L Homme, le sucre et la révolution
144 pages
Français

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L'Homme, le sucre et la révolution , livre ebook

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144 pages
Français

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Description

Plusieurs personnages se croisent à l'heure de la révolution...

Destins humains entrecroisés, l’espace d’évènements cruciaux dans l’Histoire d’un pays. Il ne s’agit pas de narrer cette Histoire, l’auteur n’étant pas historien, mais d’imaginer différents choix, diverses évolutions des personnages, dans le temps et l’espace. Sont-ils vraiment des personnes distinctes ou des questions pouvant tarauder l’esprit d’un seul finalement, quand les situations se compliquent, entre engagement et renoncement, espoir et désillusion, aimer ou faire le choix la solitude.

Suivez, le long de ce roman historique engagé, les destins étonnants des personnages au fil de leurs choix, à travers le temps et l'espace !

EXTRAIT

Il sentit le sol se dérober sous ses pieds. La colère succéda à la surprise première. Que voulait-il de lui ? Et dire qu’il était si heureux de le revoir.
— Mais pourquoi moi… pourquoi tu viens me dire ça à moi ?... Tu sais combien de policiers il y a dans cette ville ? Je ne pense pas que tu aies atterri ici par hasard !
Il était hors de lui. Il pensait avoir subi le pire, le matin.
— Je voulais être sûr d’être arrêté par le policier le plus intègre que je connaisse.
Abdelaziz se leva, incapable de tenir en place. Il se mit à arpenter la pièce d’une extrémité à l’autre, se livrant à un monologue dont Nassim ne saisissait que des bribes, incompréhensibles.
Il s’arrêta soudain, semblant se rappeler la présence de ce dernier.
— Et que dois-je faire maintenant ?
— Tu enregistres mes aveux. Je ne veux rien d’autre, et je refuse que tu y songes même. Mon ami, je voulais te confier ceci une dernière fois, rien qu’à toi avant que cela ne devienne un rapport dans un dossier, entre des mains anonymes.
— Mais pourquoi tu veux te rendre aujourd’hui ? Aucun soupçon ne pèse sur toi et puis l’affaire est classée. La période était si perturbée que ce n’est plus qu’une affaire sombre parmi des milliers. Ce ne sont plus que des archives parmi tant d’autres ?... Et puis tout ce temps-là, pourquoi aujourd’hui ?
— Parce que si je ne le fais pas, j’aurai juste tué deux hommes. Mais moi, en les tuant, je voulais apprendre aux semeurs de la terreur qu’eux aussi pouvaient être terrorisés… Et pas par des forces armées, uniquement par un individu qui pourrait, comme eux, décider d’aller jusqu’au bout… Tu vois, je ne peux pas vivre avec le sentiment d’avoir juste tué deux hommes !
Abdelaziz dut admettre que c’était très logique et même comprendre pourquoi son ami s’adressait à lui. Il voulait politiser l’affaire et pour cela, il fallait que la personne qui prenne ses aveux ait le courage de tout consigner.
En venant à lui, son ami s’assurait de ceci.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Belkacemi Nadia vit en Algérie, son pays d’origine. Pharmacienne de formation, écrivant de la poésie depuis son enfance, plutôt engagée. À son actif, un prix de poésie de jeunesse pour la paix sous l’égide de l’ONU en 1986, deux recueils de poésie Trois femmes autour d’un vers et Voix de femmes et un ouvrage collectif avec 63 intellectuels Algériens autour de la mémoire de Katia Bengana. L'homme, le sucre et la révolution est son premier roman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 septembre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9791037700568
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nadia Belkacemi
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L’Homme, le sucre et la révolution.
Roman
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© Lys Bleu Éditions – Nadia Belkacemi
ISBN : 979-10-377-0056-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle .

 
 
 
 
 
 
L’Homme, le sucre et la révolution
 
 
 
« Ceci est un conte, la vérité est parfois dans ce qui semble le plus improbable et les faits paraissant réalistes sont peut-être ceux qu’on a imaginés.
 
Ce n’est pas l’histoire d’un pays, c’est beaucoup plus l’histoire d’hommes et de femmes, nés dans un pays donné mais qui pourraient être de partout et de nulle part. »
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Chapitre 1
Comment cela a pu se passer …
 
 
 
Je me suis endormi sur un lit de
Questionnements…
Au matin
Les réponses ont fondu dans un café amer,
Tels des morceaux de sucre
De même taille…
De même saveur…
 
