L'énigmatique M. Randall

Marcel Priollet

Description

Le détective radiesthésiste Claude PRINCE croise, par hasard, André de Samarante, un ami de jeunesse, dans un hôtel de Venise. Ce dernier est en voyage de noces et lui présente sa ravissante épouse.

Quelques jours plus tard, Madame de Samarante se jette du balcon de sa fenêtre et se noie dans le canal en contrebas. Le mari évoque un mystérieux suicide, mais, très vite, des éléments à charge s’accumulent contre lui.

Claude PRINCE va se lancer dans l’enquête, bien décidé à éclaircir ce mystère...

Sujets

• Fiction
• Venise

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9791070030240
• Langue: Français

Extrait

- 7 -

L’ÉNIGMATIQUE M. RANDALL

De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
VOYAGE DE NOCES
 
Venise s'endormait dans une cendre d'or.
L'agitation du grand Canal s'apaisait, on n'entendait plus que la chanson traînante des gondoliers ramant le long des étroits « Rios » et le bruit de sirène des « Vaporettos » filant en direction du Lido.
Le valet de l'hôtel Britannia, situé sur le « Rio grand », en face de l'église de Santa Maria de la Salute, se pencha légèrement sur le perron à doubles marches servant de débarcadère et dit à l'un de ses collègues fumant une cigarette à ses côtés :
— Je crois que voilà du monde pour nous !
Ils portaient tous deux le tablier rouge des garçons d'hôtels vénitiens de grande classe, et possédaient ce type, à la fois fin et spirituel, qui est le caractère des habitants de la cité des doges.
L'autre reprit :
— Tu veux parler de la gondole qui vient en direction du Rialto ?
— Vois plutôt, elle n'aborde point à la place S.-Marco et pique carrément de notre côté !
En effet, une longue gondole, chargée de malles, montée de deux rameurs et abritant sur la banquette arrière deux jeunes gens, se rapprochait rapidement de l'entrée du palace.
— Amico ! crièrent les gondoliers en accrochant leur gaffe aux anneaux de fer enfoncés dans la pierre.
— On vous amène des étrangers ! dirent-ils avec un grand rire sonore... un signor et une gentille signora... On dirait des jeunes mariés ! Que Dieu les bénisse !
Les serviteurs aidèrent le couple à descendre ; ensuite on déchargea les bagages.
— Nous avons loué une chambre par téléphone, dit le jeune homme, j'espère qu'on aura fait le nécessaire !
— Il faut vous adresser au bureau, répondit le garçon.
Les nouveaux arrivants traversèrent une longue galerie dallée, servant de fumoir et de salle de correspondance. Des tapis d'Orient, jetés çà et là, mettaient dans la lumière voilée des abat-jour, des nuances somptueuses.
Dans la rotonde où se trouvait le portier, en uniforme chamarré, le jeune homme s'approcha du comptoir derrière lequel se tenait droit, en impeccable smoking, le préposé aux chambres.
— J'ai retenu une chambre sur le grand Canal... Je suis M. André de Samarante.
— Ah ! oui, parfaitement... Voici votre clef, vous êtes au n° 12, l'une de nos plus belles pièces, une vue splendide sur l'île de San Giorgio Maggiore !... Le valet va vous conduire !
Le jeune homme se tourna vers la jeune femme qui l'accompagnait et lui sourit doucement.
— Venez, ma chérie !... Nous avons juste le temps de nous mettre en tenue pour le dîner !
L'appartement réservé aux jeunes époux possédait, dans un cadre romantique, tout ce qu'il est convenu d'appeler le confort moderne. Une chambre spacieuse, dont la double porte-fenêtre donnait sur un balcon de pierre au-dessus de l'eau, un petit boudoir, une salle de bain cabinet de toilette terminait l'agencement de ce home coquet s'adressant à des passants de luxe.
Certes, c'était bien là la catégorie des nouveaux arrivants. André de Samarante, associé d'un important agent de change de Paris, offrait tous les attraits que peut représenter ce qu'il est convenu d'appeler « un beau parti ». Jeune, séduisant, de physique charmant, riche, il représentait le mari rêvé. La femme qu'il avait épousée ne lui en cédait sous aucun rapport.
M lle  Arlette Dervaux, fille d'un grand exportateur ayant fait sa fortune en Amérique du Sud, présentait les mêmes attraits que son jeune mari.
Un beau couple, aurait-on pu dire en les voyant. Lui, grand, mince, teint légèrement mat et petite moustache. Vraiment un beau garçon ! Elle, une blonde au teint de nacre, aux prunelles noires et profondes, un petit être précieux, tout en nerfs et en sensibilité. La rencontre de ces deux êtres, presque trop parfaits, avait fait un mariage d'amour !
Mariés depuis huit jours à peine, ils avaient accompli le voyage romantique dont ils rêvaient depuis leurs fiançailles. L'Italie !... Toute l'Italie ! Naples au golfe ensoleillé, aux eaux bleues, Capri, sa grotte d'azur, Florence et le charme fleuri du jardin de Boboli, puis Rome la magnifique avec l'évocation d'un passé grandiose !
Maintenant, c'était Venise, la cité des eaux vertes où flottent un peu partout des souvenirs d'amour ! Ils se promettaient de rester deux semaines au moins sur la lagune, désirant explorer les coins charmants et inconnus de la vieille ville.
La porte...