Reflets du destin
228 pages
Français
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Description

Trois intellectuels grecs de renom, une poétesse mûrissante à l'activité sexuelle riche et variée, un architecte à succès qui fut son amant et un critique, homme cultivé et un peu timoré, va découvrir le coupable, à l'occasion d'un congrès à Delphes. Les indices de la vérité sont cachés dans les pages d'un écrit pornographique dont on donne à lire de larges extraits. Voici le menu de ce roman d'investigation très maîtrisé, d'un des meilleurs spécialistes actuels du genre policier grec.

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Publié par
Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 37
EAN13 9782296538511
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Reets du destin, roman d’investigation très maîtrisé, est dû à l’un des meilleurs spécialistes actuels du genre policier grec. Trois intellectuels grecs de renom, une poétesse mûrissante à l’activité sexuelle riche et variée, un architecte à succès qui fut son amant et un critique homosexuel vachard, sont assassinés de façon spectaculaire. Un jeune homme cultivé et un peu timoré va découvrir le coupable, à l’oc casion d’un congrès à Delphes. Les indices de la vérité sont cachés dans les pages d’un écrit pornographique dont on nous donne à lire de larges extraits.
 dessine avec Inesse et humour le milieu typique de la bande d’amis intellectuels et artistes où les amabilités osten sibles dissimulent parfois la gestation de « beaux assassinats ». Petros Martinidis a une œuvre policière déjà abondante, sept romans organisés en deux ensembles : « Quatre meurtres universitaires » et « Morts théâtrales ». Universitaire thessalonicien, spécialiste d’esthé tique et de paralittérature, il poursuit de roman en roman l’étude d’un milieu universitaire et artistique dont il connaît tous les travers. Le thème central de son œuvre est la supercherie qu’il débusque aussi bien dans les cercles artistiques et cléricaux qu’à l’université.
Petros Martinidis
Refletsdudestin Traduction d’Henri Tonnet
Roman
Collection Études grecques dirigée par RenéePaule Debaisieux
Reflets du destin
Etudes grecques Collection dirigée par Renée-Paule Debaisieux Domaine grec moderne Paul NIRVANAS,Vérité et mensonge. Histoires pour enfants et philosophes,2012. Joëlle DALÈGRE (dir),La Grèce inconnue d'aujourd'hui. De l'autre côté du miroir, 2011. Jean Antoine CARAVOLAS,Jules David et les études grecques (1783-1854), 2009. Isabelle DEPRET,Eglise orthodoxe et histoire en Grèce contemporaine. Versions officielles et controverses historiographiques, 2012. Jean-Luc CHIAPPONE,Le Mouvement moderniste de Thessalonique 1932-1939, 2009. Yannis MARIS,Quatuor, nouvelles policières grecques,traduit du grec et présenté par Geneviève Puig-Dorignac. Jean-Luc CHIAPPONE,Le mouvement moderniste de Thessalonique (1932-1939). Tome 1 : Figures de l’intimisme. Périklis YANNOPOULOS,La Ligne grecque, la couleur grecque, traduit et annoté par Marc Terrades. Joëlle DALEGRE,La Grèce depuis 1940. Martine BREUILLOT,Châteaux oubliés. Ioannis KONDYLAKIS,Premier amour et autres nouvelles, présentation et trad. par Vassiliki et Pierre Coavoux. Constantin CHATZOPOULOS,Deux femmes (Traduit et commenté par Nicole Le Bris). Grégoire PALEOLOGUE,Le peintre. Ion DRAGOUMIS,Samothrace,présentation et trad. M. Terrades. Edmont ABOUT,La Grèce contemporaine, 1854, réédition présentée et annotée par J. Tucoo-Chala. Venetia BALTA,Problèmes d’identité dans la prose grecque contemporaine de la migration. Paul CALLIGAS,Thanos Vlécas,présentation et trad. R.-P. Debaisieux. Paul CALLIGAS,Des prisons,présentation et trad. R.-P. Debaisieux.
