L assassin ne fume que des gauloises
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L'assassin ne fume que des gauloises , livre ebook

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Description

L’inspecteur René Fresnoy se fait inviter au bal donné pour les 20 ans de Christiane Froismont, fille d’un opulent et célèbre banquier d’affaires afin de profiter de la soirée pour subtiliser un magnifique collier qui ornera le cou de la belle et richissime Américaine Edith Sidear.


Mais alors que le cambrioleur est parvenu à substituer une copie au véritable bijou, une nouvelle vient gâcher la fête : M. Froismont est retrouvé assassiné dans le petit pavillon de chasse de la propriété...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9791070031445
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ASSASSIN NE FUME QUE DES GAULOISES

Par
Jean d’AUFFARGIS
CHAPITRE PREMIER
UNE SOIRÉE AU CHÂTEAU DE BLANGY
 
Le docteur Didier était un personnage à l'aspect distingué, à la courte barbe grise. Pour l'instant il relisait avec une attention soutenue les feuilles régionales. Toutes, elles conféraient la vedette aux exploits de la bande des « Dévaliseurs de châteaux ». Châteaux de Thury, de Bretteville, de Couffianges, castel du Bocage, gentilhommière d'Auray... Le docteur n'était à Blangy que depuis trois mois – depuis qu'il avait accepté de faire ce remplacement –, mais il les connaissait à peu près toutes, ces fières demeures normandes cachées au fond de leur parc, ou se mirant dans l'immobilité d'un étang à la surface poudrée de vert. Les armoires, les commodes et les bahuts avaient leurs ferrures soigneusement entretenues à l'huile et au papier de verre ; les fauteuils étaient rustiques, eux aussi, mais leur masse reposait souvent sur de fastueux tapis d'origine orientale. Domaines familiaux et blasonnés, mais aussi parfois de riches industriels, sucriers et fabricants de papier. Dès les premières brumes, les propriétaires, comme des oiseaux migrateurs, regagnaient la capitale, à moins qu'ils ne suivissent le soleil dans sa course jusqu'à la Côte d'Azur. Mais reviennent le mois d'août, le Grand Prix de Deauville, la réouverture des courts de tennis et des salles de jeux et les vieilles demeures historiques retrouvaient une soudaine et joyeuse animation. La proximité de la mer et des plages à la mode permettait de fréquentes échappées vers les plaisirs balnéaires que, de la Vire à la Touques, la baie de la Seine dispense à profusion.
Ces circonstances ne devaient pas être ignorées des cambrioleurs de châteaux. Quelles proies tentantes n'offraient pas, d'octobre à juillet, ces domaines aux volets clos, abandonnés avec leurs richesses à la garde de vieux serviteurs ! À Thury la bande des « Dévaliseurs », comme disait le Courrier Normand, avait porté son choix sur les pièces les plus rarissimes d'une collection de Sèvres et de Bayeux qui faisait l'orgueil des propriétaires. À Couffianges, des toiles de prix avaient été retirées de leurs cadres, roulées dans le velours fané des penderies et emportées, vers quelle mystérieuse destination ? Au castel du Bocage, c'était l'argenterie dont on déplorait la perte. Mais au château de Bretteville, toute une collection de tabatières, estimée près d'un million de francs, avait disparu sans que l'on pût s'expliquer comment, car le château abritait une demi-douzaine de serviteurs mâles dont la vigilance ne s'était jamais relâchée.
Et la presse de s'étendre en détails inutiles et en avertissements combien superflus puisque tout était consommé et que l'enquête menée par la brigade de gendarmerie de Caen et le juge d'instruction Roulert n'avait rien donné. D'une façon générale, c'étaient les châtelains qui, à leur retour, avaient constaté le vol dont ils faisaient tous les frais. D'empreintes, de traces, de pistes, les enquêteurs n'en avaient pas relevées. « Nul doute, concluait un peu comiquement le Courrier Normand, que ces cambriolages, qui doivent s'échelonner sur plusieurs semaines sinon plusieurs mois, ne soient le fait d'une bande organisée particulièrement audacieuse et dirigée par un malfaiteur des plus adroits et, comme le prouve la nature de ses larcins, connaissant la valeur des choses. »
Le docteur Didier repoussa les feuilles sur son bureau et prit entre ses longs doigts maigres le bristol que les châtelains de Blangy lui avaient fait tenir par leur chauffeur :
 
M me  et M. Daniel FROISMONT
Banquier
vous prient d'assister à la soirée qu'ils donneront samedi 17 à l'occasion de leur retour à Blangy.
 
