Hurler sans trop faire de bruit
135 pages
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Hurler sans trop faire de bruit , livre ebook

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Description

Des nouvelles qui explorent avec douceur et cruauté les territoires de la vieillesse.
Il imagine une femme. Revenir à cette image, vite, pour qu’un seul frisson se lève, un seul sur ses bras fanés comme des foulards de soie. Elle avancerait vers lui comme s’il était beau, comme si son iris avait encore la couleur du ciel et son sexe la puissance de la foudre, elle avancerait avec des printemps dans la poitrine, des odeurs de terre entre les cuisses, des lèvres au goût de mer. Alfred imagine une femme. Elle enlèverait sa robe et la mort se mettrait à genoux.
Utilisant sa plume comme un scalpel, Lyne Richard nous livre vingt-sept nouvelles à la fois douces et cruelles où elle fouille les âmes afin d’accéder à la lucidité et à cette part de nous-mêmes qui traverse le temps. Avec ses « histoires à pleurer, belles comme des condamnées à mort », l’écrivaine nous amène dans l’inavouable en côtoyant à la fois la beauté et l’horreur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2014
Nombre de lectures 2
EAN13 9782764426494
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure

Adulte
Ne dites pas à ma mère que je suis vivant , roman, Éditions Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2012.
Une barque peinte en rouge , poésie, Les Éditions David, 2012.
Il est venu avec des anémones , nouvelles, Éditions Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2009.
Marcher pieds nus sur nos disparitions , poésie, Les Éditions David, 2009.
Le Bruit des oranges , roman, Éditions Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2007.
La Patience des cerfs-volants suivi de Le Bruissement des cendres , poésie, Les Éditions David, 2007.
Tout ce blanc près de l’œil , haïkus, Les Éditions David, 2006.
Dans l’infini du rouge , poésie, Le Loup de Gouttière, 2002.
La nuit fait semblant de mourir , poésie, Le Loup de Gouttière, 2000.
Agenouillée dans vos bouches , poésie, Le Loup de Gouttière, 1999 .
Une dernière pomme en septembre ou ailleurs , poésie, Le Loup de Gouttière, 1997.
Les Soifs multipliées , poésie, Le Loup de Gouttière, 1994.

Jeunesse
La Nuit Woolf , Éditions Québec Amérique, coll. Titan+, 2009.
Le Petit Soleil amoureux , Le Loup de Gouttière, coll. Les petits loups, 2000.

Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice
Conception graphique : acapelladesign.com
Mise en pages : Julie Larocque
Révision linguistique : Line Nadeau et Chantale Landry
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
L’auteure remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son aide financière lors de l’écriture de ce livre.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nation ales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Richard, Lyne
Hurler sans trop faire de bruit
(Littérature d’Amérique)
ISBN 978-2-7644-1226-8 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-1261-9 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2649-4 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8585.I146H 87 2014 C843’.54 C2013-942758-9
PS9585.I146H 87 2014

Dépôt légal : 1 er trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2014.
quebec-amerique.com
À mon père, décédé pendant l’écriture de ce livre.
Alors, soudain, l’immensité silencieuse du cri. Ne va pas me dire que tu ne m’entends pas. J’ai la gorge pleine de fracas indispensables.
Geneviève Amyot

