Cendres et braises
100 pages
Français

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Cendres et braises , livre ebook

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 1994
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296733213
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CENDRES ET BRAISES
 
Collection Encres Noires
Dirigée par Gérard Da Silva
Derniers titres parus :
 
N°115 Cheick Oumar Kanté, Après les nuits les années blanches.
N°116 Gaston-Paul Effa Quand le ciel se retire.
N°117 Sydia Cissé, Le crépuscule des damnés.
N°118 Edilo Makélé, Long sera le chemin du retour.
N°119 Moudjib Djinadou, Mais que font donc les dieux de la neige ?
N°120 Boubacar Boris Diop, Les traces de la meute.
N°121 Philippe Camara, Discopolis.
N°122 Pabé Mongo, Nos ancêtres les baobabs.
N°123 Vincent Ouattara, Aurore des accusés et des accusateurs.
N°124 Abdourahmane Ndiaye, Terreur en Casamanve. (Polars Noirs)
N°125 Kama Kamanda, Lointaines sont les rives du destin.
N°126 Ken Bugul, Cendres et braises.
N°127 Jean-Jacques NKollo, Le paysan de Tomboctou (théâtre)
N°128 El Ghassem Ould Ahmedou, le dernier des nomades.
N°129 Mamadou Seck, Survivre à Nduntbélaan.
 
 
 
© L'HARMATTAN, 1994
ISBN : 2-7384- 2137-7
 
 
 
KEN BUGUL
 
 
 
 
 
 
 
CENDRES ET BRAISES
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Éditions L'Harmattan
5-7 rue de l'École Polytechnique
75005 Paris
 
 
 
 
 
 
 
 
A MA MÈRE AISSATOU ABBA DIOP
 
 
 