Petros Martinidis
Reflets du destin
Traduction d’Henri TonnetL’HARMATTAN
Du même traducteur :
 Alexis Pansélinos,La Grande Procession, Paris, Le Griot, 1994.  Grégoire Palaiologue,L'Homme aux mille mésaventures. Texte établi, traduit et annoté par Henri Tonnet, Paris, L'Harmattan, 2000.  Alexis Pansélinos,Zaïde ou le chameau dans la neige, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 2001.  Kosmas Politis,Eroica, Paris, Le Griot, 1992, éd. Ginkgo 2012.
© L'HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00167-8 EAN : 9782343001678
PROLOGUE
Maria, mon aimée, où es-tu ? Tu as disparu. Tu ne réponds pas au téléphone. On ne t’a pas vue depuis dix jours dans les endroits que tu fréquentes, et on ne sait pas ce que tu es devenue. Ce silence commence à me faire peur. Si tu es morte, fais-le-moi savoir au plus tôt. Baisers. Nikos.” L’humour noir de son petit mot, mon père — Nikos Olmezoglou le paya de beaucoup de remords, lorsque l’on découvrit le cadavre de la poétesse Maria Markatou baignant dans son sang, en état de décomposition avancée, dans la baignoire de son appartement d’Exarchia. Il le paya d’abord parce que la police le soupçonna. Certaines marques sur le crâne de la morte indiquaient qu’elle pouvait être inconsciente quand quelqu'un lui avait coupé les veines. Et ce quelqu’un avait le front de plaisanter en feignant de n’être au courant de rien ; il écrivait même à son ancienne maîtresse morte depuis plusieurs jours. Mon père paya enfin cela de sa propre vie, car il fut, lui aussi, retrouvé mort, dans la salle de bain d’un bungalow au Centre Culturel Européen de Delphes. Celui qui lui avait coupé les veines n’avait pas bien calculé son coup. Mon père aurait dû plonger immédiatement dans l’inconscience. Mais il mourut aussitôt et l’hémorragie de ses poignets s’arrêta rapidement. La similitude des deux morts, malgré l’espace de deux mois qui s’écoula, n’échappa à personne. Police, presse, amis et inconnus, tout le monde fit immédiatement le rapprochement entre ce qui ressemblait à une mise en scène de suicide et ce qui était sûrement un meurtre. Certains murmurèrent que « puisque les deux amants s’étaient livrés à des orgies trèsromaines, ils méritaient une mort à la romaine ». Quand j’appris cela, je n’en fus pas autrement gêné. Je suis capable de comprendre l’utilité de la plaisanterie, même méchante, comme antidote au tragique de la mort. Les grands écrivains y ont eu recours à bon droit. Ainsi Balzac, dansLa Rabouilleuse, après avoir décrit la mort d’Agathe Brideau termine par d’allègres jeux de mots. DansL’Idiot,Dostoïevski nous présente une dispute très comique entre Hippolyte qui va mourir et le général Epantchine sur la question de savoir si le tuberculeux ressemble « à une vis ou à un tire-bouchon ». Et Proust, dans Sodome et Gomorrhe, pleure la mort de sa grand-mère au milieu des joyeuses remarques du directeur du « Grand Hôtel » de Balbec. Ce que je supporte mal, c’est que mon père soit mort au début d’une tentative de réconciliation avec moi, alors que nous étions en froid
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depuis dix ans. Car c’était bien de cela qu’il s’agissait. Il m’avait invité à passer quelques jours avec lui au Centre de Delphes, à l’occasion d’un congrès sur le « cycle des Atrides » pour admirer ses interventions et l’autorité dont il jouissait. Mais c’était en fait un geste de réconciliation, après vingt ans d’hostilité ou d’indifférence de ma part. Je lui en voulais parce qu’il avait abandonné ma mère à Thessalonique, quand j’avais sept ans, au profit de ses amours athéniennes (comme cette Madame Markatou) et de beaucoup d’argent qu’il avait gagné comme architecte et dont sa famille n’avait pas profité. Et j’étais indifférent à sa célébrité médiatique, à ses articles et à ses constantes polémiques (culturelles ou