La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | Publishroom |
Date de parution | 12 avril 2016 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9791023600957 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Anton Gauthier
Le démon de sang
La Cité Marchande
Livre 1
Sommaire
Remerciements
Prendre le rouge
Rencontres
Margelle
Le camp gnoll de Z’ong
Allégeances
Saline
Le Joker
Images
Marais
Guérison et retour
La Forteresse de Glace
Visites
La magie des Éthers
Épilogue
Remerciements
Je remercie mes proches pour leur précieuse aide.
Plus particulièrement Serge Gauthier pour son soutien et ses corrections,
Roman Carrasco pour ses idées et son travail sur les illustrations,
Hugues Rimpot sans qui Bazil n’aurait jamais vécu cette histoire.
Prendre le rouge
La forêt d’été sentait bon, le soleil éclairait tranquillement les fougères et réchauffait le sol qui exhalait mille parfums. Sur les branches, de petits oiseaux chantaient. IL serait bien resté plus longtemps dans ce petit paradis, sans faire un bruit, si seulement IL s’était rendu compte de toute cette beauté qui l’entourait. Mais son attention était autre part, son sang tourbillonnait : IL les sentait venir, et IL les attendait depuis quelques jours.
Cape rouge, bottes de cuir roussies, épée bâtarde à la ceinture, cotte de mailles légère et de plutôt piètre qualité : il n’y avait pas de doute, c’était bien un éclaireur esclavagiste. Pourquoi attendait-IL celui-ci en particulier ? Car pour être efficace, un éclaireur restait souvent seul. Cela le rendait rapide, mais aussi vulnérable. IL sourit, satisfait d’avoir eu de la chance : le cheval que possédait cet éclaireur était un pur-sang. Tant mieux, c’eût été dommage d’écoper d’un cheval de trait en plus dudit grade.
Le cavalier s’arrêta : il avait vu l’arbre mis en travers de la route. Il fallait faire vite : quelques pas de côté, passer par l’angle mort du cavalier pendant qu’il descendait de cheval et le frapper dans le dos, rapidement, pour donner la mort à l’Esclavagiste.
L’action avait été bien rapide. Pas un mot de dit, pas un cri, IL avait été silencieux comme une ombre. Assis sur l’herbe près du corps, IL rassembla le matériel nécessaire pour sa couverture. La cape rouge et l’insigne des éclaireurs étaient indispensables. IL accrocha le capuchon couleur rouge sang sur ses épaules avec une grimace : le tissu était poisseux d’une crasse séculaire. IL y trouva une lettre cachetée d’une famille noble de Port d’Ard qu’il mit dans sa besace. Le temps de dégager la route, IL était reparti vers le fort proche.
Le plus dur venait d’être fait, enfin le plus dur, s’il y avait une armée qu’il était facile de pénétrer dans toute la Baie des Fermiers c’était bien celle des Esclavagistes. Ils recrutaient ou réduisaient à l’esclavage à tour de bras ces derniers mois. Les capitaines ne connaissaient ni les noms ni les visages de leurs lieutenants et les lieutenants ne connaissaient pas ceux de leurs soldats. Une grande cavalcade d’éclaireurs venait et passait chaque jour à Prolancton. Il espérait pouvoir y passer inaperçu. De toute façon IL n’avait pas besoin de rester longtemps, quelques vivres, une destination factice et IL serait reparti.
Prolancton, au beau milieu des terres de la Ligue Esclavagiste. Il y avait peu d’endroits aussi glauques dans leur ensemble : pas une seule rue bien éclairée, pas un seul bâtiment faisant plus d’un étage de haut hormis le château. Même les maisons avaient l’air de souffrir dans cette ville faite de bric et de broc, elles penchaient lamentablement vers le sol, empêchant la lumière d’arriver jusqu’au pavage de la route. Seules quelques rues avaient été anciennement pavées. Elles étaient désormais remplies de misère, de gens qui n’avaient nulle part d’autre où aller, cantonnés ici comme des rats aux ordres de la Légion Rouge. Des esclaves d’esclaves à la solde du roi du Cercle d’Espoir sans autre futur qu’une hypothétique ascension militaire et une mort au combat certaine. Mais n’était-ce pas déjà beaucoup pour des gens qui mourraient de faim il y a si peu de temps ? La famine touchait ces terres. Non parce qu’elles étaient pauvres, mais du fait que Saline avait pris le contrôle de tout commerce dans la Baie des Fermiers depuis quelques dizaines d’années. Ceux qui ne pouvaient pas faire partie de l’Empire Salin se retrouvaient là, bouillants de haine contre le monopole impérial, bouillants de haine contre leurs semblables.
