Les légendes de la Moïra [Saison 1 - Épisode 3]
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Les légendes de la Moïra [Saison 1 - Épisode 3] , livre ebook

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Description


Ici commence l’histoire de celles et ceux qui s’apprêtent à réécrire les légendes de la Moïra.



Au large du continent, sur une terre aux paysages sauvages où se mêlent hautes montagnes, rivières tumultueuses et vastes forêts, les Hommes, les Elfes et les Orques tentent, tant bien que mal, de préserver une harmonie aussi précieuse que précaire.



Forgée cinq cent ans plus tôt, l’alliance des Hommes et des Elfes sombre peu à peu dans les brumes de l’oubli. Les liens du passé se distendent, tandis que l’ancien règne de terreur du Maître et de son Triangle Noir ressurgit des profondeurs de la forêt, menaçant l’équilibre de l’île toute entière.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782924664117
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gavriel Howard Feist
Le temple dans la montagne
(Épisode III)
© CKR Éditions, 2018 Illustration de couverture : Delphine Splingard, 2018 ISBN : 978-2-924664-11-4 Dépôt légal : Dépôt effectué en février 2018 auprès de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Première version info@ckr-editions.com http://www.ckr-editions.com
[Partie 5] La passe de Morte-Neige
De nos jours… L’aube naissante baignait la forêt des Elfes dans une douce lumière, que la brume matinale teintait de bleu et de gris. Le chant des oiseaux accompagnant l’apparition de l’astre du jour tira la reine Morgianna d’un sommeil agité. Elle plissa les paupières, avant de se redresser sur un coude et d'ouvrir ses grands yeux turquoises. La charpente de la chambre était richement décorée de guirlandes de fleurs blanches à liseré mauve qui, pour une mystérieuse raison, ne fanaient jamais. Et bien que la reine ait toujours apprécié leur parfum, elle n'éprouva à ce moment qu'une effroyable nausée, sensation ordinairement méconnue de ceux de sa race. En fin de compte, elle estima que la fatigue accumulée des derniers jours n’était probablement pas étrangère à l’affaire. Elle se pinça les lèvres, puis posa le regard sur la jeune femme étendue à ses côtés, dans le lit royal. Un sourire radieux passa illumina les traits de Morgianna. Les foisonnantes boucles rousses de son amante s’étalaient sur l’édredon comme une aura flamboyante. La reine lui écarta délicatement une mèche du visage, pour observer tout à loisir cette humaine, seule et unique personne qu’elle autorisait à partager sa couche depuis le mort de son époux, quelques quatre-vingt ans plus tôt. Un gémissement passa le seuil de la bouche charnue et joliment dessinée de Kendall, qui s’étira longuement en faisant rouler ses muscles sous une peau diaphane, avant d’ouvrir les yeux en de rapides battements de cils. Son regard d’émeraude croisa celui empli de tendresse de Morgianna et elle lui sourit en retour. - Bonjour Majesté, dit-elle se lovant contre sa peau dénudée. Ta beauté au matin est plus éblouissante que la lumière du jour. - Bonjour jolie Héraut, répondit la reine. Ton impertinence me semble, quant à elle, égale à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. - Elle l’est davantage la nuit, et je doute fort que tu aies pu l’oublier. Le rire expressif de Morgianna résonna comme la plus belle des mélodies aux oreilles de Kendall, qui eut l’impression que son cœur s’allégeait brusquement. Elle caressa tendrement de la paume la joue de la reine et lui confia : - Les Dieux savent à quel point j’aimerais m’attarder quelques jours de plus à Elvandora, mais je dois absolument partir. - Ta sœur ?
