La noyée de l île Séguin
62 pages
Français

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La noyée de l'île Séguin , livre ebook

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Description

L’inspecteur VIGEON a bien mérité son repos dominical et de pouvoir s’adonner à son passe-temps favori : la pêche !


Alors qu’il plante sa gaule sur les bords de la Seine, des cris retentissent non loin.


Le policier, curieux, s’approche et surprend un individu appelant à la rescousse à la vue d’une jeune fille flottant sans vie.


Les deux hommes extirpent le cadavre de l’eau et l’emportent à l’abri des regards, dans le pavillon proche de celui qui a donné l’alerte.


Après une fouille succincte de la dépouille durant laquelle VIGEON découvre un sachet contenant des bijoux de valeur, celui-ci envoie le propriétaire des lieux chercher le commissaire de quartier pendant que lui revient sur la berge dans l’espoir d’y trouver d’autres indices.


À son retour dans l’habitation, l’inspecteur VIGEON constate que le corps a disparu et que les joyaux ne sont plus dans sa poche...

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EAN13 9791070032343
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR VIGEON
LA NOYÉE DE L’ÎLE SÉGUIN
Récit policier

René TROTET DE BARGIS
*1*
AU FIL DE L'EAU
 
Ce matin-là, l'inspecteur Vigeon s'était levé de fort bonne heure pour aller à la pêche.
C'était son plaisir favori.
Et, tandis que, gaule en main, assis sur l'herbe, à l'ombre de quelque arbre, il attendait que les sursauts de son bouchon de liège lui révélassent les attaques d'un poisson, il laissait son esprit vagabonder librement...
Souvent, c'est de la sorte que lui étaient venues ses intuitions les plus stupéfiantes, et il avait dû la découverte de certains coupables à quelques heures passées dans la solitude, au bord de l'eau, à attendre l'ablette...
Là, dans la paix qui l'entourait, des idées assaillaient le cerveau de l'inspecteur...
Souvent, les suggestions les plus folles, les plus abracadabrantes se trouvaient être celles qui lui livraient la vérité...
Mais, ce jour-là, le policier n'était à la recherche d'aucun mystère... d'aucun problème criminel...
Aussi, tout joyeux, avait-il quitté son petit pavillon de Boulogne pour se rendre à l'île Séguin, située dans cette boucle que forme la Seine et qui se termine au pont de Sèvres.
Il approchait du lieu qu'il avait choisi pour s'y installer...
Dans cette belle matinée de mai, la berge du fleuve apparaissait ouatée de vapeurs mauves, qui s'effilochaient sous la brise fraîche et aux ardeurs du soleil qui se levait.
L'île, calme et riante, semblait s'étaler toute au bord de l'eau... paresseusement...
En face, les coteaux de Meudon se dessinaient avec leurs villas enfouies dans la verdure et les fleurs.
Et c'était un réel soulagement, pour les yeux, de pouvoir détourner la vue des gigantesques usines métallurgiques qui, sur l'autre rive de la Seine, avaient fait disparaître jusqu'au moindre vestige de ce qu'on appelait jadis le Hameau fleuri.
Un profond silence régnait, en ce dimanche, où le monstre industriel dormait.
Nul promeneur n'apparaissait non plus à cette heure matinale, et Vigeon pensait :
— Allons ! je crois que je vais prendre une jolie friture, aujourd'hui.
Il était arrivé à l'endroit repéré...
Une petite crique, ceinte d'arbres déjà feuillus et où l'eau semblait profonde et semée d'herbes aquatiques...
L'inspecteur s'arrêta et disposa autour de lui, sur le gazon dru, ses ustensiles de pêche.
Soigneusement, il vérifia son hameçon, y plaça l'asticot gras et rose...
Puis, s'asseyant, il jeta sa ligne loin dans le courant, regardant avec joie les cercles concentriques qui s'écartaient du bouchon rouge dansant...
Et, immobile, aux aguets, Vigeon attendit, avec cette patience qui est le propre du parfait chevalier de la gaule.
Il n'eût vraiment pas su dire au juste depuis combien de temps il était là, quand soudain, à quelque distance, il entendit des appels qui le firent sursauter.
Cela provenait de la gauche et Vigeon, déjà dressé, laissant sa ligne solidement fixée, se dirigea vivement vers ce point.
À trois cents mètres environ, il aperçut un homme qui gesticulait avec agitation, à grand renfort de bras.
L'inspecteur, se hâtant, rejoignit l'inconnu et, machinalement, remarqua un homme jeune, assez élégant et d'un physique plutôt sympathique.
— Vite !... Vite ! monsieur ! lui cria celui-ci.
— Qu'y a-t-il ? s'inquiéta Vigeon.
— Voyez, là !... Un cadavre !...
— Hein ?... Où donc ?...
