Les exilés de Miang-Bitola
160 pages
Français

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Les exilés de Miang-Bitola , livre ebook

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Description

Des Pahouin victimes de l'indigénat à l'intérieur du Cameroun s'établissent dans la région côtière dans les années trente. Leur descendant, Afiri Nnam Michel, après un parcours académique remarquable, choisit le métier des armes. Il s'y heurte aux ambitions d'un ordre ésotérique d'envergure internationale qui s'est érigé en religion d'Etat dans le but de confisquer à jamais la gestion du pays...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 110
EAN13 9782296698772
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les exilés de Miang-Bitola
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen


Dernières parutions


Juliana DIALLO, Entrée dans la tribu , 2010.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Corée du Nord, 2010.
Gabriel NGANGA NSEKA, Douna LOUP, Mopaya. Récit d’une traversée du Congo à la Suisse, 2010.
Ilunga MVIDIA, Chants de libération. Poèmes, 2010.
Anne PIETTE, La septième vague, 2010.
Mamadou SOW, Mineur, étranger, isolé. Destin d’un petit Sierra-Léonai s, 2010.
Yvon NKOUKA DIENITA, Africain : honteux et heureux de l’être, 2010.
Anne-Carole SALCES Y NEDEO, Ces années assassines, 2010.
Armand HAMOUA BAKA, La girouette, ou l’impossible mariage, 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala , 2010.
Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure, 2010.
Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain, 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire, 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste, 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous !, 2009.
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines, 2009.
Alban Désiré AFENE, Essola, 2009.
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée, 2009.
Ilyas Ahmed Ali, Le miroir déformant, histoires extraordinaires, 2009.
Boika TEDANGA Ipota Bembela, Le Destin d’Esisi , 2009.
Patrick-Serge BOUTSINDI, L’homme qui avait trahi Moungali, 2009.
Ludovic FALANDRY, Sawaba. Une vie volée , 2009.
Appolinaire O NANA A MBASSA


Les exilés de Miang-Bitola
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11833-1
EAN : 9782296118331

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A ma mère.
A VERTISSEMENT
Ceci est un roman. Je prie le lecteur de bien vouloir me suivre dans l’imaginaire, nanti de ses souvenirs et de ses expériences en vue d’une catharsis que nul sadique n’eût autorisée.
A. O. A.