- Oui. J’ai de bonnes raisons de croire que Jorna se trouve dans un village situé au Nord de cette forêt. - Que feras-tu lorsque tu l’auras retrouvée, Kendall ? - Je l’ignore encore. Mais je dois absolument la voir. Morgianna l’observa quelques instants, sans ciller ou prononcer le moindre mot, puis leva les yeux. Elle se tourna ensuite vers l’armure de cuir taillée en lambeaux qui pendait à une patère. - Comment s’appelle ce village ? demanda-t-elle sans regarder sa maîtresse. - Ezwahl. - Ce village se trouve derrière la passe de Morte-Neige. C’est un endroit très dangereux. Peut-être ferais-tu mieux de retourner à Dalush et d’emprunter un navire pour la contourner ? - Cela me ferait perdre trop de temps, protesta Kendall. Je ne prendrai pas le risque de laisser Jorna m’échapper une nouvelle fois. - Hum… Dans ce cas, il te faudra un meilleur équipement, une monture, et peut-être même une escorte. Kendall se redressa, s’installa à califourchon sur les jambes de Morgianna, lui saisit la tête à deux mains, avant de se pencher pour l’embrasser avec fougue et passion. Après un petit déjeuner fait de pain à la croûte dorée, de fruits juteux et de fromages, la guerrière fut soumise à des prises de mesure de la part d’une véritable cohorte de tailleurs elfes. Du coin de l’œil, elle aperçut le vieux charretier, guide de la veille jusqu’à la cité d’Elvandora, discuter avec l’un des artisans. Kendall n’entendait pas ce qu’ils disaient, mais l’imagina aisément en pleine négociation d’acquisition d’étoffes elfiques aux couleurs changeantes. À deux reprises, il tendit une bourse remplie de bâtonnets d’or, que l'Elfe refusa chaque fois. Finalement, le... Les chevaux sautèrent par-dessus une nouvelle crevasse et repartirent au galop, au moment même où deux bras se levaient derrière eux. Bien qu’elle ait souvent voyagé à travers l’île de la Moïra, la guerrière n’avait jamais été confrontée à une telle monstruosité. Ces énormes mains aux doigts difformes lui glaçaient le sang, la dissuadant de se retourner à nouveau. Elle avançait, secouée par le tremblement de terre qui ébranlait la plaine et du terrible grondement qui l’accompagnait. Elle arriva bientôt à proximité d’une haute paroi rocheuse au sommet déchiré s’étendant d’Est en Ouest. Elle crut d’abord à un obstacle, avant d’apercevoir un passage oblique dans la roche. Laagen s’y précipita en se baissant sur son cheval pour éviter une projection de terre, puis fit signe à la jeune femme de le suivre. Celle-ci s’exécuta au moment où un nouveau poing crevait le sol, à quelques centimètres seulement des pattes de sa monture, qui poussa un hennissement apeuré. Ils passèrent à côté d’un dernier bras, avant de s'engouffrer ensemble dans la faille juste assez large pour laisser passer les deux chevaux de front. - Kendall et Laagen ne consentirent à réduire l’allure qu’une fois engloutis par les ombres. - Ils tirèrent sur leurs rênes et mirent pied à terre, pour laisser les chevaux – écumant et luisant de sueur – se reposer. La guerrière passa les mains dans ses cheveux en demandant, la voix haletante : - C’était quoi, ces trucs-là ? - Personne ne le sait vraiment, répondit l’Elfe. On n’en voit jamais que les bras, alors il pourrait tout autant s’agir d’une centaine de créatures que d’une seule entité aux innombrables membres. Une légende prétend qu’en des temps antiques, une grande bataille a eu lieu sur cette plaine et qu’au point culminant des affrontements, un maléfice fut jeté. Toutes les âmes vaincues auraient alors été emprisonnées sous la terre. Depuis, elles se lamenteraient, conscientes de leur supplice éternel et tenteraient d’empêcher quiconque de fouler ce sol maudit. Nous les appelons les Argileux de la lande.
- Les Argileux de la lande... répéta Kendall, songeuse. Je n’ai jamais entendu parler d’eux, mais cela n’a probablement rien d’étonnant. La cité de Dalush n’entretient que peu de relations avec les terres du Nord. - C’est sûrement parce que votre peuple n’a pas encore trouvé le moyen d’exploiter les richesses de la montagne, répliqua Laagen d’un ton passablement méprisant. - Que voulez-vous dire ? - J’ai suffisamment voyagé au cours du dernier siècle pour savoir que les Hommes ne s’intéressent qu’au profit. J’ai vu des enfants mourir de faim dans les rues de vos cités, parce qu’ils n’avaient pas de bâtonnets pour acheter du pain. J’ai vu vos prêtres-guérisseurs refuser des soins aux malades pour la même raison. Les épaules de Kendall s’affaissèrent. Elle ne pouvait démentir les propos de l’Elfe, pour avoir elle-même été témoin de tels agissements. - Tous les Hommes ne sont pas comme cela, se contenta-t-elle de répliquer. Certains sont honnêtes et généreux. - Ne vous méprenez pas sur mes intentions, expliqua l’Elfe. Je n’émets pas de jugement sur le mode de vie de votre peuple. J’avoue seulement ne pas le comprendre. À Elvandora, la reine nous guide avec sagacité, et chacun contribue au bien-être de la communauté en fonction de ses aptitudes. Aucun d’entre nous ne saurait assujettir son existence à de l’or. Kendall leva les yeux au ciel, puis mena son cheval par la bride pour passer devant Laagen. D’un mouvement