Les trois soleils
Seule l’écriture pourra dire là où la parole est défaillante.
Pierre Bertrand
J’étais venue dans cette ville de la Beauce avec cent dollars en poche. J’avais choisi la Beauce parce que j’aime ses champs, ses courtepointes de verts, ses villages. Dans mon sac à dos, il y avait un flingue et mon diplôme de coiffeuse. Aucun des deux n’avait jamais servi.
J’écris flingue parce que je viens de lire trois romans de la Française Karine Giebel et que j’aime le mot flingue . J’aime aussi putain et crever la dalle .
J’avais traversé une partie du centre-ville, puis je m’étais engagée dans une rue parsemée de belles petites maisons de bois. Je n’avais rien mangé depuis mon départ de Québec. Je crevais la dalle, mais je devais garder mes sous pour me loger. J’avais vu un magasin de beignes et j’étais entrée en acheter un fourré au chocolat. Putain ! C’était bon !
. . . . . . . .
Je finissais tout juste mon beigne quand un jeune homme est sorti par la porte arrière de la beignerie. Il est venu me trouver, j’étais assise sur le gazon, en plein soleil. J’aime ça, le gazon, ça sent bon et puis c’est vert, comme ma couleur préférée.
. . . . . . . .
Par contre, je n’aime pas parler. Et ça, ça ne s’explique pas, c’est là en moi. Il y a de la ouate qui recouvre les mots. Et je n’ai pas besoin qu’ils sortent de ma bouche comme des oiseaux affolés. On appelle ça une introvertie , c’est ce que le médecin avait mentionné à ma mère après mon dixième anniversaire.
J’ai toujours trouvé étrange que les introvertis et les solitaires paraissent plus anormaux que ceux qui crient, qui parlent sans arrêt, rient plus fort que les autres ou écoutent leur musique pour que toute la ville entende. J’ai toujours trouvé étrange cette façon qu’ont les gens de s’agglutiner comme des mouches dans les soirées, les bars ou en famille en s’entretuant parfois avec les yeux, avec des sourires faux, des sarcasmes.
Qu’ils se grugent donc entre eux, ces cannibales du social, moi, je préfère écrire à l’ombre de leur délire.
. . . . . . . .
Il s’appelait Sébastien et il était un faiseux de beignes. Enfin, c’est comme ça qu’il me l’avait dit. Je n’avais pas perdu son sandwich de vue, ni ses petites carottes pelées bien couchées dans un Ziploc.
— T’as pas mangé ?
— Un beigne.
Il avait ajouté, en me tendant l’autre moitié de son sandwich et le sac de carottes :
— C’est beau tes cheveux, j’aime ça.
— Merci.
— Reste là, je reviens.
Il s’était levé et il était retourné vers la beignerie. Il était revenu avec une brioche chaude et du café.
Puis il avait demandé d’un air curieux :
— T’es pas d’ici, hein ?
— Je viens de Québec, mais la ville me tue.
— Tu t’appelles comment ?
— Mimi.
— T’es pas très jasante, Mimi !
— Je sais.
. . . . . . . .
On avait fait quelques pas autour de la beignerie sans parler. J’avais aimé ça, marcher en silence avec lui, ça avait noué des mots dans nos têtes.
— T’as un endroit où dormir ?
— Pas encore.
— Tiens, prends mes clés. Celle avec le bidule en plastique rouge ouvre la porte avant. Tu fais comme chez vous. Tu peux prendre une douche et manger tout ce que tu veux. Tu vois la maison jaune avec le toit en bardeaux, à l’autre bout de la rue ? J’habite du côté gauche. Ne verrouille pas la porte, je termine à seize heures.
— T’as pas peur que je sois une voleuse ?
— Les voleuses, ça ne tremble pas quand on leur offre une brioche à la cannelle.
. . . . . . . .
J’avais pris une douche. Je m’étais rasé les aisselles, il y avait trois paquets de rasoirs jetables roses dans la pharmacie. J’avais ouvert la porte de la garde-robe de la chambre. C’était plein de linge de fille dedans, du linge qui devait encore réchauffer les rêves de Sébastien. Du linge comme des poissons morts sur une plage abandonnée. Des foulards, des jupes et des t-shirts enfermés dans les dégâts du cœur.
Tout était propre et bien rangé. Je m’étais couchée sur le divan contre mon sac et je m’étais endormie. Quand Sébastien était rentré, il m’avait dit on va commander une pizza et il était allé se doucher.
. . . . . . . .
J’avais beaucoup dormi. Changer de vie, c’est épuisant. Répondre aux questions de Sébastien aussi. Ses questions tournaient autour de ma tête comme des mouches à fruits.
Mais il n’y a rien à faire, j’ai la langue pleine de trous. C’est pour ça que mes cris partent au vent.
Quand le soleil se couchait sur le canapé de Sébastien, je m’accrochais à sa lumière aussi fort qu’un cheval à son carrousel. Je n’aime pas la nuit. Elle descend sur moi avec ses barbelés et ses airs de chauve-souris. Elle pose une cagoule sur mes rêves et me coupe le souffle.
On appelle ça l’apnée du sommeil , c’est ce que le médecin avait

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