Hérédité : Les mémoires oubliées - la saga
176 pages
Français

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Hérédité : Les mémoires oubliées - la saga , livre ebook

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Description

Cette saga à travers les générations familiales ne peut être qu’inventée puisqu’elle est née du silence qu’engendrent les morts… de ces parcelles de vérités ou de mensonges, de ces histoires qui n’appartiennent à personne dans la quête d’une identité organique où subsiste la recherche du sens de la vie.
Plus loin que le regard des autres qui aurait pu être le nôtre, le hasard se moque de la destinée de deux familles aux attaches rompues. Ascendants et descendants à la dérive sur deux continents, dans un monde où nous sommes tous immigrants. À trop chercher ses origines pour savoir d’où l’on vient pour comprendre où l’on va, on oublie de prendre le gouvernail de sa vie. Sur une mer de tragédies on vogue tant bien que mal à travers les histoires de ces deux familles sur la Saga de l’oubli… On porte en soi l’héritage de tous ces autres sans savoir que le destin génétique existe, qu’il est implacable et sournois, qu’il transcende les générations.
Parce que l’on ne peut échapper à l’histoire de ceux qui ont vécu avant nous et que nous portons leur destin, parce que nous mourrons de leur existence, nous les devinons sans les connaitre, nous écrivons leur histoire sans savoir que quelque part nous sommes inspirés par ces fantômes attachants ou tyranniques…nous leur donnons vie pour qu’ils puissent nous libérer. Mais à quel prix?
Dans un style sincère, parfois touchant, avec un soupçon de prose, l’auteure nous fait découvrir un monde imaginaire transgénérationnel.

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2013
Nombre de lectures 5
EAN13 9782897261061
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aujourd’hui à la retraite, le professeur associé de l’Université Concordia Tilly Janowitz se souvient, dans ses mémoires oubliées suite à un traumatisme crânien, d’Hérédité, le scénario…
« Je suis honorée de m’inscrire à l’aube de ce récit. Je salue le scénario de film écrit par cette élève de grand talent, ce scénario qui a inspiré ce roman. Diane Leblond a toujours eu mon support dans sa recherche d’une qualité d’écriture exceptionnelle.
Pour atteindre les grands buts de nos vies et réaliser nos rêves il faut travailler fort et s’investir pleinement. C’est dans ces valeurs que nos parents nous ont mis au monde, c’est ainsi que l’on met au monde, comme la création d’Hérédité, le roman. Un roman, auquel je souhaite le meilleur ainsi qu’à cette auteure qui est pour moi un être cher, de cœur et d’esprit ».
Tilly Janowitz
À cette auteure dans la vingtaine qui a mis au monde, dans les années 1980, ces mémoires oubliées.
CHAPITRE UN