Grosse situation à Paris, ce banquier Froismont. Il avait dû réintégrer son domaine l'avant-veille, car Didier avait remarqué, en longeant le parc dans sa guimbarde, que la grande grille était ouverte. Tiens ! les « Dévaliseurs » l'avaient oublié, celui-là... Ce fait était peut-être dû à ce que les parents de M me  Madeleine Froismont habitaient le château toute l'année ? Cette « soirée », s'il en croyait les racontars des domestiques et des paysans, risquait fort de se prolonger jusqu'à une heure avancée. Didier avait aussi appris que c'était en effet la manière du financier de fêter son retour au pays, une manière de gala annuel, en somme, auquel était convié tout le gratin des environs. Après quoi, et les politesses terminées, Froismont laissait sa femme et sa fille maîtresses de leurs vacances. Lui, passait plus volontiers les siennes au « privé » du Casino de Deauville.
Le docteur jeta un regard à la toute petite pièce qui servait à la fois de cabinet de travail, de studio et de bureau de consultation. Une pièce nette et pleine de livres qui ne traitaient pas tous de la médecine. Dans deux jours, il lui faudrait quitter cela. Au fond, il n'en était pas autrement fâché. Certes, le trimestre avait été bien rempli et la clientèle avait gentiment reporté sur lui la confiance qu'elle attachait au vieux Bestrel, le docteur en place, que son cœur avait contraint à accepter un repos un peu prolongé dans le Limousin, son pays natal. Bestrel lui aussi allait rentrer et Didier, son remplaçant, retournerait à Paris... ou bien ailleurs... Dieu seul le savait.
Didier prêta l'oreille et sourit d'entendre la voix de son ami Fresnoy s'élever dans le fond du jardin. Ah ! ce Fresnoy ! De quelles qualités n'était-il pas comblé ? Mais que lui voulait-il encore, cet inspecteur de la police parisienne que sa passion de la pêche aux anguilles amenait ici chaque fin de semaine ? Didier songea en se levant qu'il devrait aussi téléphoner au château prévenir que son ami l'accompagnerait.
— Ils prendront ça du bon côté, un policier. En ce moment, surtout...
Cette pensée eut le don de le faire grimacer d'une façon indéfinissable.
 
* * *
 
Ce n'était pas seulement à l'occasion de son retour que Daniel Froismont donnait cette soirée au cours de laquelle il devait se passer tant de choses. Ce jour était aussi le jour anniversaire des vingt ans de Christiane, sa fille. Et le banquier avait tenu à ce que, de son côté, elle conviât au domaine la jeunesse des châteaux avoisinants où Christiane ne comptait que des amis.
— L'après-midi aux garçons et à leurs compagnes, au tennis, au jazz et aux citronnades. La soirée, dont tu seras tout de même la reine, aux parents, au dîner, au champagne et aux cigares, avait décidé le financier
— ... Et au poker, avait ajouté malicieusement Christiane, une jeune fille plutôt petite, mais de proportions parfaites.
Le soleil, tout prêt à disparaître, enflammait un groupe de hêtres pourpre au milieu de la pelouse lorsque se présentèrent le docteur Didier et l'inspecteur Fresnoy. À peine quarante ans, mais en paraissant cinq de moins, Fresnoy, grand, brun, présentait cette sveltesse sportive des hommes dont se devine la force féline. On le sentait perpétuellement aux aguets. Le coup d'œil dont il déchiffrait le visage des gens auxquels on le présentait était discrètement rapide et d'autant plus incisif.
— Homme du monde plus que policier, jugea Daniel Froismont, qui ajouta pour lui-même : j'aime mieux cela.
Après les cocktails qui fournirent aux invités du soir – une quarantaine – prétexte à renouer ou à faire connaissance, on passa dans la grande salle du château, située au rez-de-chaussée et qui donnait sur le parc par une terrasse à balcon de...

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