Mea Culpa
146 pages
Français

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Mea Culpa , livre ebook

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Description

Au travers d’une fuite en forme de road trip, Lisa, fille de mafieux expatriée tente d’échapper au passé qui vient frapper à sa porte. Coupable ou victime ? Elle trouvera sa réponse en empruntant une voie au décor inquiétant et à l’issue inéluctable.

Informations

Publié par
Date de parution 28 mai 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782363154477
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mea Culpa


Laure Lapègue

Booknseries 2014
ISBN:9782954816821
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY, un outils de production simple pour créer des ebook aux formats epub et mobi Pour plus d'information rendez-vous sur le site: www.iggybook.com
I
 
LA FUITE
 
1.
 

 
25 juillet 2013.
 
Plus de marche arrière possible.
 
Elle avait pris sa décision. A moins que ce ne soit l’inverse. Tout cela s’était finalement imposé à elle, insidieusement, comme l’eau s’infiltre à travers un barrage.
 
Combien de lettres avait-elle reçu avant d’en arriver là ? Dix ? Vingt ? Trente ? Peut-être plus !! Il faudrait qu’elle les compte un jour. Tous ces petits messages arrivant à chaque fois avec la force d’une bombe à retardement ! Elle n’avait pas gardé les SMS. Ni les mails. Mais elle n’avait pu se résoudre à détruire les lettres. Tous ces mots découpés dans les journaux et assemblés en un puzzle aussi effrayant que tordu… Ils exerçaient sur elle une fascination morbide.
 
Était-il possible qu’elle ait rêvé ? Non bien sûr ! Pour  s’en assurer, elle plongea la main au fond de la poche de sa parka, fit glisser ses doigts le long de l’enveloppe de papier kraft. Les petits morceaux de papiers aux coins relevés vinrent immédiatement piquer son index. Non. Elle n’avait pas imaginé tout cela. Cette première lettre posée par sa fille sur son ventre un samedi matin, encore toute somnolente sous la couette « Regarde le joli collage maman ! ». Elle avait souri, pensant qu’Annie venait de lui faire un dessin. Et puis elle avait lu son prénom, « Lisa », en lettres capitales d’imprimerie. Elle avait arraché l’enveloppe des mains potelées de l’enfant, provoquant ainsi une crise de larmes. Lisa l’avait alors consolée avec un gros câlin… et un mensonge ! « C’est une publicité bébé. C’est sale et ce n’est pas pour les petits. J’irai la jeter ». Lorsqu’un peu plus tard, enfermée à double tour dans les toilettes, elle avait ouvert le courrier, elle avait tout de suite su. Il y en aurait d’autres. Encore et encore.           
 
Lisa frissonna. Quelle heure était-il ? Cinq heures ? Cinq heures et demie peut-être ? Le jour commençait à poindre en même temps que les premiers chants des oiseaux. « Allez, il faut que je le fasse. » s’encouragea- t-elle en silence,    
en jetant un dernier coup d’œil derrière elle. Sur le petit meuble de l’entrée son mari et sa fille lui souriaient, ignorants du malheur auquel ils allaient devoir faire face. L’incompréhension. Les photos affichées dans les rues et les commerces. L’attente. La peur de voir débarquer des flics porteurs de mauvaises nouvelles. Jamais elle n’aurait pensé devoir leur imposer cela. Et pourtant… Elle n’avait plus le choix. Non.
 
Comment l’avaient-ils retrouvée ? Les réponses viendraient plus tard. Pour l’instant il fallait fuir. S’éloigner. Protéger les siens de toute cette merde. Depuis des mois déjà elle tremblait à chaque passage du facteur, gardant les clés dans sa poche pour éviter qu’Annie ou Jérôme ne puissent tomber sur une lettre anonyme. Depuis des semaines, elle tournait et retournait dans sa tête tous ces mots découpés dans les journaux ou envoyés par email. Elle ne mangeait plus. Ne dormait plus. Seule sa peur l’intéressait. Une peur viscérale, indomptable ne la lâchant plus. Il fallait que tout cela s’arrête. Un chien aboya. Celui de la voisine. « Comme chaque matin » songea Lisa tout en réalisant que c’était le signe qu’il était six heures. Elle se baissa pour attraper la hanse du sac de sport dans lequel elle avait jeté, pêle-mêle, le minimum vital et vérifia d’un geste rapide le contenu  de sa besace : les quinze mille euros de son compte épargne s’y trouvaient en liquide. Lorsqu’elle écrasa sa main sur la poignée de la porte, son avenir lui apparut soudain comme un immense trou noir. La violence de l’amputation lui coupa le souffle. Devant elle, la petite allée de graviers traçant une virgule jusqu’au trottoir, se mua en un embarcadère vers une destination inconnue, terrifiante. Cinq mètres encore et elle n’aurait plus le droit de se retourner. Les quelques pas  la séparant encore de la rue lui semblèrent être des kilomètres. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse, lui envoyant mille images qui la hanteraient pour toujours. Elle le savait.
 
