Le doigt coupé
41 pages
Français

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Description

C’est jour de fête chez les Pitois. On célèbre les fiançailles de la jeune Lucie avec un comptable plein d’avenir.


Pour l’occasion, M. Pitois a acheté un délicieux pâté en croûte chez un charcutier réputé pour la qualité de ses produits.


La grand-mère croque avec gloutonnerie dans le mets et manque de s’étrangler avec un objet à l’étrange texture. Il s’agit en fait d’un doigt humain.


C’est l’inspecteur François PESSART qui est chargé de l’enquête...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9791070034149
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Inspecteur PESSART

- 10 -

LE DOIGT COUPÉ

De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
Effarante découverte
 
La chose se passa un dimanche soir, parmi la famille Pitois.
On fêtait ce jour-là les accordailles de M lle  Lucie Pitois et d'un jeune comptable plein d'avenir, M. Julien Champfoin.
Les Pitois étaient de catégorie modeste, mais s'apparentant à la petite bourgeoisie.
Le père était contremaître dans une fabrique de chaussures du quartier et gagnait bien sa vie, la mère se targuait de n'être que maîtresse de maison, mais de savoir tenir son intérieur comme il fallait.
Un petit logement de trois pièces où régnait un certain confort, il n'y avait point de salon, mais on trouvait dans la salle à manger-studio ce qui fait la joie des familles paisibles : un carillon Westminster, un haut-parleur, des meubles cosy éclatant de verni frais.
Il pouvait être huit heures lorsqu'on se mit à table.
Toute la famille était rassemblée, en tout six personnes. M. et M me  Pitois, les deux fiancés qui ne cessaient de s'adresser des regards langoureux, enfin, les grands-parents représentés par M me  Bardin, la mère de M me  Pitois et M. Pitois père, un vieillard jovial qui en dépit de ses soixante-dix ans conservait le goût du calembour et des entretiens risqués.
Le père de famille, lui, était un petit homme insignifiant, un peu roux de cheveux que sa femme désignait sous l'appellation de « Papa ». Par contre le contremaître appelait sa femme « la patronne ».
Bref, en cette soirée de juin où tout le monde était réuni dans la salle à manger afin de fêter les fiançailles de Lucie et de Julien, la plus franche gaieté régnait autour de la table ; on regrettait l'absence des parents du fiancé, qui, âgés et habitant la province, n'avaient pu venir. Les deux vieux grands-parents en étaient, du reste, enchantés. Ce soir, du moins, sous prétexte de régime, on ne leur disputerait point leur part de tartre et de crème, ils pourraient manger de tout et ce n'était pas pour eux le moindre attrait des fiançailles du dernier rejeton de la famille. Par la fenêtre ouverte montait le piétinement du boulevard Parmentier, les arbres étagés agitaient sous un vent léger leurs feuilles grises de poussière, si raidies de chaleur qu'on les aurait cru découpées dans du fer blanc.
Tout le monde était joyeux autour de cette table familiale sauf les amoureux, peut-être, qui, eux, vivaient parmi un monde à part où sauf la contemplation de leur visage rien n'existait.
Julien Champfoin tenait la main de sa fiancée et celle-ci le regardait avec une expression de ferveur où l'extase se joignait à l'imbécillité.
Après le potage, un consommé aux langues d'oiseaux, la femme de ménage, gagée pour le dîner, apporta sur la table, contenu dans un plat rose, un superbe pâté en croûte. Les yeux bleuâtres du père Pitois brillèrent de convoitise.
— Ah ! le beau pâté, ce que ça me rappelle ! J'aimais la chasse… j'avais vingt-deux ans… avec un copain de bureau nous avions loué une part de chasse en Seine-et-Oise… du côté de Sainte-Geneviève-des-Bois ! À cette époque, il n'y avait pas un chat dans la région ! le gibier vous tombait sous le fusil comme s'il en pleuvait ! Après une matinée à marcher dans les terres labourées, les taillis, on revenait morts de faim… nous allions à un petit bouchon tenu par la femme d'un garde à l'orée d'un bois et c'était toujours un pâté comme celui-ci qu'on nous servait !... On le dévorait en trois coups de dents !... Ah ! c'était le bon temps, je voudrais bien y revenir !
Pendant que le père Pitois rêvait sur sa jeunesse, le contremaître armé d'un grand couteau fendait la croûte dorée et croustillante formant six larges parts triangulaires. De fait, ce pâté semblait excellent, il répandait une bonne odeur de croûte chaude et de viande savoureuse.
— Mes enfants ? faisait le maître de la maison, je crois que M. Bécu, le charcutier de la place de la République, dont c'est du reste la spécialité, nous a particulièrement gâtés avec son « veau et jambon ».
Un murmure approbatif parcourut la table ; on distribua les morceaux de pâté et aussitôt tous les convives se mirent à y...

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