Agnonlètè
115 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Pour Agnonlètè, hors de question de se marier, elle sera une guerrière et s'engagera dans une lutte sans fin pour la liberté !

Agnonlètè est une jeune recrue de l'armée des Amazones qui combattent pour la protection du royame "Ntö". C'est une jeune fille très belle et désirable. Mais elle est avant tout une guerrière. Elle ne peut ni se marier, ni avoir des enfants. Sa beauté ne manque pas de soulever des passions et de faire chavirer des coeurs comme celui du roi Arôssou. Il en fera les frais pour avoir voulu utiliser la force; car Agnonlètè est courageuse, sculptée et puissante. Elle le laissera défiguré avant d'entreprendre son périple vers le sud-Est le long de l'Atlantique. Avec ses soeurs d'armes Amazones, elles mettent en déroute plusieurs fois des compagnies portugaises ou hollandaises pratiquant la traite négrière. Puis elle va partir. Elle traverse le pays Yorouba et marche jusqu'à l'embouchure de fleuve Congo pour se mettre au service de la reine N'Zinga des royaumes fédérés de N'Dongo et du Matamba, à Luanda de l'actuel Angola.

Suivez les aventures d'une amazone au fort caractère et sans pitié, qui se bat aux côtés de ses soeurs d'armes face à la dominance des hommes, aux injustices et à la traite négrière !

EXTRAIT

Les Yovo, soudain plongés dans l’obscurité totale de la nuit sans lune, ne sont pas habitués à combattre dans ces conditions.
Les Amazones, parfaitement accoutumées au combat pendant les nuits les plus noires, malmènent impitoyablement les flibustiers. Ils reçoivent des coups qu’ils ne voient pas venir. Agnonlètè, en les fixant de ses yeux de tourmalies, a vaincu plusieurs individus aux cheveux de longs poils de singes. Maintenant, elle en choisit un qui porte un grand chapeau étrangement recourbé sur les côtés et un anneau à l’oreille droite. Son œil gauche est caché par un bandeau noir. Il est affublé d’une barbe mal entretenue et ses cheveux, non seulement ressemblent à de longs poils de singes, mais en plus, sont sales. Après les hommes qu’elle a l’habitude de voir au palais, quelle négligence… Pour commencer, elle expédie au loin le mousquet de cet individu en utilisant sa sagaie comme un bâton de combat. Puis, elle lui assène une succession de coups de poings, coups de pied et coups de genou. Elle lui pique le flanc de la pointe de sa sagaie. Il est coriace et saisit son épée. D’un mouvement elle l’esquive. D’un coup de sabre, elle lui tranche la main. L’arme et le membre sanglants roulent sur le sable. D’un saut acrobatique, Agnonlètè se trouve derrière lui et lui assène un violent coup de pied au derrière. Vexé, il se retrouve à quatre pattes. D’un soubresaut, il s’accroupit, fait volte-face. Puis l’œil mauvais, de la main qui lui reste, il ramasse une poignée de sable pour la jeter au visage de la guerrière et se relève dans le même élan. Mais Agnonlètè a vu venir son mouvement. D’une roulade elle a évité le jet de sable. De sa sagaie, elle fauche les jambes du capitaine qui s’est à peine mis debout. Il se retrouve encore à terre.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Enseignante, Véronique Diarra est une passionnée de l’histoire de l'Afrique pré-coloniale. C’est une citoyenne du monde qui prend ses racines au Congo, au Burkina-Faso et en Côte d’Ivoire. Elle a vécu dans différents pays grâce à son père, haut-fonctionnaire international. Elle habite et travaille près de Paris depuis plusieurs années.