Et si elle disait tout ? Et si elle parvenait à  régler tout ça ? Non. Non ! Ils allaient continuer à la traquer. Ils ne la lâcheraient pas tant qu’elle serait encore debout. Ils resteraient là, partout, à la menacer. Ils la rendraient folle, c’est sûr ! Partir était l’unique solution. Disparaître. Elle avait bien songé à mettre fin à ses jours. Mais le courage lui avait manqué. En préparant les médicaments et l’alcool, elle avait senti le goût amer du sang au fond de sa gorge. Elle avait prié son Dieu pour qu’il lui pardonne cet acte… Et puis rien. La vie l’avait emporté. A moins que ce ne fut la lâcheté.
Non. Pas d’autre issue possible.
 
Le portail grinça, claqua derrière elle dans un bruit sourd. Voilà. Elle était à nouveau passée de l’autre côté.
 
2.
 

 
Lisa remonta la rue avec pour seule compagnie le claquement de ses ballerines sur le trottoir encore humide de rosée.
 
Malgré le brouillard, il faisait déjà doux… La météo avait annoncé une autre journée caniculaire à Bordeaux. Elle songea que Jérôme emmènerait sûrement Annie chez sa mère, afin qu’elle profite de la piscine. Même si elle ne s’était jamais très bien entendue avec elle, la jeune femme était certaine que sa belle-mère serait là pour soutenir son fils dans cette nouvelle épreuve. Lors du décès de sa première épouse, Annie était allée chez elle. Jour et nuit elle s’en était occupée. Pendant plusieurs mois, Jérôme avait sombré dans une dépression aussi profonde que justifiée. Le cancer de sa femme l’avait anéanti. Et puis, peu à peu, le temps avait fait son œuvre… Jérôme avait finalement repris son travail dans le petit garage auto légué par son père. Annie était retournée auprès de lui. Ils avaient à nouveau appris à vivre ensemble. Après trois ans de huis clos et grâce à une psychothérapie, Jérôme s’était enfin remis à sortir. Comme il avait toujours aimé la musique, il s’inscrivit à un cours de guitare, dans une école située à deux pas des Capucins. Là, ils s’étaient rencontrés. L’endroit organisait régulièrement des concerts et Lisa, habitant à l’époque le quartier, venait souvent tromper sa solitude dans la foule anonyme du petit théâtre.
 
Ce soir-là, le groupe GUSH était à l’affiche. Devant les guichets, une foule dense, composée majoritairement d’étudiants riait, parlait fort. Lisa avait croisé le regard d’un grand brun à l’allure un peu triste. Il n’avait pas fallu plus de quelques secondes pour que ces deux-là se reconnaissent. Deux égarés de la vie. Deux esseulés au milieu d’une bande de copains hilares,  de couples enlacés… Sans rien dire, ils s’étaient arrangés pour se trouver côte à côte dans la fosse, pourtant  presque pleine. A la fin du concert, quand les lumières se rallumèrent, ils purent se regarder franchement. « Vous buvez un verre ? », avait-il simplement proposé. Elle avait souri. Une fois installés au bar, un gobelet de bière à la main, il avait engagé la conversation :
- Je m’appelle Jérôme. Ce soir je suis venu seul.
– Moi c’est tous les soirs, avait répondu Lisa en souriant à son verre.
C’est ainsi que tout avait commencé. Pas besoin de longs discours pour s’apprivoiser. Pas plus  non plus le jour de leur mariage, un an plus tard. Les silences entre eux n’étaient pas un problème, Lisa avait pu envisager sa vie avec lui. Face à Jérôme il n’y avait jamais eu d’obligation. Ni de se confier, ni de se raconter, ni de s’expliquer. Il était là, c’est tout. Et cela suffisait. Enfin, jusqu’ici en tous cas.
 
Une voiture klaxonna. Lisa tourna la tête, le cœur battant. « Connasse ! Tu ne peux pas regarder en traversant, non ? ». Le chauffeur de la Clio fit une embardée pour la contourner et fila à toute vitesse dans l’avenue encore déserte. Surprise, Lisa avait lâché son sac de sport sur la route. Lentement, elle s’abaissa et le replaça sur son épaule déjà douloureuse. Ce ne fut qu’en entendant le tintement d’un tramway, qu’elle parvint 

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