En revenir aux fées
126 pages
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Description

La Terre, futur proche. À force de mépris, l’humanité a provoqué l’Échec. La technologie a régressé. La Nature a grandement souffert. L’air et le sol sont si pollués que les gens vivent confinés, mal nourris. De leur côté du monde, les fées s’interrogent. Faut-il agir pour sauver ce qui peut l’être, ou doit-on achever de purger la planète de ceux qui l’ont défigurée ? Follette plaide en faveur des ingénieurs, des rêveurs et des artistes – surtout son cher Julian, dont les rimes et les récits lui ont permis de subsister. Mais seule une très ancienne divinité, défigée après cinq mille ans, a vraiment le pouvoir de trancher la question.



Ce nouveau roman mosaïque chez Voy’el vous est proposé dans une édition revue et augmentée. Les textes de Nathalie Dau nous parlent avec une justesse incroyable, alors que la planète est en train de subir de nombreuses dévastations.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782364754324
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nathalie Dau EN REVENIR AUX FÉES Édition revue et augmentée. Première édition : Éditions Mythologica Avril 2015 © Éditions Voy’el 2018 Nous nous engageons à vous proposer des livres sans DRM, en échange, merci de ne pas diffuser cet epub sans autorisation de l’auteur ou de l’éditeur. Le piratage est un fléau pour les éditeurs, surtout les petits, car le numérique permet bien souvent des rentrées d’argent dont nous ne pouvons nous passer. En vous engageant à acheter nos livres légalement, vous nous aidez à vous faire découvrir de nouveaux talents, de nouveaux univers.
Les Éditions Voy'el bénéficient du soutien de Cicli c-Région Centre
dans le cadre de l’aide aux entreprises d’édition imprimée ou numérique
Pour ma fille Shannon, Ma benjamine, Parce qu’un jour, alors qu’elle était bien petite, Elle est venue me trouver et m’a dit avec conviction : « Maman, quand je serai grande, je veux être une fée ! » Pourquoi pas, après tout ?
Je suis certaine que notre bonne vieille Terre apprécierait !
CONDITIONS REQUISES
Remets ta tête dans le sac, Et tout le reste aussi. N’oublie pas l’outre de l’offrande : Les fées ne laperont rien d’autre. N’oublie pas non plus de déposer Le fer à terre, Sans quoi, Il gèlerait tous les chemins. Au flanc de la colline Qui n’en est pas une Dort le serpent Aux treize anneaux. Grimpe sur son dos ! Sois poli et précis, Sous peine d’éveiller les ombres, Et chante le secret des jours. Alors, la Mère te livrera L’entrée du pays de lumière.
FOLLETTE Le ciel pollué, hachuré de longs nuages sales, méla ngeait le lie-de-vin, le jaune terne et le cyan délavé. Je contemplais cette tristesse en retenant mes larmes. Autant éviter de rajouter l’illusion de la pluie – même si mes yeux, eux, ne produisaient rien de toxique. Un soupir m’échappa malgré tout. Je conservais le s ouvenir des azurs éclatants, des feux dorés, des blancs purs et des m auves apaisants. Les couleurs d’autrefois, déjà altérées durant les temps d’avant l’Échec. Dans mes jeunes années, j’avais connu des ondées qu i ne rongeaient aucune peau et n’empoisonnaient pas la terre, mais en exal taient les parfums et stimulaient la sève. Le monde ronronnait quand le v ent caressait le pelage d’herbe qui le recouvrait. J’y voletais en liberté, éclat solaire buvant aux perles de rosée, rêve chevauchant les brins verts à la poursu ite d’autres rêves assortis. Je suivais les écharpes de brume légère et je m’insinu ais, avec elles, dans les interstices des murs. Je les regardais mourir, pâmé es d’adoration, devant les braises de l’âtre qui s’étiolaient