— Dans ces herbes... Une femme... noyée !... Ah ! mon Dieu...
L'homme haletait, visiblement épouvanté de la découverte qu'il venait de faire.
Et comme le policier l'interrogeait, il répondit avec une soudaine volubilité :
— Je me promenais... Brusquement, comme j'arrivais à quelques pas d'ici, j'ai aperçu, en regardant involontairement vers le fleuve, une forme humaine à demi émergente d'une touffe de plantes aquatiques...
« J'ai eu un saisissement, vous comprenez !...
« Puis, je me suis approché... Et j'ai reconnu que c'était un corps de femme...
Tandis qu'il donnait ces quelques brèves explications, les deux hommes avaient marché, et, étendant le bras vers la berge, l'inconnu ajouta :
— Tenez ! regardez !... La voilà, la noyée...
Vigeon s'approcha du bord.
Il distingua alors, parmi les longues feuilles vertes, une masse informe...
Une chevelure blonde. La couleur crue d'un corsage blanc...
La tache plus sombre d'une jupe noire presque entièrement dans l'eau...
Un bras sortait, dressé hors des plantes, et les premiers rayons du soleil faisaient luire l'or d'une petite bague, à l'un des doigts...
On ne pouvait apercevoir le visage qui était enfoui dans la touffe d'ajoncs et de nénuphars...
La femme, comme couchée, avait le buste presque entièrement immergé et une épaule, la tête et un bras apparaissaient seuls hors de l'eau.
— Ah ! monsieur ! fit l'homme avec effarement, il faut aller prévenir la police !...
— Ne bougez pas ! déclara tout de suite Vigeon. Je suis inspecteur de la Sûreté... Je vais procéder aux premières constatations...
L'inconnu parut immédiatement saisi d'un respect profond et ne répliqua rien...
Le policier, d'ailleurs, pour convaincre son interlocuteur, avait tiré de sa poche un portefeuille et exhibait sa carte de la Préfecture.
Puis, tranquillement, il s'avança, et, s'accrochant à quelques herbes, il se pencha sur le cadavre.
— Hum ! grommela-t-il, elle est morte, déjà !...
— Ah ! c'était plus que probable ! s'exclama l'autre... C'est le courant qui l'a amenée là !...
Vigeon, cependant, essayait, à présent, de saisir le bras tendu hors de l'eau.
Il y parvint bientôt.
Et, s'adressant à l'homme qui le regardait avec une sorte d'effroi, il dit :
— Aidez-moi donc !... Autrement, je n'y arriverai jamais !...
L'inconnu, alors, s'approcha à son tour et prit l'inspecteur à bras-le-corps.
Ainsi soutenu, le policier put attirer le cadavre et, quelques instants plus tard, la noyée était étendue sur le gazon, aux pieds des deux hommes.
Tout de suite, l'inspecteur jeta un cri :
— Oh ! la malheureuse !... Elle est toute jeune !...
Et, avec un accent de tristesse, il ajouta :
— Elle est jolie et fine, cette petite !...
— C'est vrai ! murmura l'autre... Regardez ce corps frêle et mignon !... Quel crime de se suicider à cet âge, lorsqu'on est aussi belle !...
— Hé ! fit Vigeon... qui vous dit que cette enfant s'est suicidée ?...
L'inconnu hasarda, embarrassé :
— Mon Dieu !... Je disais cela... parce que, bien souvent, de pauvres jeunes filles semblables à celle-ci, par désespoir d'amour, en finissent ainsi avec la vie...
Puis, interrogeant l'inspecteur du regard, il ajouta :
— Mais vous croyez donc à un crime ?...
— Je ne crois rien, encore ! fit Vigeon, un peu bourru... Je ne sais pas !... Je verrai cela plus tard !
Penché sur la morte, il l'examinait avec la plus grande attention.
Son compagnon, debout de l'autre côté du corps, paraissait, lui aussi, contempler la noyée avec le plus vif intérêt...
— Oui ! murmura le policier en se relevant. Cette enfant paraît bien être une ouvrière...
« Et elle ne doit pas avoir beaucoup plus de seize ans, sûrement !
Un silence tomba...
Le soleil éclatait, maintenant, radieux et envahissant...
Les collines boisées de Meudon se doraient de reflets lumineux...
La Seine scintillait, comme si, soudain éveillée, elle se parait de diamants et d'escarboucles...
Des oiseaux gazouillaient, non loin, dans les branches d'un vieux saule...
Toute la nature paraissait joyeuse et contrastait avec la tristesse de ce corps de jeune fille étendu sur la mousse...
Vigeon avait fouillé le corsage blanc.
Il espérait, sans doute, y trouver une lettre... des papiers d'identité... quelque chose, enfin, qui lui révélât le nom de cette inconnue... les raisons de sa mort...
Mais il ne trouva rien qu'une sorte de petit sachet d'étoffe.
D'ailleurs, l'objet était lourd, bien que peu volumineux, et, surpris, l'inspecteur se dressa, examinant sa découverte, avec un soin méticuleux.

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