politiques) avec Andréas Roussopoulos, un grand critique qui tenait la rubrique du théâtre et des arts dans des journaux. J’avais hésité à accepter l’invitation. À vingt-sept ans, titulaire, grâce au dévouement et au travail de ma mère, d’un master de socio-anthropologie et bientôt d’un doctorat, je n’avais pas besoin de l’affection tardive d’un homme que j’appelais, de façon un peu mélodramatique, monPère Indigne! Mais le temps émousse les tensions, comme on le sait ou comme du moins on veut le croire. Bouleversé par la mort de Madame Markatou, mon père s’était tourné vers son fils unique qu’il avait oublié jusque-là. Il m’avait téléphoné et avait beaucoup insisté pour que je descende à Delphes assister à un « congrès spectaculaire ». Il annonçait ainsi sans le savoir le côté effectivement spectaculaire de l’événement qui lui serait fatal. Il m’avait alléché en me disant que j’allais assister à « des mises en scène révolutionnaires de théâtre antique ». Il me faisait aussi du chantage affectif en me priant de « tenir un peu compagnie à un vieux père » qui avait exactement le double de mon âge. « À partir de maintenant, Alexis, le rapport entre nos âges va diminuer bien plus lentement », disait-il, comme si ce rapport renfermait quelque message numérologique. En fait, je n’ai guère passé de temps avec lui. Le temps s’est écoulé entre les affrontements des séances du matin, les agapes de midi, les échanges de ragots de l’après-midi, les représentations du soir, les mondanités de la nuit et tout ce qui s’ensuit. Un été insupportablement chaud se terminait alors, mais le pire était encore à venir. Les deux premiers jours, nous n’avons parlé que très peu. Le troisième jour, il était mort. Au début je fus profondément perturbé, puis je me retrouvai en marge de l’enquête policière. Et pourtant j’avais eu le temps de résoudre une énigme intermédiaire. Grâce à un sens de l’observation aiguisé par le sujet de mon doctorat, je disposais pour élucider le crime de plus d’indices que la police. La télévision fit, elle aussi, son miracle et développa ses propres « conjectures ». J’aurais été complètement déshonoré si je n’avais pas réagi.
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Je dus me lancer dans une enquête personnelle pour répondre à ces questions. Qui avait mis en scène le suicide de la poétesse, qui avait tenté de répéter exactement la même mise en scène et qui, presque en même temps, avait commis un nouveau meurtre au milieu du paysage sacré de Delphes ? Après Delphes, mes efforts se poursuivirent à Thessalonique et ne tardèrent pas à porter leurs fruits. Ceci malgré les soupçons, les malentendus, les deuils, ma soutenance de thèse et tout ce qui se passa entre-temps. Cela dura exactement une semaine. Et peu s’en fallut à la fin que cela ne coûte la vie à un être cher. Mais ces efforts, il me fallait les faire. C’était comme si je payais ainsi une dette incertaine à mon père pour l’invitation qu’il m’avait faite avec retard et toutes les bonnes choses qui en étaient résultées pour moi. Cependant, il me restera l’amertume de ce contact si bref avec lui, en cette occasion qui s’avéra être la dernière. Mais que faire ! Comme le déclare à un moment Madame de Guermantes, en disant au revoir à l’ennuyeux Monsieur de Froberville : « Adieu, je vous ai à peine parlé. C’est comme ça dans le monde, on ne se voit pas, on ne se dit pas les choses qu’on voudrait se dire ; du reste, c’est la même chose dans la vie. Espérons qu’après la mort, ce sera mieux arrangé. » Ce merveilleux fatalisme du personnage de Proust, l’ironie en moins, convient à mon oraison funèbre personnelle en l’honneur de mon père. Je voudrais lui dire quelque chose comme cela quand je repense à l’atmosphère et à tous les événements de notre dernière rencontre.
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