Dans le Dédale des Dholes
264 pages
Français

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Description

Après une adolescence chaotique passée dans les quartiers Nord de Marseille, Farid Benkardis va croiser la route du commissaire Kovalski. L’ancien petit délinquant, au contact de celui qui va devenir son mentor, se trouve même une vocation tardive d’officier de police judiciaire. Ensemble, ils vont mener une série d’enquêtes à la recherche des « sans-visage », qui s’adonnent dans la région de l’Estaque à des actes de barbarie allant crescendo dans l’horreur. Un dénominateur commun semble unir dans la mort les différentes victimes. Il s’agit d’un homme d’une quarantaine d’années, au passé énigmatique et aux agissements troublants à défaut d’être suspects.

Informations

Publié par
Date de parution 31 octobre 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312017877
Langue Français

Extrait

Dans le Dédale des Dholes
Didier Jean - Jean
Dans le Dédale des Dholes
LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
À paraître :
Le Parfum du caméléon.
Merci à Christine pour la couverture du livre.
Ainsi qu’à Françoise, Hélène et Agnès pour leur aide précieuse.
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01787-7
À mon petit frère Bertrand ,
disparu trop tôt et qui me manque tant...
I. SANS ROUND D’OBSERVATION
« Un péché réussi est préférable à une bonne action ratée ».
Frédéric Dard
Prologue
– Eh ! Farid, bouge ton cul ! Ça barde du côté de l’Estaque.
À défaut du vin bordelais, Baron s’il vous plaît, nous nous contenterons de ce quartier de Marseille dans le 16 ᵉ arrondissement, à l’appellation homonymique non contrôlée, qui va être le théâtre de manifestations on ne peut plus violentes. D’ordinaire, comme à Paris, le 16 ᵉ , c’est plutôt peinard question délinquance mais là, il convient de bien prendre conscience que nous ne tournons pas un pilote de la série Plus belle la vie , ni des scènes de Marius et Jeannette .
Le jeune homme assis devant un petit écran de télévision se lève nonchalamment, agacé d’être ainsi dérangé pendant son captivant match de foot.
– Il y a un partout entre l’OM et le PSG, vous faites vraiment chier, les gars.
– Laisse tomber avec tes branquignols qui courent en short après un ballon et viens donc nous rejoindre dans la bagnole !
– C’est vrai que vous préférez un petit ballon de rouge plutôt que faire du sport, même en regardant la télé. Chacun prend son pied comme il l’entend.
Lui qui pensait être un peu tranquille en cette fin de journée et terminer son service en roue libre, il doit se rendre à l’évidence. C’est à contrecœur qu’il enfile sa veste en cuir et quitte son bureau, non sans avoir jeté un dernier regard en direction du poste éteint.
– J’espère juste que Gignac est en forme !
À moins de cinq kilomètres du commissariat, la situation est explosive, et les forces de l’ordre ne vont pas tarder à en avoir la preuve par l’image. Tout semble parti d’un feu de poubelles puis s’est propagé comme une traînée de poudre. Les pompiers, arrivés les premiers en pareil cas, ont essuyé des jets de pierre et ne pouvant exercer leur métier dans des conditions de sécurité minimales, c’est nous qui avons pris le relais. Deux hommes à l’avant du véhicule de police échangent ces quelques mots, alors qu’une ombre reste immobile à l’arrière :
– Dis, tu peux m’expliquer ce qu’ils bricolent !
– Je n’y comprends rien, ils ne font même pas attention à nos sirènes de police.
D’ordinaire, la seule présence de la police suffit à provoquer chez eux une réaction d’agressivité, d’abord verbale, puis les choses peuvent dégénérer en caillassage sporadique, quand ce ne sont pas les frigos qui planent, jetés depuis le haut des blocs. La vue de l’uniforme, représentant de l’autorité de l’État, n’a aucun effet sur les émeutiers. Jusqu’ici silencieux, notre supporter de football, bien que frustré dans sa passion, sort enfin de son mutisme :
– Ils sont en train de foutre le oaï dans le quartier ! J’ai bien peur qu’il ne s’agisse d’un règlement de comptes entre bandes rivales. Nous ne les intéressons pas... pour cette fois, en tout cas !
