La lettre mortelle
109 pages
Français

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Description

Le baron de Ledignan est découvert, au petit matin, mort, un couteau dans la poitrine, par Victor, son valet de chambre.


La police et la magistrature, dépêchées sur place, interrogent les divers habitants de l’immeuble.


Très vite, le témoignage de la bonne d’une voisine remet en cause les allégations de Victor, assurant que ce dernier est rentré en pleine nuit alors qu’il prétend ne pas avoir quitté le domicile.


De menteur à assassin, il n’y a qu’un pas que le juge est prêt à franchir.


Mais FLORAC, le meilleur limier de la Sûreté, débarque à ce moment-là sur la scène de crime et trouve, sur le bureau, un livre ensanglanté à l’intérieur duquel une feuille collée semble avoir été arrachée précipitamment, laissant, derrière elle, un fragment sur lequel il décrypte quelques lettres : M O R . A N.


Persuadé que le meurtre est bien plus complexe qu’il n’y paraît, FLORAC décide de mener son enquête. Pour ce faire, il va avoir besoin de son jeune et dévoué collaborateur La Glu...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791070032084
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FLORAC ET LA GLU
LA LETTRE MORTELLE
Roman policier

Marcel VIGIER
*1*

Victor, le valet de chambre du baron de Ledignan, ferma la porte de l'appartement et descendit lentement l'escalier. Sa démarche semblait tremblante et sa main se crispait avec nervosité sur la rampe.
Il pouvait être sept heures du matin environ et dans la maison, mille bruits annonçaient le réveil.
Arrivé au rez-de-chaussée, Victor dompta son émotion et pénétra dans la loge.
— Madame Gaussin, dit-il, d'une voix sourde, courez prévenir la police. Moi, je ne puis pas...
Et, à bout de force, il se laissa tomber sur une chaise.
— La police ? questionna la concierge atterrée.
— On vient d'assassiner M. le baron.
— Ah ! mon Dieu ! Un crime ici...
— Allez vite ! Allez vite ! Je vous en prie.
La brave dame releva un coin de son tablier et, affolée, sortit en se lamentant.
Son absence fut de courte durée et, dix minutes plus tard, elle revenait, suivie du commissaire du quartier, flanqué de deux agents.
Victor à leur vue se redressa et plus calme maintenant, les invita à monter chez son maître. Un silence poignant régnait entre ces quatre hommes et lorsque le valet de chambre ouvrit la porte de la bibliothèque du baron, trois cris d'horreur retentirent.
M. de Ledignan, un couteau planté dans la poitrine, était écroulé en arrière dans un fauteuil ; un mince filet de sang suintait de la blessure, coulant en un étroit ruisselet écarlate qui barrait le plastron blanc de la chemise. À terre gisait un livre ouvert et le sang de la victime, tombait, goutte à goutte, sur la première page.
Victor expliqua :
— Je descends tous les matins vers sept heures ; aujourd'hui, comme d'ordinaire, j'allais prendre mon service quand, pénétrant dans cette pièce, j'ai vu mon maître dans cet état. J'ai tout fermé je vous ai fait prévenir.
— Vous ne savez rien d'autre ? interrogea le commissaire.
— Rien. L'arme a été enlevée à cette panoplie que vous voyez contre le mur.
— Vous n'attendiez pas votre maître le soir ?
— Rarement ; M. le baron rentrait d'une façon irrégulière.
— Très bien. Retirez-vous, mais ne vous éloignez pas.
L'enquête commença ; deux agents en bourgeois étaient survenus, l'appartement fut minutieusement visité et bientôt il fut certain que l'on n'était pas en face d'un banal cambriolage, rien n'ayant été touché, aucun meuble fracturé.
Lorsque le juge d'instruction arriva un instant plus tard, accompagné de son substitut et d'un docteur, le résultat des recherches était mince.
Le médecin, après un rapide examen, déclara que la victime avait été frappée vers quatre ou cinq heures du matin.
Le magistrat se mit immédiatement à l'ouvrage et fit subir aux différentes personnes de la maison, un interrogatoire serré ; cet interrogatoire fournit plusieurs renseignements qui semblèrent un peu éclaircir l'affaire.
La concierge assura avoir entendu rentrer le baron vers deux heures. Elle ignorait s'il était seul ; toutefois, elle affirma n'avoir remarqué la sortie de personne depuis ce moment.
Victor répéta sa première déposition, mais lorsque le juge lui demanda l'emploi de son temps durant cette nuit, il se troubla légèrement et jura être monté se coucher de très bonne heure. Son embarras n'échappa point au magistrat et l'ayant renvoyé, il fit appeler une jeune bonne, voisine du valet de chambre. Brusquement, il questionna :
— Quand Victor est-il rentré chez lui, cette nuit ?