CHAPITRE I
 
 
Le cheval s'arrêta devant la concession. Il ne tenait pas en place, battait des sabots comme dans une exécution de danse, reniflant bruyamment : il attendait que nous descendions de la calèche pour retrouver le destin que l'homme avait deviné en lui en le domestiquant.
C'était le début de l'après-midi.
Le soleil dans sa générosité enveloppait tout, partout.
Furtivement je suivis du regard le grand chemin de sable qui, au loin, se perdait dans un horizon de ciel, d'arbres, de buissons et d'infini.
Baye Modou, un vieux compagnon de la famille, se leva de la chaise pliante en bois de "dimb" et dans un sourire de tout son visage vint à ma rencontre de sa démarche lente :
"Hé ! tu as un hôte, Aida Bâ ; hé ! où sont ceux de la ville. Où sont les parents ?"
"Samb,
"Mbaye,
"Samb,
"Hé ! hé ! ..."
Fatim Ndiaye, la femme de Baye Modou Samb était assise sur une grosse bûche devant un feu de bois sur lequel était posée une marmite. Fatim Ndiaye était une personne qui "avait des os". D'une main, elle tenait un couteau et de l'autre une racine de manioc en partie épluchée. Elle tourna son buste vers moi et me sourit avec chaleur. Fatim Ndiaye, comment te portes-tu ?
"Ah ! qui est celle-là à côté ? N'est-ce pas Adama Samb, la laideur et la gourmandise réunies ; Fatim, tu crois qu'elle trouvera un mari celle-là ?"
La fumée des tiges de mil séchées dont Fatim Ndiaye se servait pour attiser son feu, s'échappait de la toiture que quatre pieux soutenaient. C'était là qu’elle passait la plus grande partie de la journée en compagnie de son mari et de sa fille âgée d'un peu plus de trois ans, Adama, rescapée d'une maladie qui avait emporté sa jumelle Awa.
Baye Modou prit les bagages que je tenais à la main :
"Mbaye, hé ! Aïda Bâ tu as un hôte, hé ! hé !"
Un cheval était là dans des tons feu et roux, un âne aussi dont le pelage avait vu passer le temps ; mon regard s'attarda sur le manguier et tournant sur la gauche, j'aperçus la Mère au bout de la cour, baissée sur un fourneau. Elle ne vint pas à ma rencontre et dans le mouvement qu'elle fit pour m'apercevoir, je devinai que la Mère n'allait pas bien.
Ah ! la cour de la maison. La Mère en boubou indigo et blanc, un pagne à rayures dépassant. Les ombres des arbres étaient parsemées de lumières. Le canari géant était posé contre le tronc d'un arbre. Les deux pieux pour tendre le hamac, celui-là que la sœur Aminata avait ramené de son séjour au Sénégal oriental, ces pieux blanchis par les rendez-vous quotidiens avec le soleil, se dressaient vers le ciel. L'enclos pour les moutons s'aérait, l'enclos pour se laver s'enroulait sur lui-même en rondeur. Le grand rônier au fond de la cour portait sur ses immenses feuilles des oiseaux qu'on dirait peints : des oiseaux d'un bleu violent, le bec court d'un orange vif, la queue longue et effilée. Profitant de ce moment de répit, ils s'abandonnaient avec volupté à leurs ébats amoureux et au nettoyage de leur plumage.
On voyait aussi les pieux servant à attacher les bœufs et les vaches, plantés çà et là au milieu de l'arrière-cour, dans un mélange de sable poudreux et de bouse.
Ah ! cette maison, comme elle était ! L'une des plus anciennes, l'une des plus grandes. Les tiges des plantes de gombo de la dernière saison des pluies, jaunies et séchées s'offraient encore pour le plaisir du regard, l'agrément du décor, en frissons dans le paysage.
J'avançai vers la Mère suspendue dans son mouvement ; face à son regard trouble, je sentis mon cœur se serrer.
Qu'avait la Mère ?
Le sol autour d'elle recevait le monde des poules, des coqs, des poussins, des fourmis affairées.
Les couleurs et les dessins que pouvaient avoir les plumages des poules et des coqs ! Ce merveilleux passage des poussins d'un jour, cocons jaunes aux pattes menues et frêles, jusqu'aux poussins dont on voyait déjà une plume qui osait, jusqu'au jeune coq haut sur pattes, nerveux et altier, jusqu'à la poule en chaleur au caquètement provocateur, et le coq, le mâle du décor.
"Hé ! hé !"
La Mère geignit et se releva jusqu'à tenir debout. L'effort qu'elle fit me convainquit qu'elle était souffrante.
Une casserole sans anses, noircie par l'usage, dans laquelle mijotaient des écorces, des feuilles, dans un liquide brun, confina mes soupçons : à cette heure de l'après-midi !
Ah, la Mère, la créature la plus extraordinaire, le sentiment, le sang, la source ! Je ne pouvais pas rester ainsi devant elle et m'efforçant de paraître bien, je m'engouffrai dans la véranda qui me rappela l'atmosphère des journées pluvieuses d'hivernage : la Mère, mon frère Baba, ma nièce Diarra et moi-même, nous nous protégions des menaces de la nature. La Mère chantait ; louant Allah et Son Prophète, d'une voix qu'elle voulait agréable et qui était plus encore.
La véranda. La même depuis si longtemps. Les odeurs, les couleurs, les sens étaient là, présents, et la mémoire était bousculée dans la nostalgie.
Je déposai les bagages dans la chambre de la Mère : cette pièce où j'avais vécu une partie de mon adolescence, cette pièce où la Mère s'était réfugiée quand elle avait quitté la maison du père. Elle était venue se réfugier ici chez la grand-mère.
La pièce sentait la Mère.
Elle m'avait rejointe :
"Hé ! hé ! et là-bas ? Mais tu as duré là-bas."
Un nœud m'enserrait le haut de la gorge, en l'entendant se plaindre que je sois restée si longtemps là-bas.
"Je ne me sens pas bien", reprit-elle.
Oui, la lassitude de la Mère se lisait dans son allure et dans ses yeux qui semblaient opaques.
Oui, cela faisait si longtemps...
La notion de temps ne semblait pas avoir d'importance, ni la notion de lieu. Le vécu seul avait une répercussion déterminante sur le rapport. Tout le problème se situait là.
Je n'osais pas avouer un certain vécu. Pourtant ce vécu avait été.
Je fis un effort pour ne pas pleurer :
"Où as-tu mal ?"
Les larmes me piquaient le coin des yeux. J'essayais de contenir ma voix qui se brisa dans un sanglot étouffé. La Mère était assise sur le lit en face de moi. Je me trouvais à côté de la fenêtre dont le rideau rose à volants, allait et venait au gré du vent en créant des zones d'ombre et des zones de lumière.
"Hé ! hé !", reprit la Mère.
"Comment vont tous les parents ? Ah, je suis fatiguée et je suis si seule ; un soir je me suis sentie si seule qu

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