avec elles. Le lutin assis sur la pierre du foyer me souriait en me souhaitant la bienvenue, comme chaqu e matin, quand je rentrais de mes vagabondages. Je m’étais gorgée de rêves noc turnes, toutes ces énergies poudreuses que les humains fabriquent à le ur insu depuis le creux de leurs songes. Durant leur temps d’éveil, je les ins pirais en retour, en me perchant sur leur épaule pour chuchoter les enchantements qu i nourrissaient leur création. Et chaque objet de pierre, de verre, de terre, de m étal, de fibre ou de bois devenait œuvre d’art autant qu’objet utilitaire. L’industrie, les machines ont abîmé cela, ne m’ont laissé que les artistes. Puis est venu l’Échec. Les dents de fer enfoncées dans la terre. Les souffles délétères arrachés à l’âme du monde. La maladie des troupeaux et des hommes. Le maléfice diffusé par les lucarnes de télésenso – et la mort de millions d’êtres de ma sorte. Pourquoi, comment avais-je survécu ? Aucune certitu de à ce sujet. Peut-être Julian, le poète que je hantais en ce temps-là et d epuis lors, était-il plus insensible que les autres aux charmes bariolés du m aléfice. Le soir où l’Échec avait commencé, il avait sans doute négligé d’allum er sa lucarne, comme tant d’autres soirs ; de se vautrer devant, un plateau-t élé sur les genoux. C’est du moins ce que je soupçonne. J’étais déjà dehors, à e xplorer la nuit ; je ne peux pas vraiment savoir. Ce n’est pas important, après tout. L’essentiel demeure : moi, j’existe toujours. L’Échec datait d’environ dix à vingt années humaine s. Environ, oui. Ses conséquences m’affectaient trop – et m’affectent toujours –, alors ne comptez pas sur moi pour ce genre d’exactitudes. Je déprimais, ce qui inspirait à Julian de grands poèmes tragiques et l’envie de s’ouvrir les veines. Le jour où il a agi tout de bon, je me suis reprise comme j’ai pu – suffisam ment pour lui éclaircir l’humeur. Depuis toujours, nous vivions en symbiose . Je nourrissais son art de tous mes souvenirs d’avant. Lui, il produisait des rêves que je pouvais butiner.
Mon amour de ses rimes m’avait sauvée. Malheureusem ent, je ne pouvais lui offrir la réciproque. Et je le déplorais. Car depuis l’Échec, il ingérait des aliments modifiés, de l’eau contaminée qui le tuaient lentement. Il n’avait pas le choix, bien sû r. Désormais, se maintenir en bonne santé représentait un coût exorbitant. La ric hesse matérielle n’appartenait qu’à quelques-uns, qui thésaurisaient sans le moind re scrupule. Ces gens-là me dégoûtaient au plus haut point. À mes yeux, ils n’a vaient aucune excuse – contrairement aux dragons de jadis, qui tentaient s implement de préserver les veines aurifères, et qui avaient disparu moins par la lance des chevaliers que par les pioches et les foreuses des mineurs. Ainsi, Julian dépérissait. Ce soir-là, celui où com mence mon récit, les tristes feux du crépuscule soulignaient les vastes ombres s ous ses yeux, le creux de ses joues amaigries, les zones de peau blafarde au sommet de son crâne, là d’où avaient chuté ses malheureux cheveux. Il ne se coiffait plus : le peigne assassinait à chaque fois une poignée de survivants . Il ne sortait pas davantage, faute d’argent pour remplacer le filtre de son masq ue. Il mangeait les rations que le répartiteur municipal lui avait attribuées, et q u’il recevait grâce au transport à tubes pneumatiques installé dans toute la ville sitôt que l’on avait compris tous les dangers de l’au-dehors. La vie humaine se confinait autant qu’elle le pouvait. Déprimant, non ? Et la vie féerique, du moins le pe u qu’il en restait, ne valait pas beaucoup mieux. J’aurais pu quitter la mansarde sous le toit, profi ter d’une