À la dérive

Coralie Péguet

Description

Immensité bleue. Solitude désespérée. Technologie oubliée.

Sans attache, le monde bulle d’Akisa dérive vers une mort lente…

Jusqu’à cette autre bulle, et les coordonnées affichées sur les murs de la ville qu’Akisa et les Observateurs aperçoivent.

L’espoir renaît. Le risque aussi. La mort rapide peut-être.

Il faut choisir et les factions se déchirent.



À la dérive est un voyage étrange dans le silence des grands fonds, où les peurs parfois empêchent d'espérer.

Informations

• Publié par: Les éditions du 38
• Date de parution: 16 septembre 2015
• Nombre de lectures: 103
• EAN13: 9782374530369
• Langue: Français

Extrait

Extrait

Taille approximative : 300 mètres. Profondeur : 100 000 mètres. Menace : nulle.

Les yeux dans le vague, la jeune femme observe la créature titanesque qui dérive paisiblement derrière l’épaisse paroi de verre. Les longues nageoires translucides qui fusellent son corps ondoient et sculptent la lumière de la ville en filaments au mouvement hypnotisant. Le silence absolu des abysses s’arrondit sous la plainte grave et majestueuse de l’animal. Sans même regarder sa feuille, Akisa en trace les contours, doucement. Elle se laisse porter par la sérénité glacée de l’océan et y abandonne pour un instant les résidus obscurs des pensées qui encrassent son esprit. Dans les souterrains désertés de la cité, le plus loin possible de la civilisation, la solitude l’enveloppe dans un cocon douceâtre qu’elle aime et déteste à la fois. Ici, elle est libre de s’effacer. Pas un mot. Pas un sourire. Dériver dans la futilité bienvenue de la contemplation de la vie environnante. L’encyclopédie a grossi, d’année en année, et ses pages noircies de dessins et de mots flottent sans cesse dans sa tête.

– Akisa ?

Plongée dans son propre univers, elle ne l’a pas entendu approcher. Elle refrène l’agacement qui acidifie ses pensées, offre un sourire avenant quoiqu’interrogateur à Albireo, un collègue et ami de longue date. Sur le papier, elle dirige l’équipe d’observation extérieure, mais il est rare que ses collaborateurs aient besoin de son aide. Le jeune homme le sait très bien et arbore une expression légèrement contrite.

– Une bulle a été aperçue à cent treize degrés d’ici.

– Une autre ?

– Il semblerait, les bâtiments ne sont pas les mêmes.

Avoir la possibilité d’observer deux sphères en moins d’une semaine représente une occasion rarissime.

– Sur notre route ?

– Il vaudrait mieux envisager une légère déviation de notre parcours, par mesure de sécurité.

Akisa sent son visage se plisser spontanément pour la première fois depuis des jours et un éclat douloureux et joyeux à la fois traverse ses veines. Elle vit pour ces instants-là, pour ces aiguilles qui déchirent les bandes d’attente et de solitude dont elle s’est enveloppée involontairement.