Les moyens de transport et de communication dans l'oeuvre d'Hergé

Patrick Merand

Description

Tintin est un héros dont les capacités étonnent tous les lecteurs : il sait aussi bien conduire une automobile qu'une moto ou un char d'assaut, il sait piloter tous les avions et presque les fusées. En analysant tous les moyens de transport présents dans les albums, utilisés ou non par Tintin lui-même, le lecteur sera surpris par la précision des détails dessinés par Hergé. Il apprendra aussi de très nombreuses informations à partir des dessins des albums, et cela en s'amusant à les relire avec un autre œil.

Sujets

• Zoom sur Hergé
• Historieta franco-belga
• Franco-Belgian comics
• Bande dessinée
• Transport

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 15 septembre 2016
• Nombre de lectures: 24
• EAN13: 9782842807863
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 27 Mo

Extrait

Patrick Mérand
Les Moyens
de Transport et
de Communication
dans l’Œuvre
‘
d’HERGE
« J’aime qu’un avion puisse voler,
qu’un train puisse rouler,
qu’un navire puisse naviguer. »
Hergé à Radio-Bruxelles, le 4 mars 1942
25, rue des Écoles • 75005 Paris
Tél. : [phone] • www.editions-sepia.comDu même auteur, chez le même éditeur :
Le Lotus Bleu décrypté (en collaboration avec Li Xiaohan), 2009.
La Tintinophilie en 300 questions, 2014.
La Géographie et l’histoire dans l’œuvre d’Hergé, 2015.
Les Langues étrangères dans l’œuvre d’Hergé, 2015 (nouvelle édition revue
et augmentée, entièrement en couleurs).
Les Arts et les sciences dans l’œuvre d’Hergé, 2015.
REMERCIEMENTS
Madame Sophie Gérardin,
pour ses précieux conseils et sa patience.
Madame Anne Lebossé,
maquettiste de talent, sans qui cet ouvrage n’aurait pas le même attrait.
Monsieur François de Dardel
pour la reproduction gracieuse de ses photos d’automobiles.
SITOGRAPHIE
Avions : http://richard.ferriere.free.fr/aerotintin.htm
Autos : http://dardel.info/tintin/
© Éditions Sépia, 2016.
ISBN : 979-10-334-0105-6
6Introduction
Les moyens de transport évoqués dans cet ouvrage concernent aussi
bien les personnes que les marchandises, qu’ils aient été ou non utilisés
par Tintin. S’ils sont présents dans un album, ils sont mentionnés et
expliqués si besoin.
Il existe déjà plusieurs ouvrages sur les trains, les automobiles ou les
bateaux. Nous avons choisi d’apporter, dans la mesure du possible, des
éléments nouveaux, préférant ne pas nous attarder sur les modèles les
plus connus. La plupart des lecteurs savent reconnaître une traction
avant Citroën ou une 2 CV. L’exercice est plus périlleux pour la luxueuse
automobile du capitaine Haddock (Les 7 boules de cristal), l’Américaine
des ravisseurs du professeur Tournesol (L’Affaire Tournesol), ou celle
du docteur Müller (Tintin au pays de l’or noir).
Une explication succincte concernant quelques-unes de ces automobiles
permettra au lecteur de mesurer le travail de documentation effectué
par Hergé ou son père puisque ce dernier recherchait les informations,
découpait des photographies, classait ces documents qui devaient
servir de base aux dessins de l’équipe des studios de l’avenue Louise.
Pour ce qui concerne les avions, nous avons choisi de fournir des
renseignements sur les appareils représentés (avions ou hélicoptères)
avec, si possible, des informations non reprises par les ouvrages
existants. Nous avons, par exemple, parlé du premier aérodrome de
Berlin ou des hydravions dans les albums car il s’agissait d’éléments
importants au moment de leur création.
Plusieurs moyens de transport sont mentionnés en raison de leur
originalité et également parce que, sauf erreur de notre part, pas ou
peu d’ouvrages en parlent : chaises à porteur, éléphants, lamas,
dromadaires, palanches, etc.
Enfn, nous avons intégré dans ce volume les moyens de communication,
sous tous leurs aspects : langage morse, téléphone, télégraphie,
télégrammes, pavillons des navires pour communiquer entre eux, et
même l’utilisation du pigeon voyageur !
Comme dans les ouvrages précédents, chaque information renvoie
précisément à une case dans l’album analysé.
3TINTIN
AU PAYS
DES SOVIETS
Dès le premier album, Tintin utilise de
nombreux moyens de transport dont
certains sont plutôt surprenants !
La police allemande ne se refuse rien :