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2019
Nombre de lectures 6
EAN13 9791094575116
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Page de titre
J’adresse mes remerciements à Nadia Sédjoro Zinsou, son cousin Prospère, son amie Séraphine et à Marie-Christine Agboton et au professeur Gomez. Je n’oublie pas le marchand d’art africain de l’avenue de Versailles, à Paris.
Enseignez à vos enfants qu’ils sont les descendants directs du peuple le plus grand et le plus fier qui ait jamais peuplé la terre.
Marcus Garvey
CHAPITRE 1
Sur un visage d’ébène, des yeux vifs contemplent le paysage. Agnonlètè est son nom. Ainsi l’avait nommée sa mère. Agnonlètè, pour dire « tu es belle ! ».
C’est sa tante qui assurera son initiation jusqu’à son introduction à la cour du roi Arôssou. Agnonlètè a des yeux magnifiques. Sans le savoir, elle est pour son peuple une protection, une puissance capable de repousser les pires ennemis.
Son regard aux yeux en amande sont d’un blanc bleuté parés de tourmalines noires. Ces pierres semi-précieuses ont une vertu : protéger, éloigner tout ce qui est nuisible. Cette jeune fille aux sourcils souvent froncés porte un nez taillé pour humer tous les parfums de la nature, des pommettes saillantes sont scarifiées de lignes verticales et une bouche charnue pour savourer la pulpe des fruits sauvages. Elle appartient à un corps d’élite : l’armée des Amazones appelées Ahouangansi dans la langue fon.
Ces femmes sont les combattantes qui assurent la sécurité du royaume et du roi. Sa majesté Arôssou règne sur les terres de Tô. Ce pays d’Afrique de l’Ouest s’étend, en ce XVII e siècle, sur un territoire partant de la côte océane jusqu’à la forêt dense. Ce monarque Arôssou met sa confiance en ses combattantes d’abord, et en son armée de guerriers ensuite. La vérité est qu’elles sont plus fortes et plus courageuses que les hommes.
Les Amazones sont aussi appelées « les mères » du pays : les Nômiton. Elles garantissent la paix par leur présence. Elles nourrissent la paix en se tenant toujours prêtes pour la guerre. En veillant sur le pays, elles sont des Mino : des protectrices. Quand les Européens se heurteront à elles, ils les compareront aux redoutables guerrières de la Grèce antique : « les Amazones ». Les guerrières africaines sont robustes, ont une allure masculine, une démarche virile, un corps taillé pour le combat. Leurs épaules sont larges, leurs bras musclés, leurs hanches étroites, leurs abdominaux sculptés, des jambes puissantes.
Agnonlètè est une combattante parmi tant d’autres. Mais elle a tant de charme, de personnalité, d’assurance et de charisme qu’elle attire les regards, on la distingue de ses sœurs d’armes.
Guerrière, elle a, par chance, une peau riche en mélanine. Cela lui donne un teint d’un noir profond, satiné par une huile nourrissante. Dotée d’une force incroyable, grande, robuste et splendide comme un palmier royal, Agnonlètè est puissance et beauté. Elle rayonne d’une féminité triomphante avec ses formes gracieuses. La chevelure dense et laineuse qui couronne sa tête reste courte. Sans cette condition, le peigne en bois y passerait malaisément. Farouche, elle sourit rarement. Seul un rictus carnassier découvrant des dents éblouissantes apparaît au moment précis où, au combat, elle estime avoir assez « joué » avec son ennemi et s’apprête à l’expédier ad patres. À ses oreilles, les trous percés au second jour de sa vie portent de petits anneaux d’or. Un collier montant, du même métal, enserre son cou et met en valeur son port de tête altier.
Jamais elle n’aura ni amant ni époux. C’est le vœu des guerrières.
Très jeune, Agnonlètè s’est faite remarquée par Gan Féla, sa tante. Elle s’est immédiatement proclamée guerrière et a juré solennellement de renoncer à toute vie sentimentale ou conjugale pour se consacrer au combat. Son père a protesté car une fille si jeune ne peut peser les conséquences d’un tel choix. Sa mère a pleuré craignant que les effroyables efforts physiques exigés aux entraînements ne tuent sa précieuse fillette. Rien n’y a fait. Agnonlètè, fièrement, a suivi sa tante. Elle a parfaitement mesuré l’importance de son engagement car elle a une maturité particulière.
