Peinture et Beauté
180 pages
Français

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Description

À bout de souffle, une criminelle en cavale se réfugie dans l’antre doré d’un homme seul. Embastillée et condamnée à ne pouvoir sortir. Sans échappatoire, elle est à la merci de ce peintre solitaire, ancien baroudeur qui consacrera son temps et ses loisirs, sans brusquerie, à la séduire à travers leurs différents états d’âme.
Atmosphère remplie de couleurs et d’harmonie.
Incursion dans l’univers de la création à travers l’œil exercé d’un professionnel polarisé par son art et obnubilé par la beauté.
Cette douce quiétude sera bouleversée par l’excès de zèle d’un enquêteur pourri qui mettra en péril les personnages les plus délicats du roman, provoquant un drame.

Informations

Publié par
Date de parution 16 juillet 2019
Nombre de lectures 5
EAN13 9791029009822
Langue Français

Extrait

Peinture et Beauté
Giacomo Ihace
Peinture et Beauté
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2019
ISBN : 979-10-290-0982-2
Prologue
Lyon 1968
– Comme tu n’as pas d’école aujourd’hui, si tu veux, tu peux nous accompagner à notre travail. Juste à côté, dans l’autre aile du bâtiment, il y a une exposition sur les paysagistes du XIX e . À midi, nous pourrions déjeuner au restaurant du théâtre ?
– …
– Cela te tente ?
Focalisé sur son occupation, l’enfant persistait dans son silence.
– Es-tu partant ?
L’adulte parlait à un garçon, d’environ 10 ans, à genoux, affairé à essayer de remonter, plutôt mal que bien, un réveil en pièces. Visiblement, il attendait une réponse, car il insistait :
– Jacques ! M’entends-tu ?
– …
– Tu viens ou non ? Maman s’impatiente !
Émergeant de sa concentration, Jacques se releva d’un bon en s’exclamant :
– Oh oui ! J’aimerais assez ça… Je vais me préparer. Je ne serai pas long.
Sa voix s’évanouit dans l’escalier menant à sa chambre, alors qu’il grimpait les marches quatre à quatre – enfin, ce que permettaient ses courtes jambes… En proposant cela, l’homme savait très bien que l’enfant adorait regarder les livres d’art ou se promener dans une galerie de peintures. Les paysagistes avaient nettement sa préférence.
Au musée, ils le confièrent à Bernard le gardien, un ami, avant de gagner l’auditorium voisin, lieu de la répétition. Au cours de la matinée :
– Rachel ? Simon n’est pas revenu de la pause, s’enquit le chef d’orchestre, constatant l’absence du violoncelliste.
– Notre fils est à côté. Il est juste allé jeter un œil… Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que Simon, tout essoufflé, apparaissait.
– Excusez-moi ! Je ne voulais pas perturber, glissa-t-il en réintégrant le groupe.
Le chef lui indiqua prestement de retourner s’asseoir. Quelques coups de baguette sur le rebord du pupitre pour attirer l’attention des autres musiciens ; la séance allait reprendre. Immédiatement, le doux murmure des violons accompagnés en sourdine par les bois entrelacés du roulement étouffé des cymbales envahit la salle et la baigna d’une onctuosité crémeuse et veloutée.
À la pause déjeuner, sur le coup de midi, le couple se précipita à la galerie retrouver leur enfant. Assis sur un banc, la tête entre les mains, celui-ci contemplait un paysage de Corot , « Le Pont de Mantes ». D’après Bernard, le gardien, il n’avait pas bougé de toute la matinée. En apercevant ses parents, Jacques sursauta avant de s’écrier :
– Quand je serai grand, je serai peintre !
Le père et la mère se regardèrent en souriant.
– Tu sais, Jacques, tu as encore du temps devant toi pour choisir ?
– Non ! C’est ça !
– Pourquoi précisément ce tableau ? s’enquerra sa maman, toujours sous le choc de la surprise.
– Tout est dans des nuances de vert, sauf le chapeau rouge du pêcheur. Je n’ai jamais rien vu de plus beau. Il parlait d’une voix enjouée, empreinte à la fois d’enthousiasme, de gravité et de maturité. Il avait du mal à freiner le trop-plein d’excitation qui bouillait en lui.
– C’est… c’est…
Les mots les plus simples ne lui venaient plus à l’esprit. La vision troublée, le paternel se taisait, bouleversé par ce qu’il avait entendu.
Depuis cette révélation, Jacques passa la majeure partie de son temps à dessiner. Pour la famille, cette date devint historique. Malgré les risques d’un métier on ne peut plus précaire, en aucun cas ses parents n’essayèrent de l’en dissuader. La traversée de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte ne changea en rien sa détermination. Jamais il ne renonça à sa vocation, et garda toujours en lui sa flamme originelle.
P REMIÈRE PARTIE : La rencontre
Chapitre 1
Reims 1998 (trente ans plus tard)
Arrivée à la gare, elle attrapa le premier train. La destination de Lyon lui convenait parfaitement. Elle prendrait une correspondance pour Clermont-Ferrand, puis Millau. C’était la ville de ses grands-parents maternels. Sa tante Gabrielle y habitait également. De plus, la mère de son père séjournait dans une maison de retraite toute proche. Un billet en poche, sans regarder autour d’elle, la tête baissée, elle dévala à vive allure les marches qui menaient au hall central. Puis brusquement, prenant conscience de la présence quasi certaine de caméras de surveillance qui ne manqueraient pas de la repérer si elle sortait du rang, elle ralentit sa course. Elle devait se fondre le plus possible dans la masse et disparaître dans la première voiture. Avant d’aller prendre place dans le wagon, Ann Somerset examina la monnaie qui lui restait ; pas de quoi faire des folies ! À peine assise, par réflexe, elle s’intéressa immédiatement aux déambulations des voyageurs pour essayer de discerner les policiers en civil. Même si la chose était rendue facile par le peu de monde circulant un jour férié après-midi, la difficulté de la tâche la découragea rapidement. De plus, dans moins de deux heures, la foule des soirs de fin de week-end se presserait sur ces quais, effaçant toute trace. Elle regarda de nouveau sa montre en implorant aux aiguilles d’avancer. Brusquement, elle sursauta quand elle entendit une voix qui criait tout près de sa fenêtre :
– Je l’ai trouvé !
Ann Somerset se figea avant de réaliser qu’il s’agissait d’un homme qui venait de retrouver un objet égaré. En cavale depuis seulement quarante minutes, sur le qui-vive, elle demeurait en alerte maximale. Elle fut soulagée quand son train s’ébroua alors que deux rames plus loin, un autre en partance pour la capitale commençait à se remplir de son flot d’étudiants venus passer le week-end en famille.
Insuffisamment couverte pour la saison, le froid transperçait ses épaules, un frisson parcourut son corps. Elle se recroquevilla un peu plus sur son siège, croisa les jambes en les serrant fortement. Elle s’était sauvée en catastrophe et n’avait eu que le temps de saisir ce qui traînait dans sa chambre ; son sac, un pull en coton molletonné et, par chance, l’imper qui s’éternisait au portemanteau du bureau des infirmières. Chaussée de ballerines aux semelles minces, ses pieds étaient de véritables glaçons. Une tenue complètement décalée pour cette période de l’année. Elle farfouilla fébrilement dans une poche de sa besace pour en extirper, tant bien que mal, le sweat-shirt à capuche tout chiffonné. Elle l’enfila prestement par-dessus son corsage et se couvrit la tête avant de remettre le ciré.
Malgré la fatigue, elle ne put fermer l’œil, trop préoccupée par les événements. Son visage marqué par le froid reflétait un désarroi proche de la panique. À Lyon, pas d’attente, juste le loisir de changer de quai. La correspondance était deux voies plus loin. La morosité de l’endroit alliée à la grisaille d’un matin blafard n’était pas pour lui remonter le moral. Le regard hagard d’une nuit sans sommeil ; déchirée par ce qui venait d’arriver et terrifiée par ce qui pourrait survenir. Obsession délirante. Se comporter de la sorte en permanence la détruisait à petit feu. Elle devait se ressaisir et cesser ses enfantillages. Elle était maintenant seule au monde, irrémédiablement seule. Mais mieux vaut être ainsi que mal accompagnée. Cette dernière pensée la rassura. En passant devant le kiosque à journaux, en première page, dans le canard du coin elle crut discerner sa photo. Elle ne prit pas le temps de lire les commentaires, le nom « Ann Somerset … » suffisait. Son sang se glaça. Incapable de faire un pas de plus, pendant une fraction de seconde, son esprit tourna dans le vide. Elle devait réagir au plus vite et déguerpir, car dans peu de temps, il y aurait des policiers plein la gare. Un bref instant, elle chercha le numéro de sa voiture et disparut aussitôt à l’intérieur.
Angoissée par les arrêts répétitifs de l’omnibus, elle décida de modifier le voyage prévu initialement. Millau n’était pas une bonne idée, ses poursuivants ne manqueraient pas de faire le lien. Cousu de fil blanc, l’itinéraire fut donc abandonné et remplacé par un parcours aléatoire, sans aucune réflexion. À Vichy, elle sortit pour attraper le premier autocar qui démarrait. Sans connaître la destination exacte, elle acheta un billet pour le terminus. Peu importait ! Toujours encapuchonnée jusqu’au nez, elle se cala toute au fond du véhicule, ferma le rideau et fit mine de dormir. En entrant, elle avait remarqué le regard inquisiteur et indiscret d’un jeune homme visiblement en quête d’aventure. Elle voulait éviter à tout prix ce genre d’histoire et dans la mesure du possible, essayez de passer inaperçue.
C’est dans un charmant village d’Auvergne, en bordure d’une rivière, que le périple

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