Favori des dieux
46 pages
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Favori des dieux , livre ebook

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Description

Depuis toujours Cléos entend la voix de Dionysos. Sous l'impulsion de son dieu, la cité de Mytilène a choisi de résister et de défier Rome. Mais après cinq années de siège, alors que les mauvais présages s'accumulent, la foi en la victoire et les espoirs s'effritent.
Alors que les Romains préparent leur ultime assaut, que peut donc faire Cléos pour sauver son peuple et sa ville ? Sa condition de Favori des dieux peut-elle encore empêcher l'inévitable ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 août 2014
Nombre de lectures 7
EAN13 9782372270113
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Favori des dieux
Texte de Kevin Kiffer
Illustration de couverture réalisée en 2008 par
Magali Villeneuve
Favori des dieux
Reliqua militia secundiore fama fuit et a Thermo in expugnatione Mytilenarum corona ciuica donatus est. Le reste de la campagne fut plus favorable à sa rép utation ; et, à la prise de Mytilène, il reçut de Thermus une couronne civique. Suétone La pluie s’abattait sur l’île de Lesbos et cette ré gion de la mer Égée pour la première fois en cinq ans. La fine bruine se transf orma en déluge, et cela suscita chez les habitants des sentiments divers : la popul ation se réjouissait de pouvoir glaner un peu d’eau, car les puits étaient asséchés et l’accès à la mer leur était coupé, mais les soldats y voyaient de sombres présa ges. Le moral des troupes était aussi maussade que le temps. Dans toute la cité aux hauts murs de Mytilène, aucu n citadin n’ignorait que l’on n’avait plus vu une précipitation, pas un orage, pa s même une ondée depuis le début du siège de la ville par les légions de Rome. Certains s’imaginaient déjà que les dieux les abandonnaient, et avec eux toute chance de survie. Il est peut-être temps d’abandonner. La voix grondait dans le grand temple de Dionysos-B acchus Liber, et pourtant restait inaudible pour tous les pieux citoyens venu s implorer leur divinité de les aider. Seul l’un d’entre eux écoutait et s’agaçait du comportement du dieu rieur. — C’est toi qui as promis de nous protéger ! Toi qu i nous as poussés à nous opposer à Rome, à suivre Mithridate pour nous libér er ! Et nous t’avons écouté ! J’ai parlé en ton nom ! Hommes, femmes, ils regardaient tous d’un air ahuri le pauvre Cléos, « l’homme qui s’adressait aux dieux » comme on le sur nommait dans la cité. Certains le pensaient fou, mais ses présages et ses prédictions avaient toujours été clairvoyants quand Mytilène avait eu à faire de s choix cruciaux. Prêtre, devin, il n’occupait aucun de ces sacerdoce s. Pourtant, il bénéficiait toujours de l’écoute attentive des magistrats insur gés contre la puissance romaine. On le percevait volontiers comme un prophè te, car il avait l’oreille divine. Malédiction ou faveur, nul ne saurait le dire. Pers onne n’aurait risqué d’offenser les dieux. Tu as pris mon conseil au pied de la lettre, ironisa la voix grave.Quand je parlais de liberté, j’entendais par le vin, qui libère l’esprit de tout souci. — Cesse de te moquer ! Le pauvre jeune homme foudroyait du regard une stat ue de Dionysos, le représentant rieur, couronné de lierre, aux jambes de laquelle se frottait une panthère. L’effigie se moquait de Cléos, et cela le mettait hors de lui. Alors tu veux la vérité ? J’ai étévaincu! Ce mot sembla raisonner dans tout le temple et donn a à Cléos l’impression de faire trembler les colonnades. Les poils de son cou se soulevèrent, tout son être fut traversé par ce cri d’outre-tombe. Malgré ce gr ondement de l’au-delà, les
Mytiléniens restaient calmes et paisibles, certains le fixaient avec curiosité, d’autres l’observaient en médisant. — Vaincu ? Impossible ! On ne vient pas à bout d’un dieu. Dis-moi la vérité ! Dis-moi ! Mais personne ne vint répondre à ses suppliques et ses mises en demeure. Ne restait que le visage ricaneur et immobile de Di onysos. Ivre de rage, Cléos sortit sur les marches en marbr e bleu clair sous une pluie battante, passant aux côtés des maigres offrandes d e nourriture de la population. Les citoyens parvenaient à peine à se nourrir eux-m êmes, mais les dons continuaient pour apaiser et remercier le dieu de s a protection. Il se mit à courir au milieu des rues désertées, dé valant la butte sur laquelle se dressait la maison de Dionysos. C’était le dernier temple encore debout, car la cité avait beaucoup souffert au cours des multiples assauts repoussés. Pour se protéger de la pluie qui perlait de ses cheveux et opacifiait sa vision, il se mit à l’abri sous une devanture de magasin au toit de toi le. Les quelques boutiques de l’avenue étaient toutes o uvertes, et par le passé avaient constitué l’artère de vie principale de la cité. Ville de commerce, Mytilène avait prospéré et nombreux étaient ceux à vivre de ces échanges. Avec le siège, chacun tentait de survivre. À présent, les marchand s ouvraient leurs comptoirs sans voir le moindre client. Et les rares citoyens qui erraient à la recherche d’un peu de pain rentraient chez eux les mains vides dep uis la destruction des fours communs. Cléos avait même vu des habitants commence r à se battre pour quelques sacs de denrées les plus élémentaires comm e l’orge. Sur ses épaules pesait le poids de la culpabilité. Comme pour les autres citoyens, les magistrats et l es soldats de Mytilène, voir sa cité agoniser l'emplissait d’une rage et d’un dé sespoir hors du commun. C’était un peu de lui-même et des habitants qui mourait cha que jour où se prolongeait le blocus. Les ombres se succédaient dans les rues adjacentes, transformant les places accueillantes en endroits où il ne valait mieux pas traîner. Le pas de Cléos se faisait plus lent malgré le déluge. Il observait ch aque recoin où des souvenirs lui revenaient, se raccrochait à ses moments de vie où tout allait bien. Il en avait besoin. Dans une ruelle, une ombre particulière attira son attention. Contrairement à toutes les autres qui disparaissaient à peine les a vait-il distinguées, celle-ci restait immobile, la tête levée. Cléos s’arrêta et fixa la silhouette qui se découpait dans la pluie et l’obscurité. Un éclair cingla le ciel, et il distingua le magist rat Asténandre qui se tenait debout, seul, le regard fixé sur une maison. Plus p récisément sur une fenêtre à l’étage, plongée elle aussi dans le noir. Le Cerbèr e aurait pu passer à ses côtés sans qu’il esquisse le moindre mouvement. Nul n’ignorait son histoire dans la cité : malgré s es succès politiques et sa nomination aux plus hautes instances, ses convictio ns...
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