Que ce que j’écris ici puisse être un jour utile à d’autres, que cela arrête le juge prêt à juger, que cela sauve des malheureux, innocents ou coupables, de l’agonie à laquelle je suis condamné, pourquoi ? A quoi bon ? Qu’importe ? Quand ma tête aura été coupée, qu’est-ce que cela me fait qu’on en coupe d’autres ? Estce que vraiment j’ai pu penser ces folies ? Jeter bas l’échafaud après que j’y aurai monté ! Je vous demande un peu ce qui m’en reviendra.
Victor Hugo
(Le Dernier jour d’un condamné)
P REMIÈRE PARTIE De Zoassel à Miang-Bitola
1
- Moi, Afiri Nnam Michel, fils de Nnam Mballa Thomas et petit-fils de Mballa Kpama; moi, l’espoir des exilés et de tous les angoissés, le dépositaire du précieux souffle et de l’éternelle fierté de mon peuple, rallier lâchement cette meute de veules individus cupides et avides de vains honneurs que l’on infantilise, déshumanise, assujettit et réduit en agents du mal, bercés par l’illusion puérile d’accéder à une humanité supérieure, puissante, aisée et enviée ? Turlututu !
Par cette brutale réaction de rejet, blasphématoire à l’égard des bienheureux rosicruciens débordant de prosélytisme et de morgue, le jeune homme signa sa propre condamnation sans appel à toutes les peines prévues par leur code illusoirement secret et rigoureusement appliquées aux incrédules quand, au signal déclenché par le slogan " démocratie apaisée " annonçant leur victoire finale sur les rivaux de l’ombre, ils prirent entière possession du pays, entamèrent son exploitation économique et entreprirent d’y établir un règne sectaire durable. Dans les chaumières du pays des Fang-Beti comme dans tout le pays, beaucoup criaient à la félonie des cadres en faisant fi soit par ignorance, soit par complicité ou par peur des représailles, de toute réflexion sur l’action néfaste des spiritualités étrangères qui y dictaient leur loi. Les rosicruciens avaient encore avancé masqués, comme à l’accoutumée. Maintenant, ils essoufflaient à la course ce peuple spontanément enthousiaste et juste qui les avait naïvement guéris des lancinantes douleurs de leurs genoux sclérosés par l’adversité à l’aube de leur avènement, en leur administrant la potion de soutien qui favorisa leurs enjambées politiques. Aux Pahouin désabusés, cette turpitude rappelle le drame centenaire qu’ils vivent au cœur de l’Afrique, un long traumatisme sans fin dans lequel se fond l’histoire d’Afiri Nnam Michel, une histoire inaugurée par un chemin de fer il y a trois générations.
Le chemin de fer du Centre atteignit Yaoundé, la capitale, en 1927. Quarante kilomètres au sud, le premier train fut salué à la gare d’Ottotomo par une immense foule en liesse, et les youyous stridents des femmes contraintes à la joie se perdaient dans l’épaisseur de la jungle alentour. Dévalant les collines et sillonnant la forêt au petit matin de ce jour mémorable, les Ewondo, hommes, femmes et enfants, convergèrent à Ottotomo. Ils honoraient de leur présence massive cette fête que l’administrateur avait voulue populaire, la fête au premier train. Nul n’osait plus éluder de tels rendez-vous depuis que l’administrateur, en tournée dans le pays, ordonna d’incendier les cases de tous les villageois qui s’étaient rendus à leurs campements de chasse au fond de la forêt, au lieu de l’accueillir avec des cris de joie. L’on vit passer dans la pénombre les joueurs de mvet, de tam-tams et de xylophones, suivis de leurs chœurs aux timbres envoûtants et des danseurs les plus habiles, ayant ceint leur taille de superbes peaux de fauves et d’herbivores façonnées en lamelles torsadées qui battaient les mollets.
Aujourd’hui en ruine, la gare d’Ottotomo était un imposant édifice construit dans le col qui sépare les monts Ekonong et Emomodo près de la réserve forestière d’Afan Mintangan, dans les parages du ruisseau sacré Meng duquel les Anciens extrayaient la pierre à affûter leurs armes et leurs outils. Sur la partie centrale de l’édifice qui était plus élevée que les deux autres de même taille et de même forme, sous l’auvent de tôles ondulées et face à la voie, avait été gravé à l’intention du voyageur et du visiteur, en lettres capitales rouges dans le béton, le nom Ottotomo encore lisible. Quand on suivait la voie en direction de Yaoundé et ses célèbres collines dont quelques-unes sont aperçues dans la contrée par beau temps et en altitude, on voyait à droite, sur un talus à deux cents mètres de la gare, une borne kilométrique bleue d’un mètre de hauteur indiquer le point deux cent soixante trois. Elle demeure plantée en ce lieu, fidèle à son rôle suranné, les deux bras inlassablement tendus vers l’espace vide jadis occupé par les rails et traversé quotidiennement par de nombreux trains. Comme un temple préhistorique caché dans la jungle du sud-est asiatique, Ottotomo est retourné dans la nuit des temps : le train n’y siffle plus depuis longtemps. La civilisation s’en est allée. Tout est calme et silencieux. Seul domine le chant infini de la cascade du Meng vers de lointains horizons.
La foule s’était installée dans la salle d’attente et sur le quai de pouzzolane noire dès l’aube. Sous le doux soleil équatorial qui dissipait lentement les vapeurs matinales de la sylve du col et des collines, elle avait grandi. Les paysans ici rassemblés chantaient et dansaient au rythme des tam-tams et des xylophones. Durant la pause, ils écoutaient une séquence de mvet. Quelques-uns, faussement alertés et fort excités au long de la journée, descendaient par moments sur la voie et scrutaient en vain l’horizon, dans l’espoir d’apercevoir les premiers la grosse machine qui venait. D’autres, en marge de cette effervescence collective et de cette félicité commandée, conservaient leur naturel anxieux d’hommes éternellement traqués. Trois frères inquiets, Mballa, Mambé et Minkoulou s’isolèrent sous le palmier à huile géant qui jouxtait le bâtiment de la gare. Ils étaient hantés par de tristes souvenirs et une angoissante actualité. Dans ce pays où l’on méditait toutes ses souffrances en silence ou feignait d’être heureux, Mambé crut pouvoir s’épancher, décrier l’adhésion forcée de son peuple à l’internationale hypocrisie d’une certaine Civilisation distributrice de la modernité.
- La fête se veut partout belle ce jour. D’Ottotomo à Yaoundé, les Ewondo chantent et dansent, apparemment libérés des soucis de l’heure et du lendemain. Je doute qu’ils aient tout oublié, soudain. Pourrionsnous jamais, habitants de c

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