 
Les premiers rayons de soleil arrivèrent à peine à le tirer de sa torpeur.
Comme chaque matin, depuis un certain temps déjà, il se réveillait angoissé à l’idée d’affronter, encore, une autre journée.
Une journée de plus à attendre une nuit perturbée et sans rêve.
La vie de tant de personnes lui semblait juste une trêve dans une mort commune partagée, dès la naissance, par ceux nés du mauvais côté de la providence.
Certains trouvaient le moyen de sourire malgré tout. Lui, il savait que c’était sans espoir. Cela devait être déjà écrit quelque part.
Écrit où ?
Sa pauvre mère aurait parlé de destin. Il pensait plutôt à une farce.
Quelqu’un, caché quelque part, devait bien trouver amusantes les gesticulations de pauvres gens comme lui. Dans le cas contraire, tout ceci aurait été plus inutile encore. Si personne ne regardait cette tragédie, ne s’amusait de ce spectacle, combien seraient grotesques tous ces pauvres acteurs, ignorant que chacun est le reflet de l’autre, pens ant le leur unique et singulier.
Que les histoires émanent d’eux, reviennent vers e ux et ils en étaient le centre. Certains s’imaginant, peut-être, qu’elles deviennent insignifiantes, dénuées de sens, une fois eux-mêmes disparus.
Il était convaincu que si chacun pouvait se voir, il découvrirait en l’autre son exacte image : une illusion. Cependant, cette lucidité aurait fini par parsemer l’univers de bris de glaces fracassées par tous les Hommes découvrant leur insoutenable vérité.
L’aveuglem ent était-il la seule posture salutaire imaginée par l’énigmatique metteur en scène pour toutes ces vies ?
Ce salut illusoire lui était-il refusé spécialement ou bien, tout comme lui, les autres en étaient conscients mais faisaient semblant avec plus de conviction ?
Il se retourna dans son lit, crut sentir une présence familière : sa mère, morte pourtant depuis un certain temps déjà.
Yema…
Le mot sortit de sa bouche sans qu’il soit sûr de l’avoir prononcé.
La main de sa mère caressa dans un rêve son front fermé. Il se laissa aller à une soudaine quiétude.
Il lui arrivait parfois, dans le silence de l’aube succédant à une nuit d’insomnie, d’entendre le froissement de ses vêtements pendant qu’elle priait. Une paix envahissait tout son être.
Il redevenait petit garçon regardant sa mère exécuter un rituel immuable et monotone. Rien dans son visage, dont il épiait les expressions, ne trahissait pourtant ennui ou lassitude.

—  Il t’a déjà répondu yema ? lui avait-il murmuré une fois.
 

—  Qui ça ? Avait-elle répliqué, étonnée. Elle venait de plier son tapis de prière, sans doute en train de songer à l’organisation de sa journée.
La voix de son fils l’avait prise de court. Elle le croyait encore endormi.
Celui à qui tu parles chaque jour, seule dans le noir.
Il s’attendait à ce qu’elle se mette en colère, sachant toute l’importance de la foi dans sa vie. Elle termina de ranger ses affaires, plongée dans une silencieuse réflexion.

—  Oui, avait-elle fini par dire.
Elle avait ensuite enchaîné d’un ton doux mais ferme.

—  D’ailleurs, je lui parle tout le temps et pas que seule dans le noir. Il m’a répondu à plusieurs reprises même quand je n’osais pas lui demander des choses.
—  Comme quoi par exemple ? lui avait-il rétorqué sceptique et provocateur.
Sa mère avait eu un sourire tristement tendre. Il commençait à regretter son ton moqueur lorsqu’elle se décida à lui lancer avant de s’en aller :

—  Quand tu consentiras à t’adresser à lui, ya weldi, tu le sauras bien tout seul. Ce ne sont pas des choses qui se racontent, elles se sentent c’est tout ! Si tu ne les sens pas, tu ne pourrais pas les comprendre.
C’était une réplique dénuée de colère. La patience de sa mère face à ses piques sur ce sujet, l’avait toujours intrigué .Comment une femme aussi simple pouvait-elle montrer ce recul face à ceci alors que des universitaires pouvaient perdre toute mesure, parfois pour un simple doute exprimé ?
Il songea à la pertinence de ses paroles . Il n’avait, lui-même, aucune explication rationnelle à sa propre sérénité quand il la regardait sur son tapis. Il avait toujours trouvé étrange qu’un homme ayant clos la porte de son désarroi à une quelconque invocation, humaine ou autre, soit aussi réconfortée par l’abandon de sa mère à la prière.
Se laissait-il aller ainsi, enfant rassuré par cette foi insensée mais tranquille, en dépit de toutes les menaces extérieures ?
Probablement.
Quand sa mère s’en est allée, elle avait fermé derrière elle, définitivement, les portes d’un passé où il trouvait, parfois, refuge. Désormais, il était condamné à se lever, chaque matin, adulte et solitaire.
L’appartement, minuscule pourtant, lui était apparu si vaste, sans limites rassurantes, propre à les contenir, son désespoir et lui. Une douloureuse évidence le happa alors. Seule sa mère vivait vraiment en ces lieux. Dans ses gestes quotidiens, ses petites manies et jusqu’à dans son silence, résidait l’unique réalité palpable.
Lui tournait en rond, se servait des choses mais ne laissait aucune empreinte. Les objets, même mille fois utilisés par lui, ne le reconnaissaient pas.
Pourtant chaque ustensile chez lui avait une histoire. Sa mère, dans tous les cas, lui en donnait une. Souvent, elle tenait en une phrase. D’autres fois, c’était presque un conte, tant elle y reliait des symboles mystiques.
Les mots destin, chance ou malchance y trouvaient toujours une place.
Sa mère affirmait, à plusieurs reprises, que tout était question de destin. Il fallait l’accepter pour avoir la chance de connaître la paix. Dans des moments de grande lassitude, il lui arrivait d’envier son fatalisme reposant. Le plus souvent, il le

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