éclaircie pour me hisser sur un courant d’air moins souillé. J’aurais pu naviguer dans le ciel en évitant l’haleine corrompue des souffleries, et la béance noire des bouches d’aspiration – qui vous absorbaient pour vous livre r ensuite aux pales mortelles des grands ventilateurs. Je le savais par les derni ers oiseaux – des volatiles déplumés qui semblaient avoir dérobé leurs ailes au x chauves-souris. Ils m’avaient assuré qu’il restait, loin de la ville où j’habitais, des lieux ayant échappé à l’Échec. Je les avais crus. En me concentrant bien, je pouvais capter les appels des génies du terroir exigeant le rassemblement de nos ultimes forces. Mais j’étais lasse et trop chagrine. Surtout, je répugnais à abandonner mon poète. Pas alors qu’il luttait contre la maladie pour m’offrir, strophe après strophe, des bribes d’art et de beauté. Il était courageux, mon Julian. Il méritait mieux q ue le sort qui lui était promis. Hélas, qu’y pouvais-je ? Minuscule follette, impuis sante à quasiment tout, j’observais à défaut d’agir. Ce soir-là, pourtant, un changement s’invita dans mon quotidien. Je m’en suis avisée tout de suite. Parce que j’étais gorgée des rimes du jour. Mes ailes étincelaient de brymant frais – cette poudre de fée qui peut chasser les cauchemars et repousser les agressions. D’ordinaire, Julian écrivait sur du vieux papier re cyclé, avec une encre bleue, très délayée, qui lui tachait le bout des doigts. M ais là, il se leva d’un coup, s’empara d’un charbon destiné à nourrir le poêle – à présent que le radiateur d’origine ne fonctionnait plus – et alla tracer sur le mur, en grandes lettres noires : Qui sait le secret du brouillard ?
J’ai hoqueté de stupeur, car je n’avais pas inspiré ces mots. J’ai écarquillé mes yeux limpides et me suis propulsée, en quelques battements d’ailes frénétiques, dans tous les angles du plafond de la mansarde. Mais rien. Personne. Ou plus exactement, aucune cré ature issue de Féérie, car j’y trouvai une grosse araignée mutante, qui m’ étudia longtemps avant de décider que non, finalement, je n’étais pas quelque mouche comestible. De chagrine, mon humeur devint colère. Quelqu’un s’ amusait à empiéter sur mon domaine. Quelqu’un d’assez puissant pour éviter que moi, muse officielle et patentée de ce poète-ci, je puisse percevoir l’intr usion. Je ne pouvais qu’en constater le résultat : une question posée en lettr es charbonneuses, et mon Julian qui demeurait figé devant, ses lèvres balbutiant en boucle cette phrase-là, moins pour tenter d’en comprendre le sens que pour se saouler de son rythme et se vider l’esprit de toute autre pensée. Je fulminais. Dans un monde désormais si chiche en poésie, si terne et si désenchanté, on me dépouillait des rimes à venir ! On s’emparait demonrêveur, on le détachait de sa muse et on lui lessivait la c ervelle avec un pseudo mantra hypnotique. Pouvais-je tolérer cela ? La nuit tira brutalement, devant le soleil alangui, l’opaque volet des immeubles de l’ouest. Julian ne s’en soucia pas. D’ordinaire, à cette heure-ci, il dépliait ses longues jambes maigres, massait sa nuque raide et rallumait le poêle. Sur la plaque ch aude, il posait sa vieille cafetière à l’italienne, qu’il chérissait déjà avan t l’Échec. Il allait inspecter le tube pneumatique, ramenait sa ration du soir et la versa it dans une casserole cabossée. Rien de tout ça, cette fois. Rien que le murmure in cessant, et la contemplation du mur. Son ventre eut beau protester d’un gargouil lis sonore, mon poète ne broncha pas. Je vins chanter à son oreille. Je lui maquillai le visage avec tout l’or de mon brymant. Je mordillai, de mes quenottes pointues, l a