Sables mouvants à Bénodet
177 pages
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Sables mouvants à Bénodet , livre ebook

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Description

BÉNODET, 4 heures DU MATIN.
Elle comprit tout à coup qu’elle allait mourir…
Lorraine et Stéphanie quittent la piste de danse et la musique latino. Une dernière promenade les conduit au bord de la plage où se joue le drame de la vie et de la mort.
Stéphanie surprend le geste fou, l’acte criminel. Là, sous leurs yeux, l’assassin transperce le corps de sa victime d’un coup… de pied de parasol.
Des rives de l’Odet, de Sainte-Marine à Bénodet en passant par les îles Glénan, la piste sanglante va les entraîner dans une course-poursuite sur les traces d’un serial killer intelligent et redoutable.
Le commissaire Landowski, chargé de mettre un terme au jeu de massacre, croise, une fois encore, la route des deux jeunes femmes bien décidées à résoudre l’énigme… avant qu’il ne soit trop tard.
Trop tard pour qui ?

Informations

Publié par
Nombre de lectures 31
EAN13 9782374533001
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sables mouvants à Bénodet
Les enquêtes du commissaire Landowski
Serge Le Gall
38, rue du Polar Les Éditions du 38
À Pierre-Henry Fontaine, À mes amis du Québec Ombres moribondes, Chevauchez aux portes de l’empire. Le sang de vos victimes Obscurcit l’horizon. Demain, La lame du bourreau Tranchera le rideau écarlate. Uchen Yang Infatigable voyageur chinois (Période des Cinq Dynasties : 960-1279)
1
Elle comprit tout à coup qu’elle allait mourir.
La douleur indicible qu’elle ne supportait pas quelques minutes plus tôt était en train de s’estomper comme si le sang refluait vers le cœur dans une réaction de défense ultime. Le semblant de vie qui lui restait rentrait au bercail en se bousculant comme un troupeau de moutons apeurés par les cris du loup. Son système circulatoire se préparait à exploser comme un ballon de fête foraine en guise de bouquet final.
Dans son souvenir, ce ballon était de couleur rouge, rouge sang, rouge mort.
Elle avait mal, encore et encore. Mal des blessures qu’elle avait devinées, là, sur son corps martyrisé. Mal de ne plus pouvoir le toucher, le calmer, le caresser pour le rassurer. Mal de tout ce qu’un homme lui avait fait subir avant qu’il n’atteigne égoïstement son plaisir dans un râle animal. Mal de cet immense gâchis qui la conduisait inexorablement vers la fin.
Cet individu sans scrupule l’avait blessée au-delà de ce que l’on peut connaître des crimes sordides. D’un coup de lame, exécuté d’un geste précis comme l’aurait fait un professionnel de la découpe, il avait détruit sa féminité à la manière d’un poisson que l’on étripe sur le plat-bord du bateau en rentrant de la pêche.
Pendant un court moment de répit, il n’y avait eu à flotter dans l’air que l’odeur si particulière du varech trempé d’eau de mer. La douleur l’avait balayée comme un nom biffé dans une liste d’un trait rageur. Incompréhensible et inacceptable.
Auparavant, le criminel s’était assuré de l’entière dépendance de sa victime afin de perpétrer son forfait en toute quiétude. Il l’avait durement frappée à la tête pour l’étourdir afin qu’elle n’ait plus ni l’envie ni la force de crier. Puis, à la manière d’un exécuteur expérimenté, il lui avait solidement lié les mains derrière le dos comme un supplicié qu’on se prépare à entraîner brutalement vers le lieu de son exécution. La biographie de Deibler 1 l’avait passionné.
Dans son modus operandi, il avait fait preuve de la plus froide détermination. Il n’avait pas l’intention de laisser la moindre chance à sa proie. L’idée même de clémence lui était totalement étrangère. La mort était la seule solution envisageable. La seule issue possible.
Quand elle avait repris ses esprits, la jeune femme n’avait pu respirer que très difficilement à cause du bâillon qu’il lui avait consciencieusement fourré dans la bouche. Un morceau de cet immonde chiffon dépassait de ses lèvres irritées et débordait sur son menton. Il s’en dégageait une odeur particulière qu’elle associait au goût spécial qui envahissait progressivement sa bouche. Elle l’avait immédiatement attribué à l’homme, à son bourreau, en réprimant la répulsion qui lui donnait une forte envie de vomir.
2
Elle cheminait lentement au-delà de la souffrance.
Pendant quelques minutes d’un insupportable silence, elle avait cru que le but de son agresseur était d’abuser d’elle en toute tranquillité. Plus que la douleur, elle avait craint l’indignité, l’avilissement, la souillure. Elle avait espéré que le destin lui laisserait une chance.
