L Ami commun - Tome II
372 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Ami commun - Tome II , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
372 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le corps d'un homme est retrouvé dans la Tamise. Aprés identification, il s'agit de John Harmon, de retour à Londres pour recevoir son héritage. Le pére de John avait ajouté une clause particulière à son testament: Il ne pourrait recevoir l'héritage qu'à la condition d'épouser la jolie Bella Wilfer, dont il ignorait tout. Dans la cas contraire, la fortune du vieil Harmon irait à son ancien bras droit, Nicodéme Boffin.
Ce roman, dans lequel on sent l'influence de Wilkie Collins, est le dernier terminé par Charles Dickens.

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 270
EAN13 9782820602763
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Ami commun - Tome II
Charles Dickens
Collection « Les classiques YouScribe »
Faitescomme Charles Dickens, publiez vos textes sur YouScribe
YouScribevous permet de publier vos écrits pour les partager et les vendre. C’est simple et gratuit.
Suivez-noussur :

ISBN 978-2-8206-0276-3
DEUXIÈME PARTIE – GENS DE MÊME FARINE – (Suite)
XIV – DE FERME PROPOS
Le travail que Rokesmith avait fait toute la nuit n’était pas de nature à lui procurer un sommeil paisible. Il dormit cependant un peu vers le matin, et se leva plus affermi que jamais dans sa résolution. C’était bien décidé : le repos de mister et de missis Boffin ne serait troublé par aucun revenant. Muet et invisible, le spectre de John Harmon veillerait quelque temps encore sur la fortune qu’il avait abandonnée, puis il quitterait ces lieux où l’on menait une existence à laquelle il ne pouvait prendre part.
Le secrétaire repassa dans son esprit tout ce qu’il s’était dit la veille. Ainsi qu’il arrive à bien des gens, il en était venu là sans s’apercevoir des forces accumulées de tous les incidents qu’avaient fait naître les circonstances. Lorsque dominé par la crainte qu’il devait au souvenir de ses premières années, lorsque effrayé du mal dont la fortune de son père avait toujours été la cause ou le prétexte, il avait conçu l’idée de sa première supercherie, ses intentions étaient pures. Le fait en lui-même paraissait innocent : cela durerait à peine quelques jours, peut-être quelques heures. La seule personne qui s’y trouvât mêlée était la jeune fille que lui imposait un caprice ; il n’avait à l’égard de miss Wilfer que les projets les plus honnêtes. S’il avait vu, par exemple, qu’elle en aimait un autre, que la pensée de ce mariage la rendait malheureuse, il se serait dit : n’employons pas cette fortune maudite à créer de nouvelles misères, et laissons-la aux seuls amis que nous ayons eus, ma sœur et moi, quand nous étions enfants.
Lorsque plus tard, par suite du piége où il était tombé, il vit sa mort affichée sur tous les murs, il accepta vaguement le concours que les circonstances apportaient à ses projets, sans voir qu’il consacrait ainsi le passage de sa fortune entre les mains de mister Boffin. Quand il eut retrouvé ses anciens amis plus fidèles, plus dévoués que jamais ; quand, du poste de confiance qu’il occupait auprès d’eux, il put apprécier leur âme généreuse et ne leur découvrit pas de défauts, il se demanda s’il devait les dépouiller d’un argent dont ils faisaient si bon usage, et ne vit aucune raison de leur infliger cette épreuve.
Il avait entendu dire à miss Wilfer elle-même, le soir où il était venu arrêter son logement, que ce mariage n’aurait été pour elle qu’une affaire d’intérêt. Après un an de relations quotidiennes, il avait essayé de lui ouvrir son cœur ; et non-seulement elle avait rejeté ses avances, mais elle s’en était offensée.
Lui convenait-il d’avoir assez peu de fierté pour acheter celle qu’il aimait, ou d’être assez lâche pour la punir de ce qu’elle ne l’aimait pas ? Et cependant s’il se faisait connaître il ne pouvait recouvrer son héritage qu’en ayant cette honte, ou y renoncer qu’en commettant cette bassesse.
Une autre chose qu’il n’avait pas prévue, c’était l’implication d’un innocent dans le meurtre dont on le croyait victime. Il forcerait l’accusateur à se rétracter, il réparerait autant que possible le tort qu’il avait causé par son silence ; mais évidemment ce tort n’aurait pas eu lieu sans la supercherie à laquelle il avait donné suite. Quel que fût donc le chagrin ou la perte qui dût en résulter pour lui, le secrétaire l’acceptait comme conséquence de la situation qu’il s’était faite, et croyait devoir le supporter sans se plaindre. Ce fut ainsi que le matin John Harmon fut enterré plus profondément encore qu’il ne l’avait été pendant la nuit.