L’œil averti du jeune OPJ (en langage non codé : officier de police judiciaire) a peut-être fait mouche. Il faut dire que Farid Benkardis connaît bien cette cité : il y est né, a usé ses jeans sur les marches de la cage d’escalier du bâtiment B, tour lugubre où les jeunes refaisaient le monde, crachaient leur haine de la société, laissant derrière eux leur blaze { 1 } sous forme de tags aux contours hiéroglyphiques et pour certains pratiquaient le commerce dit souterrain . Dans ce microcosme parallèle, on a entassé une population bigarrée, issue de l’immigration, et laissée en proie à ses propres doutes, mais surtout à quelques caïds influents car redoutés. Ici, l’ascenseur social est resté bloqué entre deux étages.
– Envoyez-nous une division en soutien ! On ne va pas tenir longtemps au milieu de ce chaos. Ils ont dressé des barrages sur la route avec des voitures calcinées, empêchant toute circulation.
– No stress , les gars, il faut juste attendre que la pression retombe.
– T’es marrant, Farid, si je n’avais pas les lèvres gercées, j’en sourirais presque, pauvre type !
Faisant tourner calmement un stylo quatre couleurs entre son majeur et son annulaire, il passe du bleu au noir tandis que ses comparses flippent à l’avant comme deux pucelles effarouchées. Dans son rétroviseur, agacé par ce petit manège, celui situé côté passager se retourne vers lui et le foudroie du regard. Notre ami, droit dans ses bottes, est prêt à entendre le flot de merde verbale qui sort fréquemment de sa bouche en pareille occasion. Mais tout s’accélère et l’autre abruti n’a pas l’opportunité de se servir de lui comme d’un vulgaire réceptacle à mauvaise humeur.
En effet, à grand renfort de C.R.S. et de grenades lacrymogènes, la situation finit par être sous contrôle. Il faut bien reconnaître qu’une simple petite descente de la BAC D 13 face à un tel déferlement de violence semble dérisoire, voire suicidaire. Une dizaine d’interpellations, des policiers restés en faction, mais la rapidité de la propagation et l’embrasement de cette guérilla urbaine ne sont pas sans évoquer, à un degré moindre, les émeutes de 2005 à Clichy-sous-Bois.
De retour au bercail, les discussions sont agitées autour des vestiaires : deux hommes semblent une fois encore se donner en spectacle devant les autres qui font partie de la minorité silencieuse, si elle n’est pas hypocrite, en l’occurrence.
– C’est dingue ! On se croirait dans le 93, il y a vraiment quelque chose de pourri chez ces jeunes désœuvrés. Mon père, il m’aurait mis une branlée si j’avais fait le quart de ce que font ces sauvages.
– Arrête, Marcel, ou tu vas prendre ma main dans ta gueule à parler comme ça ! Tu as une grande bouche pour un fantoche !
Ce n’est pas la première fois que ces deux-là se rentrent dedans. Le fameux Marcel, la cinquantaine passée, attend la retraite avec fébrilité. Il n’en a pas grand-chose à faire du « travailler plus pour gagner plus » du père Sarko. Pourtant, par son comportement, il ressemble bien au flic type Robocop à qui l’on ne devrait peut-être pas confier une arme à feu, si vous voyez ce que je veux dire. Petit, râblé, ce saucisson sur pattes que l’on appelle communément un teckel aboie plus qu’il ne parle.
– Tu les défends toujours, et moi je passe à chaque fois pour le facho de service, insiste-t-il.
– Là, tu as tout faux, pauvre type ! Je suis un condé maintenant, un hnouch , un « serpent » comme on dit en arabe. Un schmitt , un keuf , un flic si tu préfères. C’est un peu comme si tu me traitais de sale bicot, tu comprends ? Pour beaucoup, je suis passé à l’ennemi, j’ai renié mes racines.
Rapidement, le ton monte entre les deux hommes n’ayant visiblement pas la même conception de leur travail de fonctionnaire de police. À travers la cloison épaisse comme du papier à cigarette, il y en a un qui assiste dans un premier temps à leur petit manège. Prenant une grande respiration, il se décide enfin à sortir de son silence.
Il s’agit du commissaire divisionnaire. Il referme d’un geste sec la porte de son bureau derrière lui. Apparaît un homme à la surcharge pondérale évidente, au visage rouge et au front perlé de gouttes de sueur.
– Ce n’est pas un peu fini, ce vacarme ! On vous entend tous les deux à l’autre bout du couloir. Au lieu de vous donner en spectacle devant tout le monde, mettez-vous au boulot. Je viens d’avoir un proche collaborateur du ministre de l’Intérieur. Au moment où les chiffres de la délinquance viennent d’être communiqués à la presse, j’aime autant vous dire que ce qui s’est passé cette nuit tombe plutôt mal. Je veux que tous les effectifs se mobilisent pour trouver une explication à ce merdier.
En effet, le taux des délits a grimpé de plus de 30 % en quatre ans, ce qui est énorme pour le coup. Farid n’avait encore jamais vu son ch

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