Emma Morison au Japon
149 pages
Français

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Description

A l’hôtel Beau-Rivage à Lausanne alors qu’Emma Morison assiste à un colloque mondial de psychiatres, elle rencontre son ami, Maki Yamoto. Lors de la première conférence, Maki Yamoto quitte précipitamment la salle. Un message l’avertit que sa jeune sœur vient de mourir. Convaincu que cette mort tragique a un lien avec Kazo Tojo, son mari et adepte d’une secte éco-terroriste, Maki Yamoto demande à Emma Morison de se rendre avec lui au Japon pour mener l’enquête. Lors des investigations que mène Emma Morison, elle découvre un Japon mystérieux où la tradition règne. Impénétrable comme les forêts du Pays du Soleil levant, le visage des nippons reste une énigme pour chaque étranger. Tenace, Emma Morison ne se laisse pas démonter par le caractère ambigu de ce peuple et elle persévérera pour découvrir la vérité. Qui a tué la jeune sœur de son ami ? Que s’est-il passé dans le Ryokan, hôtel traditionnel où les adeptes habitent ?

Informations

Publié par
Date de parution 16 juillet 2015
Nombre de lectures 6
EAN13 9782312030692
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Emma Morison au Japon
Noëlle Ribordy
Emma Morison au Japon














LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Mes remerciements à ma fille Eléonore,
ma première lectrice et conseillère.

















© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03069-2
Il était cinq heures. Lausanne s’éveillait et puisqu’il était question de la Suisse, personne ne s’interrogeait sur un lever aussi matinal. Entre montagnes et lac s’étendait la ville du siège olympique. Depuis l’hôtel Beau-Rivage, Emma Morison contemplait le mouvement des vagues du lac Léman.
Pour aborder cette journée de colloques, de conférences, rien de tel qu’une marche sur les berges, pensa Emma. Aussitôt dit, aussitôt fait, elle enfila un ensemble de sport, attacha ses cheveux et saisit une pomme parmi les fruits de la corbeille offerts gracieusement par l’établissement.
Pour avoir répété à ses patients l’importance de l’alimentation et de l’exercice pour la santé physique et morale et vivre dans les meilleures conditions, Emma Morison ne pouvait déroger à cette discipline.
A petites foulées, sans bruit elle traversa les longs couloirs feutrés. Elle ne s’attarda pas sur les hauts plafonds décorés dignes du palais de l’Elysée à Paris. Arrivée, hier au soir, à l’heure où l’on s’apprête à dormir, Emma Morison ne vit que le bel hôtel illuminé situé dans un parc de verdure. Elle ne distingua que les contours fantomatiques du paysage, mais elle entendit le clapotis des vagues, signifiant un plan d’eau situé à proximité de l’établissement.
L’aube révéla à Emma Morison la beauté des lieux. Elle sourit en se rappelant les derniers mots de son compagnon, Harold, avant son départ :
– Ah, tu te rends en Suisse, ce pays qui ressemble plus à un parc naturel qu’à une nation. C’est un espace idyllique, selon les dires unanimes des visiteurs, mais ce paradis est trop petit, trop paisible. Il en devient soporifique !
C’était en effet la deuxième fois qu’Emma Morison foulait le sol helvétique. La première fois, elle avait dû résoudre une affaire mystérieuse dans les Alpes valaisannes : disparitions à La Fouly, mais aujourd’hui, c’était pour la réunion des psychiatres du monde entier. Les traumatismes engendrés par des drames comme le terrorisme, la prise d’otages, les sectes ou les catastrophes naturelles seront à l’ordre du jour.
Le chemin longeait le lac et, à cette heure matinale, Emma était seule sur le sentier où résonnaient encore les pas de ceux qui l’avaient emprunté. L’air frais du lac, la pureté et la transparence de ses eaux étaient une invitation à la marche solitaire et à la méditation. Les hauts sommets étaient à peine visibles dans l’horizon noyé par les brumes printanières.
Emma Morison marchait d’un pas vif et régulier. Son regard fut attiré par les couleurs saisissantes du paysage. Les forêts avoisinantes arrosées par les ruisseaux, les rivières, les torrents qui descendaient des montagnes surprenaient plus d’un par la variation de leurs teintes d’un vert clair et d’un vert profond.
Mais sa pensée se dirigea vers son ami Harold. Un léger sourire se dessina sur son visage lorsqu’elle songea à sa relation. On aurait dit que ses sentiments se manifestaient au gré du vent. Cette période était l’une des plus enivrantes.
Souvent des personnes de son entourage ou étrangères lui posaient des questions indiscrètes sur sa vie amoureuse, sur sa libido et sa façon de grimper aux rideaux. Elle n’éprouvait pas le besoin de raconter ses ébats sexuels et se taisait aux interrogations du genre :
– En tant que psychiatre, vous êtes au courant de beaucoup de choses, et en tant que thérapeute, vous recevez des confidences. Alors qui d’autre que vous pourrait nous donner des pistes pour titiller notre sexualité ?
Pour faire taire les importuns et couper court à leur insistance, Emma Morison avançait le secret professionnel. N’était-ce pas hasardeux de donner des réponses immédiates aux problèmes récurrents qu’enduraient les patients ? Et ce n’était pas lors d’une discussion de salon que des sujets aussi importants pouvaient être abordés.
Dans le domaine sexuel, nombre de psychiatres, et non des moindres, se sont penchés sur cette discipline, l’une des plus difficiles à saisir. Même les plus grands comme Freud ont consacré leur vie à comprendre les mécanismes de la sexualité, avec le risque de se tromper dans leur jugement vu sa complexité.
Pourtant ces curieux ne lâchaient pas prise, car ce qui les excitait dans leur démarche était de savoir si Emma Morison utilisait pour ses pratiques sexuelles tous les fantasmes de ses patients. La question n’était pas anodine pour des gens qui s’intéressaient beaucoup aux détails de la vie privée des autres.
Emma Morison laissait planer le mystère. Elle n’était pas femme à dévoiler ses moments d’intimité. Elle aurait pu en dire davantage, mais elle se gardait de fournir des détails à ces interlocuteurs friands d’histoires coquines.
Par contre, avec ses copines, elle assistait et participait à la débauche verbale et festive au caractère sexuel explicite. Autour d’un verre de vin, attablées à leur bar favori à Olympia, après une journée de travail intense, elles parlaient dans la frivolité la plus totale de ces amusements sexuels. Libres, désinhibées, dans leur langage de Madame sans-gêne ou de femme snobinarde, selon l’humeur du moment, elles laissaient place à l’inventivité jouissive. Si quelques oreilles avaient traîné, elles auraient rosi de gêne devant tant d’audace.
Ce soir-là, Angela, avocate à la cour, amie de longue date d’Emma Morison se lança dans un plaidoyer pour la masturbation féminine.
– Ce clitoris si longtemps ignoré, si habilement méprisé par le machisme ambiant, vous procure un plaisir intense. Alors, mesdames, mesdemoiselles, utilisez-le avec ou sans partenaire, abusez de ce petit truc, il vous donnera extase et jouissance. On l’appelle le bouton du plaisir, ce capteur de volupté vous invite à la fête des sens.
Les gens la regardaient avec insistance. Était-ce son discours provocateur ou sa longue chevelure rousse qui semblait les fasciner ?
– Un cran plus bas, dit Kathy, la benjamine aux joyeuses luronnes. Tout le monde nous regarde.
Les quatre amies ne passaient pas inaperçues. Kathy, avec son côté gracile et sa coupe de cheveux à la garçonne réveillait un désir subit chez les hommes. Elle maîtrisait parfaitement les mouvements de son corps. La danse qu’elle effectuait dans un bar sélect de la région, danse lascive et suggestive, n’était pas étrangère à sa posture. Elle n’en avait cure des personnes qui la condamnaient et qui ironisaient sur ce qu’elle entreprenait, elle avait choisi cette voie pour payer ses études de droit, en tout état de cause.
Quant à Jessica, chirurgienne à l’hôpital régional, elle baissa le ton et prit la parole :
– Je vais vous parler d’orgasme. J’ai assisté plusieurs fois à l’extase nocturne de mes patientes. Elles jouissent dans leur sommeil. Cela a un nom, Emma ?
– Oui, bien sûr l’orgasme du sommeil, répondit Emma.
– Ce n’est pas une maladie, demanda Kathy ?
– C’est ce que certains psychiatres laissent entendre, répondit Jessica, moi je suis chirurgienne, donc ce n’est pas mon domaine.
Jessica poursuivit son histoire avec un plaisir évident :
– J’ai reçu les confidences de certaines de mes patientes. Surprises par ce phénomène inexpliqué, elles hésitent à en parler. Puis, mises en confiance, elles me racontent qu’elles ont des orgasmes très intenses lorsqu’elles dorment et même au réveil. Nous sommes très étonnées devant cette bizarrerie de la nature, continua-t-elle, mais d’un commun accord, nous avons décidé qu’il s’agit-là d’un orgasme du « ciel » et qu’il est inutile de chercher midi à quatorze heures… termina-t-elle avec malice.
Puis Jessica se tourna vers Emma Morison :
– J’aimerais, toutefois, l’avis d’une professionnelle. Doit-on considérer cette extase involontaire comme un traumatisme ?
Emma Morison donna son avis à brûle-pourpoint :
– Je n’ai pas encore été confrontée à ce phénomène ?
Les copines s’exclamèrent, en chœur :
– Ah bon !
Elle ignora l’allusion et poursuivit :
– Dans mon cabinet, je n’ai pas encore traité des patientes qui présentaient ce type d’orgasme. Mais personnellement, je distinguerais ces cas en trois catégories. Lors de nos études dans les manuels, nous apprenons que « l’extase involontaire dans le sommeil viendrait de l’inconscient qui s’exprime. La personne est détendue et donc libérée de tous

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