L homme dans la Berlingo avec le cadavre et le couteau
193 pages
Français

L'homme dans la Berlingo avec le cadavre et le couteau , livre ebook

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193 pages
Français

Description

Rafaelo Adreani, modeste employé d'une société informatique, est appelé en pleine nuit par la belle Davina de Saint-Clair, dont il est secrètement amoureux. En pleurs, elle lui confie avoir tué un homme qui voulait la violer et compte sur lui pour l'aider. La belle joue-t-elle un double jeu dans le but de le manipuler ? C'est déjà trop tard : le voilà embarqué dans une affaire de meurtre avec un cadavre sur le dos...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 décembre 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782806111173
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

9HSMIKG*bafgai+
Bruno Dinant
L’hommedans la Berlingo avec le cadavre et le couteau Roman
Lhomme dans la Berlingo avec le cadavre eT le couTeau
D/2020/4910/63
©Academia – L’Harmatan s.a.Grand’Place, 29 B-1348 Louvain-la-Neuve
ISBN : 978-2-8061-0560-8
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.ediTions-academia.be
Bruno Dinant
Lhomme dans la Berlingo avec le cadavre eT le couTeau
Roman
Chapitre 1
Il y a un cadavre dans le coffre de ma voiture. Je ne peux même pas jouer la surprise et mexclamer : – Mais quest-ce quil fout là, ce putain de cadavre? Je ne peux pas, puisque cest moi qui lai balancé dans ma camionnette, il y a dix minutes à peine. Ce nest pas dans mes habitudes. Je nai jamais fait ça. Jamais avant ce soir. Pourtant, en cette nuit de pleine lune, je trace à plus de cent à lheure sur cette petite route de campagne, avec ce poids qui semble trop lourd pour ma vieille Berlingo et qui fait crisser les amortisseurs. À chaque virage un peu appuyé, il y a un petit bruit étouffé à larrière de la voiture : le long paquet enroulé dans une couverture rouge vif et ficelé à la va-vite brinqueballe davant en arrière et se cogne contre la tôle dégarnie. Ça résonne étrangement. Pourtant jen ai déjà transporté des paquets dans cette voiture : colis divers, malles de voyage, bacs de Jupiler, même des vélos. Tous ces bagages divers tenaient rarement en place et glissaient derrière mon siège en éraflant le plancher. Mais jamais en produisant ce clapotis mouillé que fait une vague têtue qui revient sans cesse buter contre le même rocher.
Le pire, cest que je nai tué personne.
Cest Davina qui ma embarqué dans cette histoire.
Davina. La belle Davina. Ou la garce de Davina. Cest selon.
Elle ma appelé vers deux heures du matin. Elle pleurait. Elle ma dit de la rejoindre chez elle au plus vite parce quelle avait fait une grosse bêtise. Je ne dormais pas encore. Jai saisi mes clés et je me suis mis en
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route. Elle habite à cinq minutes de chez moi, de lautre côté du village. Jy suis arrivé très vite. La rue était déserte. Juste une petite voiture de couleur sombre garée deux maisons plus loin. Une petite Polo toute fière darborer son insigne VW sous la lumière crue de la lune.
Davina ma ouvert discrètement la porte en jetant des regards apeurés à gauche et à droite. Puis elle ma fait entrer. Le couloir était sombre. Elle avait pleuré, ça se voyait trop. Elle ma emmené dans sa chambre, ce lieu sacré dans lequel je navais jamais pénétré, mais où je lai vue entrer maintes fois avec dautres garçons. Il ne faisait pas très clair. Mais par terre, jai immédiatement remarqué ce long saucisson à taille humaine flanqué au pied de son lit. Devant mon regard interrogateur, elle sest tout de suite lancée dans des explications confuses. Ses sanglots étaient à peine étouffés par le mouchoir quelle ramenait sans cesse sur son nez, entre les quelques bribes de phrases quelle parvenait à articuler :
– Ce type… Il a voulu me violer… Je lai repoussé… Il est tombé en arrière… Il sest brisé la nuque en tombant… Il est mort sur le coup… Je reste très dubitatif. Jai du mal à établir un lien de cause à effet entre cette tentative de viol et ce cadavre déjà emballé, prêt à être jeté à la déchèterie. Je lâche donc cette réplique qui me semble tellement logique : – Pourquoi tu nas pas appelé la police si cet homme a tenté de te violer? Cest de la légitime défense! En plus, cest un accident! Davina me regarde un peu agacée, style «tu ne peux pas comprendre». – Cest un peu plus compliqué que ça! Jai déjà eu des altercations avec cet individu. Je lai menacé en public. Je texpliquerai. De plus, je nai aucun témoin.
