L appétit vient en tranchant suivi de Cuisine à l italienne et Deuxième étage porte gauche
13 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'appétit vient en tranchant suivi de Cuisine à l'italienne et Deuxième étage porte gauche , livre ebook

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13 pages
Français

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Description


Les petits polars : une collection de nouvelles policières pleines de suspense et d'humour noir, à télécharger où et quand vous le souhaitez.
5 à 15 minutes de lecture.


3 nouvelles policières :



L'appétit vient en tranchant

Une auteur en panne sèche doit faire plaisir à son éditeur en réécrivant la fin de son manuscrit.



Cuisine à l'italiennes

La cuisine à l'italienne, ça peut rapporter gros !



Deuxième étage porte à gauche

Dans une immeuble, une journaliste de fait-divers entend des cris d'enfants





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 octobre 2012
Nombre de lectures 44
EAN13 9782823803952
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couverture
Sophie Loubière

L’appétit vient en tranchant
 suivi de
 Cuisine à l’italienne
 et
 Deuxième étage porte gauche

12-21

L’appétit vient en tranchant

Jacques repose le manuscrit sur la table basse du salon.

Il quitte son fauteuil et vient s’asseoir près de Carole, sur le canapé jaune, sans un mot.

Jacques lui prend les mains.

Il soupire.

Ça ne fonctionne pas.

Ce que Carole a écrit ne fonctionne pas.

La lèvre inférieure de la jeune femme disparaît un instant, comme dévorée. Puis un sourire reprend sa place dans son visage trop poudré.

— Tu n’aimes pas ? demande-t-elle.

Jacques se lève puis se dandine entre les meubles du salon, effleurant quelques vieux bibelots du bout des doigts. Si. Il dit qu’il aime beaucoup. Il plonge une main dans la poche intérieure de sa veste pour en sortir un étui en cuir marron. Un épais cigare glisse contre les parois de l’objet. Le roman est cruel. Très cruel. Carole fait toujours cela très bien. Sauf la fin. Ça ne fonctionne pas. Carole a saisi le manuscrit dont l’homme s’est désintéressé. Son regard se perd entre les pages.

— Qu’est-ce qui ne va pas avec la fin ? demande-t-elle.

Une allumette à moitié noircie tombe dans le cendrier de cristal posé sur la table basse du salon. Jacques porte des boutons de manchette en or. Carole ne l’avait jamais remarqué. Il grimace. Il l’accable. On ne comprend pas où elle veut en venir. Et c’est de sa faute. Carole a habitué ses lecteurs à une certaine qualité, son sens particulier de la logique – ce que Jacques nomme sa petite mécanique.

Des volutes de fumée blanche voilent le sourire de l’éditeur. Il ne faudrait pas que Carole déçoive ses lecteurs, n’est-ce pas ?

La jeune femme repose le manuscrit à côté du cendrier. Il est dix-huit heures. La nuit tombe trop vite. Au fond de la pièce, derrières les rideaux épais qui habillent la fenêtre, un petit jardin se dresse dans le crépuscule.

Carole regarde ses bas Lycra : une maille file doucement depuis la cuisse. Elle perçoit le parfum violent du cigare. Une main se pose sur son cou. L’homme caresse doucement la nuque de la femme. Son geste est lent, la respiration molle. Le ton est affectueux. S’il est exigeant, c’est pour son bien. Carole repousse une mèche de cheveux. C’est la cinquième fois que Jacques lui demande de retravailler ce bouquin.

Elle en a marre.

Elle ne veut plus le retoucher.

D’ailleurs, comment le pourrait-elle ? Elle ne voit pas ce qui cloche ; Carole, la fin lui plaît bien ainsi. Jacques est inflexible. Il ne publiera pas ce roman. Carole s’effondre dans le canapé. L’éditeur examine ses doigts. Le plus naturellement du monde, il lui propose de changer d’intrigue. D’écrire autre chose. De jeter aux orties presque deux années de travail. Carole a besoin d’argent. L’à-valoir perçu à la signature de son contrat est dépensé depuis belle lurette. Elle ne supporte plus son ventre mou et son cou relâché. Des opérations coûteuses. Carole voudrait d’autres plantes grimpantes pour agrémenter l’abri de jardin. Alors, ça ne la dérange pas Carole, d’être moins bonne pour une fois, pourvu qu’elle touche son fric rapidement. Elle a vraiment besoin d’une avance. Jacques penche son visage au-dessus de Carole. Il sourit presque.

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