elle roule en Mercedes Torpedo,
Kompressor (p. 9 et suiv.) !
4
1
TINTIN AU PAYS DES SOVIETS
Photo Dardel.
1Une Allemande au nom espagnol !
La Mercedes de la police ne porte pas encore le
fameux logo en étoile à trois branches dans
un cercle. Elle est pourtant reconnaissable
par son logo représenté deux fois sur la
calandre. Le fait de voir une Mercedes
n’est pas surprenant puisque nous
sommes en Allemagne, ce qui l’est
plus c’est que ce modèle soit utilisé
par la police !
La marque Mercedes ne porte pas
un nom allemand mais espagnol.
En effet, la marque doit son nom
à la flle d’Emil Jallinek, un ancien
vendeur de voitures de course de
la marque Daimler. Emil Jallinek,
d’origine austro-hongroise, s’était
marié avec une Espagnole qui lui donna
une flle dont le dernier prénom était
Mercedes. C’est sous ce nom qu’il lança les
automobiles Mercedes-Daimler. Le logo était une
étoile à trois branches, symbole des moteurs sur terre, sur
mer et dans les airs (avions et dirigeables). C’est le logo de l’automobile de la police
dont on voit les deux étoiles au-dessus du radiateur (p. 9-3, 10-3B12-1A). On retrouve
une autre Mercedes, à conduite à droite, toujours reconnaissable à son logo en fn
d’album (p. 123-3A).
La fusion, en 1926, des automobiles Mercedes-Daimler, avec un autre constructeur,
M. Benz, donna naissance à la marque Mercedes-Benz. Le logo de la marque Benz
était une couronne de lauriers, symbole de la victoire dans les courses automobiles.
Les deux logos furent réunis et les trois étoiles furent intégrées dans un cercle.
Une autre Mercedes est reconnaissable à son logo en pages 122-123 (le logo est
visible p. 123-3A).
5
La flle du fondateur
de la marque
automobile avait une
mère espagnole : tout
s’explique !
La Mercedes était
née (p. 9).
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D
TINTIN AU PAYS DES SOVIETS
1L’armée allemande
transportée par un
camion français !
(p. 82-83).
Transport de troupes
Les soldats de l’armée allemande sont transportés dans un camion de fabrication
française : un Latil (p. 82). Le modèle présenté est étonnant de réalisme : on distingue
même la manivelle et les roues à pneus pleins. L’Allemagne disposait-elle déjà d’un
tel matériel ? Les camions Latil TAR (ce qui signife Transport Artillerie Roulant) furent
fabriqués à trois mille exemplaires dans les usines de Suresnes, près de Paris. Mis au
point en 1913, juste avant la Grande Guerre, ils étaient réputés pour leur robustesse et
leurs caractéristiques étonnantes pour l’époque : quatre roues motrices et directrices,
moteur de quatre cylindres.
Les premières voitures de course
L’automobile achetée par Tintin grâce à sa récompense est
un bolide de course de la marque Amilcar. Les premiers
modèles automobiles furent surtout des bolides
de courses : ce nouveau moyen de transport
était plus considéré comme un loisir ou
un sport que comme un simple moyen
de transport ! (p. 137) Tintin avait
d’ailleurs subtilisé une automobile
en panne dont l’aspect laisse à
penser qu’il s’agit également
d’un modèle de course,
une autre Amilcar
(p. 56-59).
La marque française
Amilcar n’existe plus
depuis 1939 (p. 56-59).
6
TINTIN AU PAYS DES SOVIETS
1À bord du Nord-Express
La locomotive à vapeur représentée dans l’album (p. 13, 14, 15) possède une
plateforme à l’avant caractéristique de certains modèles de la Pacifc. La ligne de chemin
de fer Bruxelles-Moscou traversait l’Allemagne puis la Pologne et enfn la Biélorussie
(dont le nom signife, en russe « Russie blanche »). Ce n’est pas la même locomotive
qui allait jusqu’à Moscou car l’écartement des rails n’est pas le même selon les pays.
Le poste frontière avec la Biélorussie se trouvait exactement comme on le voit dans
l’album à Stolbtzy (p. 15-1B).
Un curieux moyen
de transport
Ce que Tintin appelle un chariot est une
draisine destinée au transport des ouvriers
sur les lignes de chemin de fer (p. 20 et suiv.).
La propulsion était assurée par le cheminot
lui-même. Il actionnait un levier entraînant
un arbre de transmission qui faisait avancer
l’ensemble.
Des téléphones d’époque !
L’appareil téléphonique utilisé par le chef de la Schutzpolizei
(p. 136) n’a pas encore la forme que nous lui connaissions
jusqu’à l’arrivée des appareils modernes. Appelé «