Aveux spontanés
39 pages
Français

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Description

Un vieux monsieur est retrouvé pendu dans la chambre d’un hôtel borgne louée par une jeune femme sous un faux nom.


Les enquêteurs n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent si ce n’est le témoignage de la personne qui logeait dans la pièce voisine et qui a surpris des bribes de conversations anodines...


La police piétinant, l’inspecteur Paul BARRE est appelé à la rescousse et va rapidement organiser une série de perquisitions dans l’espoir de trouver... un livre !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070032664
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVEUX SPONTANÉS

Par
Michel CORY
CHAPITRE PREMIER
L'ASSASSINAT DE M. DORÉ
 
— Chez mademoiselle Nora, je vous prie ?
Le patron de l'hôtel ouvrit la porte du bureau, du côté de la cuisine et demanda :
— Fanny, la chambre de mademoiselle Nora ?
— Nora ? La locataire de ce matin ? C'est au second, le 13.
— Au second, le 13, répéta le patron.
M. Doré fit un signe de tête qui voulait être un remerciement et monta l'escalier dont la rampe s'enfonçait dans le noir. M. Doré portait, à l'ancienne mode, une barbe blanche qui apparaissait vénérable. Il était vêtu avec recherche, témoignant d'une élégance un peu désuète avec ses guêtres claires, son paletot noir et son pantalon à rayures. Il tenait à la main un petit paquet ficelé qui venait tout droit de chez le confiseur et serrait contre lui une bouteille enveloppée dans du papier et dont émergeait le goulot argenté. Une bouteille de champagne. Ainsi, M. Doré représentait exactement ce type, alors déjà périmé, de ce qu'on appelle encore le « vieux beau ». On devinait facilement que ce vieillard d'aspect si digne allait passer quelques instants dans l'intimité d'une femme qu'on pouvait juger d'abord et de mœurs faciles.
Arrivé au second étage, il s'arrêta un instant sur le palier pour souffler et frappa légèrement à la porte.
— Entrez, fit une voix musicale.
M. Doré entra, sourit et déposa sur la table son champagne et ses gâteaux.
— C'est gentil d'avoir pensé que je suis gourmande.
— Bonjour, chère petite amie, fit M. Doré.
Et il commença tout de suite à lutiner la femme.
Celle-ci était en toilette d'intérieur, avec son peignoir pourpre dont une cordelière de soie nouait la ceinture, une ceinture lâche qui, pour se dénouer, ne réclamait point un rude effort.
— Je vais préparer le petit goûter, fit la femme.
— Nous allons commencer par-là, ma toute belle, répondit M. Doré.
Il ferma la porte de la chambre qu'en entrant il avait laissée ouverte. Et, du palier ou de l'escalier on ne pouvait plus rien entendre de la conversation, dont on devinait facilement la suite et la terminaison.
 
* * *
 
Le lendemain matin, M. Doré était trouvé assassiné.
Plus personne dans la chambre, que lui. Lui seul. M. Doré était pendu. Il se balançait au bout d'une cordelette de soie attachée à une corde solide qui passait par une poulie fixée au plafond. L'autre bout de cette corde était attaché à l'espagnolette de la fenêtre, derrière les doubles rideaux.
C'était Adrienne, la femme de chambre, qui avait découvert le cadavre. Il était onze heures. Elle avait frappé à la porte, pour aller faire le ménage sommaire qui est d'usage dans les locaux meublés. Personne n'avait répondu à son appel. Alors, elle avait ouvert avec son passe-partout.
Tout d'abord, elle ne vit rien. Les volets étaient restés fermés et une ombre confuse baignait la pièce. Puis, son regard s'habituant à l'obscurité, elle avait distingué le corps suspendu dans le vide. Tremblante de peur et sans observer plus avant, elle avait dégringolé l'escalier en criant au secours.
Les locataires sortaient de leurs chambres à son appel. Le patron apparaissait en bras de chemise et M me  Fanny en petit corsage du matin.
— Qu'est-ce que c'est ?
— C'est le monsieur d'hier, chez madame Nora.
— Eh bien ?
— Il est pendu. Il se balance en l'air...
— N... de D... ! fit le patron.
Déjà il y avait des locataires dans la chambre. Ils s'apprêtaient à dépendre M. Doré.
— N'y touchez pas !... Ne touchez à rien. Il faut attendre la police.
— Des fois qu'il ne serait pas mort, dit un homme.
— Ça ne fait rien. Il faut attendre tout de même, pour les constatations, fit le patron qui avait toujours très peur de la police. Fanny ! va prévenir au commissariat !... Ah, ben ! en voilà une histoire. Est-ce qu'elle a bien fait sa fiche ?
— Qui ?
— Eh ! parbleu... la fille, celle qui a fait un coup pareil.
— Je crois... oui... dit la patronne en regardant dans le registre où elle trouva une fiche qu'elle se mit tout de suite à recopier.
Son mari lisait derrière son épaule :
— Nora... Nora Mathieu...
— Ça n'est peut-être pas son nom.
— Tu penses ! Venant de... Ah ! elle n'a pas répondu à cette question-là. Nous voilà frais ! Tu aurais dû faire attention.
— Est-ce que je pouvais penser ?... Une femme qui avait l'air bien. Elle avait des bas de nylon, un chapeau avec une vraie aigrette. Elle a donné le pourboire tout de suite à Adrienne.
— C'est bon ! File... On verra ça plus tard.
Un quart d'heure après, le commissaire était là avec son secrétaire et deux inspecteurs.
— Personne ici ! Faites-moi sortir tout ce monde-là. C'est vous le patron ? Arrivez.
Et, regardant le pendu :
— Ah ! sacrebleu ! Mais je le connais, ce bonhomme-là. Ça devait lui arriver un jour ou l'autre... Tout de même, c'est une drôle de mécanique.
Un inspecteur avait ouvert les volets jusque-là demeurés clos. Le commissaire examinait la cordelette, la poulie. Et la victime, la face violette au bout du nœud coulant.
Maintenant, c'était le service d'identification de la Préfecture. Un agent traînait un gros appareil photographique...

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