partie la plus sensible de son nez… Là encore, il ne manifesta aucune réaction. Cela m’inquiéta. S’il négligeait de se nourrir, la mort le faucherait encore plus vite que prévu ! Il ne servait à rien de rester dans cette chambre, à le regarder dépérir. Je l’aimais trop pour ne pas désirer comprendre. Pour ne pas m’ébrouer les ailes et en chasser la lassitude. Pour ne pas tout risquer afin de le sauver. Mon doux poète. Mon petit prince des rimes… Sans plus un regard en arrière, je m’élançai dans la nuit. J’avais volé longtemps, louvoyant entre les concent rés de pollution et les cheminées âcres expulsant aussi bien des débris que des cendres. J’avais trouvé un vent coulis habité par un esprit élémenta ire famélique. En échange de rumeurs à propager, il m’aida à m’éloigner de la ville à plus grande vitesse, et à m’élever très haut sans trop m’user les ailes. Au-dessus des lourdes fumées, je respirais plus à m on aise. Je recevais aussi, par chaque trouée dans les nuages d’altitude , le doux scintillement de mes
cousines les stellaires. J’y puisai un regain d’éne rgie. L’audace de réclamer leur assistance. Car j’ignorais de quel côté aller, les anciens arbres de rassemblement ayant été détruits avec la plupart des forêts. On alluma pour moi des repères argentés. Je parvins bientôt à la destination requise. Bientôt, oui, même si j’avais voyagé à l’autre bout de la mer, en direction du nord. Les êtres de ma sorte ont le pouvoir de re plier l’espace et d’ignorer une grande partie des contraintes de temps. Dans un espace déboisé, envahi par de courtes herbe s et quantité de débris de béton, je découvris un arbre, ainsi que j’espéra is. Un ancêtre imposant, lumineux tel un astre, et terriblement solitaire. C e roi sylvestre n’avait plus de cour. Il se dressait au sommet d’une courte butte, noueuse et déformée par les ruines d’un mur à peine moins ancien que lui. Ses r acines avaient jailli par endroits afin de chevaucher les moellons effondrés. À l’observer, on éprouvait le sentiment que l’arbre s’appropriait tous ces débris calcaires. Qu’il les revendiquait, défiait quiconque de les arracher à s on étreinte – à croire qu’il se revanchait de la perte des siens, dont même les sou ches ne subsistaient plus. Dans la ramure immense, largement déployée, de menu es silhouettes, ailées de lueurs chatoyantes, glissaient joyeusement sur la c ourbe des branches, croquaient des têtes de champignon, se lançaient de s défis de trilles inaudibles ou vantaient, en vocables excessifs, les mérites et talents des artistes de leur passé. J’en fus ébahie. Cela faisait si longtemps que je n’avais plus côtoyé mes frères et sœurs ! J’étais heureuse d’en compter autant. Tr iste aussi, car leur nombre restait dérisoire en regard des rassemblements d’av ant l’Échec. On me vit, on s’agita, on s’élança à ma rencontre. La nuit sembla soudain éclaboussée de vœux filants. On s’extasia de ma pré sence, car beaucoup me croyaient morte. Un beau follet des marécages, sa lance accrochée dans le dos, me confia même que je lui avais manqué, et qu’il ap précierait de me bâtir un nid dans un cornet de feuille, puisqu’il fallait repeup ler l’arbre – d’autant de fées que nous pourrions en engendrer. « Plus tard, le rabrouai-je. J’ai plus important à résoudre, en premier lieu. » On m’écouta raconter mon poète et la mystérieuse in trusion qui l’avait détourné de moi.  « Qui sait le secret du brouillard ? » répétèrent les jolies bouches dorées – quand j’eus achevé mon récit. Je confirmai, attendis d’autres questions, un débat, des suggestions… Mais rien. Juste les mots de mon Julian, repris encore et encore. Au début, j’en fus ulcérée. Se moquait-on de mon po ète ? Oh, j’avais bien compris que ces follettes et follets ne visitaient plus les artistes, ne les inspiraient plus. Ils vivaient de leurs souvenirs, et s’appliqu aient surtout à protéger leur arbre. Ils avaient même commencé à en décaler la su bstance ; à la faire glisser, fibre après fibre, dans une autre réalité, inaccess ible aux êtres humains. Ils ne désiraient plus se mêler de rien d’autre. Po ur eux, mieux valait se tenir à prudente distance d’un monde capable de causer l’Éc hec. Mieux valait attendre