du menton, elle désigna la découpe lumineuse au fond de la faille. - Qu’y-a-t-il de l’autre côté ? - La passe de Morte-Neige. La guerrière et son guide remontèrent le long corridor rocheux, où le bruit des sabots sur la pierre se réverbéra longuement, pour déboucher aux pieds d’une vallée encadrée de part et d’autre de pans de montagne abrupts. Une forêt de sapins s’y dressait au fond, comme un rempart végétal. « À partir d’ici, il nous faudra poursuivre à pieds, annonça Laagen. La sente qui serpente dans la forêt jusqu’aux contreforts n’est pas praticable pour des cavaliers. » Il jeta un rapide coup d’œil à la grisaille du ciel, puis ajouta : - Nous allons monter le camp pour la nuit. - Ne pourrions-nous pas profiter des quelques heures de lumière qu’il nous reste pour avancer encore un peu ? - De nombreux prédateurs nocturnes rôdent dans cette forêt, expliqua Laagen en dessellant sa monture. La prudence n’est pas nécessairement une entrave à la rapidité. Demain à la même heure, nous approcherons du village d’Ezwahl. Sous le regard interrogateur de la guerrière, l’Elfe posa son lourd fardeau au sol, puis se pencha sur ses fontes pour les ouvrir. Il ne tarda guère à en sortir deux triangles de tissu étroitement pliés. Sans se retourner, il en tendit un à Kendall. - Installez votre tente à distance de la forêt, conseilla-t-il. Nous monterons la garde à tour de rôle. - Ma tente ? s’étonna la jeune femme en regardant le triangle sous tous les angles. Laagen se redressa en pivotant sur les talons, puis tira lentement une flèche de son carquois. Il la tint par la hampe, tapota le tissu avec l’empennage et jeta aussitôt le triangle qui se déplia de lui-même au sol. Un tas informe aux couleurs chatoyantes s’étendit bientôt devant les yeux de la guerrière, comme habité d’un souffle continu. En quelques instants seulement, un abri sphérique apparut. Kendall s’en approcha avec fascination. Il lui sembla reconnaître le tissu dont était ordinairement vêtus les Elfes d’Elvandora. Comme s’il lisait dans les pensées de la jeune femme, Laagen expliqua : Le tissu elfique possède de nombreuses propriétés. Ne vous fiez pas à sa légèreté, car il peut vous protéger du froid aussi bien que la plus épaisse des laines. Il peut résister à une tempête sans être déchiré et, comme vous le voyez, il peut être enchanté par nos tisseurs. - C’est vraiment remarquable ! lâcha Kendall. Je comprends mieux pourquoi le vieux
charretier désirait tant l’acquérir. - Encore l’appât du gain, trancha l’Elfe avec amertume. C’est dans la nature de l’Homme. - Hum… Comment dois-je m’y prendre ? Demanda-t-elle pour ramener la conversation au bivouac. Dois-je vous emprunter une flèche ? Un sourire amusé passa sur les lèvres de Laagen. « Servez-vous de votre épée, répondit-il. Le pommeau suffira amplement. Ce tissu a spécialement été enchanté pour réagir au contact du métal elfique. » Kendall baissa les yeux sur le fourreau qui pendait à son côté gauche. Elle hésita un instant, se demandant si son guide n’était pas en train de se moquer d’elle. Avec un haussement d’épaules résigné, elle tapota le pommeau de son arme avec le triangle de tissu, puis le jeta à son tour. Dans l’instant qui suivit, une seconde demi-sphère prit forme sur le plateau rocheux. Un feu crépitait entre les deux tentes, projetant des ombres dansantes sur le visage impassible de Laagen. L’astre du jour avait totalement disparu derrière la montagne, et la fraîcheur de la nuit avait pris possession des lieux. Assis en tailleur près du feu, l’arc posé en travers des cuisses, l’Elfe écoutait les bruits de la forêt avec sérénité. Tout était parfaitement calme. Par moment, il entendait les chevaux s’ébrouer, ou la jeune femme se retourner dans son sommeil. Laagen se flattait d’être d’une loyauté sans faille envers sa souveraine. Cependant, il ne put s’empêcher de s’interroger quant aux intentions de celle-ci. Pourquoi lui avait-t-elle confié la mission d’escorter cette humaine, alors que tous à Elvandora connaissaient son aversion pour les Hommes ? Quel type de relation entretenaient réellement Morgianna et Kendall ? ***** Dans un tourbillon d’étoffe chatoyante aux couleurs changeantes, Morgianna traversa en toute hâte la petite plate-forme circulaire du Conseil. Les rares Elfes encore debout qu’elle croisa s’en étonnèrent, car leur reine faisait ordinairement preuve d’une plus grande retenue. Elle se précipita dans la grosse sphère en bois lui servant d’appartement et claqua la porte derrière elle. Immédiatement, elle s’agenouilla pour se pencher au-dessous d’un seau. Son estomac se contracta en un spasme douloureux, et elle vomit l’intégralité de son repas. Les articulations de ses doigts blanchirent sous l’effet de la crispation, et une suée froide colla le tissu de sa robe à son dos. La reine des Elfes se redressa de toute sa hauteur, une main sur le ventre. Elle battit rapidement des paupières. Durant un instant, ses yeux prirent une teinte dorée, et ses pupilles s’allongèrent en deux fentes verticales. Déconcertée par son inconfort digestif, Morgianna se passa l’autre main sur le visage, tandis que son regard retrouvait son aspect habituel.