— Oh ! ce matin plutôt, monsieur le juge, au petit jour, même, je l'ai bien entendu, allez.
Les deux domestiques furent aussitôt confrontés. Chacun maintint ses dires, mais l'opinion du magistrat était faite, aussi mit-il à l'instant le valet de chambre en état d'arrestation.
Le jeune homme ne résista pas ; anéanti, hagard, il répétait avec désespoir :
— Je savais bien qu'on m'accuserait !
On emmenait l'accusé, lorsque Florac, le meilleur limier de la Sûreté générale, fit son entrée.
— Trop tard, s'exclama le juge. Cette fois, mon bon Florac, nous avons trouvé le coupable sans vous.
— Ça ne m'étonne pas, rétorqua le détective impassible.
On le mit au courant de la situation, des résultats de l'enquête... etc. ; lui hochait la tête en signe d'approbation.
— Et l'accusé avoue ? demanda-t-il soudain.
— Non, il nie, mais il avouera.
— Eh bien ! je vais le cuisiner de suite, il faut frapper le fer...
— C'est ça, vous terminerez dignement la besogne.
Florac était de bonne foi en faisant cette proposition, mais lorsqu'il eut causé cinq minutes avec Victor, il parut ébranlé.
— Tout m'accuse, je sais bien, se lamentait le valet de chambre, mais ce n'est pas moi.
Ne pouvant rien en tirer d'autre, le détective s'éloigna, essayant de se faire une opinion.
Machinalement, il se dirigea vers la bibliothèque qui venait d'être abandonnée par le juge et ses compagnons. N'ayant aucune raison d'agir silencieusement, il ouvrit la porte sans précautions.
Aussitôt, il distingua, à l'autre bout de la pièce, une tenture légèrement soulevée et une main qui disparut brusquement.
Curieux, il se précipita. Derrière la portière, il vit un corridor solitaire.
— Hum !... Ça se complique, grommela-t-il. Était-ce une main de femme ?... Il m'a semblé... Mais cristi ! comme elle s'est vite évanouie.
Il poursuivit sa route et atteignit le grand salon où tout le monde était rassemblé, l'enquête étant terminée.
Les témoins étaient là, entre autres plusieurs femmes : la soubrette dont la déposition avait été si accablante pour Victor ; sa maîtresse, une veuve exotique occupant l'appartement voisin ; une amie de cette dernière vivant avec elle depuis une semaine.
Florac scruta ces différents personnages, inspecta les mains du regard sans parvenir à identifier celle entrevue une minute plus tôt. Ayant questionné un des agents de service, il n'en obtint aucune réponse satisfaisante.
Silencieux, il revint sur ses pas et gagna de nouveau la bibliothèque. Selon son habitude, il ne se livra à aucune recherche, laissant au contraire tout en place. Tranquillement, il s'installa dans un fauteuil, alluma une cigarette et se prit à réfléchir. C'était par la sûreté de son raisonnement, la justesse de ses déductions que le grand détective avait gagné sa réputation mondiale. À l'encontre de ses collègues, il détestait les mouvements inutiles et ne se lançait sur une piste qu'après avoir réuni un faisceau de preuves morales.
— Victor est coupable, c'est fort possible cela ; mais cette main fureteuse m'intrigue. Elle voulait saisir quelque chose... or ce quelque chose ne devait pas être éloigné de cette portière... et ce quelque chose doit être fort important.
Tout en parlant, du regard il parcourait la pièce pour s'arrêter enfin sur le bureau.
— Tiens ! Tiens ! ces braves agents sont ordonnés, ce livre maculé de sang traînait à terre, ils l'ont ramassé et posé sur table. Parfait, c'est la seule chose susceptible d'être atteinte par cette main mystérieuse. Donc...
Sans hâte, il se leva, traîna une chaise après lui et s'installa devant le volume, qu'il considéra sans y toucher.
C'était une vieille édition des œuvres de Gresset.
— Pourquoi diable cette personne s'intéresse-t-elle à cet antique bouquin. Il y a du sang entre la couverture et la première page, par conséquent, au moment du crime, le livre était ouvert en cet endroit.
Soudain, il laissa échapper une sourde exclamation et, fouillant dans sa poche, en retira une loupe.
— Une feuille de papier avait été collée à l'intérieur de cette couverture et cette feuille a été arrachée ; il en reste encore quelques fragments. Cela s'est-il passé cette nuit ou à une époque antérieure, voilà tout le nœud de la question ?
Longtemps, il s'immobilisa, l'œil appliqué à la loupe, étudiant le volume avec la plus extrême minutie. Enfin, se renversant en arrière, il eut un faible sourire.
— J'ai évidemment deviné la raison pour laquelle on avait fixé une feuille en cet endroit. La suite me prouvera si j'ai tort ou raison. En tout cas, je distingue cinq lettres d'un mot manuscrit qui paraissent être décalquées là : M O R . A N. Voici

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