LE CHANTIER

Juillet 1924
I l fallait bien que l’on déterre leur mémoire, il fallait bien que l’on invente ces mémoires, il fallait bien que quelqu’un le fasse. Cela aurait pu prendre encore quelques générations, mais il fallut que ce soit moi.
Comme par magie, une fin d’après-midi d’avril, tout près du jour anniversaire de ma naissance, comme par magie, sur mon épaule, on allait m’inspirer tous ces morts qui ont vécu pourtant.
Elle avait le bras long et fort, un peu velu, souvenir de ses gènes italiens. Près d’elle, dans un berceau, son petit Clément était endormi. Elle faisait et refaisait toujours le même mouvement, sur la corde étendue. Entre le vieux hangar et le tambour, les vêtements de travail de son mari. La longue semaine qui se terminait allait lui ramener Aurel pour la relâche du dimanche.
Elle avait pris un rythme plus rapide. Finirait-elle son panier avant d’entendre, du bas de la côte qui mène au chantier maritime, le son d’une sirène qui marque, comme une horloge, la vie de ce quartier juché sur les falaises qui tombent dans le fleuve ?
Le train de cinq heures est en avance, sous ses pieds, les planches grises de la galerie vibrent, vibrent.
Sans qu’elle ait à bouger la tête, le train entre dans son champ de vision. Elle aime bien hocher la tête alors que le train s’engage sur le pont de fer qui enjambe les rues du village. Puis, vient un moment où il n’y a plus de train dans le village de Julia et sa tête tangue. Son petit Clément se réveille et sourit. Une douce musique, un air d’opéra italien, fait frémir, à peine, la cordée humide qui s’étire et s’approprie, en cette fin d’été, un soleil beaucoup trop chaud. Et quand elle se met à chanter, comme dans de vieux films musicaux qui n’ont pas encore été tournés à Hollywood, du fond de son âme, s’échappe l’espoir de tous ces immigrants du début du 20 ième siècle intégrés à des mœurs nouvelles, à l’Amérique.
Les tons exotiques de sa voix modulent sur toutes les autres cordes à linge du village et l’air d’accordéon qui languit quelque part en son cœur cache bien la mélancolie dans ses yeux bleu marine.
Elle regardait son premier fils; sous ses paupières refermées, il avait le même regard que le sien et celui de son grand-père Augusto. Sans le savoir, elle portait en elle un autre fils qu’elle nommerait Lucien. Elle était née ici, au pays. Quelle était donc cette nostalgie qui l’envahissait à chaque fois qu’elle chantait ? On dit que les Italiens sont émotifs, pensait-elle. Son petit Lucien encore à l’état d’embryon reçoit à chaque pulsion, les traces de ce sang qui porte une partie de l’histoire du monde et celui de Julia.
Le train de cinq heures est passé, il est en avance. Une longue traînée de fumée noire balaie le ciel et s’y fixe, attendant que l’atmosphère s’adoucisse pour venir ruiner, comme à son habitude, les lessives quotidiennes oubliées sur les cordes à linge au fond des cours. Julia accélère ses mouvements, c’est bientôt l’heure à laquelle tout se précipite; au chantier maritime du village, c’est l’effervescence, les dernières secondes qui mènent à la liberté s’écoulent.
Soudés à leurs chalumeaux, les travailleurs à la peau de bronze sont suspendus entre ciel et terre à une masse de fer, ombre géante de navire de guerre. L’hypnose est collective, le soleil a tapé tout le jour, tout l’été; à quelques boulons près, une journée de congé : les pique-niques sur les plages du fleuve, les excursions aux chutes Montmorency… À la fraîche, le soir venu, les bonnes pipées sur les galeries et le grincement des berçantes jusque dans la nuit.
Au fil des secondes qui s’écoulent, rien ne leur semble plus loin que cette sainte journée du seigneur. Près de la barrière qui bloque l’accès aux visiteurs, une bande d’enfants s’amusent en attendant que la sirène délivre leur père. Aurel Dupré sort de son office, il porte une chemise blanche, impeccable malgré la chaleur étouffante. Sous le bras il a glissé un sac contenant les horaires des ouvriers pour la semaine à venir.
— Allez jouer plus loin les enfants, il va y avoir du monde par ici dans pas grand temps.
Aurel n’entend pas, en s’éloignant, les enfants qui croient l’insulter en le traitant de boss … Tout en marchant, il empoigne sa montre et presse le pas vers l’horizon bloqué, comme un décor, les flancs d’une immense structure navale en construction à laquelle semblent accrochés des centaines d’hommes. Aurel s’est arrêté près d’un escalier, il contemple les échafaudages sur plusieurs niveaux, toutes ces cordes, ces systèmes de poulies ne sont pas sans lui rappeler les constructions de Babylone.
La sirène du chantier émet un son perçant, encore plus strident que tous les autres jours. Les torches s’éteignent, les ouvriers laissent là tout leur ouvrage, la sirène s’épuise un peu. Un brouhaha humain général prend le dessus sur les bruits métalliques, ils courent tous vers la passerelle principale, c’est l’heure de la fête. Aurel admire le spectacle de la délivrance. À l’ombre, au travers du treillis de fer, il aperçoit peu à peu les bottes des hommes qui font vibrer la passerelle. Bientôt, tous ces pas, en complète cacophonie, ne font qu’un. La passerelle se fend en deux entraînant avec elle la structure et les hommes qui s’entassent, en l’espace de quelques secondes, quarante pieds plus bas, dans un fracas d’os brisés et de cris de douleur.
Ils se sont engagés par dizaine sur la passerelle. D’en bas, c’était comme une forte pluie sur le toit des maisons, une musique déformée par l’approche du sommeil, quand tout prend une dimension démesurée. Puis, ils sont apparus, glissant, tentant de s’accrocher, mais en vain. Les secours sont arrivés, Aurel criait encore et ses hurlements se mêlaient aux autres. Il y avait des hommes restés suspendus par miracle qui résistaient un peu pour se laisser tomber, épuisés, au bout d’un moment, en s’écrasant sur leurs compagnons.
À la porte du chantier, les enfants s’étaient littéralement fondus aux clôtures. Ils tentaient de grimper et de franchir les barbelés qui les séparaient du lieu du drame. L’un d’eux, à bicyclette, s’éloigne en gravissant la côte du chantier. Plus il s’éloigne et plus les sons d’horreur s’atténuent. Il ne sait pas où il va, il veut crier la nouvelle; en haut de la côte, il prend la première rue qui surplombe le fleuve et le chantier.
Sur sa galerie, Julia calme son petit Clément que la sirène de cinq heures a éveillé. Voilà que les mots « accident » et « chantier » tournent dans sa tête. Pendant que le jeune garçon s’éloigne, debout, sa bicyclette entre les jambes, qui se promène de droite à gauche, Julia regarde tout autour et aperçoit sa voisine. Elle lui fait signe de traverser. Julia descend l’escalier qui donne sur le côté de la maison, elle croise sa voisine qui a tout compris. Sans dire un mot, elle ira surveiller le petit Clément.
La seule et unique ambulance du village fonce vers le chantier. Julia se joint aux marcheurs inquiets qui dévalent déjà la côte sans se parler.
Julia, devant la barrière du chantier où les secours évacuent déjà les premiers blessés, porte la main sur son ventre de quelques jours.
— Ave Mari

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