La guerre avait commencé il y a peu. Les légions esclavagistes avaient pris d’assaut les frontières salines, luttant sans espoir aux ordres d’un tyran qui avait rallié toute la misère du monde derrière son ambition d’être, un jour, l’unique puissant monarque de la Baie des Fermiers. Le roi avait compris qu’il suffisait d’une horde de soldats chichement armés qui n’avaient rien à perdre pour s’attaquer au puissant empire. Il leur promettait les richesses de la capitale et rejetait toute la responsabilité de leur misère sur les marchands. C’était ainsi qu’avait débuté une guerre sans merci entre frères et cousins qui ne s’arrêterait que quand l’une des deux nations se serait effondrée.
IL chevauchait désormais dans ces rues dépravées et puantes. Une mouche grosse d’un pouce de large vint se loger dans son œil. IL l’extirpa avec dégoût mais il ne fit que se salir davantage. IL regarda ses mains. Elles étaient noires et collantes à cause de l’air. Ses yeux lui piquaient et les larmes qui en sortaient brunissaient rien qu’en roulant sur ses joues. Personne ne pouvait aimer vivre ici. IL ne comprenait pas tout à fait ce qui poussait les gens à venir habiter dans le pire endroit du monde : rien que l’aspect de ce puits au bord de la route l’aurait dissuadé de s’y abreuver. IL secoua la tête de dépit. Direction la caserne de Prolancton. C’était là-bas qu’il aurait tout ce dont il pourrait avoir besoin pour se diriger vers ce qu’il voulait que soit sa prochaine étape : la mythique Saline.
Il était aisé de trouver la Grande Caserne si on savait que tous les soldats esclavagistes portaient l’uniforme rouge sang et qu’elle était située à côté du château. IL arrêta son cheval ‒ qu’IL nommait dorénavant Crin Noir ‒ devant un grand bâtiment sale mais en bon état, et mit pied à terre.
– Hola éclaireur !
– Bonsoir, veuillez faire mener mon cheval à l’écurie. Je dois faire mon rapport au capitaine, je ramène des nouvelles de Port d’Ard.
– D’accord, répondit le soldat en haussant les épaules. Ça vous fera dix pièces de cuivre pour le cheval. Le bureau du capitaine est au premier étage... Suivez donc Brine, elle vous y conduira.
C’était là une des particularités de l’armée esclavagiste : étant majoritairement composée d’archers car les arcs étaient moins chers à la production que les épées, elle était mixte. C’était exceptionnel pour une armée humaine. IL suivit donc Brine, gamine d’une grosse quinzaine d’années qui avait dû vendre son corps, et pas qu’une seule fois, pour obtenir ses galons et survivre dans ce monde hostile. Elle le mena sans un mot à l’entrée d’un bureau qui semblait déjà plus entretenu que le reste de la bâtisse. C’était à cela que l’on reconnaissait les appartements des gradés chez les Esclavagistes : comme personne n’aimait vivre dans la crasse, dès qu’ils avaient un peu de moyens, ils faisaient leur possible pour ressembler à autre chose que des porcs pataugeant dans leur propre lisier.
– Capitaine, un éclaireur pour vous !
– Qu’il entre… Merci Brine, vous pouvez vous retirer… Alors éclaireur, quelles sont les nouvelles de Port d’Ard ?
– Rien d’incroyable ou alors je ne suis pas au courant capitaine. Et puis vous savez, les nouvelles sont cachetées. Ce n’est pas à moi de les ouvrir.
– Vous avez bien raison, donnez-moi ça.
C’était donc si simple de parler à un capitaine et de se faire passer pour un éclaireur. IL n’en revenait pas. IL attendait debout tandis que le capitaine lisait le petit parchemin. Ce dernier avait l’air de trouver les nouvelles assez drôles car il s’étouffait à moitié en lisant bien lentement un message qui ne devait pas faire plus de cinq lignes… Après tout c’était déjà bien qu’il sache lire.
– Bien, bien, bien, tout cela me semble parfait. D’ailleurs, je ne vous ai pas demandé votre nom éclaireur. Habituellement mon cousin envoie son servant,