[Partie 6] Le temple d'Amos-Thurag
Cinq ans plus tôt… Des hurlements résonnèrent brusquement dans le vieux temple, sans pour autant déranger Natrix. Adossé au mur du fond, les bras croisés sur le torse, il observait le ciel nocturne par une ouverture résultant d’un ancien éboulement dans la maçonnerie. Dehors, une averse torrentielle s’abattait sur la forêt d’El’Karth, et des éclairs zébraient la sombre chape de nuages en un grondement assourdissant. L’homme se détourna de ce spectacle – aussi fascinant qu’apaisant – pour jeter un rapide coup d’œil vers l’entrée de la salle, où une gigantesque araignée venait d’apparaître. Intrigué, il se redressa pour rejoindre Amaya, assise sur son trône de pierre. - Qu’est-ce que nous apporte ton serviteur ? demanda-t-il d’une voix sifflante. - La promesse d’un avenir radieux, répondit l’Elfe. L’arachnide fit claquer ses horribles mandibules pour approuver les propos de sa maîtresse, puis avança en traînant quelque chose derrière elle. Enveloppée de fils blanchâtres, depuis ses larges épaules jusqu’aux chevilles, une créature se débattait furieusement en poussant des hurlements. - Un Orque ! s’exclama Natrix en reconnaissant le front proéminent et la large mâchoire avancée de cette race aux oreilles pointues. Où es-tu allée le dénicher ? Ils ne quittent plus la pointe Sud de l’île depuis que leur peuple a failli être exterminé. - Tu les connais, répliqua Amaya d’un ton désinvolte. Certains n’aiment pas se soumettre à cette règle, simplement parce qu’elle existe. Notre invité s’est aventuré un peu trop près de ma forêt. - Que comptes-tu en faire ? - Exécuter la tâche que le Maître m’a confiée. - Parles-tu sérieusement ? As-tu réellement l’intention de faire de cet Orque l’un des nôtres ? D’un air hautain, l’Elfe tourna vers lui son regard d’un bleu électrisant et plissa légèrement les paupières, avant de répondre : - Il y à cinq cents ans, la ruse m’a permis de fuir, et c’est grâce à la magie que j’ai survécu. Malheureusement, la force de Warlock s’est retournée contre lui et son corps a été détruit. - Partiellement détruit, précisa Natrix. - Certes, mais il lui faudra néanmoins un nouveau corps pour servir le Maître. Or, il se trouve que les Orques comptent parmi les plus forts de l’île de la Moïra. Natrix regarda le captif d’un œil critique, avant de hausser les épaules. - Quoi qu’il en soit, dit-il, il ne nous servira à rien tant que nous n’aurons pas retrouvé ce qu’il reste de Warlock. - Je travaille à tisser ma toile, Natrix. Mes petites araignées me rapportent qu’une humaine de la cité de Dalush pourrait servir mes projets. - Envisages-tu de quitter Rottena pour te mêler aux Hommes ? - Comme je viens de te le dire, j’ai un plan et j’ai récupéré suffisamment de puissance pour en amorcer la première étape. Je partirai dès que le temps me le permettra. Un nouveau hurlement rageur se fit entendre. Natrix se passa une main sur le visage et soupira lourdement. - Ne compte pas sur moi pour m’occuper de ton Orque en ton absence, affirma-t-il. J’ai
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