Comme ses sœurs d’armes, elle porte des bracelets gainés de cuir aux bras. Ils donnent puissance et précision à tous ses gestes pour frapper, dévier, esquiver. Une bande d’étoffe tissée couvre sa poitrine. Une culotte à l’entrejambe, confortable sous son pagne court, lui permet de révéler ses talents pour la course, le saut en longueur, le saut en hauteur, le saut acrobatique et l’escalade. Ses genoux portent des jarretières de cuir. Ils donnent vigueur et rapidité à ses jambes. Ses pieds ne craignent ni ronces ni cailloux et se rient des épines. Pour combattre, elle utilise le couteau qui pend à sa ceinture, la sagaie dans sa main droite et le sabre recourbé dans la gauche. Seule sa tante manie mieux qu’elle les armes blanches et le bâton. À la lutte, il est presque impossible de la terrasser tant elle est rigide et solide sur ses jambes.
Agnonlètè a achevé sa formation. Jamais elle n’a déçu sa tante. Chef de l’armée féminine, Gan Féla regarde souvent sa nièce avec satisfaction. Elle est vigoureuse, a l’intelligence vive et la passion des meneuses, celles qui trouvent les voies et les moyens pour réaliser les rêves et les espoirs.
Avec ses consœurs, elle subit jour après jour de dures épreuves et un redoutable entraînement. Cela consiste à savoir observer sans être vue ; se déplacer sans laisser d’indices ; repérer les traces de l’ennemi et le poursuivre pour l’affronter où qu’il soit ; résister à la douleur et à la fatigue ; contrôler la peur ; être capable de survivre dans n’importe quel environnement hostile. Tout cela a gravé au plus profond de chaque Amazone la devise « vaincre ou mourir ».
Un matin comme les autres, Agnonlètè se réveille. Elle s’étire sur son lit de bambou et repousse sa couverture de coton. Grâce aux huiles essentielles dont elle s’est frottée visage et corps, aucun moustique n’a osé l’approcher ni troubler son sommeil. Elle rajuste son pagne. Ôtant le couvercle de son pot de terre cuite rempli d’eau claire, elle se lave le visage, s’ébroue énergiquement se rince la bouche et se désaltère. Alors, elle sort de sa maison faite d’une pièce aux murs de pisé, couverts de palmes, qui repoussent chaleur et pluie. Il est temps pour elle de saluer ses sœurs d’armes.
En effet, se présenter devant quelqu’un le coin de l’œil douteux, le visage terni par les sueurs nocturnes, l’haleine lourde, quel manque de savoir vivre ! Quel manque de respect de soi ! Quelle grossièreté !
Une jeune fille au crâne rasé se place devant elle et, pliant les coudes, referme la paume de sa main gauche sur son poing droit en signe de salutation propre aux combattantes.
— Je te salue, Wagny. Nouvelle du matin ? lance Agnonlètè avec le même geste.
— Je te salue, Agnonlètè, rien de grave. Je suis désolée de t’avoir cogné le flanc hier à l’entraînement. As-tu toujours mal ?
— Ne t’inquiète pas. Certes, tu m’as donné un rude coup mais c’était à moi de ne pas baisser ma garde. M’accorderas-tu une revanche ?
— Quand tu voudras !
Et les deux filles descendent vers la rivièreTossissa, réservée aux combattantes pour la toilette et l’approvisionnement en eau. Jeunes et moins jeunes prennent leurs bains et font leur lessive puis s’habillent et se dirigent vers la grande bâtisse aux murs ajourés où sont pris en commun les repas. Celui du matin est riche en mets pleins d’énergie. Viandes, poissons marinés et grillés, accompagnés de légumes et tubercules variés rassasient les convives réunies autour des plats. Puis elles se lavent les mains, se curent les dents avec des bâtonnets parfumés et vont se préparer pour l’entraînement du matin.
Aujourd’hui, Gan Féla, impose l’habituel parcours du combattant aux allures d’un jeu de guerre. Il s’agit de former plusieurs équipes et de se frayer un chemin dans la forêt selon des itinéraires qui se croisent. L’ordre principal est d’évoluer en se camouflant pour voir sans être vues et de surprendre les moins vigilantes pour les affronter. Le combat prend fin quand les plus fortes ont immobilisé leurs adversaires. Leur triomphe consiste à les ramener prisonnières devant Gan Féla.
Les hommes de la forêt, ceux qui deviennent adul

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