Sorti plus tôt qu’à l’ordinaire, Rokesmith rencontra Rumty sur le seuil de la porte. Comme ils allaient d’abord dans la même direction, ils firent route ensemble pendent quelques instants. Impossible de ne pas remarquer le changement survenu dans le costume du Chérubin ; celui-ci en avait conscience, et répondant à l’observation dont il se sentait l’objet, il dit avec modestie : « Un présent de ma fille, mister Rokesmith. »
Le secrétaire, en entendant ces paroles, eut un mouvement de joie ; il se rappelait les cinquante livres, et il aimait toujours Bella ; c’était une faiblesse, une très-grande faiblesse, diront certaines autorités ; mais enfin il l’aimait.
« Avez-vous jamais lu quelque relation de voyage ? continua Rumty.
– Plusieurs, répondit le secrétaire.
– Vous savez qu’il y a toujours un roi quelconque du nom de George, de Sambo, de Kum ou de Junk, suivant le caprice des matelots qui le baptisent.
– Où cela ? demanda Rokesmith.
– N’importe où ; en Afrique ou ailleurs, car les rois à peau noire sont très-communs, et fort sales ; du moins je le présume, ajouta Rumty d’un air apologétique.
– Moi aussi, répliqua le secrétaire. Vous vouliez dire à ce sujet… ?
– Je voulais dire qu’en général ce roi a pour unique vêtement soit un chapeau venu de Londres, soit des bretelles de Manchester, une épaulette, un habit d’uniforme dont les manches lui servent de pantalon, ou quelque chose d’approchant.
– Oui, dit Rokesmith.
– Eh bien ! monsieur, poursuivit le Chérubin (ceci est une confidence), je vous assure qu’à l’époque où j’avais chez moi un grand nombre d’enfants qu’il me fallait pourvoir je pensais énormément à ce roi quelconque. Vous n’avez pas d’idée, vous qui êtes célibataire, de la difficulté que j’avais alors à posséder à la fois deux articles de toilette qui fussent en bon état.
– Je le crois, monsieur.
– Je n’en parle que pour montrer ce qu’il y a de délicat et d’affectueux dans cette attention de ma fille, reprit l’excellent homme, chez qui la joie débordait. Quand sa nouvelle existence l’aurait un peu gâtée, je n’en aurais pas été surpris ; mais non ; pas le moins du monde. Et elle est si jolie ! vous le trouvez comme moi, n’est-ce pas ?
– Assurément ; tout le monde est de votre avis.
– Je l’espère, continua le Chérubin ; je dirai même que je n’en doute pas. C’est pour elle un grand avantage ; cela lui permet de compter sur un bel avenir.
– Miss Wilfer a trouvé d’excellents amis dans mister et missis Boffin, dit Rokesmith ; elle ne peut pas en avoir de meilleurs.
– Impossible, répondit le Chérubin ; je commence à croire que les choses ont bien tourné. Si John Harmon avait vécu…
– Il vaut mieux qu’il soit mort, interrompit Rokesmith.
– Non, répliqua Rumty, qui n’approuvait pas le ton décisif et impitoyable de cette réponse ; non, je ne vais pas jusque-là ; mais il aurait pu déplaire à ma fille, qui ne lui aurait peut-être pas convenu ; vous savez, il y a de ces choses… Tandis que maintenant elle pourra choisir.
– La confiance que vous me témoignez en me parlant de cela, me fait espérer, monsieur, que vous excuserez cette question : n’aurait-elle pas déjà fait son choix ? balbutia le secrétaire.
– Oh ! ciel non ! répondit le Chérubin.
– Les jeunes filles, insinua Rokesmith, choisissent quelquefois sans le confier à leurs pères.
– C’est possible, monsieur mais moi j’ai toute la confiance de ma fille ; il existe même entre nous un pacte en vertu duquel je reçois ses confidences. La ratification de ce traité date précisément du même jour que tout cela, dit le Chérubin en tirant les pans de son habit, et en fourrant ses mains dans les poches de son pantalon. Vous pouvez en être sûr, poursuivit-il, elle n’a encore choisi personne. Il est certain qu’à l’époque où mister John Harmon…
– Plût au ciel qu’il n’eût jamais vécu ! » dit Rokesmith d’un air sombre.
Rumty le regarda avec surprise, ne s’expliquant pas cette animosité à l’égard du défunt. « À l’époque où ce malheureux jeune homme apprit la mort de son père, continua Rumty, il est certain que George Sampson faisait la cour à Bella, et qu’elle n’y mettait point d’obstacle. Mais ce n’était pas sérieu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents