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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 11 septembre 2018 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782378774127 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Clément Perrier
Quelqu’un marchait derrière moi
Roman
© Lys Bleu Éditions – Clément Perrier
ISBN : 9782378774127
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Avant – propos
Cette fois encore, je suis tenu au secret professionnel.
Il en va de ma « carrière », mais il en va aussi de ma santé, sinon de ma survie. Si, d’ordinaire, les loups ne rôdent jamais assez loin, certaines missions vous mènent directement dans leur gueule.
Je prends cependant la liberté aujourd’hui, à l’heure d’une retraite anticipée, de vous conter mon histoire.
J’espère vivre assez longtemps pour écrire et ne m’en tenir qu’aux faits. Si terribles soient-ils, ceux-là ne seront pas le fruit d’une imagination débordante.
Juste la transcription pure et stricte d’une chose effroyable… La vérité.
1ère partie
L'idéaliste
4 septembre 2006, Paris
Terminus en gare de Paris – Montparnasse.
Il est 8 h09 exactement et je descends du TGV en provenance de Brest.
À 26 ans, j’ai l’habitude d’être le plus précis possible, et c’est justement une des principales qualités requises dans ma profession.
Depuis Combourg, où je réside, via Rennes où j’ai changé de train, aucun retard et un agréable voyage. De très bonne humeur, j’éprouve comme le besoin pressant d’embrasser la vie, Paris, et les Parisiennes avec.
Je suis dans les temps, et en profite pour fumer une cigarette sur le quai.
En piste depuis 4 h 30 ce matin, ma journée ne fait pourtant que commencer.
Un léger vent frais agite avec douceur les chevelures des nombreuses femmes qui vont et viennent dans tous les sens. Certaines arrivent, d’autres partent, attendues par un patron, un mari, un amant ; les trois peut-être à la fois…
Un véritable défilé d’employées de bureau, de vendeuses, d’étudiantes…
Entre deux colonnes, des courants d’air si fréquents dans les gares feraient presque voler leur jupe plus haut qu’il n’est raisonnable.
Une première bouffée de tabac et je distingue, plus loin, de grands panneaux colorés marquant la direction à suivre pour emprunter la ligne de métro vers mon rendez-vous. Dans ce vacarme caractéristique, sous des lumières éblouissantes à vocation publicitaire, dans ce mouvement étourdissant d’une foule si pressée, j’ai vite envie d’un café. Face à moi, à trente mètres au bout du quai, cette brasserie à côté d’un distributeur de friandises hors de prix fera l’affaire, quand j’en aurai fini avec mon mégot.
Depuis la loi Evain, plus moyen de fumer n’importe où sous peine d’amende.
Ah, les vaches !
Tant pis, j’y vais. Une fois de plus, je me ris de ces lois débiles et incommodantes contre le consommateur contribuable, et marche d’un pas assuré m’offrir avec du café la tête de ces gens rémunérés à veiller au maintien des règles et de l’ordre. Ce qui, parfois, revient en certains cas à emmerder ses congénères.
Derrière un comptoir en inox, un jeune barman apathique me déleste de la modique somme d’un euro et quarante centimes. Je savoure à ce prix un savant et doux mélange de poison à base de nicotine et de caféine. Et alors ?
Un café, une cigarette… C’est bien là-dessus qu’on fait les meilleurs coefficients, non ?!
8 h 28.
Je m’en vais.
Je suis de longs, trop longs couloirs de métro, trace mon chemin en slalomant entre quelques touristes perdus, évite avec précaution de percuter des mamans avec leurs poussettes, refuse l’aumône à une pauvre brebis sans papiers et sans le sou agenouillée par terre, pour enfin prendre la première rame qui passe et filer.
8 h 47.
De l’air !
Tout va bien. Je serai rue de Miromesnil dans dix minutes.
Mon costume gris n’a pas trop souffert du trajet, ma chemise rouge non plus.
Pas de trace de sueur, ni même de repassage.
J’approche. Je touche au but.
Atteignant Miromesnil, j’apprécie vite le contraste avec Montparnasse.
C’est un joli coin de Paris plutôt calme, et à la circulation pas très dense.
Quartier chic, à vrai dire. À deux pas de la rue du Faubourg Saint-Honoré. Entre autres...
J’y suis.
Quelqu’un m’ouvre la lourde porte en bois de l’immeuble haussmannien.
Épatant, même si je ne viens pas pour la première fois, ça en jette toujours.
Mon probable futur collègue, je ne l’ai encore jamais vu, est lui aussi en avance. Il n’a pas tellement l’air d’être beaucoup plus vieux que moi, porte un blazer crème sur un pantalon marron et, comme moi, une paire de lunettes.
Je lui emboîte le pas, après l’avoir salué puis remercié. Le gars paraît un peu timide. Il exprimerait presque de la gêne.
Dans le vestibule, un large tapis assorti à ma chemise.
Comme d’habitude lorsque je viens ici, je lève la tête et prends le temps d’admirer ce haut plafond, ce lustre, ces moulures si soignées et cette impressionnante rosace. À ma droite, sous un large escalier en marbre blanc, une statue de Vénus qui me dépasserait presque si je ne mesurais 1,83 mètre.
Les lieux sont assez riches pour montrer l'aisance du propriétaire qui, j’en suis sûr, est beaucoup plus riche que moi.
Sur la gauche, je profite d’un grand miroir pour me recoiffer sommairement.
Ces longs cheveux bruns, plaqués en arrière et attachés par une queue de cheval, semblent un peu moins indisciplinés que celui qui les a sur la tête. Un point positif pour le rendez-vous de 9 h 15 au siège de l'ISEP.
Un petit clin d’œil à Vénus, puis je monte les marches.
L’accueil.
Il est assuré au deuxième étage par une charmante secrétaire, la trentaine, portant avec une certaine classe un tailleur bleu marine. Sa crinière brune retombe sur ses épaules, ce qui lui va très bien. À moi aussi, d’ailleurs…
Déjà, je rêve de l’inviter quelque part, de mieux la connaître, de savoir, même, où et comment lui rendre visite.
Non content de me ramener à ma triste condition de célibataire, ce songe est de courte durée, comme, en s’excusant, elle me demande mon identité.
Je lui réponds que je m’appelle Pascal Venger, et que je viens assister au prochain briefing. Le premier de la rentrée. Nous nous souhaitons une bonne journée, après quoi j’ouvre la troisième porte à gauche, au bout du couloir tapissé de tableaux modernes.
Pour tout vous avouer, je suis impatient.
Au centre de la salle où le brief devrait se dérouler, une large pièce éclairée par un lustre en verre, une table rectangulaire autour de laquelle je prends place.
Je m’assois ainsi sur une chaise de la catégorie des plus basiques.
Nous sommes une bonne douzaine à attendre sagement Madame Depaval.
Présidente de la société, elle arrivera bientôt, sans doute des dossiers sous le bras.
Elle lancera en personne la séance en rapport avec la dernière étude.
Comme à l’accoutumée, on en ignore tous le sujet, le salaire, et le nom du client.
Une chose, pourtant, a retenu l’attention de chacun d’entre nous, en