que les hommes aient fini de mourir, et considérer ce que la Terre inventerait de neuf afin de se régénérer. Pourtant, depuis que j’avais prononcé les mots de m on poète, ils ne savaient que les reproduire à l’envi. « Qui sait le secret d u brouillard ? » se demandaient-ils sans relâche, avec une angoisse croissante. « Q ui sait le secret du brouillard ? » répondaient en bruissant les feuille s du grand arbre. « Qui sait le secret du brouillard ? » clignotaient les couleurs de toutes ces auras troublées – sirops limpides ennuagés soudain d’une larme de lait. Je m’avisai enfin que ces fées étaient désormais pr isonnières, elles aussi. Comme Julian, bien que de façon différente. J’en fr émis d’horreur. Puis je tentai de les tirer de là, de stimuler leur curiosité natu relle, et même leur colère. Mais j’eus beau crier et tempêter, menacer de briser que lques rameaux, d’arracher des bourgeons lumineux, follettes et follets n’étaient plus que l’écho de l’étrange question qui m’avait volé mon poète. Hélas ! Qu’avais-je fait ? Quelle malédiction avais -je apportée en ces lieux ? Pourquoi étais-je la seule immunisée, la seule capa ble de penser encore, et d’agir en conséquence ? « Qui sait le secret du brouillard ? » bourdonnait l’essaim de follets affolés en se retranchant dans son arbre. « Qui sait le secret du brouillard ? » Mon cœur cognait. Une chamade de tambour. Je ne sup portais plus ce leitmotiv atroce. Une plainte jaillit hors de ma te ndre gorge. Le sifflement aigu d’une bouilloire oubliée sur le feu… Alors, la terre trembla et bouillonna au pied de la ruine de mur. Et une grosse tête brune émergea des éboulis qui obstruaient l’an cienne cave où résidait un gnome. Malgré le fracas de cataracte produit par les pierr es, follettes et follets échouèrent à se taire. Seuls leurs regards écarquil lés, bleu porcelaine ou vert absinthe, traduisaient la terreur qui les habitait tous. À l’idée de rester prisonniers de la phrase maudite ? Ou parce qu’ils contemplaien t cette effrayante trogne ravinée, lune noire se découpant sinistrement sur l e blanc poussiéreux du calcaire soulevé ? « Sottes follettes ! beuglait le gnome. Engeance im mature et futile ! Puissent vos langues racornir et vous tomber hors de la bouc he ! Puissent vos lèvres butiner de la résine en fait de miel, afin de demeu rer collées ! Puissent les forces minérales inverser la Transmutation, et changer vos cervelles étourdies en solides mesures de plomb ! » On dit souvent de moi que je ne fais guère honneur à ma race féerique. J’ai le caractère emporté et la bouche trop prompte à deven ir fielleuse. Dans l’état où j’étais, aucun gnome grincheux ne pouvait m’impress ionner. Je brûlais, tel un petit soleil environné d’étoiles éteintes. La colèr e m’arrachait des éruptions d’éclairs. Mes parfums sucrés viraient à l’ozone et au poivre. « Et toi, bouffon de pacotille ! protestai-je avec véhémence. Ton esprit pesant vole aussi haut que des taupes en leurs galeries ! Rengaine ton vinaigre, ou bien je te ferai caucher par les mahres les mieux rencognées ! »
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