ce serait l'entracte. Il en profiterait pour filer.
En ce moment, sur la piste, un fildefériste succéda it à un jongleur japonais. Puis, sous la direction du légendaire M. Loyal, en redingote bleue à boutons dorés, on disposa des barrières blanches. Une annon ce fut faite.
L'attraction qui terminait la première partie était la présentation de la cavalerie du cirque, par le célèbre Monastier en pe rsonne.
De la place qu'il occupait, Rouque apercevait, dans les coulisses, les quatre chevaux blancs avec leurs harnais rouges et leurs t êtes empanachées. Deux valets refrénaient leur ardeur. L'orchestre attaqua un pas redoublé.
Mais le morceau se termina sans que Monastier et se s chevaux eussent fait leur apparition.
— Tiens ! le patron qui rate son entrée ! murmura l'inspecteur.
Il n'était pas seul à s'étonner. Le public murmurai t. M. Loyal disparaissait, pour aller aux nouvelles. L'orchestre, afin de fair e patienter les gens, se remettait à jouer.
Les dernières notes expirèrent sans qu'on eût encor e vu apparaître le dresseur de chevaux. Ceux-ci piaffaient, hennissaie nt. Que se passait-il donc ?
De sa place, Rouque constatait qu'une effervescence tout à fait insolite régnait en dehors de la piste. On voyait courir des gens. La longue robe de la gitane passa. On aperçut la danseuse qui, les mains plaquées au visage, s'effondrait sur un tabouret.
Et cela dura jusqu'au moment où M. Loyal se montra à nouveau. D'un geste, il réclama le silence. On comprit qu'il allait faire une annonce.
— Mesdames et messieurs, dit-il, en essuyant son fr ont où ruisselait, la sueur, des circonstances indépendantes de notre vol onté nous obligent à
interrompre la représentation...
— Hou ! crièrent les spectateurs.
L'homme en redingote bleue poursuivait :
— Les billets seront valables un autre jour...
— Hou ! Hou ! renchérit-on.
— ... toutefois, notre caissière est à la dispositi on des personnes qui désireraient se faire rembourser, nous voulons espé rer qu'elles seront très peu nombreuses et que... et que...
La voix de M. Loyal s'embrouillait. Sur les gradins , le tumulte grandissait. Le public, frondeur, n'entendait pas évacuer la tente. Quelques gamins donnèrent le mauvais exemple en envahissant la piste. Les barriè res préparées pour les chevaux servirent alors à défendre l'accès des coul isses. Le fildefériste de tout à l'heure, deux trapézistes qu'on n'avait pas encore vus et plusieurs autres pensionnaires du cirque cherchèrent à faire entendre la voix de la sagesse.
— Soyez gentils...
— Retirez-vous...
— Puisqu'on vous dit qu'on ne peut pas continuer...
— Vous reviendrez un autre soir...
Rouque, lui aussi, piétinait la sciure de la piste. Et lui aussi était bien intrigué.
Mais n'avait-il pas le droit, le devoir même d'être renseigné ? Il arriva aux barrières. Il se heurta à une sorte d'hercule qui s e drapait dans un peignoir rouge.
— Police ! annonça-t-il en soulevant le revers de s on veston.
— Police ? répéta l'athlète. Ça tombe bien...
Si Monastier, propriétaire et directeur du cirque q ui portait son nom, n'avait pas répondu à l'attente du public... si, de ce fait , la représentation n'avait pas pu se poursuivre... si un vent de panique avait souffl é sur le personnel et les artistes... il y avait à tout cela une raison majeu re.
Rouque, très entouré depuis qu'on savait qui il éta it, écoutait maintenant le rapport qu'ils étaient plusieurs à lui faire. Les v oix se chevauchaient les unes les autres. Elles avaient le ton de la stupeur, de l'effroi.
— C'est Punchillo qui a découvert la chose...
— Punchillo sert de régisseur. Il allait pour avertir le patron que son tour était venu.
— Punchillo a trouvé Monastier sur le tapis de sa roulotte.
— Nageant dans son sang...
— Assassiné, c'est sûr !
— Jamais personne n'aurait pu prévoir ça...
— On a envoyé quelqu'un au commissariat, pour préve nir...
— Sarah a bien essayé de faire revenir le patron à lui...
— On est allé chercher un docteur, aussi...
Ils parlaient tous à la fois, à présent, en proie à une exaltation que Rouque se refusait à partager. Il en avait vu bien d'autre s ! Il était cuirassé.
Il porta la main à ses oreilles, indiquant qu'on le s lui cassait. Puis, avec un geste tranchant.
— Montrez-moi ça.
M. Loyal se fit le guide du policier. Celui-ci trav ersa les dépendances du cirque et arriva dans une sorte de campement que de s toiles de deux ou trois mètres de haut, soutenues par des piquets, protégea ient contre les curiosités extérieures.
Ici, c'étaient les écuries. Là, se trouvaient le ma tériel, des bouts de décor, des agrès. Plus loin, les roulottes étaient parquée s. Rouque en dénombra huit, sans compter les autres véhicules. Toutes offraient de visibles états d'ancienneté. Mais la plus grande, vernissée à neuf , avait encore belle allure. Elle était éclairée à l'intérieur. Il y avait foule près des quelques marches de bois qui permettaient d'y accéder.
— C'est là ? devina l'inspecteur.
— Oui ! dit M. Loyal.
— Mais... qu'est-ce qu'on entend ?
D'une autre roulotte, voisine de celle de Monastier et peinte en vert d'eau, partaient des cris aigus.
M. Loyal indiqua en soupirant :
— C'est Lola. Quand elle a appris le meurtre, elle a piqué une crise de nerfs.
— Qui est Lola ?
— Notre écuyère. C'est dans la deuxième partie du n uméro du patron qu'elle devait apparaître. Ils travaillaient toujours ensem ble.
— Faites-la taire. Elle nous assourdit. Et puis, ça n'avance à rien...
Tandis que l'homme en habit bleu se dirigeait vers la roulotte d'où montaient
les cris, Rouque s'avisa de la présence d'un canich e blanc, attaché à un tonneau renversé qui lui servait de niche. Le chien , tirant sur sa laisse, vint le flairer.
— Gentil, ce toutou...
M. Loyal, qui revenait, expliqua :
— C'est Zouzou, le chien de Popaul, notre pitre. Un chien savant. Si la représentation avait continué, vous les auriez vus tous les deux à l'œuvre.
— Oui, mais la représentation n'a pas continué...
L'inspecteur prononçait ces mois sur un ton parfait ement indifférent, comme pour dire quelque chose. Mais il n'en prêtait pas m oins un intérêt particulier au caniche. On eût vraiment juré qu'il venait de faire une découverte d'importance. Il en oubliait d'aller plus loin.
Il se décida enfin et, bousculant tout le monde, pé nétra dans la roulotte du crime.
Tout était resté en l'état, depuis l'instant où le clown Punchillo, venu pour chercher son patron, avait trouvé celui-ci étendu s ur le sol, immobile et les bras en croix, poignardé...
Il y...
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