La main qui tue !

Marcel Priollet

Description

Claude PRINCE, le réputé détective radiesthésiste, sur les conseils de son médecin dans le but de soigner son garçon, décide de séjourner à la campagne. Bienveillant, le praticien lui fournit l’adresse du marquis de Prensey, l’un de ses proches patients désireux de louer son pavillon de chasse.

Il le prévient, tout de même, que le notable n’est pas de nature affable, est affaibli par une santé fragile depuis sa jeunesse, endosse en plus très difficilement, un long deuil à la suite du décès tragique de sa jeune épouse dans le passé, poignardée une nuit dans sa chambre par un inconnu qui n’a jamais été retrouvé.

Le détective se rend alors sur les lieux afin de visiter la location et y découvre un homme bien plus souriant que prévu puisqu’il s’apprête à se marier à nouveau.

Invité à dîner et à dormir au château de son hôte, Claude PRINCE est réveillé par des cris d’agonie...

Sujets

• Pendule
• Cris
• Fiction

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9791070030127
• Langue: Français

Extrait

- 3 -

LA MAIN QUI TUE !

De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
Conseil d'ami
 
Le professeur Grémillet releva ses lunettes, regarda son interlocuteur et du ton paternel et doux qui faisait son succès auprès de ses clients, proféra :
— Mon cher monsieur Prince, je vous l'ai dit et je vous le répète, votre petit garçon n'a absolument rien, un peu de fatigue, de dépression nerveuse, causée, j'imagine, par le surmenage des études... trois mois en pleine campagne, au sein d'une nature simple, et la marche au grand air... en un mot, laisser agir les agents physiques et je vous réponds qu'à la rentrée votre Robert se portera comme un charme et sera vigoureux comme un chêne...
Il ajouta avec un sourire au coin de sa lèvre rasée :
— Je présume également que ce repos fera le plus grand bien à votre jeune femme... je l'ai vue dernièrement, elle me paraît nerveuse, pâlotte, excédée. Ah ! cette vie de Paris, quelle tueuse !
Il soupira :
— Si je n'étais pas le vieux médecin, attelé à la besogne que je suis, que j'aimerais me reposer dans quelque coin verdoyant, loin du bruit, des propos ineptes, des odeurs d'essence et des grincements de haut-parleurs ! Hélas, je n'en puis faire à ma guise, les malades commandent et c'est bien là le pire calvaire du praticien !
Claude Prince inclinait la tête en signe d'assentiment.
— J'avais pensé, dit-il, emmener cet été ma famille sur la côte normande, l'air du littoral est, je crois, particulièrement recommandé ?
Le vieux docteur eut un soubresaut :
— Ah ! non, surtout, pas cela ! La Normandie... Deauville... Cabourg... on va pour se reposer... total... on passe ses soirées au casino... On rencontre des amis... on se laisse entraîner à des bridges, des thés dansants... On revient à Paris vanné... De son côté l'enfant s'énerve en compagnie d'autres bambins... Bref, une saison fichue...
« Non, non, ce que je souhaiterais pour vous, c'est un séjour en pleine campagne, loin du tumulte, dans un calme absolu... Tenez, chez moi, par exemple, ce Limousin, si mal connu des Parisiens. Il y a là-bas des coins charmants... du côté d'Argenton.
« À Creuse, par exemple, vous louerez, trois fois rien, une bicoque en pleine nature, sous les grandes châtaigneraies...
Le praticien s'interrompit et se frappa le front.
— Mais j'y songe, j'ai votre affaire. Un de mes amis possède dans le Berry, près de la région d'Aiguezon, un pavillon de chasse qu'il désire louer. L'endroit est silencieux, paisible, non loin du barrage construit récemment afin d'endiguer la Sédelle, cette petite rivière qui serpentait autrefois au pied de l'antique ruine de Crozant. Bref, vous serez là-bas à ravir.
— Certainement, s'enthousiasma Claude Prince, c'est bien ce qu'il nous faut en effet. Soyez assez bon, docteur, pour me donner l'adresse de votre ami, je tâcherai de le joindre et de m'entendre avec lui pour la location de ce pavillon.
— La personne dont je viens de vous parler n'habite point Paris. C'est le marquis de Prensey ; il demeure toute l'année dans ses terres... demeure au château de la Cressonnière, une assez jolie propriété appartenant à sa famille depuis un siècle environ et transmises par héritage d'oncles à neveux. Bref, si vous le désirez, mon cher ami, je puis lui écrire pour vous mettre directement en rapport avec lui... Il est indispensable que je vous prévienne de l'humeur taciturne de M. de Prensey... un grave chagrin de famille en est la cause... Une bien pénible histoire que je n'évoque jamais sans un frisson d'horreur.
Claude Prince biaisa :
— J'estime, cher docteur, que la correspondance par la poste va amener un retard regrettable dans nos projets... Plus tôt notre petit Robert sera au grand air mieux cela vaudra.
— C'est mon avis !
— Alors, c'est bien simple, rédigez-moi une lettre d'introduction auprès du marquis de Prensey. Je me rendrai directement au domaine de la Cressonnière – ce sera un jeu pour ma voiture, une Rolls de grande vitesse. – Je traiterai directement avec le marquis si la chose est possible, puis, dès la semaine prochaine, je pourrai aller là-bas installer mon monde !
— C'est en effet, l'idée la plus pratique et puisque vos loisirs vous le permettent, cher monsieur Prince, je ne saurais, assez, vous engager à la suivre. Je vois donc vous donner un mot pour M. de Prensey et je vous assure que venant de ma part... Songez que de père en fils, les Grémillet sont les médecins de la famille, vous serez reçu à bras ouverts.
— Je...