Mais il n’avait pas le comportement d’un violeur, pour ce qu’elle en savait et, même s’il s’éloignait curieusement d’elle de temps en temps, comme s’il allait converser avec quelqu’un d’autre, ce n’était pas pour revenir prendre ce qu’il croyait avoir délaissé à tout jamais. Elle ne le comprenait pas.
Elle s’était résignée parce qu’elle n’avait plus la moindre possibilité de faire autrement. Tout simplement.
Un peu plus tard, quand elle avait senti qu’il déchirait méthodiquement son chemisier après lui avoir retiré sa jupe, elle avait cru comprendre que l’intention de son tortionnaire était de maquiller sa mort préméditée en un viol opportuniste. On aurait dit qu’il allait préparer un tas de chiffons pour faire un grand nettoyage, comme au printemps.
La honte, semblable à une vague de fond, l’avait envahie puis submergée quand elle avait compris qu’il glissait délicatement sa petite culotte le long de ses jambes. Elle avait senti la pulpe de ses doigts moites et tièdes courir sur sa peau comme une caresse meurtrière. Comme une insulte.
Très vite, l’homme avait ensuite pétri ses seins et fouillé longuement son corps dans une suite désordonnée d’attouchements fébriles.
Allait-il se contenter de cette mise en scène avant d’en finir ?
Elle avait frissonné comme si, quelque part, quelqu’un avait laissé une fenêtre entrouverte et qu’un filet d’air humide et frais s’était mis à couler sur sa poitrine dénudée. Rien à voir avec une fontaine de jouvence.
Elle avait pensé à son corps qu’elle adorait regarder après qu’un homme l’eût aimé en ayant le plaisir comme unique motivation. Les endroits tièdes et la peau rosie étaient les jalons d’étreintes répétées. Elle gardait en mémoire les douces morsures qui prolongeaient, un temps encore, le souvenir palpable d’une volupté envolée. Le plaisir que l’on prend et que l’on donne, celui qu’on partage enfin. Le souvenir d’une main passant dans ses cheveux blonds dans un geste raisonné. Comme un remerciement souvent, comme une promesse parfois.
Un autre scénario possible s’était mis à lui tarauder l’esprit. Il avait immédiatement induit une vague de dégoût provoquant un spasme si violent qu’elle n’avait pu le réprimer.
Et si, elle vivante, son agresseur ne lui faisait rien de plus, oserait-il dépasser les bornes une fois qu’elle aurait exhalé son dernier soupir ? Avait-il des tendances nécrophiles ?
Sa réflexion s’était brutalement arrêtée là, brisée net par la fulgurante souffrance qui l’avait brutalement submergée comme un raz-de-marée, une onde de choc touchant l’horreur et le désespoir.
De terribles minutes avaient suivi. Elles avaient été de celles qu’elle aurait échangées sans l’ombre d’un regret contre une mort immédiate et salvatrice.
Ne plus souffrir. Jamais.
3
Elle estima qu’elle aurait dû pleurer d’être ainsi traînée au bord du gouffre. Mais les larmes ne venaient pas comme si son corps avait déjà déconnecté, une à une, les fonctions devenues totalement inutiles pour s’en tenir au minimum végétatif.
Elle rêva qu’elle était étendue, offerte, sur un lit où la couette fleurie faisait des vaguelettes comme celles qu’elle entendait s’écraser mollement à deux pas du lieu de son supplice.
Elle n’aurait pas su dire si elle avait mal. Elle avait dépassé le stade de la douleur pour se raccrocher tantôt à l’essentiel tantôt au futile.
Elle aurait voulu exiger qu’on ne la voie pas ainsi, nue, martyrisée, morte sur un lit de sable fin, éclaboussée de son propre sang. Elle se prit à espérer que son bourreau la recouvrirait de quelque couverture ou d’un vêtement une fois que tout serait fini.
Elle sut avec certitude qu’il ne le ferait pas.
Des mots, des phrases de prières enfantines, lui revinrent en mémoire et elle tenta de les dire sans y parvenir. Elle pensa un instant à pardonner. C’est ce que l’on doit faire dans ces cas-là pour se mettre en règle avec Dieu. Pardonner à ses bourreaux relève d’une qualité humaine qu’elle était certaine de ne plus posséder. Elle n’en ressentait ni le besoin. Ni l’envie.
Elle crut pouvoir bouger un peu et étendre le bras pour ramener sur elle une imaginaire couette fleurie qui lui aurait rendu un semblant de dignité en la dérobant aux regards pervers. Le mouvement commandé resterait à jamais une illusion perdue.
Alors, elle se mobilisa pour autre chose. Il lui fallait à tout prix tenter de réduire l’écartement indécent de ses jambes pour préserver un minimum de pudeur. Masquer ce qui subsistait de sa nature de femme même si ce

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