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Je ne suis pas vraiment convaincu. Davina le voit bien. Elle simpatiente : – Alors, Rafa, tu vas maider oui ou non? En fait, je ne vois pas vraiment comment je pourrais laider. Le pire a été commis. Elle veut faire quoi de plus : rembobiner le tout avant de passer à autre chose? – Écoute, Davina, je veux bien beaucoup de choses, mais là je ne vois vraiment pas comment je pourrais taider… Le regard que me lance Davina me semble si condescendant que je me revois un moment en début de classe primaire devant linstitutrice chargée de mon apprentissage. Elle me lance comme une évidence :
– Mais Rafa, tu dois maider à me débarrasser de ce cadavre!
Je ne me souviens pas avoir jamais été aussi surpris. Presque malgré moi, jai lâché cette boutade qui visait sans doute à détendre latmosphère lourde qui sétait insinuée dans la pièce :
– Tu veux quoi? Que je le balance dans mon congélateur? Je naime pas quand Davina me regarde comme ça. Jai limpression de passer pour le pire crétin que la terre ait jamais porté. Heureusement, son regard sadoucit très vite et elle mexplique les détails du petit plan quelle a élaboré : – Raphaël, tu te souviens de notre mémorable balade au lycée, juste avant dentrer en terminale? Le bois de la Cambrière? Bien sûr que je men souviens. Quatre potes déjà amoureux de la belle Davina. Il y avait Alexandre, Théo, Antoine et moi. Un groupe inséparable à lépoque. Jusquen classe de terminale. Nous nous étions lancés ensemble dans un petit groupe de musique. Alexandre était en micro-voix, Théo à la batterie, Antoine à la basse et moi à la guitare acoustique. Nous lavions appelé R.A.T.A. sur base des
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initiales de nos quatre prénoms. Nous avons connu un certain succès avec quelques tubes un peu faciles, mais très rythmés. Nous avions même animé une soirée vers la fin de lannée. Ça marchait bien et cétait très prometteur. Avant que notre quatuor néclate, à cause de «certaines tensions entre les membres du groupe», comme on dit dans le showbizz. À vrai dire, les tensions étaient venues de Davina qui était sortie avec Théo, puis qui lavait plaqué pour Alexandre.
Mais rien de tout ça lors de notre fameuse balade au bois de la Cambrière. À lépoque, nous étions toujours quatre amis inséparables. Un vendredi du mois de mai, le collège de Godinne avait programmé une sortie écologique à la découverte des biotopes de notre région. Il sagissait de quitter la Meuse pour monter dans les bois environnants. La promenade était animée par un vrai guide nature qui commentait dune voix aiguë chaque station, marquée par un petit portique en bois sur lequel étaient agrafées de grandes affiches plastifiées. Ça lui prenait au bas mot dix bonnes minutes pour détailler chaque panneau en pointant le doigt sur les diverses photos qui le composaient. Nous écoutions toutes ces explications avec une attention très retenue. Chaque fois que le groupe reprenait sa marche, nous en formions larrière-garde la moins rapprochée possible. En fait, nous restions tous les quatre agglutinés autour de Davina qui sarrêtait de temps en temps pour cueillir une fleur et la glisser dans sa chevelure blonde. Rapidement, Alex, Théo, Antoine et moi nous nous étions pris au jeu : nous courions dans le sous-bois, malgré linterdiction formelle du guide nature, et nous nous mettions à cueillir toute fleur vaguement sauvage pour loffrir à Davina. Elle laccrochait – ou pas – dans sa chevelure à côté des autres, suivant son humeur du moment. À lépoque déjà, javais dû me rendre à lévidence : ce nétait pas les fleurs que je lui offrais qui rencontraient le plus souvent ses faveurs, mais plutôt celles de Théo ou dAlex.
Puis nous sommes tombés sur cette pancarte qui annonçait un chemin sur la gauche avec cette mystérieuse indication : «Gouffre du Saut de lAnge, 300m». Le reste du groupe, bien loin devant
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